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étaient sans doute, ceux qu’avaient épousés ses anciennescamarades du couvent. Que faisaient-elles maintenant? A la ville,avec le <strong>br</strong>uit des rues, le bourdonnement des théâtres et les clartésdu bal, elles avaient des existences où le coeur se dilate, où lessens s’épanouissent. Mais elle, sa vie était froide comme un grenierdont la lucarne est au nord, et l’ennui, araignée silencieuse, filait satoile dans l’om<strong>br</strong>e à tous les coins de son coeur. Elle se rappelait lesjours de distribution de prix, où elle montait sur l’estrade pour allerchercher ses petites couronnes. Avec ses cheveux en tresse, sarobe blanche et ses souliers de prunelles découverts, elle avait unefaçon gentille, et les messieurs, quand elle regagnait sa place, sepenchaient pour lui faire des compliments; la cour était pleine decalèches, on lui disait adieu par les portières, le maître de musiquepassait en saluant, avec sa boîte à violon. Comme c’était loin, toutcela! comme c’était loin! Elle appelait Djali, la prenait entre sesgenoux, passait ses doigts sur sa longue tête fine et lui disait:- Allons, baisez maîtresse, vous qui n’avez pas de chagrins. Puis,considérant la mine mélancolique du svelte animal qui bâillait aveclenteur, elle s’attendrissait, et, le comparant à elle-même, lui parlaittout haut, comme à quelqu’un d’affligé que l’on console. Il arrivaitparfois des rafales de vent, <strong>br</strong>ises de la mer qui, roulant d’un bondsur tout le plateau du pays de Caux, apportaient, jusqu’au loin dansles champs, une fraîcheur salée. Les joncs sifflaient à ras de terre,et les feuilles des hêtres <strong>br</strong>uissaient en un frisson rapide, tandisque les cimes, se balançant toujours, continuaient leur grandmurmure. Emma serrait son châle contre ses épaules et se levait.Dans l’avenue, un jour vert rabattu par le feuillage éclairait lamousse rase qui craquait doucement sous ses pieds. Le soleil secouchait; le ciel était rouge entre les <strong>br</strong>anches, et les troncs pareilsdes ar<strong>br</strong>es plantés en ligne droite semblaient une colonnade <strong>br</strong>unese détachant sur un fond d’or; une peur la prenait, elle appelait Djali,s’en retournait vite à Tostes par la grande route, s’affaissait dans unfauteuil, et de toute la soirée ne parlait pas. Mais, vers la fin deseptem<strong>br</strong>e, quelque chose d’extraordinaire tomba dans sa vie: ellelut invitée à la Vaubyessard, chez le marquis d’Andervilliers.Secrétaire d’Etat sous la Restauration, le Marquis, cherchant à rentrerdans la vie politique, préparait de longue main sa candidature à laCham<strong>br</strong>e des députés. Il faisait, l’hiver, de nom<strong>br</strong>euses distributionsde fagots, et, au Conseil général, réclamait avec exaltation toujours

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