Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000interpersonnelles. Les individus,les familles et les communautésdoivent s’adapter sans cesse dansun monde où les valeurs, lesidées, les mœurs évoluent rapidement.Les jeunes doiventapprendre à vivre en équilibre etmême à contribuer à l’harmoniedes relations interpersonnellesdans cette dynamique humainequasi chaotique.Ce bref regard sur les changementsdéjà amorcés permet de comprendrela nécessité pour l’école québécoised’amener les jeunes àacquérir les outils leur permettantde s’engager dans l’action et dedonner un sens à leur vie. Lesattentes de la société envers lesécoles sont élevées, mais cesattentes ne sont pas des caprices. Lacapacité d’intégration à la sociétédu savoir de l’ensemble de la populationen est l’enjeu.Effectivement, dans une société dusavoir, il faut savoir utiliser ceque l’on sait pour faire face à desproblématiques complexes. Cettefaculté par laquelle on se sert de sesconnaissances et de ses compétencespour comprendre ce mondecomplexe et agir n’est plus seulementle défi d’une élite.Pour préparer tous nos jeunes à seformer adéquatement, c’est l’ensembledu curriculum qui est modifié.Chaque programme disciplinaireénonce des compétences deniveau élevé et prend en considérationcertaines problématiques contemporainestouchant son domaine.Pourquoi alors y ajouter un Programmedes programmes énonçantdes compétences transversales etdes domaines d’expérience de vie ?De façon paradoxale, cet ajout n’estpas une occasion de diviser entreplus de préoccupations le tempsscolaire déjà si limité mais, au contraire,d’en intensifier l’emploi.Nommer des compétences transversalespermet de souligner la nouvellepriorité collective — ledéveloppement de compétences deniveau élevé dans toutes les disciplines— et de reconnaître plusfacilement les possibilités de réinvestissemententre les différentessources de formation : les disciplinesentre elles, les activitésparascolaires et extrascolaires. Lierles compétences transversales à desdomaines d’expérience de vie, touten les rattachant aux disciplines,favorise un plus grand engagementdes élèves dans leur propre formation.La réforme présentement en courss’appuie, notamment, sur lesconstatations suivantes : les élémentsque les élèves mémorisentsans leur donner un sens sont difficilementretenus et ils ne sont pasmis à profit au moment où ils pourraientl’être; de plus, on ne peutespérer l’apparition spontanéed’habiletés supérieures si la formationne porte que sur les opérationsde base, particulièrement la mémorisation.Nommer des compétences transversalesest un moyen d’appuyer leschangements de pratiques éducatives.Dans tous les domaines il fautdépasser, même avec les plusjeunes, la mémorisation des contenuspour aller vers l’acquisitionde compétences grâce auxquelleson peut traiter l’information,Photo : Denis Garonrésoudre des problèmes, fairepreuve de sens critique et de créativité.Dans tous les contextesd’apprentissage, il faut savoirdévelopper des stratégies méthodologiqueset utiliser des outils technologiques,sans négliger l’importanced’un équilibre constructifdans les relations interpersonnellesni l’incontournable acquisition d’unhaut niveau de savoir-faire enmatière de communication.En permettant de rappeler, cesintentions communes à toutes lesinterventions éducatives, les compétencestransversales peuvent êtredes catalyseurs de changement dansl’ensemble des pratiques éducatives.Acquérir des compétences exigebeaucoup de temps. Chaque compétencedevra être mise en pratiquependant plusieurs heures, durantde nombreuses années, avantqu’elle soit maîtrisée de façon suffisantepour en faire un outil pourla vie. L’école a tout avantage àutiliser à plusieurs fins chaqueunité de temps, c’est-à-dire à renforcerdans différents contextes —enseignement de plusieurs disciplines,activités parascolaires —l’acquisition de certaines connaissanceset de certaines compétencesdont on reconnaît les ressemblancesgrâce à leurs liens avec descompétences transversales.De plus, pour tirer le meilleur partidu temps scolaire, il faut s’assurerque les élèves l’utilisent intensément,c’est-à-dire qu’ils soient motivés àdévelopper leurs compétences. Pourfavoriser ce plus grand engagementdes élèves dans leur formation, lasensibilisation au lien qui existeentre les apprentissages scolaires etles défis de la « vraie vie » peut certainementêtre utile, d’où l’occasionde prendre en considération lesgrandes problématiques contemporainesénoncées dans les domainesd’expérience de vie.C’est pourquoi, bien qu’une révisiondu curriculum en cours permettede tenir compte des défiscontemporains dans l’ensemble desdisciplines, nous choisissons, auQuébec, de constituer en un ensemblesuccinct des compétences quitranscendent la structuration disciplinairede notre relation avec lemonde et de nommer des domainesd’expérience de vie où s’actualisedans la vie quotidienne l’ensemblede nos savoirs.3. ÉMERGENCE D’UN CADREDE RÉFÉRENCE QUI NOUSRESSEMBLE ET NOUSRASSEMBLEUne vague de fondLe Québec vit ses changements enéducation à l’heure de la mondialisation.L’intérêt pour les compétencestransversales est porté parun courant international. Mentionnonsici deux publications servantde repère aux différentes réformesde l’éducation actuellement encours à travers le monde.– Le rapport de l’OCDE, Prêts pourl’avenir, publié en 1994, où onpose la question énoncée audébut du présent article relativementaux compétences requisespour participer activement à lasociété du XXI e siècle.– Le rapport de l’UNESCO, L’éducation: un trésor est cachédedans, publié en 1996, où onsouligne que « l’éducation estavant tout formation du jugementpour une véritable compréhensiondes événements ».Des choix québécoisBien qu’influencé par ce courantinternational, le Québec a élaboréses propres réponses aux défis de ladémocratisation des savoirs. Depuisune dizaine d’années, différentsrapports et énoncés d’orientationjalonnent la route de la collectivitéquébécoise vers une adaptation deson curriculum aux besoins de formationde la génération montante.Parmi les groupes de travail ayantmarqué la route de ce cheminementcollectif, rappelons en trois :• Le groupe Corbo, dont le rapportPréparer les jeunes au 21 esiècle, publié en 1994, mettaitl’accent sur les grandes tendancesdont on devrait tenircompte pour préparer les jeunesau 21 e siècle, soit la mondialisationainsi que l’explosion desconnaissances, le développementaccéléré des technologies et lacomplexité de la vie sociale.• Puis, en 1995, la mise sur pieddes États généraux sur l’éducationmobilise tout le Québec etlui permet de faire le point sur lasituation. On ébauche alors lesnouvelles intentions éducatives.On constate, notamment, qu’enplus d’un large répertoire deconnaissances, les jeunes devrontacquérir des compétencesPÉDAGOGIQUE 11<strong>DOSSIER</strong>
<strong>DOSSIER</strong>et des attitudes favorisant unfonctionnement adapté à unesociété du savoir. On reconnaîtainsi que les changements apportésau programme de formationdevront être substantiels etaccompagnés d’une transformationde la dynamique pédagogique.• Le ministre de l’Éducation confieensuite à un groupe de travail surla réforme du curriculum lemandat d’indiquer les changementsà apporter au plan de formationde l’éducation préscolaireet de l’enseignement primaireet secondaire. En juin1996, le groupe Inchauspé remetson rapport Réaffirmer l’école.Dans ce rapport, en plus de donnerdes orientations au regard dela formation dans les différentesdisciplines, le groupe de travailpropose l’élaboration d’un Programmedes programmes.L’élaboration du Programme desprogrammes, au cours des années1998, 1999 et 2000, se fait grâce à lacollaboration de plus d’une centained’enseignants et d’enseignantes,conseillères et de conseillers pédagogiques,directeurs et directricesd’école et d’autres professionnels etcadres travaillant dans le domainede l’éducation dans l’ensemble desrégions du Québec. Plusieurs universitairessont consultés. De plus, lamise à l’essai du Programme de formationdans 16 écoles, dites écolesciblées, contribue à l’améliorationde plusieurs aspects de celui-ci,notamment une meilleure structurationdes éléments constitutifs duProgramme des programmes. Cedernier prend donc forme dans unmouvement d’aller-retour entreplusieurs recherches et courants enéducation, d’une part, et la pédagogieen exercice, d’autre part, poury retenir les éléments des pratiquesgagnantes.Il existe un large éventail de processusqui répondent à la définition dece qu’est une compétence transversaleet il existe aussi plusieurs façonsde les nommer. Le groupe de travailchargé d’élaborer le Programme desprogrammes a retenu un nombrelimité de définitions possibles. Leschoix ne sont pas pour autant arbitrairespuisqu’ils reflètent des convictionslargement partagées.Un curriculum national est nécessairementmarqué par les valeurs etles choix, à une époque donnée, dela collectivité qui l’établit. <strong>Au</strong>Québec, en fondant nos choix surune réflexion collective — Étatsgénéraux et groupes de travailafférents — , en nous ouvrant auxidées de fond partagées par lacollectivité internationale —rapports de l’UNESCO et de l’OCDE— et en optant pour un moded’élaboration participatif, nousfavorisons, croyons-nous, l’émergencede ce qui pourra être reconnucomme un projet collectif.Attendu, comme nous l’avonssouligné précédemment, qu’unréférentiel sur les compétencestransversales a essentiellement pourfonction de favoriser les complémentaritésdans l’action, nous pouvonsespérer que ce processusd’élaboration aura en soi un effetbénéfique.4. UN ENSEMBLE INTÉGRÉDE COMPÉTENCESTRANSVERSALES – UNRÉFÉRENTIELTelles qu’elles ont été formuléesdans L’école tout un programme,les compétences transversales sontd’ordre intellectuel, méthodologique,personnel et social ainsi quede l’ordre de la communication.Il est facile de constater dans la pratiquequotidienne de l’éducation lesraisons qui ont motivé le choix desonze compétences transversalesprésentées dans l’encadré. Parce queles connaissances se multiplientsans cesse, il est impossible de toutemmagasiner. Le jeune devra doncnotamment être capable d’avoirrecours à l’information selon sesbesoins et ses champs d’intérêt,apprendre à chercher et à traiterl’information pertinente avec uneméthode de travail efficace, enexploitant au maximum les technologiesde la communication et enexerçant une pensée critique.Dans nos classes, nous devons trouverde nouvelles façons de vivreensemble fondées sur• une meilleure connaissance dusystème de valeurs qui constituela base de l’identité personnellede l’élève;•la capacité d’établir et d’entretenirdes relations interpersonnellesharmonieuses;• le recours au travail en coopération.Photo : Denis GaronDe bouleversants problèmes se profilentà l’horizon. Évoquons le spectredes manipulations génétiques, lafabrication artificielle de la vie, laconcentration des sources d’informationet le contrôle des réseaux dedistribution et de diffusion de celleci.Les jeunes devront dans leur viepersonnelle comme dans leur viesociale, faire des choix éthiques à lafois complexes et déchirants. Fairepreuve de sens éthique apparaîtcomme une compétence indispensable.Tout le monde en convient, le jeunedoit être en mesure de communiquerde façon appropriée entoute situation en ayant recours àun langage qui lui permet de partagerses idées, ses sentiments, sesconnaissances, ses images ou sacompréhension du monde.Il est important de relever ici queces compétences constituent plusqu’une liste d’éléments, ils font partied’un ensemble, ils constituent uncadre de référence. Chaque compétencea son importance en soi, maisdans la pratique, elles ne sont pasindépendantes l’une de l’autre.Elles sont complémentaires, voirecumulatives. Ainsi, traiter de l’informationsert de base à la résolutionde problème et à la pensée critique.Dans certains cas, l’une ou l’autreamène à mettre en œuvre sa penséecréatrice. Dans les ordres intellectuel,personnel et social, les compétencessont progressives. Commedans les échelles taxonomiques,l'organisation des compétencesnous amène vers des niveaux deplus en plus complexes, du traitementde l’information à la créativité,de l’affirmation de soi autravail d’équipe et à la résolutionpratique des dilemmes éthiques.De plus, chaque compétenceappelle le développement de capacitéssupérieures. Par exemple l’anglesous lequel est envisagé le développementde méthodes de travailpermet de prendre en compteune organisation humaine, danslaquelle la vie sociale aussi bien quele travail sont de moins en moinsmarqués par la routine. En effet,pour apporter sa contribution à unprocessus évolutif, il faut savoirremettre en question ses façons des’organiser. Pour perpétuellementêtre en apprentissage, les méthodesQuatre compétences transversales sont d’ordre intellectuel :Exploiter l’information;Résoudre des problèmes;Exercer sa pensée critique;Mettre en œuvre sa créativité.Les compétences d’ordre méthodologique sont :Pratiquer des méthodes de travail efficaces;Exploiter les TIC comme outils méthodologiques.Les compétences d’ordre personnel et social sont :Développer son identité personnelle;Entretenir des relations interpersonnelles harmonieuses;Travailler en coopération;Faire preuve de sens éthique.Quant à l’ordre de la communication, la compétence énoncée est la suivante :Communiquer de façon appropriée.VIE 12 Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000
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