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Yonville quelque maison discrète. Rodolphe promit d’en chercherune. Pendant tout l’hiver, trois ou quatre fois la semaine, à la nuitnoire, il arrivait dans le jardin. Emma, tout exprès, avait retiré la clefde la barrière, que Charles crut perdue. Pour l’avertir, Rodolphejetait contre les persiennes une poignée de sable. Elle se levait ensursaut; mais quelquefois il lui fallait attendre, car Charles avait lamanie de bavarder au coin du feu, et il n’en finissait pas. Elle sedévorait d’impatience; si ses yeux l’avaient pu, ils l’eussent faitsauter par les fenêtres. Enfin, elle commençait sa toilette de nuit;puis, elle prenait un livre et continuait à lire fort tranquillement,comme si la lecture l’eût amusée. Mais Charles, qui était au lit,l’appelait pour se coucher.- Viens donc, Emma, disait-il, il est temps.- Oui, j’y vais! répondait-elle. Cependant, comme les bougiesl’éblouissaient, il se tournait vers le mur et s’endormait. Elles’échappait en retenant son haleine, souriante, palpitante,déshabillée. Rodolphe avait un grand manteau; il l’en enveloppaittout entière, et, passant le <strong>br</strong>as autour de sa taille, il l’entraînait sansparler jusqu’au fond du jardin. C’était sous la tonnelle, sur ce mêmebanc de bâtons pourris où autrefois Léon la regardait siamoureusement, durant les soirs d’été. Elle ne pensait guère à luimaintenant. Les étoiles <strong>br</strong>illaient à travers les <strong>br</strong>anches du jasminsans feuilles. Ils entendaient derrière eux la rivière qui coulait, et, detemps à autre, sur la berge, le claquement des roseaux secs. Desmassifs d’om<strong>br</strong>e, çà et là, se bombaient dans l’obscurité, et parfois,frissonnant tous d’un seul mouvement, ils se dressaient et sepenchaient comme d’immenses vagues noires qui se fussentavancées pour les recouvrir. Le froid de la nuit les faisait s’étreindredavantage; les soupirs de leurs lèvres leur semblaient plus forts;leurs yeux, qu’ils entrevoyaient à peine, leur paraissaient plusgrands, et, au milieu du silence, il y avait des paroles dites tout basqui tombaient sur leur âme avec une sonorité cristalline et qui s’yrépercutaient en vi<strong>br</strong>ations multipliées. Lorsque la nuit étaitpluvieuse, ils s’allaient réfugier ans le cabinet aux consultations,entre le hangar et l’écurie. Elle allumait un des flambeaux de lacuisine, qu’elle avait caché derrière les livres. Rodolphe s’installait làcomme chez lui. La vue de la bibliothèque et du bureau, de toutl’appartement enfin, excitait sa gaieté; et il ne pouvait se retenir defaire sur Charles quantité de plaisanteries qui embarrassaient Emma.

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