Production Maintenance n°64
Ma maintenance 4.0. un vrai projet d'entreprise !
Ma maintenance 4.0. un vrai projet d'entreprise !
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technologies<br />
technologies<br />
Méthodologie<br />
Du préventif au proactif,<br />
quels rôles pour<br />
la maintenance à l’ère<br />
de l’Industrie 4.0 ?<br />
Instructeur exclusif de la méthode Maxer et praticien de l’Holacracy,<br />
Jean-Paul Souris, « Master Black Belt 6 Sigma », de la société<br />
S Consultants, revient dans cet article sur les fondamentaux<br />
de la maintenance dite 4.0 et la mise en œuvre de la méthode Maxer.<br />
Depuis plus de quarante ans, les évolutions technologiques ont dû (ou<br />
auraient dû) faire évoluer les politiques, stratégies et organisations de la<br />
maintenance. Malheureusement, elle a souvent été en retard et en décalage<br />
pour se remettre en cause rapidement. On est passé des machines spéciales<br />
aux robots, on a vu l’apparition des méthodes et outils de la CND 1 (analyse des<br />
vibrations, thermographie IR, analyse des huiles, mesures des épaisseurs et des<br />
fuites par ultra-sons, etc.), mais toutes mises en œuvre de manière dispersées (en<br />
silos) et non corrélées. Les capteurs et l’analyse étaient concentrés souvent dans<br />
un seul appareil autonome, ce qui est encore le cas.<br />
Dans la mise en œuvre de la maintenance 4.0, on sépare les données que les<br />
équipements produisent (data existantes et/ou celles fournies par des capteurs<br />
complémentaires 2 ) de leur traitement cognitif à base de réseaux de neurones,<br />
bayésiens, des corrélations, régressions, voire des développements spécifiques<br />
avec des langages dédiés (Java script, R, Python).<br />
En conséquence, ce ne sont plus les acteurs de la maintenance qui définissent le<br />
plan de préventif, mais l’analyse prédictive des « data » qui va proposer une maintenance<br />
qui va devenir proactive. En fait, on renverse le processus...<br />
Chaque équipement étant spécifique<br />
(excepté les robots qu’on achète pratiquement<br />
sur catalogue), il est nécessaire<br />
de concevoir un métamodèle, qui est en<br />
fait un jumeau numérique allant s’affiner<br />
au fur et à mesure de l’apprentissage<br />
incontournable et qu’on va comparer<br />
au comportement de l’équipement sous<br />
surveillance.<br />
On pourrait faire des similitudes entre<br />
la maintenance 4.0 et la médecine réparatrice.<br />
Quand on prend sa pression<br />
artérielle, c’est une valeur unique à un<br />
moment T ; quand on porte un brassard<br />
sur 24 heures, on est en enregistrement<br />
quasi-continu et on voit les évolutions<br />
dans le temps.<br />
En fonction de la spécialité des médecins,<br />
chacun à ses valeurs à surveiller<br />
et ce de manière indépendante donc en<br />
silos ! De même avec le Shiatsu et l’acuponcture,<br />
on va, en appuyant sur les<br />
Tsubos 3 , libérer les énergies des méridiens<br />
qui régissent notre corps.<br />
Impact de la maintenance 4.0<br />
sur les acteurs<br />
La maintenance se conçoit, se réalise et<br />
s’analyse, et donc elle doit se remettre en<br />
cause en fonction du nouveau processus<br />
de mise en oeuvre de la maintenance 4.0<br />
Rappelons les étapes qui sont au<br />
nombre de 5 4 :<br />
• la définition du projet de maintenance<br />
proactive<br />
• la définition du modèle des données<br />
• la définition du modèle d’analyse<br />
• l’évaluation des modèles, de la qualité<br />
de la prédiction<br />
• le déploiement pour l’industrialisation<br />
d’équipements similaires.<br />
À ces cinq étapes, la maintenance doit être un acteur intégré<br />
dans le projet :<br />
• Étape 1 : Classement de la criticité des équipements, apport<br />
de l’historique des défaillances (REX des connaissances des<br />
techniciens, historique dans les GMAO)<br />
• Étape 2 : Identification des datas existantes et non exploitées,<br />
conseils sur les capteurs potentiels supplémentaires<br />
à mettre en place (maintenabilité ?)<br />
• Étape 3 : Aide à la conception des metamodèles avec les<br />
Ingénieurs IA de conception<br />
• Étape 4 : Analyse de la qualité de la prédiction selon les<br />
quatre axes suivants.<br />
• Étape 5 : validation du plan de déploiement de la maintenance<br />
proactive sur les équipements similaires.<br />
Impact sur la Fonction <strong>Maintenance</strong><br />
La <strong>Maintenance</strong> est impactée dans les domaines principaux<br />
suivants :<br />
▶ Les organisations : étant différentes et partagées, voire<br />
conflictuelles selon les différents managers (centralisées,<br />
décentralisées, matricielles, holacraciques, etc.) en fonction<br />
des milieux industriels automobile, pharmaceutique,<br />
agroalimentaire, énergie, etc.), elles n’ont pas d’incidence<br />
sur la maintenance 4.0. Mais certaines amènent une meilleure<br />
efficacité 5 .<br />
Il est recommandé d’avoir dans l’entreprise des compétences<br />
en statistique, voire un Black Belt 6 Sigma passionné<br />
de statistiques descriptives, ou un accord avec un consultant<br />
spécialisé dans l’analyse des données, afin de faire le travail<br />
nécessaire à l’interprétation et l’optimisation des résultats.<br />
▶ Les politiques : La maintenance préventive classique à<br />
vécu, inutile de faire du préventif prévisionnel à base<br />
d’Amdec moyens, de rajouter d’actions suite à l’analyse<br />
du correctif, d’autant que les analyses faites depuis longtemps<br />
avec la MBF 6 montrent que 30% des actions actuelles<br />
de Préventif, ne servent à rien...<br />
La maintenance 4.0 va changer l’organisation des interventions,<br />
car il n’est plus question de concentrer des actions de<br />
préventif sur le même créneau horaire, mais de les organiser<br />
au gré des alertes en provenance des recommandations<br />
du système de traitement des données dans un « Big Data ».<br />
▶ Les stratégies : La maintenance 4.0 peut être mise en<br />
oeuvre en fonction des choix, car elle ne repose que sur<br />
des processus définis par des politiques (ce qu’il faut faire<br />
de manière opérationnelle, curatif, préventif, améliorations)<br />
et des stratégies (qui est le plus apte et efficace pour<br />
le faire, entre l’interne et l’externe).<br />
Par exemple dans le domaine de la<br />
robotique, la politique de tout faire en<br />
interne peut évoluer vers la délégation<br />
au constructeur de certains actions avec<br />
les avantages suivants :<br />
• Il a un REX à partir des autres robots<br />
en activité chez ses différents clients,<br />
et donc capable d’optimiser la conception<br />
des metamodèles et les actions de<br />
préventif proactives<br />
• Il est plus efficace en termes de qualité 7 de l’intervention<br />
• Il maitrise la programmation des mouvements (la programmation<br />
des trajectoires, les mises à jour, les améliorations...)<br />
Il reste à la maintenance du client la surveillance de l’hygiène<br />
du câblage du robot (durement soumis à des mouvements<br />
selon les trajectoires) et des préhensions tenues au bout du<br />
dernier axe, et qui sont spécifiques à chaque entreprise car<br />
elles touchent le produit et assez fragiles...)<br />
Il ne faut pas oublier que les capteurs, leur connectique,<br />
les réseaux filaires, radio possèdent leurs propres modes<br />
de défaillances, il faut donc penser à les maintenir. Cette<br />
maintenance, leur paramétrage, étalonnage, le suivi de leur<br />
alimentation (batteries souvent), peuvent être pris en charge<br />
par les concepteurs des capteurs et leur système de communication,<br />
car ils sont désormais bidirectionnels et possèdent<br />
leur propre protocole de surveillance.<br />
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