Revue Technica, année 1943, numéro 38 - Histoire de l'École ...

Ecole Centrale de LyonBibliothèque Michel SerresAssociation des Centraliens de LyonLettre du Président3Il ne s'agit pas pour moi de vous adresserce soir des vœux d'avenir.(Message de Noël du Maréchal Pétain)Mes chers Camarades,Pourquoi faut-il qu'à cette même place où je vous disais, l'an dernier, mon espérancepersistante, vienne tout d'abord, sous ma plume, cette parole de notre Chef vénéré ?Vous ne le devinez que trop bien, car ne sont pas encore assez éloignés les tristesévénements qui semblent nous interdire maintenant tout espoir.Mais n'avons-nous pas entendu le Maréchal ajouter : « Méditez vos malheurs. Laméditation loin de vous accabler, vous élèvera. A l'heure où il semble que la terremanque sous vos pieds, levez la fête vers le ciel. Vous y trouverez assez d'étoiles pourne plus douter de l'éternité de la lumière et pour placer où il convient vos espérances ».L'avenir de notre pays apparaît si sombre à celui qui le conduit actuellement à sesdestinées que pour nous éloigner de la désespérance, une fois de plus il n'hésite pasà diriger notre regard vers la source éternelle de ces forces spirituelles qu'il faut bienappeler à notre secours après les avoir si longtemps proscrites.T'ai eu la bonne fortune, tout récemment, d'entendre le Chef de l'Etat dire, avecquelle force ! aux quelques ingénieurs venus .lui présenter leur travail en vue del'établissement de quelque chose comme un « Ordre des Ingénieurs » : « Vous faites,bien. Messieurs, de vouloir revaloriser vos titres, élever votre profession, en vousappuyant, d'abord, sur ces forces spirituelles et morales qui sont bien les assises lesplus solides que vous puissiez trouver pour construire votre édifice ».J'aurais voulu que vous entendiez tous le vainqueur de Verdun nous dire ces mots,si simples ! avec une netteté et une fermeté incomparables. Comme tous ceux qui lesentendirent vous auriez été certainement très impressionnés par la sincérité de leurexpression et vous auriez tous pris la ferme résolution de suivre aveuglément lesdirectives ainsi données.Certes, ceux d'entre vous, mes chers amis, qui êtes mes contemporains, pouvezcraindre de terminer trop tôt votre course terrestre avant que d'avoir atteint ces annéesde paix et de bonheur après lesquelles nous aspirons si ardemment.Mais il vous faut penser que ces années heureuses seront celles d'hommes mûrsqui sont aujourd'hui la jeunesse pour laquelle nous œuvrons.Alors si l'espérance vous paraît inaccessible, conservez-la quand même ! pour vos fils.Puisse du moins cette année 1943 voir la fin de la discorde et de la tuerie, la réuniondes familles cruellement séparées, le retour de nos chers prisonniers.le voudrais vous faire trouver des raisons d'espérer dans ce qui vient de se passerau sein même de notre Association où, depuis des années, je ne cesse de vous provoquerà une générosité de plus en plus grande, en prévision des malheurs que devrapeut-être bien, hélas ! quelque jour soulager notre Caisse de Secours.L'année dernière mon appel avait été, déjà, largement entendu. Que dois-je dire dela réponse faite, cette année, par ceux d'entre vous qui assistèrent à l'Assembléegénérale, au nouvel et pressant appel que je leur ai adressé ?La somme recueillie, tout à fait inconnue jusqu'ici dans les annales de notre Association,a dépassé de beaucoup mes espoirs.Je n'ai plus qu'un souhait à faire : celui que les absents du 13 décembre, répondentaussi généreusement à la sollicitation que je vais leur faire.Je voudrais que devant ces preuves manifestes de la charité de vos cœurs, ceux desnôtres qui sont encore loin de nous, derrière les barbelés, puissent comprendre quetout ici n'est pas uniquement : égoïsme, jouissance effrénée et marché - noir. ..Je voudrais qu'ils aient l'assurance qu'on pense à leur retour et que l'on s'organisepour les aider, si besoin est, à ce moment que nous souhaitons aussi proche quepossible.1Qu'eux aussi regardent vers le Ciel et qu'ils y voient briller d'un éclat de plus enplus vif l'Etoile « Ecéel » qui guide tous les Anciens de notre chère Ecole.Pas plus que moi, alors, ils ne désespéreront.P. CESTIER.http://histoire.ec-lyon.frhttp://bibli.ec-lyon.frhttp://www.centraliens-lyon.net