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LÉGENDE<br />
CALYPSO ROSE FOREVER !<br />
Dans son nouvel album, la chanteuse de Trinité-et-Tobago clame<br />
la JOIE D’ÊTRE SOI, libre et ouverte sur le monde.<br />
FIFOU - DR<br />
POUR LES RARES qui ne la connaîtraient pas encore,<br />
rappelons que Calypso Rose, née McArtha Lewis sur l’île<br />
caribéenne de Tobago, au sein d’une famille de 13 enfants,<br />
a vécu un premier déchirement à l’âge de 9 ans. Sans le sou,<br />
ses parents doivent la confier à un couple de l’île<br />
de Trinité. Celle qui devient, dès l’adolescence,<br />
Calypso Rose, s’y épanouit néanmoins. Forte<br />
d’un mental en acier et d’une voix mémorable,<br />
elle fait ses armes dans les calypso tents, où l’on<br />
doit, face à une sacrée concurrence, imposer<br />
son bagout. En 1978, elle est la première femme<br />
à remporter la couronne de « Calypso Queen »<br />
– alors que personne n’y croyait dans le circuit<br />
très machiste du carnaval. Féministe ? Et pas<br />
qu’un peu ! 800 chansons plus tard, désormais<br />
basée à New York, celle qui a fêté ses 82 ans ne compte<br />
pas lâcher le micro. Pour ce nouveau disque, engagé et à<br />
l’énergie contagieuse, elle reste fidèle à ses compagnons de<br />
musique. L’objectif étant de rester authentique sans se priver<br />
CALYPSO ROSE,<br />
Forever, Because Music.<br />
des sonorités électroniques. En premier lieu, le producteur<br />
bélizien Ivan Duran, qui la suit depuis plus de quinze ans et fait<br />
intervenir son groupe The Garifuna Collective. Également de<br />
la partie, Manu Chao, qui a réalisé en 2016 son Far From Home,<br />
devenu disque de platine, des musiciens trinidadiens<br />
(Machel Montano, Kobo Town), jamaïcains<br />
(Mr Vegas), mais aussi Oli, du duo français Bigflo<br />
& Oli – car Calypso Rose est toujours attentive<br />
aux propositions de la nouvelle génération… Sans<br />
oublier des pointures du même calibre qu’elle.<br />
Ainsi, le guitariste Santana transcende de ses riffs<br />
l’ouverture de l’album, « Watina »., une reprise d’Andy<br />
Palacio en 2007, qui rappelle la mise en esclavage et<br />
la déportation du peuple des Garifunas. Un discours<br />
qui s’inscrit dans les convictions défendues par<br />
l’artiste depuis ses débuts, dont l’égalité de toutes et tous, quels<br />
que soient la couleur de peau, le sexe et les origines sociales. En<br />
2019, elle est d’ailleurs rentrée à l’Icons of Tobago Museum, qui<br />
n’a pas oublié, comme elle, d’où McArtha-Calypso venait. ■ S.R.<br />
AFRIQUE MAGAZINE I <strong>431</strong>-<strong>432</strong> – AOÛT-SEPTEMBRE 2022 9