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Elle eût désiré le voir plus sérieux, et même plus dramatique àl’occasion, comme cette fois où elle crut entendre dans l’allée un<strong>br</strong>uit de pas qui s’approchaient.- On vient! dit-elle. Il souffla la lumière.- As-tu tes pistolets?- Pourquoi?- Mais... pour te défendre, reprit Emma.- Est-ce de ton mari? Ah! le pauvre garçon! Et Rodolphe acheva saphrase avec un geste qui signifiait: “Je l’écraserais d’unechiquenaude.” Elle fut ébahie de sa <strong>br</strong>avoure, bien qu’elle y sentitune sorte d’indélicatesse et de grossièreté naïve qui la scandalisa.Rodolphe réfléchit beaucoup à cette histoire de pistolets. Si elleavait parlé sérieusement, cela était fort ridicule, pensait-il, odieuxmême, car il n’avait, lui, aucune raison de haïr ce bon Charles, n’étantpas ce qui s’appelle dévoré de jalousie; - - et, à ce propos, Emma luiavait fait un grand serment qu’il ne trouvait pas non plus du meilleurgoût. D’ailleurs, elle devenait bien sentimentale. Il avait falluéchanger des miniatures, on s’était coupé des poignées de cheveux,et elle demandait à présent une bague, un véritable anneau demariage, en signe d’alliance éternelle. Souvent elle lui parlait descloches du soir ou des voix de la nature; puis elle l’entretenait de samère, à elle, et de sa mère, à lui. Rodolphe l’avait perdue depuis vingtans. Emma, néanmoins, l’en consolait avec des mièvreries delangage, comme on eût fait à un marmot abandonné, et même luidisait quelquefois, en regardant la lune:- Je suis sûre que là-haut, ensemble, elles approuvent notre amour.Mais elle était si jolie! il en avait possédé si peu d’une candeurpareille! Cet amour sans libertinage était pour lui quelque chose denouveau, et qui, le sortant de ses habitudes faciles, caressait à lafois son orgueil et sa sensualité. L’exaltation d’Emma, que son bonsens bourgeois dédaignait, lui semblait au fond du coeur charmante,puisqu’elle s’adressait à sa personne. Alors, sûr d’être aimé, il ne segêna pas, et insensiblement ses façons changèrent. Il n’avait plus,comme autrefois, de ces mots si doux qui la faisaient pleurer, ni deces véhémentes caresses qui la rendaient folle; si bien que leurgrand amour, où elle vivait plongée, parut se diminuer sous elle,comme l’eau d’un fleuve qui s’absorberait dans son lit, et elleaperçut la vase. Elle n’y voulut pas croire; elle redoubla detendresse; et Rodolphe, de moins en moins, cacha son indifférence.

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