360° magazine / septembre 2021
No.206
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INTERNATIONAL<br />
Par Julien Hennequin<br />
Samuel, le crime<br />
de trop<br />
Dans la nuit du 3 juillet <strong>2021</strong>, Samuel Luiz, jeune gay de 24 ans, a été<br />
battu à mort par un groupe d'une douzaine de personnes alors qu'il<br />
sortait d'une boîte de nuit. En pleine semaine de la Pride en Espagne,<br />
ce meurtre a déclenché une vague de protestations contre la violence<br />
à l'égard des personnes queer.<br />
© DR<br />
La foule crie son nom et demande justice. Ce lundi<br />
soir, plusieurs milliers de personnes se sont données<br />
rendez-vous à 20 heures sur l’emblématique place de<br />
la Puerta del Sol, en plein centre de Madrid. Tout·e·x·s<br />
sont venu·e·x·s rendre hommage à Samuel Luiz, mort<br />
deux jours auparavant à la Corogne, en Galice. Depuis<br />
leurs balcons, quelques habitant·e·x·s observent la<br />
place se remplir aux couleurs des nombreux drapeaux<br />
arc-en-ciel et des pancartes. « Justice pour Samuel »,<br />
«Ils sont en train de nous tuer », « Pédé de merde ne<br />
devrait pas être la dernière chose que l’on entend avant<br />
de mourir » peut-on lire sur certaines d’entre elles. En<br />
moins d’une journée, plus d’une centaine de manifestations<br />
se sont spontanément organisées dans tout<br />
le pays. À Madrid, le collectif Movimento Marika de<br />
Madrid (MMM, mouvement « pédé » de Madrid) est à<br />
l’origine du rassemblement. Les membres, « des pédés<br />
organisés et intersectionnels se battant avec plumes<br />
et paillettes dans les rues » selon leur bio Twitter, ont<br />
la rage. Quelques heures plus tôt, la police annonçait<br />
que les premiers éléments de l’enquête excluaient la<br />
piste de l’homophobie. « Samuel a été tué parce qu’il<br />
était pédé. Nous le répétons : Samuel a été tué parce<br />
qu’il était pédé ! Nous le répéterons autant de fois que<br />
nécessaire », crie au micro l’un des membres, ému.<br />
SAMUEL, UN SYMBOLE DE LUTTE<br />
Après le meurtre de Samuel et face à la recrudescence<br />
des agressions homophobes, les collectifs LGBTIQ+<br />
alertent. « On nous tue et les ordures des partis politiques<br />
ne lèvent pas le petit doigt. On ne veut plus de<br />
parades, on veut des barricades », revendique le collectif<br />
MMM. Depuis quelques semaines, la série d’agressions<br />
contre les personnes LGBTIQ+ relayée par la<br />
presse avait mobilisé les différentes organisations<br />
militantes. Alors que l’Espagne a été l’un des premiers<br />
pays européens à adopter le mariage homosexuel en<br />
juillet 2005, la communauté LGBTIQ+ est aujourd’hui<br />
plus visible qu’avant, donc plus en proie aux agressions.<br />
« Ce ne sont pas des actes isolés. Ces agressions<br />
font partie d’une violence structurelle, analyse Carlos,<br />
Madrilène de 25 ans. Le meurtre de Samuel, aussi douloureux<br />
soit-il, doit être un tournant pour que la société<br />
réalise que les discriminations envers le collectif sont<br />
toujours très présentes. »<br />
10 ACTU<br />
360 SEPTEMBRE <strong>2021</strong>