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Les cahiers de doléances du Bas-Limousin en 1789 - Archives ...

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C’est <strong>en</strong> définitive un nombre plus limité, mais néanmoins suffisant et significatif, <strong>de</strong>docum<strong>en</strong>ts originaux qui est conservé et accessible aux <strong>Archives</strong> départem<strong>en</strong>tales <strong>de</strong> laCorrèze. <strong>Les</strong> 42 <strong>cahiers</strong> <strong>de</strong> doléances paroissiaux qui s’offr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core à nous ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tqu’un septième <strong>de</strong>s <strong>cahiers</strong> initialem<strong>en</strong>t rédigés dans la province <strong>du</strong> <strong>Bas</strong>-<strong>Limousin</strong>. Ils neconcern<strong>en</strong>t pour la plupart que la sénéchaussée d’Uzerche, une circonscription plus att<strong>en</strong>tiveque ses voisines à la conservation <strong>de</strong> ses docum<strong>en</strong>ts 1 . <strong>Les</strong> textes sont le reflet <strong>de</strong>s m<strong>en</strong>talités,<strong>de</strong>s préoccupations quotidi<strong>en</strong>nes et <strong>de</strong>s idées politiques <strong>de</strong>s sujets d’une province qui prés<strong>en</strong>te<strong>de</strong> forts contrastes à la fin <strong>du</strong> XVIII e siècle : réputée pour sa gran<strong>de</strong> pauvreté, cette terre génèrel’émigration. Elle est dans le même temps le séjour d’hommes acquis aux thèses <strong>de</strong>sphilosophes. On trouve ainsi dans les paroisses les plus rurales <strong>de</strong>s échos <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong>sLumières à côté <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>dications très concrètem<strong>en</strong>t matérielles.En 1788, le royaume <strong>de</strong> France subit une grave crise financière : le pays est fortem<strong>en</strong>t <strong>en</strong><strong>de</strong>tté,le budget <strong>de</strong> l’État perçu comme profondém<strong>en</strong>t déficitaire. Toutes les t<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong> réformepour y remédier <strong>de</strong>puis le règne <strong>de</strong> Louis XV se sont heurtées à la résistance <strong>de</strong> la noblesse et<strong>du</strong> clergé. Le 8 août 1788, acculé, Louis XVI convoque sur les conseils <strong>du</strong> contrôleur général<strong>de</strong>s finances, Jacques Necker, <strong>de</strong>s États généraux pour le printemps <strong>1789</strong>. Il s’agit d’unemesure exceptionnelle, car cette assemblée, créée <strong>en</strong> 1302 par le roi Philippe IV le Bel, n’aplus été réunie <strong>de</strong>puis 1614. En effet, <strong>de</strong>puis cette date, les monarques absolus ont pu sepasser <strong>de</strong> l’ass<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s provinces pour régler les affaires <strong>du</strong> royaume. En 1788 pourtant,le roi n’a plus d’autre ressource que d’<strong>en</strong>visager la création <strong>de</strong> nouveaux impôts : lescoutumes <strong>de</strong> France, aux règles <strong>de</strong>squelles le roi lui-même ne saurait se soustraire, stipul<strong>en</strong>tqu’aucune imposition nouvelle ne peut être établie sans l’ass<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s représ<strong>en</strong>tants <strong>de</strong>sprovinces. Aussi, par lettre <strong>du</strong> 24 janvier <strong>1789</strong>, le souverain convie-t-il ses sujets à élire <strong>de</strong>sdéputés et à rédiger <strong>de</strong>s <strong>cahiers</strong> <strong>de</strong> doléances. Par cette mesure, le roi accepte théoriquem<strong>en</strong>t<strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte l’expression <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> ses sujets, mais aussi les avis et lesconseils qu’ils peuv<strong>en</strong>t formuler pour résoudre la crise <strong>de</strong>s finances <strong>de</strong> l’État.Dans les provinces, les sujet <strong>du</strong> roi connaiss<strong>en</strong>t déjà <strong>de</strong>s crises d’autres natures. Variées etinatt<strong>en</strong><strong>du</strong>es, elles se sont succédé <strong>de</strong>puis presque tr<strong>en</strong>te ans. <strong>Les</strong> viol<strong>en</strong>tes sautes climatiquesont <strong>en</strong>traîné crises frum<strong>en</strong>taires, chertés et épidémies récurr<strong>en</strong>tes. Le chômage sévit dans lesvilles. <strong>Les</strong> mesures mises <strong>en</strong> place par le roi et ses ministres pour faire face à cette situationsont mal perçues : incomplètem<strong>en</strong>t mises <strong>en</strong> œuvre, comme la libéralisation <strong>de</strong> la circulation<strong>de</strong>s grains, elles peuv<strong>en</strong>t avoir <strong>de</strong>s conséqu<strong>en</strong>ces négatives, notamm<strong>en</strong>t sur les plus pauvres.En <strong>Bas</strong>-<strong>Limousin</strong>, les rigueurs <strong>de</strong> l’hiver, les gelées tardives, et les orages dévastateurs <strong>de</strong>l’été 1788 ont provoqué <strong>de</strong> mauvaises récoltes. <strong>Les</strong> v<strong>en</strong>tres sont vi<strong>de</strong>s et les espritss’échauff<strong>en</strong>t. Cette situation suscite <strong>de</strong>s émotions et manifestations <strong>de</strong> viol<strong>en</strong>ce comme àMeymac le 1 er avril <strong>1789</strong> ou à Égletons le 3 avril <strong>1789</strong> 2 . Dans ce contexte, la rédaction, àpartir <strong>du</strong> mois janvier <strong>1789</strong>, <strong>de</strong>s <strong>cahiers</strong> <strong>de</strong> doléances suscite un mouvem<strong>en</strong>t d’espérance :c’est l’opportunité <strong>de</strong> pouvoir référer au roi <strong>de</strong>s difficultés auxquelles le peuple est confronté.Pour mettre <strong>en</strong> relief le contexte général, la situation <strong>de</strong> la province et l’exemple d’uneparoisse, cette plaquette est organisée <strong>en</strong> trois parties chronologiques : réalisées sous forme <strong>de</strong>fiches, les activités propos<strong>en</strong>t ainsi une prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> la situation politique et sociale <strong>du</strong> pays<strong>en</strong> 1788-<strong>1789</strong>, une rapi<strong>de</strong> analyse <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s <strong>cahiers</strong> <strong>de</strong> doléances rédigés <strong>en</strong>tre janvieret mars <strong>1789</strong>, et l’étu<strong>de</strong> d’un cahier <strong>de</strong> paroisse : celui d’Objat, rédigé le 1 er mars <strong>1789</strong>.1 La sénéchaussée d’Uzerche est la plus anci<strong>en</strong>ne ; ses officiers royaux se montr<strong>en</strong>t par tradition très att<strong>en</strong>tifs à lapréservation <strong>de</strong>s archives, notamm<strong>en</strong>t dans la perspective <strong>de</strong> déf<strong>en</strong>dre leurs droits face aux sénéchaussées <strong>de</strong>Brive et <strong>de</strong> Tulle, créées partiellem<strong>en</strong>t aux dép<strong>en</strong>ds <strong>de</strong> celle d’Uzerche. Ces trois circonscriptions sont <strong>en</strong> procèsquasi perman<strong>en</strong>ts <strong>du</strong>rant la fin <strong>du</strong> Moy<strong>en</strong> Âge et la R<strong>en</strong>aissance.2 Boutier (Jean), Campagnes <strong>en</strong> émois, révoltes et Révolution <strong>en</strong> <strong>Bas</strong>-<strong>Limousin</strong>, Treignac, éd. <strong>Les</strong> Monédières, 1989, p.22.

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