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Jacques Rousseau Lettres à Malesherbes - Le Livre de Poche

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15comme une jus ti fi cation ultime <strong>à</strong> sa manière <strong>de</strong> vivre, ce qui le dis pense d’être jugé comme unhomme ordi naire ; il écri vait <strong>de</strong> même <strong>à</strong> Grimm : « Per sonne ne sait se mettre <strong>à</strong> ma place : onne veut pas voir que je suis un être <strong>à</strong> part, qui n’a point le carac tère, les maximes, les res sources<strong>de</strong>s autres, et qu’il ne faut point juger sur leurs règles », ce qui revient <strong>à</strong> dire que seul Rous seaupeut être le juge <strong>de</strong> Jean- <strong>Jacques</strong>. On peut noter enfin que la soli tu<strong>de</strong>, van tée comme une libé -ra tion et un bon heur dans les <strong><strong>Le</strong>ttres</strong> <strong>à</strong> <strong>Malesherbes</strong>, est asso ciée <strong>à</strong> une souf france dans d’autreslettres, peut- être moins apprê tées : « Je crois, par l’état <strong>de</strong> lan gueur où je suis réduit dans maretraite, méri ter au moins quelques égards », explique- t-il <strong>à</strong> Saint- Lambert le 4 sep tembre 1757 ;il cherche <strong>à</strong> api toyer Mme d’Hou<strong>de</strong>tot : « Ma res pec table amie, je ne vous rever rai jamais, je lesens <strong>à</strong> la tris tesse qui me serre le cœur ; mais je m’occu pe rai <strong>de</strong> vous dans ma retraite. Je son ge -rai que j’ai <strong>de</strong>ux amis au mon<strong>de</strong>, et j’oublie rai que j’y suis seul » (8 novembre 1757) ; quelquesmois plus tard, il cherche <strong>à</strong> rame ner vers lui Di<strong>de</strong>rot : « Votre ami gémit dans sa soli tu<strong>de</strong>, oublié<strong>de</strong> tout ce qui lui était cher. Il peut y tom ber dans le déses poir, y mou rir enfin, mau dis santl’ingrat dont l’adver sité lui fit tant ver ser <strong>de</strong> larmes, et qui l’accable indi gne ment dans la sienne »(2 mars 1758) ; et lors <strong>de</strong> la crise qui est <strong>à</strong> l’ori gine <strong>de</strong>s <strong><strong>Le</strong>ttres</strong> <strong>à</strong> <strong>Malesherbes</strong>, il se décrit comme« un pauvre soli taire » (<strong>Le</strong>ttre <strong>à</strong> Moultou, 12 décembre 1761 ; voir Textes complé men taires,p. 70).Ainsi, mal gré sa <strong>de</strong>vise, Rous seau s’attache sur tout <strong>à</strong> se jus ti fier : il ne conçoit pas autre mentl’écri ture auto bio gra phie, même dans <strong>Le</strong>s Confes sions où il avoue <strong>de</strong>s actions ridi cules ou cou -pables (voir ci- <strong>de</strong>ssous l’étu<strong>de</strong> d’une scène d’aveu). Elle est <strong>de</strong>s ti née – expli ci te ment ici – <strong>à</strong> uninter lo cuteur qui a besoin d’être détrompé sur sa per sonne ; c’est pour quoi elle tire son ori gine <strong>de</strong>sa cor res pon dance, notam ment dans <strong>de</strong>s lettres qu’il écrit en 1757 et 1758 <strong>à</strong> Di<strong>de</strong>rot, Grimm,Mme d’Épinay, Mme d’Hou<strong>de</strong>tot, Saint- Lambert au cours <strong>de</strong>s que relles avec ses anciens amis.Avec les <strong><strong>Le</strong>ttres</strong> <strong>à</strong> <strong>Malesherbes</strong>, pour la pre mière fois il prend <strong>de</strong> la hau teur et cherche <strong>à</strong> embras sersa vie pour mieux se décrire, tel qu’il est, prétend- il, tel qu’il se pense, assu ré ment. Il se défi niten se situant dans la société <strong>de</strong> son époque, en s’oppo sant <strong>à</strong> ceux qui sont si peu ses sem blables,les « grands », les « gens <strong>de</strong> lettres » et les « phi lo sophes », et même les hommes en géné ral. Cefai sant, il réunit diverses facettes <strong>de</strong> sa per son na lité complexe et divers thèmes <strong>de</strong> sa pen sée : enquelques pages, les <strong><strong>Le</strong>ttres</strong> <strong>à</strong> <strong>Malesherbes</strong> donnent <strong>à</strong> voir tout <strong>à</strong> la fois l’homme sen sible, si faci -le ment ému et blessé, mais aussi le rêveur et le rai son neur invé téré, le mora liste exi geant et lemaniaque <strong>de</strong> l’auto justi fi cation, le plé béien défen dant farou che ment sa liberté mais recher chant<strong>de</strong>s pro tec tions, le soli taire et l’ami, l’enthou siaste et le mélan co lique, le lyrique et le polé miste– et c’est ce qui fait <strong>de</strong> ce texte une œuvre digne d’inté rêt et qui mérite d’être connue.DevoirObjets d’étu<strong>de</strong> : l’auto bio gra phie — l’argu men ta tion.Cor pus : Texte A – J.-J. Rous seau, <strong>Le</strong>s Confes sions, Pré am bule, 1782.Texte B – J.-J. Rous seau, <strong>Le</strong>s Confes sions, livre II, 1782.Texte C – J.-J. Rous seau, <strong>Le</strong>s Rêve ries du pro me neur soli taire, 1782.Ques tion (4 points) :<strong>Le</strong>s récits que Rous seau fait dans ses Confes sions (texte B) et dans les Rêve ries du pro me neursoli taire (texte C) sont- ils conformes aux idées qu’il énonce dans le pré am bule <strong>de</strong>s Confes -sions (texte A) ? Votre réponse s’appuiera notam ment sur une étu<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la compo sitiondu récit <strong>de</strong>s Confes sions.Commen taire (16 points) :Rédi gez un commen taire du <strong>de</strong>r nier para graphe du texte B (<strong>de</strong> « J’ai pro cédé ron <strong>de</strong> -ment… », l. 59, <strong>à</strong> la fin).

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