2016-04

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AMUSE-MOTS
ÇA VIENT D’OÙ?
Jeannine Willemse
Vous employez régulièrement certaines expressions, mais vous n’êtes pas sûr de
le faire à bon escient? Vous vous posez des questions sur l’origine de certaines
coutumes ou bizarreries françaises? Ce petit article vous apportera peut-être
quelques réponses, mais sachez qu’il peut parfois y en avoir d’autres…
POUR QUELLE RAISON TANT D’AUBERGES S’APPELLENT-
ELLES “AU LION D’OR”
L’explication la plus répandue, mais non attestée, est
que ce nom est le résultat d’un jeu de mot datant de
l’Ancien Régime, époque à laquelle on aimait particulièrement
se divertir avec la langue. Inscrit sur l’enseigne
d’une auberge, l’expression indiquerait au voyageur
fatigué qu’ici «au lit, on dort». À vrai dire, le fait de
baptiser sa taverne «Au lion d’or» date plus sûrement
du Moyen Âge. Les aubergistes accrochaient alors audessus
de leur porte des enseignes aux couleurs vives
pour attirer l’attention du voyageur: un âne vert, un
chapeau rouge, des oies blanches… En utilisant l’image
d’un lion doré, que l’on trouvait aussi dans les armoiries
seigneuriales, l’aubergiste quelque peu élitaire signalait
que sa cuisine était plus raffinée et donc plus chère.
L’EXPRESSION «AVOIR LE SANG
BLEU»
Les nobles ne devant pas travailler
dehors, comme les paysans, ils avaient
la peau si claire que le bleu de
leurs veines était beaucoup plus apparent
que sur une peau mate appartenant
à un quelconque métis
ou travailleur à l’air libre. Au Moyen
Âge, les Grands d’Espagne sont les
premiers à prétendre avoir le sangre
azul (sang bleu), suivis bientôt
par la noblesse italienne. En 1817,
lors d’un voyage, Stendhal entend
une noble italienne demander à
propos d’une autre femme: «A-telle
le sang bleu?». L’écrivain, qui
ignore la signification de cette expression,
éclate de rire. Plus tard, il
introduira dans les salons parisiens
cette expression haute en couleur.
L’EXPRESSION «À VOS SOUHAITS!»
Les explications sont nombreuses,
mais elles ont toutes ceci en commun:
depuis l’Antiquité, on assimile le fait
d’éternuer à l’évacuation d’un corps
étranger. Comme on pense qu’en éternuant,
on perd aussi un peu de souffle,
donc de vie, il faut se hâter d’utiliser
une formule qui permette de conjurer
le mauvais sort et de détourner le danger.
Avant la Révolution, on lance «Dieu
vous bénisse!», dans l’espoir que le Très
Haut accordera un sursis à l’enrhumé.
Au début du XIXe siècle, l’expression
se fait plus neutre et devient «À vos
souhaits!». Notons que chez les Espagnols
(«Jésus!») et les Portugais («Petit
Saint!»), cette déchristianisation n’a
pas eu lieu, alors que les Allemands,
les Russes, les Hollandais, les Italiens et
les Suédois («Santé!»), eux, semblent
plutôt porter un toast.
L’APÉRITIF
Servie en début de repas dès l’Antiquité (ce qui explique
son nom dérivé du verbe latin aperire = ‘ouvrir’),
cette boisson à base de plantes et de vin avait un rôle
médicinal, diurétique et purgatif, servant à ouvrir les
voies d’élimination. La signification du mot change au
XIXe siècle, lorsqu’il se met à désigner les boissons
(vermouths et autres vins cuits) que l’on prend au début
du repas et qui doivent ouvrir l’appétit. Ainsi, le
Dubonnet, alcool à base de vin et de quinquina créé
en 1848 par le chimiste du même nom, est présenté
d’abord comme un médicament contre le paludisme
destiné aux soldats français en Afrique du Nord. Mais
bientôt, il devient l’apéritif préféré des Français de la
métropole…
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