RAPPORT ANNUEL D’ACTIVITÉ TRACFIN 2015
ra-2015-tracfin
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place des procédures adéquates et efficientes (développement<br />
des échanges intra-groupe, mise en place d’outil<br />
informatique adaptés et de gestion des alertes…),<br />
d’autres ne semblent pas avoir pris la pleine mesure des<br />
enjeux de la lutte contre le blanchiment et le financement<br />
du terrorisme. Tracfin a poursuivi, en <strong>2015</strong>, ses<br />
rencontres bilatérales avec les déclarants du secteur<br />
assurance, notamment dans le cadre de bilans d’activité.<br />
Ainsi, en <strong>2015</strong>, Tracfin a rencontré 14 professionnels<br />
du secteur qui représentaient 1 196 déclarations<br />
de soupçon, soit 47 % des déclarations de soupçon du<br />
secteur.<br />
QUAND DÉCLARER ?<br />
Tracfin rappelle que l’article L. 561-16 alinéa 1 du code<br />
monétaire et financier (CMF) prévoit par principe la<br />
réalisation de la déclaration préalablement à l’exécution<br />
de la transaction, et ce notamment afin de permettre à<br />
Tracfin d’exercer le cas échéant son droit d’opposition.<br />
Fiche 3 - Les changeurs manuels<br />
Parmi les professions financières, le secteur du change<br />
est un milieu atypique qui se distingue des autres<br />
professionnels déclarants à la fois par son activité de<br />
change (devises et or), que par les établissements qui<br />
le composent, leur organisation, leur approche LAB-FT,<br />
et leurs pratiques déclaratives.<br />
En <strong>2015</strong>, <strong>TRACFIN</strong> a été destinataire de 1 709 déclarations<br />
de soupçon émises par 67 changeurs manuels. Ce<br />
chiffre traduit une forte augmentation par rapport à<br />
2014 (+ 49,8 %) et met fin à deux années de baisse.<br />
La pratique déclarative des changeurs manuels est très<br />
contrastée. 67 changeurs sur 177 recensés au 1 er janvier<br />
<strong>2015</strong> ont effectué au moins une déclaration de soupçon<br />
au cours de l’année : 5 d’entre eux ont contribué à<br />
60,7 % des 1 709 déclarations. L’absence de soupçon, le<br />
caractère occasionnel des opérations de change, mais<br />
aussi la méconnaissance du cadre juridique, des obligations<br />
de déclaration et de vigilance expliquent souvent<br />
une absence d’activité déclarative.<br />
Le CMF prévoit toutefois une dérogation à ce principe<br />
(article L. 561-16 al. 2) : en effet, la déclaration peut<br />
porter « sur des opérations déjà exécutées lorsqu’il a été<br />
impossible de surseoir à leur exécution, ou quand leur<br />
report aurait pu nuire au déroulement d’investigations<br />
en cours lorsqu’une demande a été effectuée par les<br />
autorités compétentes, ou si le soupçon est apparu<br />
postérieurement à la réalisation de l’opération en cause.<br />
Dans ce cas, l’organisme financier procède sans délai à<br />
une déclaration de soupçon ».<br />
Cependant, cette dérogation ne doit pas devenir la règle.<br />
Or, Tracfin constate que la quasi-totalité des déclarations<br />
du secteur assurance sont effectuées après la réalisation<br />
de l’opération suspecte.<br />
De même, les délais entre la réalisation de l’opération<br />
et la rédaction de la déclaration sont parfois<br />
particulièrement longs (plusieurs mois), et ne sont pas<br />
toujours expliqués par les investigations menées par le<br />
déclarant.<br />
Il est rappelé que des déclarations de soupçon trop<br />
tardives constituent des éléments permettant de<br />
relever des manquements aux obligations de vigilance<br />
du professionnel. Or, Tracfin peut, en vertu de l’article<br />
L.561-30 du CMF, transmettre à l’ACPR le constat de tels<br />
manquements aux obligations de vigilance.<br />
D’un point de vue qualitatif, un nombre significatif de<br />
déclarations de soupçon souffre d’un manque d’analyse<br />
chronique, d’un déficit de recherches sur les personnes<br />
déclarées et/ou ne mettent pas suffisamment en perspective<br />
le soupçon motivant la déclaration. Elles se<br />
limitent trop souvent à exposer sommairement l’opération.<br />
Pour cette raison, les signalements adressés à<br />
Tracfin relèvent encore trop fréquemment de la déclaration<br />
d’opérations systématiques.<br />
Cette faiblesse qualitative impacte l’exploitation des<br />
signalements provenant de cette profession. Seulement<br />
3 transmissions en justice et 14 transmissions à des<br />
administrations partenaires faisant suite à une déclaration<br />
de soupçon d’un changeur manuel ont été recensées<br />
en <strong>2015</strong>.<br />
Illustration<br />
Montants en jeu : 170 000 €<br />
À la suite d’un contrôle d’identité effectué sur un client et<br />
divers recoupements faits dans le système d’information<br />
du changeur, il est apparu que le client avait effectué des<br />
opérations de change dans d’autres bureaux de change de la<br />
même enseigne sous des patronymes différents.<br />
Après investigations de Tracfin, il est apparu que Monsieur<br />
X, sans profession, faisait l’objet d’un mandat d’arrêt<br />
pour escroquerie et falsification de document administratif.<br />
L’analyse financière a permis de révéler un mécanisme<br />
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<strong>TRACFIN</strong> - <strong>RAPPORT</strong> <strong>ANNUEL</strong> <strong>D’ACTIVITÉ</strong> <strong>TRACFIN</strong> <strong>2015</strong>