ou d’art, ou de sciences humaines.Les experts sont dans les murs.Jusqu’ici, personne n’a pour ainsidire eu recours à eux. Dans lesécoles de langue française, on n’apratiquement pas encore eu de tentativesde ce type. Toutes les disciplinespeuvent contribuer à la progressiondes élèves en français, maiscela est presque impensable sansconcertation avec les professeurs defrançais.LE POTENTIEL DES DOMAINESD'EXPÉRIENCE DE VIE<strong>Au</strong>-delà des compétences transversalesposées comme faisant appel àchaque discipline, la réforme actuellepropose à l’attention des professeursdes champs d'explorationet d'approfondissement transdisciplinaires.On les a appelés« domaines d’expérience de vie »dans la première version des programmesrévisés du primaire. Il y aune raison à cela. Il s’agit en effetd’enjeux proches de l’expériencesubjective individuelle et collectivedes jeunes, pas seulement en qualitéd’élèves : choix de carrière; relativeliberté quant aux conditionnementsmédiatiques et aux sollicitationscommerciales; prise en chargegraduelle de sa santé; « alphabétisation» progressive sur les planscivique et politique; etc. L’école initieet transmet, cela va de soi. Maiselle initie non seulement aux dérivésadaptés des « savoirs savants »(grâce à une transposition didactiqueappropriée), elle initie aussi àdes pratiques sociales (« fonctionner» dans une démocratie, choisirun métier, devenir un consommateuraverti, et ainsi de suite).Le curriculum proposé pour lesecondaire, dans le cadre de laréforme, a un aspect structurel trèsimportant. En effet, il défait et metde côté l’isolement, instauré audébut des années 80, de tout ce quirelève de la formation personnelleet sociale au sens large. Il rapatriedans les disciplines des dimensionsde la formation qui concernentdirectement l’engagement personneldans des pratiques sociales :pratiques de santé, d’écologie, decitoyenneté, de choix de carrière.Il est inadmissible de nos jours quel’ensemble des sciences humainesse dissocient des visées d’éducationsociale, réfugiées, pour ainsi dire,dans une petite dose parallèle deformation personnelle et sociale etque l’éducation scientifique resteisolée des pratiques et des domainesde carrière technologiques, en laissantle fardeau de « l’école orientante» à une autre petite matière. Orla majorité des enjeux prochesd’une expérience de vie, pas forcémentscolaire, ne peuvent pas avoirune seule discipline comme pointde chute. Pensons, par exemple, à lasanté : elle est au carrefour d’aumoins trois disciplines, l'éducationmorale, les sciences et l'éducationphysique. Pensons au choix de carrière: l’apprentissage de sciences ettechnologie ne peut pas jouer seul.Celles et ceux dont l’avenir professionnelest en graphisme, en musique,en politique ou en enseignementseront « allumés » et séduits,révélés à eux-mêmes, par toutessortes de disciplines.Chacun des six grands domainestransdisciplinaires retenus par laCommission des programmesd’études (1° l’éducation interculturelle,l’éducation à la citoyennetéet la compréhension internationale;2° l’éducation à la consommation;3° l’orientation personnelle et professionnelle,l’entrepreneurship; 4°l’éducation aux médias et aux technologiesde l’information et de lacommunication; 5° l’éducation à lasanté, à la sécurité et à la sexualité;6° l’éducation à l’environnement.Orientations et encadrements pourl’établissement du programme deformation, 1998, p. 41 et 42.) tendune perche aux équipes enseignantesdu secondaire. Il y a là unchantier qu’il faut envisager dèsmaintenant 1 . S’il est réussi, l’écolesecondaire sera plus authentiquementéducative et plus accessible,plus mobilisante, tout en instruisantmieux qu'avant. Sinon, elle redeviendraencore plus livresque etplus détachée de la recherche desens des jeunes.DÉFIS COMMUNS ET DÉFISVARIABLES SELON LESDISCIPLINESIl est insensé de croire que la valorisationde compétences transversalesimpliquerait une dévalorisationdes disciplines. L’intuition, puisla confirmation de l’importance descompétences transversales sontprécisément venues du souci d’apprendreà la fois plus et mieux toutce qu’il est possible d'apprendre àl’école.Les programmes disciplinaires officielsévoluent dans leur forme. Ens’efforçant de graviter autour dequelques compétences disciplinairescentrales, ils deviendrontmoins analytiques, moins atomisésen mini-objectifs. C’est favoriserune démarche ou un processusd’apprentissage dans lequel l’interdépendanceentre éléments et lacomplexité du tout se dégage.Il reste que les grandes disciplinesclassiques du secondaire n’aurontpas toutes le même défi. L’histoire,la géographie de même que lecours de 5 e secondaire sur lemonde contemporain devront faireune place beaucoup plus nette à laformation sociale, dans sa dimensionde sociabilité au quotidien, sadimension politique et sa dimensionéconomique aussi. La citoyennetédevenant une préoccupationprivilégiée, greffée explicitementaux sciences humaines mais constituéeaussi en thème interdisciplinaire,il faudra travailler en collaborationavec les responsablesd’éducation morale, d’éducationphysique, des cours de français aumoins, pour consolider une approcheconcertée. Même l’éducationscientifique, pour peu qu’elle soitouverte à la perspective « sciences,technologie et société », a une bellecontribution potentielle à apporteraux enjeux collectifs et politiques.La réforme devrait permettre deremédier à la quasi-absence deprise en considération de la technologiedans le cursus scolaire, et,pour le secondaire, ce défi tombecarrément dans le jardin de l’éducationscientifique. Comment bienrelier les pratiques techniques et lessavoirs propres aux sciences ?Comment ne pas restreindre latechnologie aux sciences physiquesappliquées, et comment donner laplace qu'elles méritent aux techniquesd’ordre biologique, auxtechniques de communication, àdes techniques de la vie courantegreffées pour l'instant à l’économiefamiliale ? Le tout, non sans unearrière-pensée de sensibilisationaux choix de carrière ?Il me semble que l’enseignement dela langue est particulièrement apteà contribuer à la formation personnelle.En effet, c’est un lieu privilégiéde l’expression personnelle. Enmême temps, l’apprentissage de lalangue peut avoir un rapport directavec l’expérience du beau et l’ouverturesur l’esthétique et l’art,grâce à la poésie, au théâtre. QuandVie pédagogique 116, septembre-octobre2000l’équilibre entre la communicationet ses règles, relativement impersonnelles,d’une part, et l’expression,personnelle par définition, d’autrepart, est assuré, le besoin d’espacesparallèles pour une formation ditepersonnelle est moindre.Les grands thèmes transversaux fontappel à toutes les disciplines maisd'une manière diverse. N’est-ce pastout à fait opérationnel de sedemander dès maintenant où etcomment atterriront l’éducationcritique aux médias, ainsi quel’éducation à l’environnement, à lacitoyenneté et à la consommation ?Et, question centrale : comment uneapproche bien pensée d’une vastegamme de disciplines fera-t-elle del’école secondaire une écoleauthentiquement orientante ?La réforme : une nouveauté à comprendre,un changement à maîtriserPour le secondaire, la réformecomporte à la fois des éléments decontinuité et des éléments de nouveauté.Les écoles secondaires disposentde délais convenables avantle déclenchement de la mise enœuvre des nouveaux programmes.C’est le temps nécessaire pour sefamiliariser avec les nouveautés etcommencer à s’y préparer. C’est enmême temps l'occasion de maîtriserle changement. Il est possibled’ores et déjà de préparer le terrain,d'une manière individuelle etcollective, ne serait-ce que relativementaux quatre grandes catégoriesde compétences transversales. Lastructure même d’un parcours scolairepar cycles, jusqu’à la troisièmesecondaire, se dessine, et peut permettreà des équipes enseignantesde préparer une transition qui neprendra personne par surprisemais qui, au contraire, libérera desénergies nouvelles. La carte géographiquen’est certes pas le territoirelui-même, mais la carte, mêmefloue et approximative, existe : letemps est propice pour s’aventurersur le terrain.Arthur Marsolais était chargé dedossiers au Conseil supérieurde l'éducation jusqu'à l'étédernier.1. Les deux domaines d’expérience de vieajoutés dans le programme actuel au primaire(souci d’une croissance dans sonidentité personnelle, souci des habiletéssociorelationnelles) paraissent, pour leurpart, une dimension de la formation personnellequi peut colorer tous les enseignementsd’une manière diverse.PÉDAGOGIQUE 47<strong>DOSSIER</strong>
Photo : Denis GaronQuel est le principal partenairede l’enfant qui se développecomme apprenant ?Les parents ou l’enseignant ? Pour lepersonnel de l’école Centrale, laréponse vient tout de suite : lesdeux, dans la mesure où desattentes semblables sont établiesautour de l’enfant. Et pour y parvenir,la communication soutenueentre parents et enseignants demeurel’instrument privilégié.L’article qui suit présente la façondont le personnel de l’école Centrales’est assuré de garder un contactrégulier avec les parents de sesélèves. Tous les éléments qui y ontcontribué ont été introduits un à lafois au cours des années, pourfinalement constituer la tradition del’école; ils font partie de la normalitépour parents et élèves maintenant.Cette tradition est fort appréciéepar les parents qui se voientoffrir un portrait détaillé de la viescolaire de leur enfant. C’est aussiune façon de rassurer nos parentsanglophones (la grande majorité)qui ne sont pas toujours en mesured’évaluer les progrès de leur enfantdans un programme d’immersionou qui se demandent comment s’yprendre pour appuyer le travail del’enseignant ou l’enseignante.L’ÉVALUATIONIci, dans notre école au Manitoba,l’année scolaire est divisée en troistrimestres; le premier couvre lespremiers mois jusqu’à la fin deLA COMMUNICATION AVEC LES PARENTS,UN TOUR DE PLUS...DANS LE SAC D’ÉCOLE DE L’ENSEIGNANTpar René AmmannPhoto : Denis Garonnovembre; le deuxième se termine àla fin de mars, avec la semaine derelâche; et le troisième comprendles trois derniers mois. Trois bulletinssont donc envoyés aux parents.Mais entre chaque bulletin, ceux-cisont invités à rencontrer l’enseignantou l’enseignante pour discuter del’évolution de leur enfant.En octobre, les élèves préparentune autoévaluation de leur travailen classe en abordant divers aspectsde leurs progrès scolaires, deleurs habitudes de travail et de leursrelations avec les autres. À partirdes points les plus faibles de cetteévaluation et avec l’aide de l’enseignantou de l’enseignante, les élèvesdéterminent deux ou trois objectifsà atteindre dans les six semainessuivantes, soit pour le premier bulletin.C’est autour de cette autoévaluationet de ces objectifs que ladiscussion entre parents, enfant etenseignant s’organise, chacun ydéfinissant son rôle dans l’atteintedes objectifs. Durant les sixsemaines qui suivent, ces objectifspersonnels sont revus puis, dans lepremier bulletin, l’enseignant oul’enseignante indique dans quellemesure ils ont été atteints. Ainsi, unprofil scolaire de l’élève est tracé,accompagné par les recommandationsdont pourrait bénéficier l’élèvepour s’améliorer.Entre le premier et le deuxième bulletin,on suit la même démarchemais cette fois, l’élève a une partplus active dans la rencontre élèveparents-enseignantou enseignante.Il ouvre son portfolio, fait le pointsur les nouvelles habiletés qu’il aacquises, évalue son parcours etdétermine où il concentrera sesefforts pour les derniers mois del’année. Encore une fois, parents etenseignant définissent leur proprerôle pour seconder l’élève.À la fin de l’année, le portfolio, quicontient les travaux jugés lesmeilleurs par l’élève, ses autoévaluations,etc., est amené à la maisonafin de montrer à ses parents tousles progrès accomplis durant l’annéescolaire.Il va sans dire que l’élève comptesur le soutien de son enseignant ouenseignante tout au long de l’annéepour lui servir de guide dans lechoix de ses objectifs et lui donnerson avis lors de ses autoévaluations.Mais c’est aussi l’enseignant oul’enseignante qui définit les objectifsde chacune de ses situationsd’apprentissage, explique commentce qui se vit en classe est reportésur chaque bulletin, aide l’élève àfaire le point sur ses acquis aprèschaque unité, appelle à la maisonpour souligner un effort particulierou en recommander un autre, ouencore écrit une note dans l’agendade l’élève de la 3 e ou de la 4 e année.Une telle approche est exigeante,tant pour l’élève que pour les parentset l’enseignant. L’expériencemontre que la justesse de l’autoévaluationaugmente avec la pratique;de plus, il n’est pas étonnantde voir les élèves prendre une plusgrande part de responsabilité dansleur apprentissage. Par ailleurs, desparents se montrent moins intimidésquand leur enfant a un rôleactif dans leur rencontre avec l’enseignant.Enfin, avec l’engagementde chacun, les chances de succèssont multipliées. On est loin dutemps où le bulletin se donnait bienvite au-dessus de la tête des enfants.LES PORTES OUVERTESLes remises de bulletins ne sont pasles seules occasions où les parentssont invités à l’école. Tôt, en septembre,une soirée d’orientation estorganisée par le personnel enseignant.Les parents sont appelés àrencontrer une première foisl’équipe qui travaillera avec leurenfant. Chaque enseignant les amèneensuite dans sa classe afin de leurfaire un tour d’horizon de l’annéequi s’amorce : attentes générales,fonctionnement de la classe, évaluation,portfolio, devoirs, etc. En 3 e eten 4 e année, on remet également untableau qui présente quelques élémentsdu programme de mathématique,ceux sur lesquels il serait bonde travailler périodiquement à lamaison (opérations, mesure detemps, de longueur, estimation,heure, argent, etc.).<strong>Au</strong>ssi, chaque année, parfois enautomne, parfois au printemps, lecomité de parents organise tantôtune danse, tantôt un souper au barbecue,ou encore une soirée deVIE 48 Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000
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