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Asie du Sud-Est

RDM le magazine de Rivages du monde vous propose de partir à la découverte de l'Asie du Sud-Est et de la Patagonie pour ce premier numéro.

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ASIE DU SUD-EST, VERS DE NOUVEAUX HORIZONS ?<br />

DOSSIER<br />

LES ESPOIRS INCERTAINS DU CAMBODGE<br />

Le cas <strong>du</strong> Cambodge et ses 15 millions d’habitants est à la croisée<br />

des deux exemples précédents. Régime autoritaire, répression arbitraire<br />

et développement économique fragile, le pays panse encore<br />

la difficile période des Khmers rouges.<br />

Les troubles sociaux de 2013 qui avaient catalysé une crise politique<br />

majeure semblent aujourd’hui apaisés. Fait atypique, le<br />

Cambodge est une monarchie parlementaire dans laquelle le roi<br />

participe, tout au moins symboliquement, de la stabilité <strong>du</strong> pays<br />

depuis les Accords de Paris de 1991. Norodom Sihamoni a succédé<br />

à son père Norodom Sihanouk après son abdication. Personnalité<br />

plus effacée, fervent francophone, ayant vécu 20 ans en France, il<br />

règne mais ne gouverne pas, conformément au cadre posé par la<br />

Constitution.<br />

Les tensions nombreuses entre Gouvernement et opposition l’ont<br />

cependant obligé à jouer le rôle de médiateur. Lors des dernières<br />

élections législatives <strong>du</strong> 28 juillet 2013, le Parti <strong>du</strong> peuple cambodgien<br />

(PPC), parti <strong>du</strong> Premier ministre Hun Sen actuellement au<br />

pouvoir, a été talonné par son opposant Sam Rainsy qui en contestait<br />

les résultats. Des manifestations de grande ampleur ont traversé<br />

tout le pays avant d’être fortement réprimées par le pouvoir. Le<br />

dissident en exil à Bangkok, Serey Ratha, a été condamné à 7 ans<br />

de prison pour avoir distribué des roses jaunes le lendemain des<br />

élections avec un autocollant enjoignant les soldats à « tourner leurs<br />

armes contre le despote ». Un récent amendement à la loi électorale a<br />

été voté en février dernier pour apaiser les tensions.<br />

Parallèlement, la censure a libre court dans le royaume. En début<br />

d’année, onze militants ont été condamnés à de la prison pour<br />

avoir participé aux manifestations de 2014.<br />

VERS UN DÉCOLLAGE ÉCONOMIQUE ?<br />

Cité comme exemple de modèle de développement au milieu <strong>du</strong><br />

XX e siècle, le petit royaume peine cependant à égaler les performances<br />

économiques de son voisin vietnamien.<br />

Le pays connaît une croissance forte depuis plus de dix ans (exception<br />

faite de l’année 2009) qui atteint 7,2 % en 2014, dopée par les<br />

exportations textiles et le tourisme. Il reste toutefois dépendant de<br />

l’aide internationale. Le climat social, agité ces dernières années,<br />

s’est apaisé avec la hausse de 30 % <strong>du</strong> salaire minimum et la fin<br />

des grèves dans l’in<strong>du</strong>strie textile. Mais de grands défis en termes<br />

d’é<strong>du</strong>cation et de qualification de la main d’œuvre attendent le<br />

royaume dont plus de la moitié de la population a moins de 21 ans.<br />

Le Gouvernement a mis en œuvre un vaste plan de développement<br />

des infrastructures notamment électriques de 27 milliards de dollars<br />

pour la période 2014-2018. Cette dynamique positive porte ses<br />

fruits : d’après une étude menée par la Banque mondiale, le nombre<br />

de Cambodgiens vivant dans l’extrême pauvreté (moins de 1,15 dollar<br />

par jour) a chuté de 53 % en 2004 à 20 % actuellement. Les réformes<br />

structurelles en cours en vue de l’intégration dans le futur<br />

marché commun de l’ASEAN créent un contexte extrêmement<br />

favorable à l’investissement. Les découvertes d’hydrocarbures,<br />

quoique peu exploitées encore, laissent espérer de futures entrées<br />

de devises.<br />

Le tourisme reste un enjeu de développement majeur au Cambodge.<br />

Le tourisme fluvial, différents sites comme Angkor et l’écotourisme<br />

génèrent des investissements importants profitables à<br />

toute l’économie <strong>du</strong> pays. RdM<br />

1975 - 2015 : LE VIETNAM, 40 ANS APRÈS<br />

C’est avec l’intervention japonaise en Indochine en 1945 que commence une<br />

période de plus de trente années de guerres successives. Les armes ne se<br />

tairont définitivement qu’après la chute de Saïgon le 30 avril 1975. C’était il y<br />

a quarante ans. Le Vietnam se souvient et célèbre le chemin parcouru depuis.<br />

Tout commence avec la déclaration d’indépendance par Ho Chi Minh à Hanoï le<br />

2 septembre 1945. La domination française en Indochine a été mise à mal par l’invasion<br />

japonaise de 1945 et les indépendantistes communistes vietminh profitent de la<br />

déroute <strong>du</strong> colonisateur pour s’affirmer. Un affrontrement débute en 1946 alors que<br />

la France tente de rétablir son autorité. À partir de 1948, les indépendantistes sont<br />

soutenus et armés par la Chine, dans un conflit devenu un enjeu de guerre froide.<br />

C’est la bataille décisive de Dien Bien Phu <strong>du</strong> 13 mars au 7 mai 1954 qui obligera<br />

la France au cessez-le-feu et à la signature des Accords de Genève, après plus de<br />

500 000 morts vietnamiens.<br />

Ces accords prévoient la partition <strong>du</strong> Vietnam : le Vietminh communiste contrôlant le<br />

Nord <strong>du</strong> pays au-delà <strong>du</strong> 17 e parallèle et le <strong>Sud</strong> sous contrôle occidental, la France<br />

cédant la place aux États-Unis. Mais l’instabilité politique <strong>du</strong> <strong>Sud</strong> fait bientôt place à<br />

une guérilla menée par le Viet-cong et soutenue par le Nord, si bien que la puissance<br />

américaine s’engage militairement à partir de 1961 pour contrer l’avancée communiste<br />

jusqu’à une entrée en guerre officielle quatre ans plus tard. L’escalade militaire<br />

sera incessante. 200 000 soldats américains en 1965, 500 000 fin 1967. Les succès<br />

<strong>du</strong> Viet-cong, les exactions américaines, les morts innombrables rendent cette guerre<br />

insoutenable et impopulaire. Des mouvements pacifistes se relaient dans le monde<br />

entier et aboutissement au retrait américain de 1973 avec les Accords de Paris.<br />

Cependant la guerre n’est pas finie et reprend cette fois entre le Nord et le <strong>Sud</strong>. En<br />

1975, les troupes nord-vietnamiennes lancent une grande offensive jusqu’à la chute<br />

de Saïgon qui leur donne le contrôle de tout le pays, débouchant sur la réunification<br />

et l’instauration d’un régime socialiste encore au pouvoir aujourd’hui. Saïgon change<br />

de nom et devient Ho-Chi-Minh-ville, l’économie est collectivisée et la répression est<br />

brutale con<strong>du</strong>isant près d’un million de boat people à fuir le pays.<br />

Le bilan de cette guerre est effroyable aussi bien sur le plan humanitaire qu’écologique.<br />

Près de trois millions de morts et autant de blessés, environ trois millions<br />

d’hectares de forêts détruites par les défoliants américains, des milliers de personnes<br />

tuées depuis par des mines antipersonnelles… Rares sont les pays à avoir<br />

connu un tel traumatisme.<br />

En érigeant cette année un mémorial en hommage aux victimes de la guerre, un<br />

autre à la mémoire d’Ho Chi Minh, le Vietnam panse difficilement ses blessures. Les<br />

ravages écologiques <strong>du</strong>s au napalm sont encore visibles. Mais la guerre a surtout<br />

forgé un sentiment nationaliste fort, célébré lors des commémorations par le Président<br />

et vécu comme l’un des piliers <strong>du</strong> redressement et <strong>du</strong> développement <strong>du</strong> pays.<br />

Le 30 avril dernier, les commémorations ont été célébrées en grande pompe. Feux<br />

d’artifices spectaculaires dans les sept plus grandes villes, parades militaires, drapeaux<br />

rouges étoilés de jaune, faucilles et marteaux hissés partout dans le pays. Tout<br />

ce faste pour les « 40 ans de la réunification <strong>du</strong> Nord et <strong>du</strong> <strong>Sud</strong>, de la libération, de la<br />

victoire », suivant les termes employés par le régime socialiste en place depuis cette<br />

date (et qui fête par la même occasion son quarantième anniversaire). Étaient conviés<br />

les dignitaires <strong>du</strong> régime et quelques rescapés <strong>du</strong> communisme international comme<br />

le représentant <strong>du</strong> Parti communiste cubain. Dans son discours, le Président a notamment<br />

mis en avant les efforts et les réalisations menées par le pays <strong>du</strong>rant quatre<br />

décennies, avec des succès évidents tels que la sortie <strong>du</strong> sous-développement, la<br />

croissance annuelle moyenne de près de 7 % et un PIB par habitant qui n’en finit plus<br />

de progresser. « Sur le plan social, le taux de pauvreté a été ramené en deçà de 6 %<br />

et plus de 98 % des foyers ont accès à l’électricité », a-t-il ainsi rappelé.<br />

033 N° 1 / 2015

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