LA PAIX Ã PETITS PAS - International Alert
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50 <strong>International</strong> <strong>Alert</strong><br />
lire dans le contexte de la décentralisation qui, en consacrant la chefferie comme le premier niveau<br />
du processus, renforce l’institution coutumière mais, en plaçant l’autorité du chef sous contrôle de<br />
ses échevins, canalise son pouvoir.<br />
Enfin, en se centrant sur la coutume, ce texte participe à consacrer des pratiques qui sont contestées<br />
et discriminatoires :<br />
• Le principe de la redevance coutumière. Ce principe qui consiste au versement d’une redevance<br />
au chef, consacre le lien d’allégeance qui unit les usagers de la terre au chef coutumier. Cette<br />
allégeance est contestée par certaines populations non originaires mais aussi par une élite<br />
urbaine qui ne se reconnaissent pas dans l’autorité des chefs locaux. La contestation des<br />
pratiques coutumières reflète les conflits liés à la concurrence de deux systèmes de gestion de la<br />
terre : une gestion qui s’appuie sur la loi de 1973 (qui a permis aux investisseurs économiques<br />
de s’émanciper des chefs coutumiers en acquérant des terres) et une gestion coutumière qui est<br />
d’application pour la majorité des petits paysans.<br />
• L’accès de la femme à la terre. L’édit en son article 22 affirme que « tout chef coutumier doit<br />
s’interdire et interdire toute mesure discriminatoire qui empêche les femmes à accéder aux<br />
ressources naturelles et notamment à la terre et doit prendre des mesures incitatives pour que<br />
les femmes accèdent à la terre ». Néanmoins, il est très probable que ce texte, en l’absence<br />
de proposition de mesures d’application pour faciliter l’accès des femmes à la terre, restera<br />
sans effet. Encore une fois, il est frappant de constater la quasi-absence des femmes dans<br />
ce processus alors même qu’elles remplissent un rôle central dans la production agricole.<br />
Cela peut s’expliquer d’une part par leur exclusion des sphères de décision mais aussi par<br />
la focalisation de la dynamique paysanne sur l’agriculture commerciale où elles sont encore<br />
largement absentes.