360° magazine / septembre 2021
No.206
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© Calonge<br />
Un participant manifeste avec une bannière pendant la manifestation<br />
contre le meurtre homophobe de Samuel Luiz Muñiz à Madrid le 5 juillet.<br />
L’IRRUPTION DE VOX<br />
Depuis son arrivée dans le spectre politique en<br />
2019, l’extrême droite a un discours ouvertement<br />
homophobe. « Nous sommes passés de frapper les<br />
homosexuel·le·x·s à ce qu’ils nous imposent leurs<br />
lois », déclarait par exemple en 2020 Iván Espinosa<br />
de los Monteros, porte-parole de Vox, au Congrès<br />
espagnol. Alicia Rubio, députée du parti de Santiago<br />
Abascal à Madrid affirmait quant à elle que les lois<br />
LGBTIQ+ violaient les droits fondamentaux. « En<br />
nourrissant les discours homophobes, Vox alimente<br />
la haine et les discriminations contre les personnes<br />
LGBTIQ+ et contribue à légitimer et normaliser ces<br />
violences », analyse l'Observatoire madrilène contre<br />
les LGBTIQ-phobies. Aucun membre de l’extrême<br />
droite n’a condamné le meurtre de Samuel. Isabel<br />
Díaz Ayuso, présidente de la communauté de Madrid<br />
et membre du Parti Populaire, la droite conservatrice,<br />
certifiait le 8 juillet devant l’Assemblée de Madrid qu’il<br />
ne fallait pas « accuser sans raison ni preuve » et niait<br />
le caractère homophobe du meurtre de « ce garçon »,<br />
sans prendre la peine de le nommer.<br />
UN SENTIMENT D’INSÉCURITÉ<br />
En Espagne, cet événement tragique a mis<br />
en lumière la violence que les communautés<br />
LGBTIQ+ continuent de subir malgré<br />
les progrès réalisés au cours des dernières<br />
décennies. Pour le collectif, cet assassinat<br />
a été traumatisant. « Ce n’est que la partie<br />
cachée de l’iceberg », s’alarment les différentes<br />
associations LGBTIQ+ en Espagne.<br />
« La sensation de sécurité dans l’espace public<br />
est brisée, s’émeut une militante. Face<br />
à cette violence, il faut nous défendre nousmêmes.<br />
La police ne nous protège même<br />
pas. À Madrid, ils ont réprimé des manifestant·e·x·s<br />
alors que le rassemblement en<br />
hommage à Samuel était pacifique. »<br />
S’UNIR, TOUS ENSEMBLE<br />
Il est 21h15. Sur la Puerta del Sol, la foule commence<br />
à se disperser. Une partie se dirige vers la Gran Vía,<br />
l‘une des artères principales de la ville, pour manifester,<br />
« prendre d’assaut l’espace public » et « ainsi être<br />
visible ». Quelques minutes auparavant, le collectif<br />
MMM terminait son discours : « Nous voulons inciter<br />
tout le monde à se mobiliser, à s’unir en communauté et<br />
à ne pas laisser passer un seul fait de pouvoir et de violence.<br />
Nous sommes ensemble et nous sommes organisé·e·x·s.<br />
Nous pouvons et nous devons le faire. Et nous<br />
allons le faire à notre manière: avec les paillettes, avec la<br />
fête, avec le cri et les hurlements, avec nos griffes, avec<br />
nos poings, avec tout notre corps, en squattant les espaces,<br />
en les faisant nôtres. » Au loin, un homme brandit<br />
une pancarte : « Si je suis le prochain Samuel, je veux<br />
que vous brûliez tout. » Alors que les manifestant·e·x·s<br />
se donnent rendez-vous la semaine d’après, le collectif<br />
semble s’unir. Il y aura un avant et un après Samuel.<br />
organisé·e·x·s. Nous pouvons et nous devons le faire.<br />
Et nous allons le faire à notre manière: avec les paillettes,<br />
avec la fête, avec le cri et les hurlements, avec<br />
nos griffes, avec nos poings, avec tout notre corps, en<br />
squattant les espaces, en les faisant nôtres. » Au loin,<br />
un homme brandit une pancarte : « Si je suis le prochain<br />
Samuel, je veux que vous brûliez tout. » Alors que les<br />
manifestant·e·x·s se donnent rendez-vous la semaine<br />
d’après, le collectif semble s’unir. Il y aura un avant et<br />
un après Samuel.<br />
À MADRID, UNE AGRESSION HOMOPHOBE<br />
TOUS LES DEUX JOURS<br />
En Espagne, les attaques contre les personnes<br />
LGBTIQ+ ces dernières années ont<br />
progressé. Selon les chiffres du Ministère de<br />
l’égalité publiés fin juillet, près d’une plainte<br />
sur cinq concerne une LGBTIQ-phobie.<br />
Entre 2013 et 2019, les agressions contre la<br />
communauté ont augmenté de 45 % dans<br />
l’espace public et de 88,2 % sur internet.<br />
Face aux LGBTIQ-phobies, seulement une<br />
personne sur dix porterait plainte. Les organisations<br />
de défense des droits des LGBTIQ+<br />
avertissent également que dans plus de la<br />
moitié des cas, le profil des agresseurs correspond<br />
à celui d’hommes de moins de 30<br />
ans et que les agressions « en meute » sont<br />
de plus en plus nombreuses.<br />
N 206<br />
ACTU<br />
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