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NOT, André, « La satire sociale dans Le Journal d'une femme

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Lugné-Poe montera à partir de 1893 est le poète et dramaturge belge MauriceMaeterlink. <strong>La</strong> création de Pelleas et Mélisande dont il est l’auteur est un des grandsmoments du Théâtre de l’œuvre.L’esthétique symboliste suppose que le spectacle, au lieu de partir d’uneréalité concrète à imiter, vise à reproduire par des jeux d’impressions et decorrespondances les jeux de symboles que suggère le texte. <strong>Le</strong> théâtre symbolisteira jusqu ‘à faire intervenir des éléments olfactifs, des diffusions de parfums àl’intérieur de la salle de théâtre, et très souvent les sujets du spectacles seront tirésde grandes œuvres traditionnelles plus que de pièces écrites spécifiquement pour lascène. Cette esthétique symboliste tourne le dos à la représentation d’une vieconcrète et triviale et la voie est libre, dès lors, pour ce que, 25 ans plus tard, Copeaurevendiquera <strong>dans</strong> son théâtre du Vieux-Colombier : <strong>«</strong> la scène […] débarrassée,aussi nue que possible, attendant quelque chose et prête à recevoir sa forme de cequi s’y déroule. » Jean-Pierre Sarrazac parle de la <strong>«</strong> dématérialisation du théâtre àlaquelle se livrent les symbolistes » (<strong>Le</strong> Théâtre en France, p.374) qui aboutit à <strong>«</strong> uneexaltation – sur fond de rituel et de cérémonie – de l’art de la scène. » (p.278) Etc’est vrai, avec le théâtre symboliste, l’art de la scène retrouve une sorte dedimension sacrée, cérémoniale.Trois ans après sa naissance, en 1896, <strong>Le</strong> Théâtre de l’œuvre affiche Ubu-roi<strong>dans</strong> une mise en scène de Lugné-Poe, avec Firmin Gémier <strong>dans</strong> le rôle principal.L’auteur, Alfred Jarry, un jeune homme de 23 ans, est secrétaire régisseur de Lugné-Poe. Sur scène, les éléments décoratifs sont volontairement absurdes : <strong>«</strong> Côté cour,un lit orné d’un pot de chambre dessiné (par Bonnard). Côté jardin ; un palmierportant enroulé un boa ! Au fond, <strong>dans</strong> un paysage polaire, la cheminée bourgeoisedes drames naturalistes… qui se scinde en deux et devient une porte… Un dignevieillard à barbe blanche viendra accrocher (parfois à l’envers) une pancarteindiquant les changements de lieux. » (<strong>André</strong> Degaine : Histoire du théâtre dessinée,p.310)Rappelons – et ce n’est pas pour la petite histoire – deux coïncidenceschronologiques assez éclairantes : Un an avant la première d’Ubu-roi, MauricePottecher avait fondé le Théâtre du peuple à Bussang <strong>dans</strong> les Vosges et unesemaine avant la création de la pièce de Jarry, Sarah Bernhardt endossait lepourpoint de Lorenzo pour la création de Lorenzaccio de Musset, dont la rédactiondate de…1834 9 . C’était la première fois que l’on montait le Lorenzaccio de Musset,réputé pièce injiouable. D’un côté, donc, la préfiguration du concept de théâtrepopulaire dont la réalité ne s’affirmera que très lentement, entre 1920 où Gémier en ala première idée, et 1947où Vilar en pose définitivement les bases institutionnellesavec le Théâtre national populaire. Jacqueline de Jomaron décrit ainsi le théâtre deBussang : <strong>«</strong> <strong>Le</strong> fronton […] élevé sur le versant d’une colline au dessus du village,porte la devise : <strong>«</strong> Par l’Art, pour l’humanité ». <strong>La</strong> scène où, grâce à deux portesroulantes, le décor naturel de la forêt vosgienne remplace parfois les toiles peintes,construite en bois et en fer de 15 mètres de largeur sur 10 de hauteur et deprofondeur, domine une vaste prairie : entourée de galeries couvertes, celle-ci peutaccueillir plus de deux mille spectateurs. » (<strong>Le</strong> Théâtre en France, p.806). On est pasloin des pétitions de principe formulées par Jarry lui-même, revendiquant <strong>«</strong> lesdécors naturels, qui existent sans duplicata, si l’on tente de monter un drame enpleine nature ». Pratique, le père d’Ubu suggère <strong>«</strong> en ces temps d’universel cyclisme,quelques séances dominicales, en été […] en des campagnes distantes de peu dekilomètres, avec des arrangements pour ceux qui usent des chemins de fer. » Donc il9 Première de Lorenzaccio au théâtre de la renaissance : 3 décembre 1896 ; première d’Ubu-roi : 10 décembre1896.

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