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DOSSIER Au

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<strong>DOSSIER</strong>personnel. Pourtant, même du pointde vue de l’épanouissement personnel,réussir à trouver de la joie dansune productivité collective, un travailcoopératif réussi, c’est aussi unacquis précieux.La seconde compétence sociale nonbanale a ses propres exigences. Ils’agit d’une capacité de délibérationà plusieurs. C’est le dialogue portésur le terrain d’enjeux sérieux, dedilemmes, de situations complexes.Discuter en travaillant la rigueur, lalogique et la capacité persuasive deson propre propos, tout en accueillantle propos analogue de son visà-vis,n’est pas une chose simple.Mais ce serait gravement disqualifierle secondaire que de penser queseuls le cégep et l’université sontdes lieux appropriés pour cela.L’apprentissage de la délibération,du débat, d’une recherche quiavance par des échanges de propossensés, d’objections et par la clarificationde consensus partiels reposesur le développement de l’espritcritique. L’esprit critique, ce n’estpas du tout l’esprit combatif, quis’emploie à disqualifier d’entrée dejeu ceux et celles qui ne pensentpas comme moi. Ici, le professeurest un modèle incontournable,parce que sa propre position sur unsujet ne se présente pas comme « ledernier mot », la fin d’une démarchede recherche, mais souventcomme son amorce.La capacité de délibération sociale ades affinités directes avec l’éducationpolitique, l’éducation du citoyen.Le citoyen qui se sent commeune marionnette des pouvoirs enplace réagit émotivement et par« tout ou rien », en adoptant uncamp dans la lutte universelle pourle pouvoir et ses divers avantages. Lecitoyen critique capable de délibérergarde une distance par rapportaux slogans de son propre parti ougroupe d’intérêt. Comme il a l’habitudede s’efforcer de comprendredes enjeux avant de s’engager…Dans l'enseignement secondaire, ladélibération ne peut pas jouer toujourset partout. Il ne s’agit pas deréinventer Galilée ou l’algèbre !Cependant, la disposition à s’écoutermutuellement avant de se réfuternécessite un certain climat, unebribe d’éthique intellectuelle. L’élève,s’il a à changer d’idée, ne peut lefaire qu’à partir de son idée présente.Comment l’aider sans comprendrecelle-ci ?L’HORIZON D’UNECOMMUNAUTÉ DE RECHERCHEEnfin, il y a, au-delà des compétencessociales de civilité et dedélibération, un optimum pensable,pour ce qui est d'un idéal pédagogique: celui d’une classe fonctionnanten communauté de recherche.Cela découle en droite ligne derecherches approfondies sur ce quesignifie devenir expert. « Expert »,rappelons-le, est un terme plus fortque « compétent ». La différenceprincipale entre la personne compétenteet la personne experte, c’estque la première profite de sesacquis, de la libération d’énergiementale accomplie par une maîtrisesuffisante d’un problème, d’unprocédé ou d’un diagnostic pour sedétendre et prendre du bon temps,tandis que la seconde réinvestitl’énergie mentale disponible pouraller plus loin dans le domaine. CarlBereiter et Marlene Scardamalia ontétudié les implications de cettemarge pour l’école dans un livreremarquable : Surpassing Ourselves.An Inquiry Into the Nature andImplications of Expertise (Chicago,Open Court, 1993). Ils rejoignentl’idée de la classe comme une communautéd’apprenants, développéede façon convergente dans unrécent avis du Conseil supérieur del’éducation : L’école secondaire, unecommunauté éducative (1998).Bereiter et Scardamalia se situent àla jonction des compétences intellectuelleset des compétencessociales lorsqu’ils décrivent lesprincipes directeurs d’une classefonctionnant en « groupe de productionde savoir » :«L’éducation scolaire basée sur lemodèle d’un » groupe de productionde savoir » a les caractéristiquesdistinctives suivantes :1° Il s’y trouve une étude soutenueet en profondeur des sujets, parfoisétendue sur des mois, plutôtqu’un vaste survol superficiel.2° L’attention se concentre sur desproblèmes plutôt que sur descatégories de connaissances;non pas « le cœur » mais « commentle cœur fonctionne-t-il ? »3° La recherche est impulsée parles questions des élèves. Le professeuraide les élèves à poserde meilleures questions et lesencourage à reformuler lesquestions à des niveaux plusapprofondis à mesure que larecherche avance.4° Le défi dominant est celui d’expliquer.Les élèves sont poussésà présenter leurs propres théoriespour rendre compte desfaits et à critiquer mutuellementleurs théories en les confrontantaux faits.5° Même si les professeurs portentattention au progrès individueldes élèves, l’attention quotidienneporte d’abord sur les butscollectifs de compréhension etde jugement plutôt que sur l’apprentissageet le rendementindividuels.6° Il y a peu de travail scolaire traditionneloù tous les élèves travaillentindividuellement en faisanttous la même chose. Defaçon plus générale, les élèvestravaillent en petits groupes;chaque groupe a une tâche particulièreliée au thème central etplanifie la distribution du travailentre ses membres.7° La parole est prise au sérieux.On attend des élèves qu’ilsréagissent au travail des autreset on leur montre à le faire defaçon aidante et encourageante.8° Le savoir propre du professeurne limite pas ce qu’il faut apprendreou chercher. Les professeurspeuvent contribuer à la démarchepar leur savoir, mais il y ad’autres sources d’information.9° Le professeur reste le leader,mais son rôle se déplace : il nese tient plus en dehors de ladémarche d’apprendre pour laguider; il y participe activementet sert de leader à titre d’apprenantplus expert. »Cela n’est pas une utopie, mais c’estrare et difficile. <strong>Au</strong> minimum, il fautapprendre aux élèves à travaillerensemble. <strong>Au</strong> mieux, comme ici, ilsle font d’abord et avant tout pourapprendre encore plus d'unemanière authentique. En quelquesorte, la boucle est bouclée : lescompétences sociales contribuentdirectement aux compétences intellectuelles.UNE CONTRIBUTION DE TOUTESLES DISCIPLINES À LA MAÎTRISEDE LA LANGUELa quatrième et dernière catégoriede compétences transversales colleà une difficulté propre aux étudessecondaires. Elle s’appuie sur uneconstatation bien connue : s’il n’y a,au secondaire, que dans la classede français que le français estimportant, les résultats seront décevantset on perpétuera les plaintesdes professeurs de cégep. D'abord,on apprend à lire puis, de plus enplus, on lit pour apprendre. Si l’habiletéinstrumentale qu’est la lecturen’est que très peu utilisée àl’école elle-même, elle stagne, ellen’atteint pas les niveaux d’aisance etde compréhension qu’il faut. Il enva de même pour l’écriture : sipresque partout, sauf en classe defrançais, on peut se passer d’écrirepour raffiner son analyse et sonargumentation ou d’écrire aussipour s’exprimer, c’est peine perdue.Il y a alors très peu de chancesd’atteindre un niveau de high literacy,comme le disent les chercheursnord-américains. Il s’agit là, eneffet, d’établir un rapport intimeavec la langue, un rapport sensibleà sa souplesse, à ses nuances, à sarichesse. Le vrai moment propicepour acquérir un rapport étroit,aisé, fin, avec une langue orale correcteet avec la langue écrite setrouve à partir du milieu du secondaire.Cela ne se rattrape pas dansun baccalauréat en informatique,en administration des affaires ou engénie. Même un baccalauréat ensociologie n’est pas une garantie derattrapage, sur ce terrain.Qu’est-ce que des cours de biologie,de mathématique, de musique et degéographie peuvent fournir dans uneffort convergent de maîtrise de lalangue ? L’exercice de l’écrit ? L’imprégnationpar une langue oralecorrecte ? La frousse de « perdre despoints » pour l’écriture ? La seulefaçon d’aller au-delà d’une pressionsymbolique en corrigeant le françaispartout, c’est de travailler entre professeursde français et professeursde sciences, ou de mathématiques,VIE 46 Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000Photo : Denis Garon

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