Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000personne-ressource auprès de sescollègues qui souhaitent travaillerde la même façon.UNE ÉQUIPE EN ÉVOLUTIONFrance revient souvent sur le faitqu’elle fait partie d’une équipedynamique qui évolue sans cesse.L’apprentissage coopératif est misen œuvre partout dans l’école. Bonnombre de ses collègues travaillentpar projet. Une d’entre elles suitactuellement une formation sur leportfolio et joue, elle aussi, le rôlede personne-ressource auprèsde ses collègues. France affirmequ’elles ont le goût d’essayer de lemettre en œuvre dès septembre.Elle constate qu’elle avait déjà cettepréoccupation de garder des tracesdes progrès de ses élèves puisqu’elleconservait des petits travauxeffectués au début de l’année pourles montrer aux jeunes à la fin decelle-ci afin qu’ils puissent voir lechemin parcouru. « Cette journéelà,ils ont des ailes », affirme-t-elle,tant ils sont surpris et contents devoir la différence. Le prochain pas àfaire concerne donc l’évaluation,qu’il faudra rendre cohérente parceque le bulletin actuel ne convientpas tout à fait. De plus, il faudras’attarder de façon plus systématiqueà l’observation des compétencestransversales, lesquelles —France en est convaincue — sontdéveloppées dans les projets.La réforme arrive, mais, comptetenu du chemin parcouru, elle n’inquiètepas France et ses collèguesdu 1 er cycle, qui se posent déjà desquestions sur la façon dont ellesvont s’organiser. En effet, elles fontde l’intégration des matières depuislongtemps, elles préparent ellesmêmesleur matériel parce qu’ellesn’ont pas de manuel de base ni decahier d’exercices, elles maîtrisentla gestion de classe et l’apprentissagecoopératif, elles intègrent l’ordinateurà leur enseignement,mènent des projets et travaillent enéquipe.Reste à acquérir plus d’aisancedans le travail, pour construire desprojets encore plus ouverts ou issusdes questions des élèves, et àajuster l’évaluation à l’approche parcompétences. France a tout à faitraison de considérer que sonéquipe-école a une longueurd’avance sur d’autres et d’envisagersereinement la prochaine année.À L’ÉCOLE SECONDAIRE CAVELIER-DE-LASALLE : UN GROUPE DE PRÉCURSEURSDans une école secondaired’environ 1500 élèves, uneéquipe de sept enseignantset enseignantes (voir la liste dansl’encadré) mènent une expériencede travail par projets interdisciplinairesavec près d’une centained’élèves regroupés en trois classes :une de 1 re , une de 2 e et une autre de3 e . L’aventure a commencé il y aquatre ans lorsque la direction del’école secondaire Cavelier-de-LaSalle (Commission scolaireMarguerite-Bourgeoys) a demandéà Suzanne Cianflone de réfléchir surle type d’enrichissement qui pourraitêtre offert aux élèves desgroupes forts, les cours de latinqu’on leur donnait jusqu’alors nesemblant guère les stimuler. On étaiten avril 1997 et le projet devaitcommencer au mois de septembrede la même année. Est alors ressortiel’idée de mettre en oeuvre unprogramme d’enrichissement etd’interdisciplinarité (PEDI) quiPERSONNES RENCONTRÉESSuzanne Cianflone, professeurede français et responsable du projetPEDIBruno Desbois, professeur de sciencesJulie Larivière, professeure degéographieClaude Malenfant, professeur desciencesMark Normand, professeur desciencesCatherine Thomassin,professeure de géographie etd’histoireSophie Turbide, professeured’histoire et de géographieoccuperait quatre cours par cyclede neuf jours. Comme il ne s’agitpas d’un programme à option, cesquatre cours sont prélevés surle temps alloué au français, auxsciences de la nature, aux scienceshumaines et aux arts.UN PROGRAMME ENCONSTRUCTIONLa première année a été plutôtexploratoire. Claude Malenfant,Julie Larivière et Suzanne Cianfloneont commencé à travailler avec desélèves de 1 re secondaire en leurproposant des tâches intégratriceset des travaux interdisciplinaires.L’équipe était à la recherche de cequ’elle pourrait offrir de particulierà ces élèves.Puis, au cours de la deuxièmeannée d’expérimentation, les élèvesde 1 re sont passés en 2 e et l’équipes’est agrandie. Sophie Turbide etMark Normand se sont joints àleurs collègues. Il est devenu plusclair pour les membres de l’équipequ’ils souhaitaient mettre de plusen plus l’accent sur l’interdisciplinaritéet sur le travail coopératif. Ilsont commencé à monter des projetsqui, selon eux, n’étaient pas parfaits,mais ils se sont ajustés et,surtout, ils se sont beaucoup remisen question de sorte que, latroisième année, ils ont décidé deprivilégier une approche par projetsqui étaient, le plus possible,interdisciplinaires.Deux nouveaux membres se sontajoutés à l’équipe la troisièmeannée. Ils sont maintenant sept.Ce sont tous des volontairesqui espèrent d’ailleurs que d’autresPhoto : Denis GaronCLAUDE MARCHAND, JULIE LARIVIÈRE, SUZANNE CIANFLONE, MARKNORMAND, SOPHIE TURBIDE, CATHERINE THOMASSIN ET BRUNO DESBOIScollègues viendront se joindre àeux.QUELLE SORTE DE PROJETS ?L’année dernière, les élèves dechaque classe ont réalisé quatreprojets. Il est impossible de lesdécrire tous. Voici tout de mêmequelques exemples. En 2 e secondaire,les élèves se sont engagésdans un projet fort exigeant sur leMoyen Âge qui touchait les programmesde français, d’histoire etd’informatique. Ils devaient construireune maquette (elle était enstyromousse et assez impressionnante,paraît-il) représentant lesquatre groupes sociaux existant àl’époque : seigneurs, chevaliers,paysans et serfs en action au coursd’une journée particulière. Chaquegroupe devait être en train d’effectuerles tâches qui lui étaienthabituellement dévolues. Les élèvesavaient été répartis au hasard dansl’un des quatre groupes. Pour êtreen mesure de présenter leur personnageet de jouer leur rôle, ilsont dû faire des recherches à la bibliothèquemunicipale et dansInternet, ils ont lu sur le Moyen Âge,vu un film et, à la fin du projet, ilssont même allés prendre un repasmédiéval. Après tout ce travail, lesélèves ont parfaitement comprisque l’image idyllique du Moyen Âgeprésentée dans certains films esttotalement fausse et que la réalitéétait beaucoup moins rose...En 3 e secondaire, les élèves ont préparéet tenu un débat — lequel estau programme de français — surles énergies renouvelables. Ils devaientexpliquer en quoi la formed’énergie renouvelable qu’ilsavaient retenue était la plus valableet par le fait même quelles étaientles lacunes des autres. Ils devaientaussi être prêts à interroger leurscamarades sur les choix qu’ilsavaient faits. Le débat a eu, semblet-il,beaucoup de succès, mais lesélèves n’étaient pas satisfaits dePÉDAGOGIQUE 35<strong>DOSSIER</strong>
<strong>DOSSIER</strong>leurs arguments et ils voulaientpoursuivre leur recherche pour entrouver d’autres. Ils avaient pris laquestion très au sérieux.L’équipe des sept a acquis avec letemps beaucoup d’habileté à préparerdes projets et à guider lesélèves dans la réalisation de ceuxci,mais au début, elle a connuquelques ratés, rappellent Mark etSophie, qui se souviennent du premierprojet de recherche sur lesminéraux dans lequel ils avaientlaissé un peu trop la bride sur lecou aux élèves. Ils se sont vite renducompte qu’il fallait aider lesélèves à se donner des méthodes detravail efficaces.ET LES COMPÉTENCES TRANS-VERSALES DANS TOUT CELA ?L’équipe du PEDI est certaine queles compétences d’ordre intellectuel,méthodologique, personnelet social ainsi que celles de la communicationsont acquises par lesélèves au cours de la réalisation desprojets qu’elle leur présente parceque les élèves sont placés dans dessituations où ils doivent les mobiliser.Ils ont à chaque fois à exploiterde l’information, à résoudre desproblèmes, à faire preuve de jugementcritique et de créativité, à travaillerefficacement avec les autreset à communiquer leurs découvertes.La difficulté éprouvée parl’équipe actuellement, c’est degarder des traces de tout cela et d’évalueroù en est l’élève par rapport àchacune de ces compétences.Nos précurseurs ont souvent discutéd’évaluation au cours descauseries qu’ils ont régulièrement.Faut-il une feuille de route ? Un carnetde bord ? Quel genre d’échelleconvient aux compétences ? Danscertains projets, ils ont fourni auxélèves des grilles d’autoévaluationportant surtout sur les compétencessociales (le travail d’équipe) et méthodologiques(la façon de s’yprendre pour exécuter le travail).Jusqu’à maintenant, le produit et lesconnaissances ont fait l’objet d’uneévaluation plus que les compétences…quoique dans un projetparticulier dont nous dirons quelquesmots, puisqu’il peut être considérécomme un effet du PEDI surles autres élèves, une grille d’évaluationdes compétences a été élaborée.ARCHITECTES DU FUTURTel était le titre du projet proposé parSophie et Julie à leurs collègues etauquel toutes les classes de 3 e secondaireont participé, ce qui signifieque onze enseignants ont eu à seconcerter pour en assurer la réalisation.Les rencontres au cours dejournées pédagogiques et à l’heuredu dîner ont été nombreuses.Le projet Architectes du futur a étéréalisé avec la collaboration duCentre canadien d’architecture(CCA). Après avoir assisté à unesoirée d’enseignants au Muséed’architecture, Sophie et Julie, quicherchaient un moyen d’intéresserleurs élèves à la géographie et deleur faire voir l’utilité de cette discipline,ont constaté que les contenustraités au Musée (matériaux, énergie,etc.) rejoignaient ceux de leurprogramme et qu’il y avait là unepossibilité de les rendre plus concretspour les élèves. En mêmetemps, dans l’esprit de la réformequi touchera bientôt le secondaire,elles ont voulu mettre à profit leurexpérience de PEDI et tenter d’élargirle cadre de leur expérimentationde l’approche par projet.Photo : Denis GaronPhoto : Denis GaronC’est ainsi que tous les élèves de 3 esecondaire ont participé à la réalisationd’un projet en cinq étapesqui se sont déroulées d’octobre àjuin. En octobre, les personnesressourcesdu CCA sont venues àl’école initier les élèves à l’architecture.Puis, à la deuxième étape, a eulieu une activité préparatoire à lavisite de 250 élèves au CCA. La visiteau Musée a été effectuée à la 3 eétape. La 4 e étape a été bien rempliepar la rédaction d’un texte explicatifqui pouvait être accompagné d’uneprésentation visuelle sur un contenude géographie et de mathématique(une construction de l’avenir)pour laquelle les connaissancesacquises en français, en arts plastiqueset en informatique ont aussiété mises à profit.Enfin, en juin, l’exposé oral a marquéla fin du projet.La grille d’évaluation du projet portesur les compétences d’ordre intellectuel,méthodologique ainsi quesur celles de la communication aumoyen d’une échelle allant de nonsatisfaisant à très satisfaisant. L’enseignanty inscrit son évaluation demême que l’élève et ses coéquipiers.Les élèves ont été très étonnés devoir que ces aspects étaient évalués.Ils ont d’ailleurs été décontenancésdès le début du projet en constatantqu’on leur demandait de rédiger untexte explicatif en géographie et queles matières n’étaient plus cloisonnées.Dans le projet Architectes du futur,les compétences ont été clairementévaluées mais, comme certains l’ontfait remarquer, même si elles nel’ont pas été d’une manière systématique,la différence entre lesélèves qui travaillent par projets etles autres saute aux yeux : ils savents’organiser, travailler en équipe,chercher de l’information. Ils ontune méthode de travail. Les outilsservant à noter tous les effets du travailayant pour objet de faire acquérirdes compétences aux élèves nesont peut-être pas encore créésmais les compétences acquises n’ensont pas moins réelles.UNE STRUCTURE À ASSOUPLIRET DES RESSOURCES ÀENRICHIRL’équipe du PEDI a constaté au fildes ans les difficultés que comportela réalisation de tels projets expérimentauxdans une grosse écoleayant une structure bien établie. <strong>Au</strong>début, les élèves du projet PEDIn’appartenaient pas à des groupesfermés. On s’est vite rendu comptequ’ils n’étaient pas faciles à joindre.Maintenant les élèves de 1 re secondaireconstituent un groupe ferméet ceux de 2 e secondaire sont ensemblepour les matières de baseainsi que pour les sciences de lanature et les sciences humaines. En3 e secondaire, les élèves sont ensemblepour les cours de français,de mathématiques, de géographie etde biologie.Les enseignants et les enseignantesengagés dans la réalisation du projetenseignent aussi à d’autresélèves. Ils ont un horaire bien rempliet doivent trouver des momentspour se rencontrer. Seule la responsabledu projet est exemptée dedonner six cours pour pouvoircoordonner la réalisation du projetet pour soutenir ses collègues. Lesdeux enseignants responsables dela 3 e secondaire disposent de deuxcours seulement. La causerie qu’ilstiennent une fois tous les neuf joursdoit avoir lieu après la classe.De façon générale, l’horaire nefacilite pas la réalisation des projets.Il serait utile parfois de disposerde cours consécutifs pour certainesactivités. Il arrive souvent queles élèves utilisent les trois heuresVIE 36 Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000
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