Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000Le Programme des programmes mepermet d’enseigner large, de voirl’enfant non seulement comme unélève, mais aussi comme un êtreentier qui doit développer toutes lesfacettes de sa personnalité, de sonêtre. Dans cette optique, on ne peutpasser à côté de la transdisciplinarité,du projet, puisque l’élève doitaccomplir des tâches signifiantes,motivantes, dans lesquelles il s’engageà fond et par lesquelles il solliciteles ressources de son milieu(famille, amis, connaissances, etc.).QU’EST-CE QUE ÇA CHANGE ÀMA PRATIQUE PÉDAGOGIQUE ?Si l’on tient compte du développementcomplet de l’enfant, du rôleactif qu’il doit jouer dans l’apprentissagede toutes les compétencesque nous devons l’aider à développer,il m’est apparu évident que mapratique pédagogique devait continuerd’évoluer et que l’évaluationdevait être remise en cause. Si l’onpense à l’approche traditionnelle,l’enseignante était la personne quisavait, qui donnait, qui corrigeait.Maintenant, c’est elle qui guidel’enfant vers l’acquisition de compétences.L’approche par compétences amènel’élève à être actif, à participerdavantage. Cette approche conduitau projet. Il faut cependant fairepreuve de prudence car le projet neconduit pas nécessairement à l’approchepar compétences. En effet,si on décide, si on dirige, si onchoisit pour les élèves, si on lesévalue à des périodes fixes ou si onévalue seulement le produit fini, onne travaille pas dans l’esprit desnouveaux programmes.Cependant, si on travaille les compétencestransversales, on ne peutrester dans un modèle où les élèvesreçoivent les connaissances et lesemmagasinent. Comme le dit sibien Suzanne Francoeur-Bellavance,« l’exercice d’une compétence estun projet ». Pour développer lescompétences, l’élève doit êtrel’acteur principal de ses apprentissages.Le projet permet ainsi d’intégrerdes tâches et des disciplines. Ladémarche du projet faisant appel aurappel des connaissances antérieureset au questionnement sur le« Qu’est-ce que je veux savoir ? »,l’élève se met naturellement enaction pour réaliser le projet qu’il aen tête.Photo : Denis GaronLorsqu’il élabore un projet, l’élèvedoit cerner son intérêt et décider dece qu’il désire entreprendre. Ildevra aussi trouver les moyens pouraccomplir la tâche qu’il se fixe(trouver ce qu’il veut, où il peut letrouver, comment aller le chercher,etc.) et effectuer les apprentissagesqu’il cherche à faire grâce au projet.Nous devrons l’aider, ainsi queses amis, à utiliser des méthodesefficaces de travail et à exploiter lesTIC comme des moyens de trouverde l’information ou de présenterson produit. C’est à l’intérieur duprojet qu’il pourra exploiter l’informationrelative au sujet choisi, fairedes choix, résoudre des problèmes,exercer sa pensée critique et mettreen œuvre sa pensée créatrice pourtrouver des nouvelles façons defaire. Pour arriver à terminer sontravail, il se rendra vite compte qu’ila beaucoup à retirer de la coopération.En travaillant avec d’autres, ilapprendra des stratégies pour optimiserle climat nécessaire au travailen coopération et les techniquesefficaces pour accomplir une tâche.Il confrontera ses idées avec cellesdes autres et développera son identitédans le travail en groupe. Toutau long du projet, il aura à évaluerson travail pour déterminer cequi va bien, ce qui est difficile etsavoir pourquoi, pour voir commentil avance et ce qu’il doit modifier,pour poser des questions quipermettent à ses amis et à l’enseignantde l’aider à réfléchir et àtrouver des solutions. Finalement, ildécidera de quelle façon il désirecommuniquer le résultat de sontravail : présentation matérielle,ressources nécessaires (humaineset matérielles), public visé, séquenced’actions nécessaires pour terminerson projet à temps.J’aimerais dire, avant de passer àautre chose, qu’il est essentiel quel’élève soit actif dans sa démarched’apprentissage et que ça vienne delui. Mais je crois aussi que l’enseignantepeut lui proposer desmini-projets, des situations danslesquelles les élèves acquerront etdévelopperont des compétences. Jecrois qu’on peut également être actifet compléter les idées de l’élève.Finalement, on remarque que toutau long du projet, l’élève développeles compétences transversalesdécrites dans le nouveau programme.Il en est d’ailleurs demême pour ma propre démarcheque je partage avec vous aujourd’hui.SUR QUOI RÉFLÉCHIR ?Comme les nouveaux programmesm’amènent à changer ma pratiquepédagogique, des questions seprésentent à mon esprit. Plusieurséléments sont à réajuster.Nous pensons maintenant en fonctionde cycles. L’organisation scolairedevra se définir autrement.Quelle formule sera retenue ? Onnous propose de suivre nos élèvestout le long du cycle. C’est une possibilité,mais il faut réfléchir aussiaux autres modèles qui s’offrent ànous. Pourquoi deux enseignantesne seraient-elles pas responsables,à l’intérieur d’un cycle, d’un grouped’élèves du cycle ? Des projets pourraientdémarrer, à l’intérieur d’uncycle, avec le cycle au complet etensuite, les élèves, ayant choisi leprojet qui leur convient, pourraientse regrouper selon leurs centresd’intérêt ainsi que leurs goûts etc. Ilpourrait aussi y avoir place pourdes regroupements à l’intérieurdu cycle, à partir des difficultésqu’éprouvent les élèves ainsi quedes « cliniques » ponctuelles leurpermettant d’aller chercher del’aide rapidement sur des contenusdisciplinaires ou des compétences àdévelopper. La réflexion ne fait quecommencer, mais il est importantde nous ouvrir à toutes les possibilitésque les nouveaux programmesnous offrent et de faire preuve decréativité.<strong>Au</strong>tre point sur lequel une réflexions’impose : l’évaluation. Les pratiquesdoivent changer, puisquel’évaluation doit se faire en cours decycle. L’enfant a deux ans pour progresserdans ce dernier. Il faut doncréfléchir à la façon de s’y prendre.L’évaluation doit aller de pairavec l’implantation des nouveauxprogrammes. Comme l’approcheentraîne un autre type de démarcheévaluative, les deux doivent se fairePÉDAGOGIQUE 23<strong>DOSSIER</strong>
<strong>DOSSIER</strong>simultanément. Ce que j’ai trouvédifficile, cette année, a été dechanger mes façons de faire enn’ayant que très peu de moyens, desuggestions à ma disposition. Ilaurait fallu que les programmes etl’évaluation soient prêts au mêmemoment pour que les changementschez l’un trouvent écho chezl’autre. Nous avons réfléchi, pensé àce dont nous avons besoin, mais,comme le temps est toujours unfacteur important, nous n’avons pasréussi à tout faire cette année.Pour évaluer en cours d’apprentissage,il nous faut développer unenouvelle expertise, soit regarder laprogression de l’élève tout au longdu cycle, par rapport à des compétencesdonnées, s’habituer à questionnerl’élève sur le comment et lePhoto : Denis Garonpourquoi pour qu’il puisse faire lepoint et voir le portfolio comme uninstrument très intéressant d’évaluationdu cheminement de l’élèvependant un cycle. Le portfolio nouspermet de développer la capacitéchez l’élève de réfléchir sur son travail,de connaître le comment et lepourquoi, de cerner les défis àrelever et d’évaluer ses progrès, etc.Je crois que cet instrument deviendrarapidement un incontournabledans les nouvelles pratiques évaluativeset qu’il nous faudra en savoirencore plus à ce sujet.Nous devons évaluer les compétencestransversales et disciplinaires.Pour les compétences disciplinaires,la réflexion porte surtoutsur le comment faire. Il faudra, biensûr, intégrer les compétences disciplinairesà l’intérieur du projet, etl’évaluation devra se faire pendantque l’élève travaille. Nous devonsréfléchir à la façon de déterminerclairement où en est l’élève dansl’acquisition de chaque compétence.Pour les compétences transversales,cela se complique. Il estdifficile actuellement de les évaluerà ma satisfaction, car je ne peuxque me servir de mon jugement etde ce qui est écrit dans les nouveauxprogrammes, tout en étantrigoureuse. Nous aurons besoin dedéfinitions plus précises; ellespourraient l’être en fonction decomportements ou d’échelles descriptives.Pour ce qui est du bilan de fin decycle, nous avons besoin d’aidepour le dresser. Beaucoup d’élémentsdes programmes étant à travailler,le temps, encore une fois,nous a empêché de créer des tâchesintégratrices ou des situationsd’apprentissage rigoureuses quisont dans l’esprit des programmes.Je crois aussi qu’il faudra préparerdifférentes grilles d’observationpour être en mesure de suivrerégulièrement le développementdes compétences chez l’élève. Ilsera important de bien préciser lescomportements à observer poursituer l’évolution de l’élève .Nous devrons aussi mettre au pointdes instruments pour que l’élèvepuisse s’autoévaluer tout au long desa démarche et juger de la valeur deson travail.Deux autres points nécessitent uneréflexion particulière : l’intégrationdes TIC et l’intégration des matièresà l’intérieur d’un projet.Les TIC doivent être de plus en plusprésentes dans les projets del’élève. Il les utilisera pourchercher de l’information, faire untravail, correspondre avec d’autresclasses du Québec ou d’ailleurs,etc. Les possibilités étant très nombreuses,il faut utiliser les technologiesle plus possible puisqu’ellesferont de plus en plus partie intégrantede la vie des élèves. Si nousnous en servons nous-mêmes (logiciels,outils de recherche, Internet,etc.) leur utilité ira de soi pourl’élève.L’intégration des matières doit aussiêtre présente à notre esprit, car leprojet, qui nous permet de développersi bien les compétences, nousoffre une porte d’entrée tout à faitparticulière à cet égard. À partir desprojets réalisés avec les élèves,nous devons cerner de quelle façonnous touchons les différentes compétencestransversales et disciplinairesau fil du temps. Nousdevons donc, comme professionnelles,lier le tout et voir les possibilitésde développer à l’intérieurd’un projet, les compétences transversales,disciplinaires présentesdans le Programme de formation.Il s’avère de plus en plus difficile deprésenter aux élèves un horaire fermé: 9h15 math; 10h30 : français;etc. Il est préférable de faire unmenu ouvert pour une journée oupour la semaine.Enfin, il y a lieu de réfléchir surl’utilisation du matériel didactique.Si nous laissons une plus grandeplace aux élèves, si nous intégronsles matières, le matériel didactiquene répondra pas nécessairement ànos besoins. Certains manuels contiendrontsans doute des tâchesintégratrices. <strong>Au</strong> début, ces tâchespourront être aidantes, mais jecrois que plus nous avancerons etserons à l’aise avec le nouveau programme,plus nous pourrons nouspasser du matériel. Nous auronssans doute longtemps besoin d’unebanque de textes destinés à un cyclemais peut-être qu’à la longue noustrouverons d’autres façons de faire.Bon nombre de solutions peuventêtre envisagées. Il est impossible deles voir toutes pour le moment; ilfaut prendre le temps de nousfamiliariser avec ces nouveautés.Mais qui sait si, un jour, une maisond’édition n’aura pas la bonne idéede mettre, sur Internet, une banquede textes par cycles, par thèmesavec des références (adresses Internet,livres, personnes-ressources,etc.) et de fixer un prix pour unabonnement à l’école pour y avoiraccès ?L’avenir appartient aux gens ouverts...QU’EST-CE QUE ÇA CHANGEDANS MES RELATIONS AVECMES COLLÈGUES ET DANS LAVIE DE L’ÉCOLE ?Le Programme de formation nousoblige, comme membres d’uneéquipe, à nous parler davantage et,surtout, à ouvrir les équipes de travailen fonction du cycle. En effet,de plus en plus, nous avons à discuterdes compétences à travailler,de ce à quoi nous nous attendonsdans le cycle relativement audéveloppement des compétences etde l’organisation scolaire. Les discussionss’élargissent encoredavantage quant aux sujets à aborder: comment expliquer aux parentsles nouveaux programmes ?Comment rendre le parcours del’élève le plus clair possible ?Comment travailler l’outil de communicationaux parents ? Commentpenser l’organisation scolaire ?En ce qui a trait au contenu, le programmeoblige l’équipe à re-situerles compétences disciplinaires àl’intérieur d’un cycle. Pour lesVIE 24 Vie pédagogique 116, septembre-octobre2000
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