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Elle ne savait pas si elle regrettait de lui avoir cédé, ou si elle nesouhaitait point, au contraire, le chérir davantage. L’humiliation de sesentir faible se tournait en une rancune que les voluptéstempéraient. Ce n’était pas de l’attachement, c’était comme uneséduction permanente. Il la subjuguait. Elle en avait presque peur.Les apparences, néanmoins, étaient plus calmes que jamais,Rodolphe ayant réussi à conduire l’adultère selon sa fantaisie; et, aubout de six mois, quand le printemps arriva, ils se trouvaient, l’un visà-visde l’autre, comme deux mariés qui entretiennent tranquillementune flamme domestique. C’était l’époque où le père Rouaultenvoyait son dinde, en souvenir de sa jambe remise. Le cadeauarrivait toujours avec une lettre. Emma coupa la corde qui la retenaitau panier, et lut les lignes suivantes: “ Mes chers enfants, “ J’espèreque la présente vous trouvera en bonne santé et que celui-là vaudrabien les autres; car il me semble un peu plus mollet, si j’ose dire, etplus massif. Mais, la prochaine fois, par changement, je vousdonnerai un coq, à moins que vous ne teniez de préférence auxpicots; et renvoyez-moi la bourriche, s’il vous plaît, avec les deuxanciennes. J’ai eu un malheur à ma charretterie, dont la couverture,une nuit qu’il ventait fort, s’est envolée dans les ar<strong>br</strong>es. La récoltenon plus n’a pas été trop fameuse. Enfin, je ne sais pas quand j’iraivous voir. Ça m’est tellement difficile de quitter maintenant lamaison, depuis que je suis seul, ma pauvre Emma! “ Et il y avait ici unintervalle entre les lignes, comme si le bonhomme eût laissé tombersa plume pour rêver quelque temps. “ Quant à moi, je vais bien, saufun rhume que j’ai attrapé l’autre jour à la foire d’Yvetot, où j’étaisparti pour retenir un berger, ayant mis le mien dehors, par suite desa trop grande délicatesse de bouche. Comme on est à plaindreavec tous ces <strong>br</strong>igands-là! Du reste, c’était aussi un malhonnête. “J’aiappris d’un colporteur qui, voyageant cet hiver par votre pays, s’estfait arracher une dent, que Bovary travaillait toujours dur. Ça nem’étonne pas, et il m’a montré sa dent; nous avons pris un caféensemble. Je lui ai demandé s’il t’avait vue, il m’a dit que non, maisqu’il avait vu dans l’écurie deux animaux, d’où je conclus que lemétier roule. Tant mieux, mes chers enfants, et que le bon Dieuvous envoie tout le bonheur imaginable. “Il me fait deuil de ne pasconnaître encore ma bien-aimée petite-fille Berthe Bovary. J’ai plantépour elle, dans le jardin, sous ta cham<strong>br</strong>e, un prunier de prunesd’avoine, et je ne veux pas qu’on y touche, si ce n’est pour lui faire

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