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L'Essentiel Prépas n°68 - Février 2023

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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N°68 | FÉVRIER <strong>2023</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

ENTRETIEN<br />

Philippe Choquet (Fesic et UniLasalle)<br />

Christian Guellerin<br />

(L’Ecole de Design Nantes-Atlantique)<br />

Grégoire Genest (Albert School)<br />

TEST<br />

Que vaut ChatGPT ?<br />

DÉBAT<br />

Les classements : 25 ans entre<br />

désamour et engouement<br />

Comment accroitre<br />

la diversité du recrutement<br />

DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

COMMENT<br />

« RÉFORMER LA RÉFORME »<br />

Suite à un sondage auprès de ses adhérents concernant une<br />

éventuelle nouvelle réforme de la filière ECG, 60% des 817<br />

professeurs qui se sont prononcés s’opposent à une nouvelle<br />

réforme de la filière générale. 40% sont ouverts à une<br />

éventuelle réforme sous certaines conditions. L’Association<br />

des professeurs de classes préparatoires économiques et<br />

commerciales (APHEC) appelle donc le gouvernement à ne<br />

pas « imposer une nouvelle réforme des CPGE ECG contre<br />

l’avis de la majorité des professeurs ».<br />

Rappelons le contexte. La baisse de 13% des inscriptions en classes préparatoires<br />

ECG en 2021 a profondément inquiété l’ensemble de la filière. S’ils semblent<br />

relativement se stabiliser en 2022, les effectifs restent significativement en deçà<br />

des effectifs que souhaitent recruter les écoles de management. Les premiers<br />

chiffres d’inscription dans les concours des écoles post prépas semblent marquer<br />

une baisse d’autant plus prononcée que les écoles sont moins renommées.<br />

Dans ce contexte, une grande partie des écoles de management demande que la<br />

filière soit une nouvelle fois réformée. Les experts de l’L’Inspection générale de<br />

l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) envisageraient donc, à l’image du<br />

nouveau bac, de proposer des prépas « à la carte ». Les élèves pourraient ainsi<br />

choisir de suivre plus ou moins d’heures de mathématiques ou de culture générale.<br />

Mais les professeurs de classes préparatoires craignent forcément de perdre des<br />

heures de cours. De plus, arguent-ils « alors même que la CPGE ECG a besoin de<br />

lisibilité, la modularité envisagée va créer encore plus de complexité, au détriment<br />

de l’attractivité ».<br />

Donner du temps à la réforme. L’APHEC établit également que « la précédente<br />

réforme n’a que deux ans et les premiers étudiants de la voie ECG réformée n’ont pas<br />

encore passé leurs concours ». Le gouvernement lance donc sa réflexion pouvant<br />

conduire à une nouvelle réforme « sans réelle évaluation de la précédente ni même<br />

attendre les effets des ajustements du lycée qui entreront en vigueur en <strong>2023</strong> ». Deux<br />

réformes successives en deux ans ne pourraient que « fragiliser un peu plus la filière<br />

». Qu’ils refusent le principe d’une réforme ou qu’ils soient prêts à la discussion,<br />

les professeurs de CPGE sont de tout façon opposés à ce que soient remis en cause :<br />

• l’équilibre entre les quatre piliers de cette formation pluridisciplinaire que sont les<br />

langues vivantes, la culture générale, les mathématiques et les sciences humaines ;<br />

• les postes des professeurs en CPGE ;<br />

• l’égalité entre les lycées comportant des<br />

classes préparatoires.<br />

Les termes sont posés. Il reste maintenant à<br />

se concerter.<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • Frank Bournois quitte la direction<br />

de l’ESCP<br />

5 • Classements : que disent les trois premiers ?<br />

6 • L’Institut Mines Télécom (IMT) définit<br />

ses ambitions<br />

7 • Emlyon présente son nouveau campus<br />

8 • Kedge double sa superficie à Paris<br />

9 • L’enseignement supérieur privé lucratif<br />

sur la sellette<br />

10 • L’EM Normandie débarque à Dubaï<br />

11 • Louis-Le- Grand lance son CPES<br />

ENTRETIENS<br />

12 • Philippe Choquet, Président de la<br />

Fesic (Fédération des établissements<br />

d’enseignement supérieur d’intérêt<br />

collectif) et directeur UniLaSalle<br />

25 • Christian Guellerin, Directeur de L’École<br />

de Design Nantes Atlantique<br />

28 • Grégoire Genest, Directeur général<br />

d’Albert School<br />

PUBLI INFORMATION<br />

14 • Le Double Diplôme en Droit à emlyon<br />

business school : le Droit avec exigence<br />

et passion !<br />

DOSSIER<br />

17 • Comment accroitre la diversité du<br />

recrutement dans l’enseignement supérieur<br />

TEST<br />

30 • Que vaut ChatGPT ?<br />

CALENDRIER<br />

33 • <strong>2023</strong> : le calendrier officiel des concours<br />

des Grandes écoles<br />

DÉBAT<br />

37 • Les classements : 25 ans entre désamour<br />

et engouement<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : Excelia BS


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Frank Bournois<br />

quitte la direction de l’ESCP<br />

Alors qu’il lui restait quasiment trois ans de mandat<br />

jusqu’à la fin 2025, alors que les résultats de<br />

son école dans les classements n’ont jamais<br />

été aussi bons (troisième business schools<br />

européennes dans The Financial Times, deuxième école<br />

de management française selon Challenges, etc.), alors<br />

que les finances sont saines, Frank Bournois, 60 ans,<br />

quitte l’ESCP après neuf années à sa direction.<br />

Une « décision mûrement réfléchie » qu’il explique « vient<br />

clôturer un mandat au cours duquel nous avons tous<br />

ensemble fait grandir la reconnaissance et la réputation<br />

d’excellence de l›École pour l’imposer comme l’une des<br />

meilleures business schools européennes. Je suis fier<br />

du chemin parcouru ensemble et des défis que nous<br />

avons successivement relevés, qui incluent notamment<br />

le lancement du Bachelor, la création d’une entité<br />

juridique pour notre école, le développement de nos<br />

campus, la célébration de notre bicentenaire ou encore<br />

notre montée aux premières marches des classements<br />

les plus prestigieux ». Et il insiste : « Je vais quitter<br />

l’établissement avec beaucoup d’émotion, et avec la<br />

conviction qu’il dispose aujourd’hui d’une équipe de<br />

direction solide. Nous avons collectivement atteint les<br />

objectifs de la stratégie Brand & Size. ESCP bénéficie<br />

désormais d’une situation financière pérenne et d’une<br />

position concurrentielle renforcée dans l’écosystème<br />

des grandes écoles européennes en étant parfaitement<br />

armée pour aborder son avenir. »<br />

Mais pour diriger quelle business school a-t-il pris cette<br />

décision ? Selon le communiqué de l’ESCP on sait juste<br />

que ce sera « hors de l’Union européenne ».<br />

Et qui peut lui succéder maintenant ? En interne – le<br />

directeur général adjoint, Léon Laulusa assure l’intérim<br />

- ou en externe ? Avec en ligne de mire une remise à<br />

niveau des locaux de l’école, qui va la faire déménager<br />

pendant plusieurs années loin de son immeuble historique,<br />

mais aussi des projets immobiliers sur plusieurs<br />

de ses campus en Europe, une implantation à Dubaï<br />

qui peut en appeler d’autres, la lancinante question du<br />

financement des écoles de la chambre de commerce<br />

et d’industrie de Paris… autant de défis qu’il avait su<br />

prendre à bras le corps. Sans oublier son influence<br />

majeure sur l’ensemble de l’écosystème des écoles<br />

de management françaises qui vont avoir bien du mal<br />

à se passer de lui. Succéder à Frank Bournois, un<br />

sacré challenge !<br />

ESCP : l’intérim<br />

Léon Laulusa prend le relais de Frank<br />

Bournois. Il assurera la « continuité de la<br />

direction de l’ESCP jusqu’à la nomination<br />

par le conseil d’administration d’un<br />

nouveau Directeur général en sa qualité<br />

de Directeur général délégué depuis<br />

le 1er janvier 2022 » selon le communiqué<br />

de l’ESCP qui précise également que<br />

Frank Bournois « accompagnera Léon<br />

Laulusa jusqu’au 28 février en vue d’assurer<br />

une transition fluide dans l’intérêt<br />

des étudiants, du corps professoral et des<br />

équipes de l’école ».<br />

Léon Laulusa est professeur permanent<br />

de ESCP depuis 2005. Depuis 2013, il a<br />

successivement occupé les fonctions de<br />

directeur académique adjoint chargé du<br />

développement international, de directeur<br />

des relations internationales et membre du<br />

comité exécutif (dont il fait partie depuis<br />

2014), de directeur académique et des relations<br />

internationales (depuis 2017), de<br />

directeur général adjoint chargé des affaires<br />

académiques et internationales, puis<br />

de directeur général délégué depuis le 1er<br />

janvier 2022. Il a notamment pour responsabilité<br />

de superviser les programmes diplômants<br />

pré-expérience et les relations<br />

académiques internationales (partenariats<br />

et doubles-diplômes). En janvier <strong>2023</strong>,<br />

Léon Laulusa a également pris la direction<br />

du campus parisien de l’école, avec<br />

comme responsabilité de superviser le<br />

déménagement prévu en septembre <strong>2023</strong><br />

vers le site de Champerret et la rénovation<br />

des locaux historiques du 79 avenue<br />

de la République.<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Classements :<br />

que disent les trois premiers ?<br />

En faisant passer Grenoble EM en un de la 9 ème à<br />

la 13 ème place dans son Classement <strong>2023</strong> des<br />

écoles de commerce l’Etudiant lui fait subir la<br />

plus spectaculaire chute d’une école de premier<br />

rang qu’on ait jamais notée. A contrario Le Figaro la<br />

maintenait au 8 ème rang dans son Classement. Comme<br />

pour Le Figaro Rennes SB baisse de trois places et<br />

descend ainsi à la 17 ème . Sinon le top 5 est assez classique<br />

avec une égalité entre emlyon et l’Edhec à la 4 ème<br />

place qui ne fait pas de jaloux.<br />

Des changements méthodologiques peuvent expliquer<br />

ces changements. Comme l’explique l’Etudiant<br />

cette année, les doubles diplômes français sont pris<br />

en compte et HEC et EM Strasbourg y « excellent<br />

particulièrement ». De même, un point bonus a été<br />

accordé aux écoles de commerce dont l’engagement<br />

en matière de développement durable a été couronné<br />

du label DD&RS : emlyon, TBS Education, Montpellier<br />

BS, Kedge, Grenoble EM et l’Inseec. Le classement<br />

intègre également un index d’ouverture sociale, fondé<br />

notamment sur la part d’alternants, le pourcentage de<br />

boursiers et les aides financières proposées par les<br />

écoles elles-mêmes.<br />

Nous vous proposons ci-dessous notre première<br />

édition du « Classement des classements 2022-23 »<br />

reprenant les trois premiers classements parus : Le<br />

Figaro Etudiant, l’Etudiant et Challenges.<br />

Les business schools<br />

françaises selon le FT<br />

Comment ont évolué les<br />

écoles de management<br />

françaises dans le Classement<br />

des business schools<br />

européennes du Financial<br />

Times depuis 2005 ? Notre<br />

animation Flourish permet<br />

de visualiser la domination<br />

sans partage d’HEC en<br />

rang en France mais aussi<br />

en rang (rank) mais aussi<br />

en rang global par rapport<br />

à l’ensemble des business<br />

schools européennes (score).<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

L’Institut Mines Télécom<br />

(IMT) définit ses ambitions<br />

« Nous avons défini sept grands enjeux<br />

Huit grandes écoles<br />

pour un avenir durable. » Odile Gauthier,<br />

directrice générale de l’Institut Mines Télécom<br />

(IMT), a présenté fin décembre 2022 son plan<br />

stratégique <strong>2023</strong>-2027 en compagnie de son directeur<br />

général adjoint, Francis Jutand.<br />

Un monde en « transformation profonde, un monde en<br />

grande incertitude, une évolution en profondeur des<br />

attentes des étudiants, la croissance des besoins de<br />

recherche, la transformation de l’économie et des entreprises,<br />

la transformation de l’enseignement supérieur<br />

et la recherche français et européen », tels sont les<br />

six enjeux qui engagent le septième qui est l’évolution<br />

de l’offre de formation. L’IMT entend en effet accroitre<br />

le nombre de ses élèves formés en diversifiant ses<br />

recrutements autour du « noyau des CPGE ».<br />

Le développement européen est particulièrement<br />

important pour l’IMT, que ce soit par la recherche de<br />

financements ou la constitution de réseau. « Nous avons<br />

déposé un projet d’université européenne Eulist avec<br />

neuf autres universités de technologies européennes.<br />

Il n’a pas été sélectionné par l’Union européenne dans<br />

un premier temps mais. nous allons de redéposer en<br />

janvier <strong>2023</strong>. C’est important car nous pensons que<br />

dans l’avenir il y aura un plus dans les appels à projet<br />

européen pour les universités européennes », explique<br />

Odile Gauthier. « C’est une sorte d’IMT à l’échelle européenne<br />

avec toute une dimension de responsabilité<br />

sociale et environnementale (RSE) pour rendre les<br />

campus plus ouverts », remarque Frédérique Vincent,<br />

la directrice de l’enseignement et de l’international.<br />

L’IMT a déjà conclu des accords bilatéraux avec d’autres<br />

établissements pour proposer des des double diplômes<br />

européens. Surtout l’IMT a conclu un partenariat privilégié<br />

avec la TU Munich dans le cadre de l’Académie<br />

franco-allemande pour l’industrie du futur. Enfin deux<br />

écoles sont membres du réseau TIME.<br />

et d’ouverture sur la société. « Nous souhaitons que<br />

nos campus soient des hubs d’échange avec la société<br />

civile, plus ouverts sur le monde extérieur, en y créant<br />

des activités », assure Odile Gauthier dont l’objectif est<br />

ainsi de « développer la notoriété d’un institut finalement<br />

tout récent – créé en 2012 – et qui n’a pas la notoriété<br />

de ses écoles membres ». Des écoles membres qui<br />

doivent plus efficacement travailler entre elles alors<br />

qu’elles se « font parfois encore aujourd’hui concurrence<br />

comme par exemple sur le prix de l’encadrement des<br />

thèses », stipendie la directrice.<br />

De nouveaux recrutements d’étudiants. Pour le<br />

recrutement d’étudiants un gros travail va être effectué<br />

en créant des filières postbac, le nombre d’élèves<br />

issus de classes préparatoires étant contraint. Mais la<br />

création de bachelors n’est pas d’actualité pour autant.<br />

« Nous y réfléchissons mais nous n’avons pas encore<br />

de financements du ministère. Nous devons en évaluer<br />

la viabilité économique alors que nous ne tenons pas<br />

à lancer des bachelors internationaux à 20 000€ par<br />

an », confie la directrice générale.<br />

L’apprentissage va également progresser – il représente<br />

déjà 30% des élèves – avec le lancement de filières<br />

complémentaires dans certaines écoles. « Dans les<br />

financements Compétences et métiers d’avenir (CMA)<br />

il y a un gros levier formation professionnelle et plusieurs<br />

écoles peuvent proposer ensemble des cycles<br />

de formation », explique Frédérique Vincent.<br />

Le tout dépend évidemment de financements de plus en<br />

plus dépendants d’appels à projet forcément contingents.<br />

« Les moyens de l’Etat sont consolidés. Nous développons<br />

nos ressources propres – 38% salaires compris<br />

- avec le recrutement de CDI sur ressources propres »,<br />

explique Francis Jutand. Obtenir un financement dans<br />

le cadre des Projets importants d’intérêt européen<br />

commun (PIIEC) permettent également de développer<br />

des ressources en collaboration avec des entreprises.<br />

L’Institut Mines Télécom<br />

(IMT) c’est huit grandes<br />

écoles dont une école de<br />

management, l’Institut Mines<br />

Télécom (IMT) business<br />

school. La stratégie complète<br />

de l’IMT est résumée ici.<br />

Chaque école membre de<br />

l’IMT travaille aujourd’hui<br />

dans le cadre de ce plan<br />

stratégique global et rendra<br />

son propre plan en mars <strong>2023</strong>.<br />

Quelles perspectives ? Menée depuis 2019 par<br />

une directrice très impliquée dans les questions de<br />

transition écologique – elle avait dirigé auparavant le<br />

Conservatoire du littoral après avoir été directrice<br />

de l’eau et de la biodiversité au sein du ministère de<br />

l’Environnement - l’IMT inscrit aujourd’hui toute son<br />

action dans une perspective de la transition écologique<br />

Dernier point plus politique : les rapports de l’IMT avec<br />

l’IP Paris. « Télécom Paris et Télécom SudParis en sont<br />

membres et nos stratégies sont complémentaires »,<br />

certifie Odile Gauthier.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Emlyon présente<br />

son nouveau campus<br />

Les travaux sont maintenant bien engagés et emlyon a pu présenter en décembre<br />

2022 ses futurs locaux à Lyon même. L’occasion de faire le point avec son nouvel<br />

actionnaire de référence : Galileo Global Education.<br />

Le futur campus ouvrira ses portes en septembre<br />

2024 au sein d’un écosystème universitaire qui<br />

compte déjà 40 000 étudiants. « Nous sommes<br />

très fiers du travail titanesque que fait Isabelle<br />

Huault avec ses équipes après que l’emlyon ait été un<br />

peu chahutée », explique le président de la Chambre de<br />

commerce et d’industrie Lyon Métropole Saint-Etienne<br />

Roanne, Philippe Valentin, « Notre modèle des Grandes<br />

écoles, que tout le monde nous envie, est en danger. La<br />

compétition est devenue féroce face à des universités<br />

anglo-saxonnes aux moyens sans commune mesure. Et<br />

nous sommes aussi face à la concurrence des Gafam.<br />

Nous devons créer une vraie global business university<br />

en France et en Europe », spécifie le président de Galileo<br />

Global Education, Marc-François Mignot-Mahon, qui<br />

y met les moyens : l’augmentation du capital de 50<br />

millions d’euros consécutive à son entrée au capital<br />

porte les capacités d’investissement de l’école à plus<br />

de 100 millions d’euros.<br />

Très « heureuse » de voir son école « s’arrimer à Galileo »<br />

tout en rappelant que la CCI « reste majoritaire », Isabelle<br />

Huault, présidente du directoire de l’école, est certaine<br />

que « l’anima de l’école, la force de sa recherche, sera<br />

préservée comme sa raison d’être ». Isabelle Huault compte<br />

également bien « amplifier l’hybridation des programmes<br />

avec les écoles du groupe Galileo comme l’Institut Marangoni<br />

à Milan, Strate à Lyon ou encore le Cours Florent ».<br />

Et d’insister : « Les sciences du management seules ne<br />

peuvent pas décrire les grandes transitions ».<br />

Galileo entend en effet apporter sa compétence mondiale<br />

à emlyon : à Londres, à Regents’ Park, à Milan, des espaces<br />

l’attendent déjà. « Galileo est aussi une structure<br />

capable de produire des contenus pédagogiques. Il faut<br />

aussi investir fortement dans la recherche de emlyon »,<br />

reprend Marc-François Mignot-Mahon, qui entend voir<br />

emlyon « réaliser des acquisitions avec notamment son<br />

propre campus en Amérique du Nord. C’est le sens<br />

de notre entrée au capital de emlyon ». Galileo sera<br />

également là pour apporter ses compétences digitales<br />

grâce à sa plateforme Studi - qui lui a coûté 150 millions<br />

d’euros - mais aussi demain dans un ERP (Enterprise<br />

Resource Planning) et un Student Information System<br />

(SIS) global à tous les établissements.<br />

emlyon BS<br />

Aujourd’hui seule la structure extérieure du campus est<br />

achevée. On voit là à quoi il ressemblera en 2024<br />

« Galileo est le bon partenaire, c’est un champion de<br />

l’éducation qui succède à un fonds de placement »,<br />

insiste le nouveau président du conseil de surveillance<br />

de l’école et ancien président de la SNCF, Guillaume<br />

Pepy, qui insiste : « C’est une mission d’intérêt général<br />

de créer une global business university tout en restant<br />

une école consulaire. On peut réaliser une mission de<br />

service public tout en étant une entreprise ». Il veut<br />

maintenant une « gouvernance stable avec une directrice<br />

qui restera longtemps en poste ».<br />

Cette question d’être un actionnaire de référence est<br />

au cœur du projet de Marc-François Mignot-Mahon :<br />

« Nous ne sommes pas un fond et nous ne sommes pas<br />

possédés par un fond. Mon combat a été de ne plus<br />

être propriété d’un fond. Aujourd’hui notre principale<br />

actionnaire, Thetis, est l’émanation de L’Oréal avec une<br />

famille qui est actionnaire depuis 150 ans et n’a pas<br />

vocation à vendre. De même le CPIIB appartient à l’Etat<br />

canadien et BPI au gouvernement français. L’actionnariat<br />

de Galileo est plus stable que les entreprises du CAC40.<br />

Nous n’avons jamais cédé d’entreprise depuis la création<br />

de Galileo. Nous ne revendrons jamais nos parts ».<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Kedge double sa superficie<br />

à Paris<br />

De 3000 m2 le campus parisien de Kedge, dans<br />

le 12ème arrondissement, passe à 6400 m2 et<br />

pourra accueillir jusqu’à 3000 étudiants dans<br />

32 salles. « C’est important pour recruter des<br />

étudiants internationaux mais aussi pour la proximité<br />

avec les familles alors que la moitié des étudiants qui<br />

entrent dans nos bachelors sont originaires de région<br />

parisienne », commente Alexandre de Navailles, le<br />

directeur général de Kedge, qui recevait le 1 er février<br />

la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de<br />

la Formation professionnels, Carole Grandjean, venue<br />

inaugurer son nouveau campus. Un campus sur lequel<br />

l’école accueille également des étudiants en formation<br />

continue, d’autres en apprentissage mais aussi sa Wine<br />

School. Enfin près de 30 start up sont accueillies dans<br />

son incubateur.<br />

Nominations<br />

Philippe Monin est nommé directeur académique en charge des programmes<br />

de Grenoble EM à compter de début avril <strong>2023</strong>. Un nouveau<br />

challenge à relever pour celui qui était directeur de la faculté et de la<br />

recherche de SKEMA depuis septembre 2020. « Figure historique »<br />

d’emlyon, il y a auparavant occupé successivement les poste de doyen<br />

associé à la recherche, de directeur de la transformation et de directeur<br />

académique. Il a présidé l’Association Internationale de Management<br />

stratégique entre 2015 et 2017.<br />

Lui-même diplômé de emlyon (1991), Philippe Monin est docteur en<br />

sciences de gestion de l’Université Lyon 3 (1998) et titulaire d’une Habilitation<br />

à Diriger les Recherches (HDR) de l’Université Paris-Dauphine<br />

(2004). Entré à emlyon en 1992, professeur de management<br />

stratégique, il y a occupé un grand nombre de fonctions de direction.<br />

Mark Thomas a été nommé directeur des programmes d’ICN Business<br />

School. Il succède à Christine Kratz qui a occupé ce poste durant<br />

plus de 5 ans et qui a désormais en charge la direction de l’engagement<br />

étudiant. Ils sont tous deux rattachés à la direction générale et<br />

membres du comité exécutif de l’école.<br />

Titulaire d’un PhD in Management and Business Administration de<br />

Lancaster University et d’un Advanced Management Program in Finance,<br />

Strategy and Management d’Harvard Business School, Mark<br />

Thomas a commencé sa carrière à l’école Centrale de Lyon en tant<br />

que professeur assistant au département des langues, puis responsable<br />

des langues et des études post-raduate et directeur des programmes à<br />

l’IDRAC Business School. Il a ensuite rejoint Grenoble Ecole de Management<br />

aux postes d’Associate Dean des affaires internationales,<br />

puis des programmes internationaux tout en enseignant le management<br />

stratégique.<br />

EN BREF<br />

• Depuis début janvier,<br />

la certification<br />

des attestations de diplômes<br />

via la blockchain est<br />

opérationnelle à Excelia<br />

afin d’en délivrer une<br />

version 100% numérique<br />

et infalsifiable.<br />

• MBS est la première grande<br />

école de management à<br />

être certifiée par l’Autorité<br />

des marchés financiers<br />

(AMF) pour organiser<br />

l’examen AMF<br />

Finance Durable.<br />

• Lancé en 2019 le<br />

programme BSB<br />

Humanities permettait aux<br />

étudiants du Master Grande<br />

Ecole de BSB de suivre<br />

en master 1 un semestre<br />

de cours en gestion et en<br />

humanités sur le campus<br />

de l’Université McGill à<br />

Montréal. A partir de la<br />

rentrée <strong>2023</strong>, trois autres<br />

universités vont leur ouvrir<br />

leurs portes : Trinity<br />

College Dublin, Hong<br />

Kong Baptist University et<br />

l’Université de Florence.<br />

• Grenoble EM lance<br />

son 10ème parcours<br />

transcontinental. Cette<br />

fois-ci en Afrique du<br />

Sud avec la Stellenbosch<br />

Business School, première<br />

école africaine à avoir reçu<br />

les accréditations AACSB,<br />

EQUIS et AMBA.<br />

• INSEEC Grande Ecole<br />

offre une nouvelle aide qui<br />

permettra aux 10 premiers<br />

boursiers CROUS (échelons<br />

5 à 7) de son concours <strong>2023</strong><br />

d’obtenir la gratuité de<br />

leur année de pré-master.<br />

• Glion institut de Hautes<br />

Études et l’ESSEC<br />

s’associent pour proposer<br />

un Global Executive Master<br />

autour du management des<br />

métiers de l’hospitalité.<br />

• Rennes School of Business<br />

voit renouvelée son<br />

accréditation AACSB pour<br />

5 ans, la durée maximale.<br />

• L’ESC Clermont<br />

BS lance le dispositif<br />

« Feel Good Campus ».<br />

Les étudiants-ambassadeurs<br />

de l’Ecole mettront en<br />

place sur le campus des<br />

ateliers de disciplines<br />

sportives (réveil musculaire,<br />

mobilité, stretching,<br />

renforcement musculaire,<br />

cardio) mais aussi<br />

de préparation mentale<br />

(respirations, fixations<br />

d’objectifs, relaxation,<br />

dynamisation) pour<br />

apprendre à mieux gérer son<br />

stress, se motiver, définir et<br />

préparer des objectifs…<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

L’enseignement supérieur<br />

privé lucratif sur la sellette<br />

On attend ses conclusions au printemps. Le<br />

ministère de l’Enseignement supérieur et de<br />

la Recherche (MESR) a lancé une mission sur<br />

l’enseignement supérieur lucratif suite à une<br />

enquête de la Direction générale de la concurrence,<br />

de la consommation et de la répression des fraudes<br />

(DGCCRF). A sa tête l’ancien président de la Fesic<br />

(Fédération des établissements d’enseignement supérieur<br />

d’intérêt collectif) et directeur général de l’Iéseg,<br />

Jean-Philippe Ammeux.<br />

« Vous analyserez l’ampleur et les modalités de développement<br />

des établissements d’enseignement supérieur<br />

lucratifs », « Vous étudierez leur modèle économique,<br />

leur actionnariat (dont les fonds d’investissement),<br />

leurs pratiques académiques (y compris le recours<br />

au e-learning) et d’accompagnement des élèves, et<br />

leur positionnement vis-à-vis des diplômes reconnus<br />

par le MESR », « Vous évaluerez dans la mesure du<br />

possible l’ampleur des aides indirectes de l’État dont<br />

certains établissements bénéficient (participation BPI<br />

France, taxe d’apprentissage…) », la lettre de mission<br />

qu’a reçue Jean-Philippe Ammeux et qu’a révélé l’AEF<br />

est extrêmement large.<br />

L’enseignement supérieur privé est aujourd’hui divisé<br />

entre associations à but non lucratif, pour beaucoup<br />

reconnus comme EESPIG (établissements d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général), sociétés privées<br />

à but lucratif et EESC (établissements d’enseignement<br />

supérieur consulaire). Mais même des associations à<br />

but non lucratif peuvent dépendre plus ou moins de<br />

sociétés elles lucratives. Toutes ont des objectifs et<br />

des moyens très divers tout en bénéficiant de la manne<br />

de l’apprentissage.<br />

Prenant la parole au nom de la Fesic (Fédération des<br />

établissements d’enseignement supérieur d’intérêt<br />

collectif) Philippe Choquet, son président, dénonce<br />

des pratiques discutables et une concurrence déloyale<br />

(lire l’ensemble de son entretien dans ce numéro) :<br />

« Nous sommes les premiers à mettre en garde contre<br />

des établissements d’enseignement supérieur dont la<br />

qualité de formation ne répond pas aux standards qu’on<br />

peut exiger d’eux. Si on s’abstenait de les financer, cela<br />

résoudrait largement le problème du financement de<br />

l’apprentissage dans l’enseignement supérieur. Il faut<br />

vraiment différencier les diplômes dont la qualité est<br />

reconnue académiquement de ceux qui sont seulement<br />

des titres du RNCP ». Et d’insister : « Le système d’évaluation<br />

est à revoir. Aujourd’hui ce sont les familles les<br />

plus fragiles qui se font berner faute de bien maîtriser<br />

tous les codes. C’est aussi pour cela que nous voulons<br />

montrer la force du contrat EESPIG dont le rôle est<br />

reconnu par la Loi de programmation de la recherche ».<br />

Les conclusions de la DGCCRF<br />

En 2020, la DGCCRF a entrepris de vérifier<br />

les pratiques commerciales des établissements<br />

de formation apposant les<br />

labels créés en 2019 par le ministère de<br />

l’Enseignement supérieur pour informer<br />

le consommateur de l’existence de diplômes<br />

« contrôlés par l’Etat ». Quatrevingts<br />

établissements ont été contrôlés<br />

avec une attention particulière portée<br />

aux mentions relatives aux labels créés<br />

en 2019 par le MESR pour valider la qualité<br />

des formations. L’enquête avait révélé<br />

des anomalies dans plus de 30 % des<br />

établissements en matière de pratiques<br />

commerciales trompeuses :<br />

• l’absence de pratiques commerciales<br />

trompeuses induisant le consommateur<br />

en erreur ;<br />

• le respect des obligations d’information<br />

précontractuelle ;<br />

• le respect des obligations sur les prix et<br />

sur la facturation ;<br />

• l’absence de clauses contractuelles illicites<br />

ou abusives ;<br />

• le respect des règles relatives à la vente<br />

à distance ou hors établissement.<br />

Les enquêteurs ont, par ailleurs, passé<br />

au crible les contrats. Des clauses abusives<br />

ou illicites y ont été relevées dans<br />

40 % des établissements contrôlés. Parmi<br />

celles-ci figurent<br />

• une clause prévoyant qu’en cas de défaut<br />

de paiement, l’établissement se réserve<br />

le droit de résilier le contrat, l’étudiant<br />

n’étant plus autorisé à poursuivre<br />

la formation ni à s’inscrire à l’examen<br />

de fin d’année, alors que le solde de la<br />

formation reste dû et peut être recouvré<br />

9<br />

par tous moyens ;<br />

• une clause réservant à l’établissement<br />

le droit de modifier unilatéralement les<br />

clauses relatives à la durée du contrat,<br />

aux caractéristiques ou au prix de la<br />

formation ;<br />

• une clause autorisant l’établissement<br />

à rompre discrétionnairement le<br />

contrat sans prévoir le même droit pour<br />

l’étudiant ;<br />

• une clause obligeant le consommateur<br />

à saisir de manière exclusive un certain<br />

tribunal en cas de litige.<br />

Les contrôles des enquêteurs ont donné<br />

lieu à :<br />

• 72 avertissements<br />

• 38 injonctions<br />

• 4 procès-verbaux pénaux, dont 2 ont<br />

conduit à un contentieux


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

L’EM Normandie débarque à Dubaï<br />

Après deux ans et demi de travail l’EM Normandie s’est implantée à Dubai,<br />

au cœur des Emirats Arabes Unis, à la rentrée 2022. « Nous avons le projet d’implanter<br />

une ville sur chaque continent dans une ville monde portuaire », définit le directeur<br />

général de l’EM Normandie, Elian Pilvin, qui a ainsi inauguré son troisième<br />

campus international, après Oxford et Dublin.<br />

A<br />

Dubaï c’est au cœur du périmètre réservé à<br />

l’enseignement supérieur et à l’innovation, la<br />

« Knowledge City », et de ses 14 000 étudiants<br />

que l’école a ouvert son campus de 1 400 m2.<br />

« Dubaï se veut à terme une place forte de l’enseignement<br />

et est déjà une place forte de l’innovation. Nous exposons<br />

ainsi nos étudiants à des contextes d’apprentissage<br />

au cœur d’une ville du futur », détaille le directeur qui<br />

y rejoint toute une série d’universités internationales,<br />

essentiellement anglo-saxonnes, comme l’université<br />

de Middlesex, dont elle est voisine, ou l’australienne<br />

Wollongong. Pas loin de là, à Abu Dhabi, se trouvent<br />

deux grands acteurs français de l’enseignement supérieur<br />

que sont Sorbonne Université et l’Insead :<br />

« J’avais les sentiment que c’était là qu’il fallait venir<br />

aujourd’hui pour se développer. Notre première intention<br />

était de racheter une école mais les autorités des<br />

Emirats nous ont demandé de nous installer sous notre<br />

marque et avec nos formation. Aujourd’hui nous nous<br />

présentons comme l’EM Normandie dans les Emirats<br />

plutôt qu’uniquement à Dubaï car nous envisageons la<br />

création d’autres campus, par exemple à Abu Dhabi ».<br />

L’EM Normandie est la première Grande école de commerce<br />

française à ouvrir un campus en propre à Dubaï<br />

pour y remettre des diplômes reconnus. Elle vient en<br />

effet d’y obtenir la licence institutionnelle « Higher Education<br />

Provider », obligatoire pour exercer des fonctions<br />

d’enseignement sur place et de recruter des étudiants,<br />

mais aussi l’accréditation de son programme Bachelor<br />

in International Management. Toutes deux sont<br />

délivrées par la Commission for Academic Accreditations<br />

(CAA) du gouvernement fédéral des Emirats<br />

Arabes Unis. «C’est une des accréditations les plus<br />

difficiles que nous ayons obtenues ! Nous avions le<br />

sentiment d’être évalués à la fois par le Hcéres, la<br />

Cefdg et l’AACSB ! », explique le directeur.<br />

60 étudiants du programme Grande école sont déjà sur<br />

le campus cette année. « J’étais déjà venu à Dubaï en<br />

2021 pour y visiter l’exposition universelle. Cela m’avait<br />

beaucoup plu et je voulais profiter de mon séjour<br />

académique à l’étranger pour aller dans un pays non<br />

européen. Et où il faisait beau. J’ai choisi de revenir<br />

à Dubaï », raconte Jules Morel, en quatrième année<br />

du programme Grande école de l’EM Normandie qui<br />

vient de faire sa rentrée dans les Emirats et apprécie<br />

particulièrement un « pays cosmopolite où toutes les<br />

nationalités sont représentées ».<br />

Jusqu’à 500 étudiants<br />

Sur une superficie<br />

de 1 400 m², le campus<br />

de l’EM Normandie de<br />

Dubaï peut accueillir<br />

jusqu’à 500 étudiants. Il<br />

comprend des espaces<br />

pédagogiques, des lieux de<br />

vie pour les étudiants<br />

et le personnel, des<br />

bureaux administratifs. Il<br />

dispose sur un niveau<br />

d’une demi-douzaine de<br />

salles de cours équipées<br />

pour délivrer des cours en<br />

mode présentiel, distanciel<br />

ou hybride, d’espaces<br />

de coworking, de travail<br />

confidentiel et de Flex-Office,<br />

d’un FabLab, d’espaces de<br />

restauration et de réception,<br />

d’une gaming zone pour la<br />

vie associative, d’espaces<br />

de détente et de jeux pour<br />

les étudiants (avec sofa,<br />

Ping-pong, Babyfoot,<br />

Air Hokey, PS5, etc.) et<br />

d’un Executive Education<br />

Center.<br />

Les 60 premiers étudiants de l’EM Normandie arrivés à Dubaï<br />

EM Normandie<br />

EM Normandie<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Louis-Le- Grand lance son CPES<br />

Les cycles pluridisciplinaires d’études supérieures connaissent un fort<br />

développement. S’ils ne sont encore que 23 sur Parcoursup il s’en monte régulièrement<br />

de nouveau comme dernièrement avec Louis-Le-Grand, Paris-Saclay, PSL et HEC.<br />

Précurseur de la formule avec le lycée Henri IV,<br />

PSL lance à la rentrée <strong>2023</strong> un deuxième CPES<br />

en « Sciences des données, arts et cultures »<br />

. Cette fois-ci avec l’autre grand lycée de la<br />

Montagne Saint-Geneviève à Paris : Louis-Le-Grand.<br />

« Nous élargissons l’offre avec un autre champ disciplinaire<br />

que va être le parcours », commente le proviseur<br />

du lycée Louis-Le-Grand, Joël Bianco quand on<br />

considérait, du côté de PSL que « nous avions atteint<br />

un niveau de sélectivité très élevé, la question se posait<br />

donc d’étendre la formule », exprime Coralie Chevalier,<br />

la vice-présidente formation de PSL qui a entamé alors<br />

deux années de discussion avec le Louis-Le-Grand qui<br />

viennent donc d’aboutir.<br />

Comme tous les CPES, ce nouveau parcours est fondé sur<br />

l’hybridation des enseignements entre un lycée délivrant<br />

des classe préparatoires et des établissements d’enseignement<br />

supérieur. En l’occurrence des membres de PSL<br />

tels qu’ENS-PSL, Dauphine-PSL, Mines Paris-PSL, etc.<br />

Comme dans les autres CPES la première année démarre<br />

dans le lycée membre puis continue dans les établissements<br />

d’enseignement supérieur :<br />

• la première année s’effectue au sein de Louis-le-Grand<br />

où les étudiants suivent des enseignements fondamentaux<br />

en Sciences quantitatives & Humanités, à parts<br />

égales, dispensés par des professeurs de l’ensemble<br />

des institutions à égalité ;<br />

• les 2 ème et 3 ème année se déroulent sur les campus de<br />

PSL, avec les enseignants de PSL, avec le choix d’une<br />

double majeure : « Sciences des données et Sciences<br />

de la culture » ou « Sciences des données et Économie<br />

et sciences sociales »<br />

Comme les CPGE les CPES comprennent un important<br />

volume horaire mais pas de khôlles.<br />

« Nous recherchons des étudiants forts en<br />

maths tout en étant passionné par les lettres<br />

et les sciences humaines en utilisant les<br />

données », précise Joël Bianco. Traduisez :<br />

spécialité mathématiques obligatoire au bac<br />

mais ensuite toutes les combinaisons sont<br />

possibles. « PSL s’est rendu compte qu’il<br />

y avait des débouchés mal pourvus pour<br />

ce type d’étudiant », commente Coralie<br />

Chevalier. Pour sa première année ce sont<br />

40 à 45 étudiants qui seront recrutés quand<br />

ils sont aujourd’hui un peu moins de 170<br />

par an à Henri IV qui compte trois CPES.<br />

C’est au cœur du projet des CPES : ils<br />

doivent recevoir au moins 40% de boursiers<br />

de l’enseignement supérieur. « Aujourd’hui<br />

nous recevons 22% des boursiers dans<br />

nos classes préparatoires. Nous voulons<br />

réussir le pari d’une ouverture sociale encore plus grande<br />

en CPES », signifie Joël Bianco. Pour ce faire les élèves<br />

des Cordées de la réussite de PSL seront par exemple<br />

contactés. Tous les étudiants boursiers seront logés à<br />

proximité du lycée. Pas dans l’internat du lycée qui restera<br />

réservé aux élèves de CPGE.<br />

C’est essentiel pour Joël Bianco : « Ce CPES ne vient<br />

pas concurrence les classes préparatoires. C’est au<br />

contraire le fruit de la réflexion de professeurs de classes<br />

préparatoires et de l’enseignement supérieur qui se<br />

sont rencontrés pour monter le programme ». Grand<br />

défenseur des CPGE - il préside l’APLCPGE (association<br />

des proviseurs de lycée à CPGE) -, Joël Bianco regrette<br />

d’ailleurs que « les classes préparatoires soient autant<br />

dénigrées alors que c’est un système vertueux dans lequel<br />

les élèves sont solidaires et les professeurs engagés à<br />

fond à leurs côtés ».<br />

Un CPES avec HEC<br />

L’académie de Versailles, l’Université<br />

Paris-Saclay, l’ENS Paris-Saclay, l’Institut<br />

Polytechnique de Paris et HEC Paris<br />

unissent leurs ressources pour proposer<br />

au sein du lycée international de Palaiseau<br />

Paris-Saclay un CPES « Sciences<br />

des données, santé et société ». Pour HEC<br />

c’est une première incursion sur le territoire<br />

des formations postbac alors que<br />

l’Institut Polytechnique de Paris proposait<br />

déjà un bachelor avec l’Ecole polytechnique.<br />

Ce nouveau CPES se propose de<br />

« répondre aux besoins d’expertise nouveaux<br />

engendrés et rendus nécessaires par<br />

les sciences des données, leur développement<br />

et leurs applications ».<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Philippe Choquet<br />

PRÉSIDENT DE LA FESIC (FÉDÉRATION DES ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

D’INTÉRÊT COLLECTIF) ET DIRECTEUR UNILASALLE<br />

« Il faut vraiment différencier les diplômes dont<br />

la qualité est reconnue académiquement de ceux<br />

qui sont seulement des titres du RNCP »<br />

Il préside la Fesic (Fédération des<br />

établissements d’enseignement<br />

supérieur d’intérêt collectif) et dirige<br />

UniLaSalle. Contre certaines dérives<br />

qu’il dénonce, Philippe Choquet défend<br />

inlassablement un modèle d’écoles<br />

associatives à but non lucratif, celui<br />

des établissements d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général<br />

(EESPIG). Il jette avec nous un<br />

regard acéré sur les évolutions d’un<br />

enseignement supérieur dans lequel les<br />

établissements qu’ils représentent se<br />

sentent pas assez bien reconnus par la<br />

puissance publique.<br />

Olivier Rollot : En tant que président de la<br />

Fesic quel grands objectifs vous donnezvous<br />

en ce début d’année <strong>2023</strong> ?<br />

Philippe Choquet : Nous avons sans cesse à faire<br />

reconnaitre les établissements d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général (EESPIG), notamment face à un<br />

enseignement supérieur privé à but lucratif qui s’est<br />

engouffré dans le financement de l’apprentissage avec<br />

peu de contrôles académiques. Nous faisons face à des<br />

acteurs qui ont des exigences très variables en termes<br />

de formation. Nous employons des enseignants-chercheurs<br />

qui sont à moitié chercheurs quand beaucoup<br />

d’écoles privées à but lucratif ne travaillent qu’avec<br />

des vacataires.<br />

O. R : Avoir le contrat d’EESPIG donne quand<br />

même à vos écoles des moyens dédiés de la<br />

part de l’Etat.<br />

P. C : Oui mais notre subvention a été divisée par deux<br />

depuis 10 ans. Depuis 2010 son montant total est de<br />

75 millions d’euros alors que, dans le même temps,<br />

le nombre d’étudiants dans des écoles sous contrat<br />

EESPIG a été multiplié par deux. Que ce soit avec<br />

l’augmentation des effectifs des établissements déjà<br />

sous contrat EESPIG ou avec l’intégration de nouveaux<br />

établissements.<br />

Etre EESPIG c’est s’engager à être évalué comme les<br />

établissements publics par le Hcéres (Haut Conseil<br />

de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement<br />

supérieur) et à contractualiser avec le ministère de<br />

l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).<br />

Autant de contraintes qui ont aussi un coût quand les<br />

établissements privés lucratifs ne sont contraints en rien.<br />

Les charges consécutives aux missions de service<br />

public que nous rendons doivent être compensée par<br />

l’Etat. Il faut revenir à ce qu’était le financement des<br />

étudiants en 2010, soit 1200€ par an et par étudiant<br />

avec les mêmes taux d’augmentation que les établissements<br />

publics. 1200€ c’est seulement 10% de ce qui<br />

est donné à ces établissements publics pour chaque<br />

étudiant qu’ils reçoivent. Aujourd’hui les conventions<br />

d’EESPIG que nous signons renforcent nos missions<br />

mais aussi nos contraintes sans la reconnaissance<br />

correspondante.<br />

12<br />

UniLaSalle<br />

UniLaSalle est la première<br />

ONG mondiale d’éducation.<br />

Elle est présente dans 82 pays<br />

et possède des universités<br />

dans une trentaine. Elle<br />

ouvre une université chaque<br />

semestre dans les pays<br />

émergents. Un exemple :<br />

en Ethiopie seulement 2%<br />

d’une classe d’âge accède<br />

par exemple aujourd’hui à<br />

l’enseignement supérieur et<br />

le challenge est de passer à<br />

10 % - on est aujourd’hui à<br />

20 % en Chine - alors que<br />

l’Etat n’en a pas les moyens.<br />

C’est là qu’UniLaSalle<br />

intervient avec de nombreux<br />

projets en Afrique comme<br />

en Amérique latine.<br />

UniLaSalle


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

O. R : La qualité des EESPIG on ne la retrouve<br />

pas dans les établissements lucratifs ?<br />

P. C : Nous sommes les premiers à mettre en garde<br />

contre des établissements d’enseignement supérieur<br />

dont la qualité de formation ne répond pas aux standards<br />

qu’on peut exiger d’eux. Si on s’abstenait de les<br />

financer, cela résoudrait largement le problème du<br />

financement de l’apprentissage dans l’enseignement<br />

supérieur. Il faut vraiment différencier les diplômes dont<br />

la qualité est reconnue académiquement de ceux qui<br />

sont seulement des titres du RNCP (Répertoire national<br />

des certifications professionnelles).<br />

Le système d’évaluation est à revoir. Aujourd’hui ce sont<br />

les familles les plus fragiles qui se font berner faute de<br />

bien maîtriser tous les codes. C’est aussi pour cela que<br />

nous voulons montrer la force du contrat EESPIG dont<br />

le rôle est reconnu par la Loi de programmation de la<br />

recherche (opérateur de la recherche publique – art.<br />

L 112-2 du code de la recherche Ndlr).<br />

O. R : Au sein de la branche de<br />

l’enseignement privé indépendant (EPI), dont<br />

les écoles de la Fesic font partie, a été créé<br />

fin 2022 une organisation professionnelle<br />

d’employeurs par la FESIC, l’UGEI, l’UDESCA<br />

et l’UNFL : l’Union professionnelle de<br />

l’enseignement supérieur privé (UPES),<br />

qui réunit déjà près de 70 établissements<br />

et 30 000 salariés. Quelles vont être ses<br />

missions ?<br />

P. C : La baisse du nombre des conventions collectives<br />

a conduit à un regroupement de la quasi-totalité<br />

des établissements du supérieur au sein d’une même<br />

convention collective (l’enseignement privé indépendant).<br />

L’enseignement supérieur est actuellement mal<br />

représenté au sein de la fédération patronale existante<br />

(FNEP), notamment dans ses spécificités que sont la<br />

recherche, l’évolution des métiers ou le droit de propriété<br />

intellectuelle. 80% des membres de la FNEP sont des<br />

collèges ou des lycées : ce sont souvent de très petits<br />

acteurs quand ceux de l’enseignement supérieur ont<br />

des périmètres beaucoup plus importants.<br />

Aujourd’hui il ne s’agit pas pour nous de nous opposer<br />

à la FNEP mais de créer un espace de dialogue avec les<br />

parties prenantes de la branche, FNEP comme syndicats,<br />

afin de porter les spécificités du supérieur, notamment<br />

la gestion sociale de nos enseignants-chercheurs. Un<br />

certain nombre d’établissements consulaires sous<br />

statut EESC (établissement d’enseignement supérieur<br />

consulaire), sous tutelle des chambres de commerce<br />

et d’industrie, nous rejoignent d’ailleurs. EESPIG, EESC<br />

mais aussi établissements privés à but lucratifs vont<br />

ainsi se retrouver dans un lieu d’échange commun pour<br />

la défense des intérêts sociaux des établissements<br />

du supérieur.<br />

O. R : Une question d’orientation. Comment la<br />

réforme du bac vous a-t-elle impacté ?<br />

P. C : Les écoles d’ingénieur industrielles recrutent<br />

essentiellement des élèves qui ont choisi les spécialités<br />

mathématiques et physique-chimie en terminale. Parmi<br />

nos étudiants, beaucoup ont abandonné la spécialité<br />

physique-chimie et nous devons les remettre à niveau.<br />

Une réforme de notre pédagogie nous a justement<br />

permis de constituer des sous-groupes en première<br />

année. Pour les constituer nous faisons passer des<br />

entretiens à tous nos futurs étudiants. Parce que nous<br />

voulons les garder cinq ans !<br />

O. R : La qualité de l’expérience étudiante est<br />

très importante pour vous ?<br />

P. C : Être une école EESPIG c’est être attaché à<br />

la dimension éducative par vocation. Les familles,<br />

les collectivités comme les entreprises sont parties<br />

prenantes et nous sommes à leur écoute.<br />

O. R : Quel regard jetez-vous sur les<br />

classements des écoles d’ingénieurs ?<br />

P. C : Quand on compare les écoles de commerce ce<br />

sont des écoles très comparables. En revanche, les<br />

écoles d’ingénieurs sont toutes très différentes. Prenons<br />

une école d’agronomie comme UniLaSalle. Forcément<br />

les salaires de sortie de nos diplômés sont moins élevés<br />

pour des étudiants qui travaillent en province. Nous<br />

avons aussi peu de diplômés à l’étranger. Et comment<br />

garantit-on les chiffres que publient les classeurs ?<br />

Alors que tout est basé sur la différenciation dans les<br />

écoles d’ingénieurs, les classements contribuent à une<br />

disparition de cette différenciation.<br />

O. R : C’est un des grands enjeux actuels :<br />

comment introduire la transition écologique<br />

dans les enseignements ?<br />

P. C : La recherche de sens de nos étudiants est de<br />

plus en plus présente. Ils sont très sensibilisés aux<br />

enjeux de la transition écologique. Nous effectuons un<br />

travail important avec nos professeurs pour que les<br />

indicateurs de transition soient présents dans toutes<br />

les activités.<br />

La première école vétérinaire privée<br />

En 2022 UniLasalle a créé la première école<br />

vétérinaire privée. Aujourd’hui 55% des<br />

vétérinaires inscrits à l’ordre ont obtenu<br />

leur diplôme à l’étranger. Il y a par exemple<br />

18 écoles vétérinaires en Espagne pour<br />

seulement quatre en France. UniLasalle<br />

militait donc depuis longtemps pour en<br />

créer une cinquième. « En tant qu’EESPIG<br />

nous sommes capables de former à coûts<br />

complets des élèves vétérinaires pour 25K€<br />

par an quand c’est le double dans une école<br />

publique. Nous avons ainsi pu contractualiser<br />

cette formation avec le ministère de<br />

l’Agriculture pour flécher une part des<br />

subventions tout en étant aidé par les<br />

collectivités et par la taxe d’apprentissage »,<br />

commente Philippe Choquet, qui espère<br />

que « beaucoup des jeunes que nous allons<br />

former travaillerons plus tard dans des<br />

zones agricoles. Être un établissement<br />

postbac nous permet justement de recruter<br />

des jeunes dans des lycées ruraux, ce qui<br />

est difficile pour les classes préparatoires ».<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Le Double Diplôme en Droit<br />

à emlyon business school :<br />

le Droit avec exigence et passion !<br />

Proposé exclusivement à nos étudiants issus de classe préparatoire, cette formation allie<br />

l’exigence et la passion au service des métiers juridiques. Les partenaires de la formation,<br />

universitaires et professionnels du droit, ont permis de construire dans le temps des conditions<br />

optimales au service de la réussite professionnelle des étudiants.<br />

Présentation du Double Diplôme<br />

Droit emlyon business school<br />

Dr. Anne TERCINET 1<br />

Quel est l’historique du DD Droit à emlyon ?<br />

Le Double Diplôme Droit a été ouvert l’année académique<br />

2010-2011 en partenariat avec la Faculté de<br />

Droit de l’Université Lumière Lyon II afin de permettre<br />

à nos étudiants issus des CPGE, ayant une appétence<br />

pour le Droit de bénéficier après leur première année<br />

à l’école d’un enseignement juridique les menant à un<br />

double diplôme de droit. Lors de la rentrée 2012, le<br />

Double Diplôme a été renforcé par un partenariat avec<br />

la Faculté de Droit de l’Université Jean Moulin Lyon III<br />

et avec l’Institut de Droit des affaires d’Aix-Marseille<br />

Université. Ces deux Facultés de Droit accueillent,<br />

après une pré-sélection, les meilleurs étudiants sortant<br />

de la L3 Droit directement dans certains de leurs M2<br />

qui ont été ciblés.<br />

Comment s’articule ce DD au sein du Programme<br />

Grande Ecole ?<br />

Cette articulation s’opère en trois étapes. A l’issue de<br />

leur première année les étudiants intéressés, exclusivement<br />

issus des classes préparatoires, postulent<br />

au Double Diplôme Droit. Ils sont sélectionnés sur la<br />

base de leurs résultats, d’une lettre de motivation et<br />

de leur cv afin de s’assurer de leur motivation et d’un<br />

minimum de curiosité pour les métiers du droit ou autres<br />

nécessitant une connaissance juridique.<br />

Les étudiants sélectionnés entrent dans le DD en droit<br />

à partir de leur M1 (année 2 du PGE). Une mise à niveau<br />

en Droit de quatre mois leur permet de suivre les cours<br />

de Droit des contrats, Droit de la responsabilité, Droit<br />

civil spécial, Droit commercial, Méthodologie juridique,<br />

1. Responsable du Double Diplôme Droit emlyon Business<br />

School et Responsable du Département, Droit-Management &<br />

Sciences Sociales<br />

Economie de la concurrence et Droit de la concurrence.<br />

La réussite à ces cours conditionne leur accès à la<br />

L3 de Droit.<br />

La seconde étape du Double Diplôme Droit est l’obtention<br />

de la L3 en Droit. La troisième étape permet aux<br />

meilleurs d’entre eux de poursuivre par un Master 2 en<br />

Droit proposés par les Universités partenaires. Ainsi, à<br />

la rentrée 2022-<strong>2023</strong>, quatorze étudiants sont passés<br />

directement en M2 auprès de nos partenaires. Sept ont<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

titulaires de M1 et M2 en Droit. Cela a forgé sa conviction.<br />

Après sa L3 de Droit, elle a été sélectionnée pour<br />

entrer en M2 de Droit et Fiscalité de l’Entreprise à l’IDA<br />

d’Aix-en-Provence. Elle est maintenant élève avocate<br />

à Paris et en stage à CADJI Avocats.<br />

rejoints l’Université Jean Moulin Lyon III : 4 étudiants en<br />

M2 Restructuration et Traitement des entreprises en<br />

difficulté (ALED) et 5 étudiants en M2 Droit des Affaires<br />

Approfondi. Cinq autres sont partis à Aix-Marseille<br />

Université, à savoir 2 étudiants en M2 Ingénierie des<br />

Sociétés​, 2 étudiants en M2 Distribution Concurrence ​<br />

et 1 étudiant M2 Gouvernance Environnementale et<br />

Sociétale de l’Entreprise. La moitié des Masters 2<br />

proposés par nos partenariats sont en alternance. Les<br />

étudiants qui ne peuvent être pré-sélectionnés en M2,<br />

généralement en raison de leur faiblesse en droit civil,<br />

peuvent être pré-sélectionnés en M1 dans le cadre de<br />

notre partenariat avec la Faculté de Droit de Lyon III.<br />

Par exemple, l’an passé en juin 2022, deux étudiants<br />

ont été pré-sélectionnés et admis au M1 Droit des<br />

Affaires Approfondi de l’Université Lyon III par ce biais​.<br />

Comment s’organise le lien entre les anciens du<br />

Double Diplôme Droit et les nouvelles promotions ?<br />

Il existe un annuaire des anciens fort utile aux étudiants<br />

en cours de formation soit pour des demandes de<br />

conseils soit pour des stages ou des alternances. En<br />

outre, un maillage entre les promotions a été institué<br />

par le biais d’un parrainage de chaque promotion par<br />

une ancienne ou un ancien du Double Diplôme Droit.<br />

Par exemple, la marraine de la Promotion 2020 était<br />

Ghita Ghissassi. A ce titre, elle les accompagne pendant<br />

leurs trois années de DDDroit. Ghita Ghissassi a<br />

intégré le Double Diplôme Droit en 2018, après deux<br />

ans de classe préparatoire au lycée Saint Jean de<br />

Passy. Ayant validé sa L3 brillamment, elle a été sélectionnée<br />

et a directement poursuivi sa formation à<br />

l’IDA – Aix-Marseille Université en Master 2 Distribution<br />

et Concurrence, en suivant en parallèle le DJCE, i-e<br />

diplôme de juriste conseil d’entreprise Le DJCE est<br />

accessible sur dossier après un Master 1, c’est un autre<br />

atout du partenariat. Elle a donné pleine satisfaction<br />

lors de ses stages chez DLA Piper et Allen & Overy<br />

au sein du département Antitrust & Competition et a<br />

réussi dans la foulée l’examen d’entrée au CRFPA de<br />

A quel moment intervient l’examen du CRFPA ?<br />

Le plus souvent dans la foulée de leur M2 en Droit, les<br />

étudiants présentent l’examen d’entrée au CRFPA (Centre<br />

Régional de Formation Professionnelle des Avocats) et<br />

dans leur grande majorité réussissent cet examen. Les<br />

taux de réussites en décembre 2022 sont remarquables<br />

car les 13 étudiants qui l’ont présenté à Paris au sortir<br />

de leur M2 Droit à Lyon III et à Aix-Marseille sont entrés<br />

à l’EFB Paris (Ecole de Formation professionnelle des<br />

Barreaux du ressort de la cour d’appel de Paris), soit<br />

un taux de réussite de 100%. On peut citer l’exemple<br />

de Chloé Tabone. Pendant sa Mise à niveau en droit,<br />

elle s’est passionnée pour la discipline juridique ce<br />

qui lui a fait prendre des fonctions au sein du bureau<br />

de l’association Quid Juris. Par la suite, elle a pris en<br />

charge la création et le développement de la Clinique<br />

Juridique d’emlyon business school. Cela lui a permis<br />

de rencontrer de nombreux étudiants admis sur titres<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Paris en 2020. Depuis juillet 2022, elle est avocate<br />

collaboratrice dans le cabinet d’avocats Bredin Prat.<br />

Cette année le parrain de la promotion <strong>2023</strong> est Erwan<br />

Smith, premier étudiant du DD Droit à réussir l’Ecole<br />

Nationale de la Magistrature (ENM), après avoir réussi<br />

le CRFPA Paris. Il est actuellement à l’ENM.<br />

Une Newsletter semestrielle publiée par la Responsable<br />

du DDDroit permet d’informer les anciens de l’actualité<br />

du Double Diplôme Droit et renforcer le lien.<br />

Existe -t-il un partenariat entreprise dans ce<br />

Double Diplôme ?<br />

J’ai souhaité faciliter le dialogue entre nos étudiants et<br />

la profession d’avocat en signant un partenariat avec<br />

un cabinet d’avocats d’affaires pour trois ans. Par<br />

exemple, depuis le 1 er janvier 2021 jusqu’en décembre<br />

<strong>2023</strong>, le cabinet Bird & Bird est le partenaire du DD<br />

Droit. Un avocat du cabinet parraine chaque promotion<br />

entrante et assure un tutorat auprès de l’étudiant<br />

stagiaire lauréat.<br />

Ce Partenariat comprend trois éléments : Un stage<br />

de trois mois est offert à la ou au major de la L3 Droit,<br />

spécialement dessiné pour ce profil d’étudiant. Ainsi<br />

Maëlle Laroche, également membre de l’association<br />

estudiantine Quid Juris a été stagiaire, lauréate en 2021,<br />

elle a été sélectionnée dans la foulée pour le M2 Droit<br />

des affaires de Lyon III, puis ayant réussi le CRFPA, elle<br />

vient de rejoindre l’EFB. L’an passé, en 2022, Louise<br />

Leroux fut la lauréate. Pré-sélectionnée, elle est actuellement<br />

en M2 Droit des affaires approfondi à Lyon III.<br />

Le partenariat porte également sur la création d’un<br />

événement professionnel à destination des étudiants<br />

du DD Droit et de la communauté des Anciens. Ainsi<br />

le 30 septembre 2022, une conférence a rassemblé<br />

les anciens et les étudiants du DDD pour un moment<br />

de convivialité autour du thème de l’Importance des<br />

Procédures Négociées en droit de la concurrence, en<br />

présence d’Anne Krenzer, Conseillère du Rapporteur<br />

Général de l’Autorité de la Concurrence et Responsable<br />

Clémence et Coopération Européenne.<br />

Quels sont les débouchés ?<br />

Le Double DD forme principalement des avocats d’affaires<br />

qui travaillent dans des cabinets d’avocats prestigieux<br />

comme Allen & Overy, Clifford chance, Deloitte<br />

Freshfields Brukhaus Deringer, Latham & Watkins,<br />

Vogel & Vogel, White & Case, mais aussi des juristes<br />

d’entreprises ou Business Analyst en Restructuring<br />

ou en crédit Restucturation Amiable et depuis peu des<br />

magistrats avec Erwan Smith qui déclarait lors de la<br />

réunion du DD D ce 2 janvier « Lors de mes stages en<br />

cabinet d’avocat et en juridiction, j’ai été attiré par la<br />

dimension à la fois intellectuelle et humaine du métier<br />

de juge. Lauréat du concours de la magistrature en<br />

2022, je m’oriente vers un débouché plus méconnu :<br />

la profession de magistrat. »<br />

Ils travaillent principalement à Paris, Bruxelles, Luxembourg<br />

et parfois Londres.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Comment accroitre la<br />

diversité du recrutement dans<br />

l’enseignement supérieur<br />

La question de la diversité dans les Grandes écoles,<br />

et notamment de management, fait toujours débat.<br />

Aujourd’hui les classes préparatoires se sont largement<br />

ouvertes aux boursiers et jusqu’aux « plus grandes »<br />

des Grandes écoles s’ouvrent de plus en plus.<br />

emlyon BS<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

L’exemple vient d’en haut. A la<br />

rentrée 2022-<strong>2023</strong>, HEC Paris<br />

a vu le taux de ses étudiants<br />

boursiers critère CROUS grimper<br />

de 14,5 à 17,7% par rapport à<br />

2021-2022. Le pourcentage d’étudiants<br />

boursiers soumis aux critères sociaux<br />

de l’école et de la Fondation HEC a lui<br />

bondi de cinq points, passant de 18,6<br />

à 23,7 %. « HEC croit fermement en<br />

l’ascenseur social par l’éducation. Nous<br />

nous investissons depuis plus de 15 ans<br />

en faveur de l’égalité des chances, en<br />

France comme à l’international. HEC a<br />

été la première Ecole à offrir la gratuité<br />

de la scolarité à des étudiants boursiers<br />

ou encore à accorder des bourses dès<br />

la classe prépa. Notre ambition est de<br />

renforcer encore la diversité des talents<br />

français et de faire rimer toujours<br />

davantage excellence académique et<br />

ouverture sociale au sein de notre communauté<br />

étudiante », se félicite Eloïc<br />

Peyrache, doyen et directeur général<br />

d’HEC Paris.<br />

Une hausse qui concerne toute la population<br />

des nouveaux étudiants du<br />

programme Grande Ecole, c’est-à-dire<br />

issus des concours post prépa et en<br />

première année de master dans le cadre<br />

de l’admission sur titre. Elle s’explique<br />

notamment par des actions d’accompagnement<br />

mises en place pour les étudiants<br />

boursiers depuis de nombreuses<br />

années en amont des concours et les<br />

changements de modalités de concours<br />

depuis 2022. HEC Paris s’approche ainsi<br />

de son objectif annoncé d’accueillir 25<br />

% d’étudiants bénéficiaires d’une bourse<br />

sur critères sociaux.<br />

CE QU’A FAIT HEC<br />

Pour parvenir à ce résultat, HEC Paris<br />

a mis en place deux nouveaux dispositifs<br />

pour accroitre sa diversité sociale.<br />

Un principe de « bonification » a en particulier<br />

été mis en place lors des concours<br />

LIRE AUSSI<br />

Grandes écoles : 80 fois<br />

plus de chances d’admission<br />

quand on est enfant<br />

d’ancien diplômé (The<br />

Conversation) : Pour mener<br />

cette étude, la première<br />

étape a été de collecter les<br />

annuaires d’une douzaine<br />

de grandes écoles parmi les<br />

plus prestigieuses, recensant<br />

près de 400 000 diplômés<br />

entre 1886 et 2015, ce qui<br />

représente près d’un Français<br />

sur trois cents sur la période.<br />

Ces données ont ensuite été<br />

appariées aux carrières de<br />

5 528 représentants politiques<br />

et de 42 074 membres de<br />

conseils d’administration.<br />

HEC Paris ne veut toujours pas créer de bachelor ou proposer des formations en<br />

alternance mais n’en avance pas moins sur la voie d’une diversité augmentée<br />

HEC Paris<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

2022 pour les candidats boursiers. Celui-ci<br />

consiste tout d’abord à ajouter 1<br />

point aux résultats obtenus dans chaque<br />

matière, à l’écrit comme à l’oral, pour tous<br />

les étudiants - boursiers comme non<br />

boursiers - passant les concours d’entrée<br />

pour la première fois. Il consiste ensuite<br />

à maintenir cette bonification pour les<br />

étudiants boursiers qui repasseraient le<br />

concours une 2 ème fois car HEC a observé<br />

que les candidats boursiers ont « souvent<br />

besoin d’une année de plus pour révéler<br />

leur plein potentiel. »<br />

Le programme Prep’Etoile* intervient<br />

plus en amont. Créé à destination d’élèves<br />

en 2 ème année de classes préparatoires,<br />

boursiers sur critères sociaux venant<br />

de tout le territoire français, « ayant le<br />

potentiel académique pour viser HEC Paris<br />

mais n’osant pas croire en leur capacité<br />

d’intégrer l’école ». Prep’Etoile* leur propose<br />

d’être accompagnés pendant un an<br />

dans le cadre de nombreuses sessions<br />

de décryptage des épreuves afin de lever<br />

les freins psychologiques que ressentent<br />

de nombreux élèves boursiers. Pour sa<br />

1 ère promotion, 50 % des participants<br />

du programme ont intégré une école de<br />

commerce figurant parmi les meilleures du<br />

classement national (HEC Paris, ESSEC,<br />

ESCP, EDHEC, EM Lyon).<br />

HEC Paris dispose également d’autres<br />

dispositifs visant à favoriser l’égalité des<br />

chances sur son campus qu’il s’agisse de<br />

tutorats et d’accompagnements pluridisciplinaires<br />

pour les préparationnaires ou<br />

de bourses attribuées par la Fondation<br />

HEC dès la classe prépas à de brillants<br />

étudiants bénéficiaires des financements<br />

CROUS. Depuis le lancement de ces initiatives<br />

et grâce à la Fondation HEC,<br />

l’Ecole a ainsi accompagné plus de 4500<br />

élèves de classe préparatoire, dont 1800<br />

élèves en classes préparatoires et 2700<br />

en lycées.<br />

Face à ce bilan très positif, HEC Paris<br />

annonce qu’elle « maintiendra le principe<br />

de bonification pour le concours <strong>2023</strong>,<br />

redoublera d’effort pour accompagner<br />

encore plus d’étudiants en amont et attribuera<br />

à nouveau près de 2 millions<br />

d’euros de bourses aux meilleurs talents<br />

ayant des difficultés financières pour<br />

financer leurs études ».<br />

UN RAPPORT DU GROUPE INSA<br />

Alors que la question de l’enseignement<br />

du changement climatique a pris le pas<br />

sur tous les autres sujets, la publication<br />

du Tome 2 du Livre blanc « Diversités<br />

et ouverture sociale » du Groupe Insa<br />

est là pour souligner tous les efforts qui<br />

restent encore à faire en ce sens dans<br />

l’enseignement supérieur français.<br />

En 1957, la création de l’Insa Lyon répondait<br />

à une promesse : lutter contre l’assignation<br />

sociale en proposant un modèle<br />

en rupture avec les grandes écoles de<br />

l’époque, l’Insa ouvrait le diplôme d’ingénieur<br />

aux jeunes issus de milieux sociaux<br />

modestes et/ ou originaires de territoires<br />

ruraux. Mais aujourd’hui les conclusions<br />

de son Institut Gaston Berger (IGB), service<br />

commun du groupe Insa dédié à<br />

la promotion des diversités, montrent<br />

que le taux de boursiers CROUS sur<br />

critères sociaux au sein des INSA (30,4%<br />

en 2021/22) subit une érosion lente mais<br />

continue (-3,3 points en 6 ans). Comme<br />

l’explique sa directrice, Carole Plossu :<br />

« La seule application du principe de<br />

méritocratie, si profondément ancré dans<br />

LIRE AUSSI<br />

L’entrée en master creuse<br />

les inégalités sociales (Le<br />

Monde) : Si l’université<br />

est socialement ouverte<br />

en licence, cette diversité<br />

tend à s’amenuiser au fil<br />

des années, en particulier<br />

au moment de la sélection<br />

pour le passage en M1.<br />

En recourant très largement<br />

à l’apprentissage Montpellier<br />

BS s’est posée comme un<br />

modèle de diversité sociale<br />

Montpellier BS<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

notre société et notre système éducatif,<br />

n’est pas en capacité de garantir l’égalité<br />

des chances pour chaque jeune, quelle<br />

que soit son origine sociale, culturelle<br />

ou territoriale ».<br />

Le document se concentre donc sur<br />

des préconisations d’actions utiles à<br />

tout l’enseignement supérieur comme le<br />

souligne Bertrand Raquet, président du<br />

Groupe Insa et directeur de l’Insa Toulouse<br />

: « Avec le concours de l’ensemble<br />

du système éducatif, nous appelons<br />

aujourd’hui à de nouvelles pratiques<br />

pour accompagner des collèges et des<br />

lycées prioritaires mais aussi les jeunes<br />

au potentiel non révélé par un environnement<br />

défavorable ».<br />

alternatives sont envisageables. Ainsi,<br />

il pourrait être possible d’introduire des<br />

points de bonification pour les élèves<br />

boursiers de lycée voire – s’il est possible<br />

d’obtenir les données nécessaires<br />

via Parcoursup et que la loi française le<br />

permette – pour les élèves dont les responsables<br />

légaux sont de PCS moyenne<br />

ou défavorisée et/ou pour les élèves dits<br />

« de première génération » (c’est-à-dire<br />

dont les responsables légaux ne sont pas<br />

diplômés de l’enseignement supérieur).<br />

Une idée qui, on s’en souvient, a finalement<br />

été abandonnée par le groupe de<br />

Grandes écoles réunis par Frédérique<br />

Vidal en raison de la difficulté de sa mise<br />

en œuvre.<br />

L’Essec a été pionnière<br />

dans le développement des<br />

« Cordées de la réussite »<br />

COMMENT FAIRE ÉVOLUER LE<br />

PROCESSUS DE RECRUTEMENT ?<br />

C’est la partie la plus engageante du rapport<br />

des Insa et, généralement, celle sur<br />

laquelle les initiatives achoppent ou sont<br />

réduites à la portion congrue. Les experts<br />

du groupe Insa proposent par exemple de<br />

« réévaluer les matières considérées ainsi<br />

que leur pondération selon leurs effets<br />

plus ou moins discriminants pour les<br />

élèves boursiers et/ ou de PCS défavorisée<br />

ainsi que pour les jeunes femmes ».<br />

Expérimenter des modalités différentes<br />

d’entretien est une possibilité qui « mérite<br />

également d’être étudiée ». Par exemple,<br />

les entretiens individuels pourraient être<br />

complétés par une étape collective basée<br />

sur une réalisation en groupe, suivie d’une<br />

restitution individuelle ou collective de<br />

la production.<br />

Pour le recrutement en 1 ère année – les<br />

Insa recrutent après le bac -, le Groupe<br />

INSA pourrait « gérer lui-même la remontée<br />

des boursiers du secondaire dans<br />

le classement final ». Il pourrait même<br />

envisager d’aller au-delà du taux minimum<br />

de boursiers du secondaire fixé par la<br />

loi relative à l’Orientation et à la Réussite<br />

Étudiante (le taux de boursiers de lycée<br />

déclarés admissibles doit être supérieur<br />

de 2 points à leur pourcentage parmi<br />

les candidats). Pour ce faire plusieurs<br />

Essec BS<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Une autre possibilité serait de procéder,<br />

pour chaque matière, à une harmonisation<br />

des notes de la population des boursiers<br />

et de celle des non boursiers en ramenant<br />

les moyennes et les écarts-types de ces<br />

deux populations aux mêmes valeurs. Il<br />

faudrait alors « étudier l’impact de cette<br />

harmonisation sur le classement afin<br />

de vérifier que cette mesure suffirait à<br />

respecter les attendus ».<br />

Enfin, une mesure qui pourrait être complémentaire<br />

serait de prendre en compte<br />

l’environnement des élèves scolarisés<br />

dans des lycées moins favorables à la<br />

réussite scolaire via l’indice de position<br />

sociale (IPS) du lycée d’origine (donnée<br />

non disponible à l’heure actuelle au niveau<br />

national) ou via le taux de réussite attendu<br />

au baccalauréat. L’idée des auteurs du<br />

raport serait d’accorder des « points<br />

complémentaires d’environnement scolaire<br />

», modulés en fonction de l’IPS et/ou<br />

du taux attendu de réussite au baccalauréat<br />

de l’établissement d’origine : plus<br />

ces indicateurs seraient faibles, plus le<br />

nombre de points accordé serait élevé.<br />

suscitent des questionnements et des<br />

réticences ». De nombreux contributeurs<br />

évoquent leur « crainte d’une perte<br />

d’excellence et/ou d’une augmentation<br />

des taux d’échec ». Ce type de mesure<br />

peut également être considéré comme<br />

« injuste car allant trop frontalement à<br />

l’encontre du principe méritocratique ».<br />

En France, aucune école n’a publiquement<br />

enclenché ces politiques dans le<br />

cadre de leur recrutement principal. En<br />

revanche, certaines, comme Sciences<br />

Po Paris, allouent un certain nombre de<br />

places réservées à des élèves issus d’une<br />

« convention d’éducation prioritaire »,<br />

qui constituent alors un autre vivier de<br />

recrutement.<br />

Les auteurs du rapport préconisent<br />

également la mise en place d’un nouveau<br />

dispositif porté à l’échelle nationale par<br />

le Groupe INSA, qui pourrait prendre la<br />

forme d’une voie spécifique d’admission<br />

réservée à des élèves originaires de<br />

milieux sociaux moins favorisés issus<br />

de lycées partenaires ciblés sur des<br />

critères sociaux et territoriaux.<br />

FAUT-IL METTRE EN PLACE DES<br />

QUOTAS ?<br />

La mise en place d’une politique de quotas<br />

(autre que celle, nationale, qui concerne<br />

les boursiers de lycée) est également<br />

évoquée dans le rapport du Groupe Insa.<br />

Par exemple, il pourrait être établi une<br />

règle selon laquelle la répartition sociale<br />

des candidats convoqués à l’entretien<br />

soit équivalente à celle de l’ensemble<br />

des candidats : si les enfants d’ouvriers<br />

et d’employés constituent 10 % des candidats,<br />

alors ils devraient également représenter<br />

10 % des candidats convoqués<br />

à l’entretien, quel que soit leur rang dans<br />

le classement sur dossier scolaire. Pour<br />

aller plus loin dans cette démarche, il<br />

pourrait être envisagé d’appliquer cette<br />

politique aux admissions, la répartition<br />

sociale des admis devant alors refléter<br />

celle des candidats.<br />

Néanmoins, le experts admettent que<br />

ces « politiques restent très clivantes et<br />

COMMENT SÉLECTIONNER LES<br />

LYCÉES CIBLES ?<br />

Dans le même esprit que Sciences Po, le<br />

groupe Insa entend effectuer une sélection<br />

de collèges et lycées dans lesquels<br />

elle recrutera de nouveaux étudiants. Les<br />

auteurs du rapport recommandent de<br />

cibler uniquement des établissements<br />

du secteur public, en raison de la « forte<br />

disparité de composition sociale » (à la<br />

rentrée 2021, les élèves d’origine sociale<br />

défavorisée constituent 40,2% des effectifs<br />

dans les collèges publics contre 16,7%<br />

dans un établissement privé sous contrat).<br />

Mais seulement 66 lycées accueillant des<br />

filières générales et technologiques sont<br />

implantés dans des quartiers prioritaires<br />

de la ville (QPV). Mais de nombreux autres<br />

lycées se situent à proximité des QPV et<br />

scolarisent une forte proportion d’élèves<br />

résidant dans ces quartiers.<br />

Un autre indicateur majeur pourrait être<br />

retenu pour le ciblage des lycées : l’indice<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

de valeur ajoutée (IVAL). Il sert à appréhender<br />

la façon dont les établissements<br />

accompagnent leurs élèves de la seconde<br />

à l’obtention du baccalauréat et est utilisé<br />

pour réaliser les classements des lycées.<br />

De plus les « taux attendus » peuvent<br />

révéler des éléments précieux sur la<br />

composition sociale du lycée : plus ce taux<br />

attendu est faible, moins la population<br />

scolarisée est socialement favorisée.<br />

In fine ce sont 3007 collèges et 515 lycées<br />

qui répondent aux critères définis. Un<br />

tiers d’entre eux seraient ciblés en raison<br />

de leurs caractéristiques sociales, les<br />

deux tiers restant en raison de leurs<br />

caractéristiques territoriales.<br />

GÉNÉRALISER LE TUTORAT<br />

Des actions de tutorat s’adresseraient<br />

aux élèves de la quatrième à la terminale,<br />

scolarisés dans les établissements cibles<br />

du Groupe INSA. Pour les collégiens et en<br />

classe de seconde, il s’agirait de privilégier<br />

les tutorats collectifs pour toucher plus<br />

d’élèves et susciter une dynamique de<br />

groupe. En binôme, deux étudiants INSA<br />

organiseraient des séances de tutorat<br />

pour un groupe de six à huit élèves.<br />

Chaque binôme serait chargé d’animer<br />

les séances, à une fréquence à définir<br />

mais a minima à raison de deux par mois.<br />

En fonction du lieu de scolarisation des<br />

élèves, le dispositif serait mis en place<br />

en présentiel ou en distanciel, avec néanmoins<br />

un déplacement sur place des<br />

tuteurs au moins trois fois dans l’année<br />

Un indice pour mesurer la<br />

diversité et l’inclusivité des<br />

Grandes écoles<br />

Mixity c’est une entreprise et une plateforme<br />

qui permettent aux entreprises de mesurer<br />

leur diversité et leur inclusion (D&I).<br />

Aujourd’hui elle passe du monde du travail<br />

à celui de la formation. Comme l’explique<br />

Sandrine Charpentier, sa directrice<br />

générale « plusieurs grandes écoles nous<br />

ont sollicité pour calculer leur engagement<br />

dans la diversité mais nous n’avions<br />

pas de solution technique pour évaluer<br />

toutes les dimensions d’un établissement<br />

d’enseignement supérieur. Avec notre<br />

partenaire, Montpellier BS, nous avons<br />

travaillé ensemble pour faire éclore une<br />

solution ». Que plébiscite la , ministre de<br />

l’Egalite entre les femmes et les hommes,<br />

de la Diversité et de l’Egalite des chances,<br />

Isabelle Rome: « Nous devons mettre en<br />

place des dispositifs incitatifs car l’égalité<br />

ne va pas de soi. Et il faut tout calculer car<br />

ce qu’on ne calcule pas n’existe pas ».<br />

Mixity Campus repose sur l’évaluation 360°<br />

des données et processus « Diversité &<br />

Inclusion » des établissements, basée<br />

sur un algorithme d’analyse automatique<br />

des données. Celui-ci est complété par<br />

l’expertise des équipes Mixity pour restituer<br />

une empreinte sociale de l’établissement<br />

et des scores de maturité portant sur<br />

les 5 dimensions majeures de la diversité<br />

et de l’inclusion : Genre, Handicap,<br />

Multiculturel, Multigénérationnel, LGBT+.<br />

L’analyse complète s’effectue ensuite à<br />

partir de deux solutions complémentaires :<br />

Mixity Enterprise Campus (avec des<br />

caractéristiques telles que l’âge, les<br />

diplômes, l’origine géographique, le genre,<br />

le handicap... associés à l’évaluation de<br />

dispositifs et processus D&I en place dans<br />

l’organisation) et Mixity Human Campus :<br />

sondage des employés, enseignants<br />

et étudiants (f/h/nb) sur la perception<br />

de la diversité et de l’inclusion dans les<br />

établissements. A MBS par exemple<br />

la maturité des collaborateurs sur ces<br />

cinq questions est de 80% quand elle<br />

est de 62% chez ses étudiants. S’il a<br />

été créé pour les écoles « l’outil pourrait<br />

s’appliquer aussi aux universités avec la<br />

limite posée par les différences majeures<br />

dans le recrutement des personnels »,<br />

explique Sandrine Charpentier.<br />

C’est pour son engagement en faveur de la<br />

diversité et de l’inclusion mais aussi pour ses<br />

travaux de recherche autour du management<br />

inclusive que Montpellier Business School,<br />

et sa chaire MIND, ont été choisies par<br />

Mixity comme partenaires principaux dans<br />

le développement de l’outil Mixity Campus.<br />

« MBS a participé au programme pilote<br />

de Mixity Campus afin de contribuer à la<br />

co-construction du référentiel numérique<br />

d’évaluation qui porte sur plus de 100<br />

critères D&I et avec l’engagement de<br />

réaliser une première évaluation pilote<br />

en y associant ses parties prenantes :<br />

collaborateurs, enseignants, étudiants »,<br />

détaille Philippe Michaud, directeur<br />

Ressources humaines, diversité et RSE<br />

de MBS quand Bruno Ducasse,, directeur<br />

général de MBS insiste : « Notre ambition,<br />

c’est d’incarner l’école de l’inclusion. Nous<br />

essayons de progresser en permanence sur<br />

toutes les dimensions de l’inclusion, tout en<br />

conservant une exigence académique digne<br />

des Grandes Écoles internationales. C’est un<br />

chemin long et difficile : Mixity sera un outil<br />

supplémentaire pour mesurer nos progrès ».<br />

L’outil fonctionne sur un abonnement<br />

payant, à un tarif différencié selon la taille des<br />

établissements, renouvelable chaque année.<br />

La scolarité est gratuite<br />

pour tous les étudiants<br />

boursiers Crous (échelons<br />

de 4 à 7) du Programme<br />

Grande école de l’ESCP<br />

ESCP BS<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

(dont un en début d’année scolaire).<br />

Pour cela il faudrait mobiliser un grand<br />

nombre d’étudiants (aujourd’hui seulement<br />

1,5% environ des effectifs INSA<br />

s’engage volontairement). Pour ce faire,<br />

il est « primordial de reconnaître et de<br />

valoriser institutionnellement l’engagement<br />

des tuteurs (dans le cadre de la loi<br />

n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à<br />

l’égalité et à la citoyenneté et de la circulaire<br />

du 23 février 2022 portant sur<br />

« [l’]engagement, [l’]encouragement et<br />

[le] soutien aux initiatives étudiantes au<br />

sein des établissements d’enseignement<br />

supérieur sous tutelle du MESR ». Cette<br />

reconnaissance passe par une formation<br />

des tuteurs puis par l’évaluation des<br />

compétences transversales acquises<br />

lors de leur pratique du tutorat.<br />

AGIR SUR LA RÉUSSITE<br />

SCOLAIRE<br />

Un dernier volet d’actions préconisé<br />

par les auteurs du rapport concerne<br />

plus directement la réussite scolaire<br />

des jeunes collégiens et lycéens ainsi<br />

que leur préparation à l’enseignement<br />

supérieur. Alors que les actions menées<br />

dans le cadre institutionnel des<br />

Cordées de la réussite ne peuvent en<br />

principe pas inclure de dispositifs de<br />

soutien scolaire. Pour autant, il semble<br />

nécessaire « d’agir plus directement sur<br />

ces inégalités d’acquis ». Par exemple en<br />

organisant des temps d’étude supervisés<br />

par des étudiants des Insa, en lien avec<br />

les services de vie scolaire (et notamment<br />

les assistants d’éducation) dans<br />

les espaces dédiés au travail scolaire<br />

(salles d’études, centres de documentation<br />

et d’information, etc.). Ces actions<br />

pourraient être intégrées aux dispositifs<br />

existants tels « Devoirs faits » dans les<br />

collèges ciblés et/ou dans les lycées<br />

disposant d’un « Internat d’excellence ».<br />

Une autre option serait d’organiser ces<br />

temps de soutien scolaire dans les Insa<br />

ou dans les bibliothèques universitaires<br />

afin de faciliter également la découverte<br />

des campus et susciter une mobilité physique.<br />

Pour les établissements éloignés<br />

géographiquement, il faudrait travailler<br />

à l’élaboration d’outils numériques utilisables<br />

à distance pour poursuivre ces<br />

mêmes objectifs.<br />

Enfin la question de l’orientation pourrait<br />

passer par la mise en place d’ateliers<br />

pour faire connaître aux élèves les sites<br />

et ressources dédiées à l’orientation et<br />

pour les accompagner individuellement<br />

dans leur utilisation, en lien avec les<br />

psychologues de l’Éducation Nationale,<br />

les professeurs principaux et les associations<br />

dédiées.<br />

Au total un rapport passionnant, véritable<br />

« boite à outils » du développement de la<br />

diversité dans l’enseignement supérieur…<br />

Et après une classe<br />

préparatoire ?<br />

Concernant le recrutement<br />

en classe préparatoire en<br />

3 ème année, le groupe Insa<br />

estime qu’il serait possible<br />

« d’introduire des points<br />

bonus pour les boursiers<br />

CROUS en fonction de<br />

leur échelon de bourse de<br />

l’année précédente ».<br />

L’EDHEC a renforcé son<br />

engagement en faveur<br />

de l’égalité des chances<br />

en inaugurant en 2022 la<br />

première édition de Talents<br />

<strong>Prépas</strong>, un programme<br />

d’accompagnement destiné<br />

à favoriser la réussite<br />

d’étudiants boursiers en classe<br />

préparatoire aux concours des<br />

grandes écoles de commerce<br />

EDHEC BS<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Qui sont les jeunes qui<br />

arrivent sur le marché du<br />

travail ?<br />

78% ont un bac, 47% sont diplômés de<br />

l’enseignement supérieur alors que les nondiplômés<br />

représentent 12% des sortants<br />

(plus de 90 000 jeunes !), le Céreq trace le<br />

portrait des 746 000 jeunes ayant quitté<br />

le système éducatif en 2017 dans l’édition<br />

finale de son Enquête Génération. Une<br />

génération très particulière en comparaison<br />

avec les jeunes de la cohorte précédente.<br />

Les jeunes de la Génération 2017 ont<br />

en effet abordé leur vie professionnelle<br />

dans un contexte économique favorable,<br />

marqué par la décroissance du chômage.<br />

Mais cette conjoncture favorable<br />

s’interrompt à l’arrivée de l’épidémie de la<br />

Covid-19 au milieu de la troisième année<br />

qui suit leur entrée dans la vie active.<br />

Près de 60% de la Génération 2017<br />

(environ 440 000 jeunes) ont poursuivi<br />

leurs études au-delà du baccalauréat ;<br />

parmi eux, 97 000 ont échoué. 53%<br />

des femmes détiennent un diplôme de<br />

l’enseignement supérieur à la fin de leurs<br />

études contre seulement 41% des hommes.<br />

Le taux de diplomation parmi les<br />

sortants de l’enseignement supérieur<br />

reste stable en avoisinant les 80%.<br />

Parmi les jeunes qui quittent l’enseignement<br />

supérieur sans y avoir obtenu de diplôme,<br />

la part des bacheliers professionnels est<br />

de 23 %, alors qu’ils représentent 12 % de<br />

l’ensemble des sortants du supérieur.<br />

L’origine socioculturelle des jeunes influe<br />

bien sûr sur leur niveau d’études final. Ainsi,<br />

parmi les non-diplômés, 9% ont une mère<br />

cadre pour 47% des jeunes ayant atteint<br />

le niveau doctorat. Le lieu de résidence<br />

est aussi révélateur d’inégalités scolaires.<br />

Au moment de leur sortie du système<br />

éducatif, 9% des jeunes résidaient dans<br />

un quartier prioritaire de la politique de la<br />

ville (QPV). Cette proportion est deux fois<br />

plus élevée parmi les non- diplômés (21%).<br />

Les écarts en matière de niveau de diplôme<br />

entre les jeunes issus de l’immigration et<br />

ceux dont les deux parents sont nés en<br />

France n’atteignent pas ceux observés selon<br />

l’origine sociale. Alors qu’ils forment 13% de<br />

la génération, s’ils sont surreprésentés parmi<br />

les non-diplômés (18%) et les bacheliers<br />

technologiques et professionnels, ils sont<br />

également présents aux niveaux les plus<br />

élevés de la hiérarchie des diplômes, et<br />

notamment dans les écoles de commerce<br />

où ils représentent 16% des diplômés.<br />

38% de ces jeunes ont séjourné à<br />

l’étranger pendant leurs études dans<br />

l’enseignement secondaire ou supérieur<br />

(hors vacances et activités de loisirs). Les<br />

non-diplômés et les diplômés d’un CAP-BEP<br />

ou autre diplôme de niveau 3 sont les moins<br />

concernés (18%), à l’inverse des diplômés<br />

d’écoles de commerce et d’ingénieurs<br />

(81%). Les diplômés de niveau bac+5 et<br />

les docteurs se distinguent car leur séjour<br />

est relativement long (3 mois ou plus pour<br />

67% d’entre eux) et a plus souvent un<br />

motif d’études (56%) ou de stage (25%).<br />

90 % des jeunes ont eu au moins<br />

une source de financement durant<br />

leurs études et plus de la moitié d’entre<br />

eux ont pu en obtenir au moins deux. La<br />

famille représente la première source d’aide<br />

financière déclarent 58% des jeunes qui,<br />

à 72 %, ont également eu recours à des<br />

financements complémentaires. Les aides<br />

sociales, telles que les bourses attribuées<br />

sur critères sociaux, constituent une source<br />

de financement pour 29% d’entre eux<br />

quand ils sont 27% à avoir occupé un emploi<br />

rémunéré. Parmi ces derniers, 52% ont eu<br />

un emploi régulier (13 % de la Génération)<br />

et sont majoritairement des diplômés du<br />

supérieur. 44 % considèrent que cette<br />

expérience de travail a perturbé leur cursus.<br />

Les jeunes entrant sur le marché<br />

du travail après une formation par<br />

alternance représentent 24 % de la<br />

Génération 2017, dans le secondaire comme<br />

dans le supérieur (dont les trois quart en<br />

apprentissage). Avec un avantage certain<br />

vis-à-vis de l’emploi : en octobre 2020,<br />

80% des jeunes formés en alternance<br />

occupent un emploi contre 69% des autres.<br />

Ils sont également mieux rémunérés (de<br />

l’ordre de 105€ de plus par mois) et encore<br />

plus parmi les diplômés d’un cycle long<br />

de l’enseignement supérieur : + 200 €.<br />

Après trois années sur le marché<br />

du travail, le taux d’emploi des jeunes<br />

est de 71% et leur taux de chômage de<br />

20%. En légère progression, 33% des<br />

premières embauches sont réalisées<br />

sous contrat à durée indéterminée<br />

ou sous statut de fonctionnaire alors<br />

que 24% sont à temps partiel.<br />

À l’issue du premier confinement, les jeunes<br />

bénéficient du rebond économique de l’été<br />

2020 et sont sensiblement moins souvent au<br />

chômage (-2 points) et davantage en EDI que<br />

leurs aînés de la Génération 2013 (71% contre<br />

62%). La part d’emploi en EDI passe ainsi<br />

de 82% à 86% pour les diplômés de bac+5<br />

et de 37% à 52% pour les non-diplômés.<br />

Au cours des trois premières années qui ont<br />

suivi leur sortie du système éducatif,<br />

90 % des jeunes de la Génération<br />

2017 ont occupé au moins un emploi ;<br />

76 % après seulement six mois.<br />

Tous niveaux confondus, femmes et<br />

hommes ont sensiblement les mêmes types<br />

de trajectoires en début de vie active. Les<br />

deux accèdent plus ou moins rapidement<br />

à l’emploi à durée indéterminée (EDI) dans<br />

les mêmes proportions (45 %), tandis que<br />

15 % des femmes et 18 % des hommes<br />

demeurent aux marges de l’emploi.<br />

En revanche, on observe des écarts au<br />

sein de chaque grand niveau de diplôme.<br />

Parmi les non-diplômés, si 44% des<br />

jeunes hommes restent aux marges<br />

de l’emploi, c’est le cas de 51% de leurs<br />

homologues féminines. Parmi les diplômés<br />

de l’enseignement supérieur long, 73%<br />

des hommes ont des parcours marqués<br />

par l’EDI, pour 65% des femmes.<br />

Selon leur région de formation,<br />

les jeunes connaissent des conditions<br />

d’insertion contrastées. Parmi ceux<br />

ayant terminé leurs études en Provence-<br />

Alpes-Côte d’Azur et Corse ou dans les<br />

Hauts-de-France, un sur quatre est au<br />

chômage après trois ans de vie active.<br />

Dans les départements et régions<br />

d’Outre-mer, un jeune sur deux.<br />

Quand l’école est finie. Premiers<br />

pas dans la vie active de la Génération<br />

2017 , Céreq Enquêtes, n° 3, 2022,<br />

106 p. Le Bayon Flavie (Coord.),<br />

Dabet Gaëlle (Coord.), Joseph Olivier<br />

(Coord.), Olaria Manon (Coord.).<br />

L’enquête Génération 2017 sera désormais<br />

quadriennale et non plus triennale avec une<br />

première interrogation trois ans après la<br />

sortie du système éducatif puis à nouveau<br />

trois ans plus tard. Nouveauté également :<br />

les jeunes peuvent maintenant répondre<br />

seuls sur internet, par ordinateur ou<br />

smartphone, en plus du téléphone. Enfin,<br />

le champ de l’enquête a été légèrement<br />

modifié. Les contrats de professionnalisation<br />

sont ainsi considérés comme faisant<br />

partie de la formation initiale, au même<br />

titre que l’apprentissage ; les années<br />

de césure devenues fréquentes dans<br />

l’enseignement supérieur y sont également<br />

comprises ; les jeunes résidant à l’étranger<br />

au moment de l’enquête sont interrogés.<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Christian Guellerin<br />

DIRECTEUR DE L’ÉCOLE DE DESIGN NANTES ATLANTIQUE<br />

« Le design est une discipline stratégique<br />

et de management »<br />

Créée il y a trente ans, L’École de Design<br />

Nantes Atlantique est aujourd’hui<br />

considérée comme l’une des toutes<br />

meilleures écoles de design françaises.<br />

Elle dispense principalement aujourd’hui<br />

un diplôme de design en cinq ans et<br />

quatre DNMADE (diplôme national des<br />

métiers d’art et du design). Son directeur<br />

depuis 1998, Christian Guellerin, revient<br />

avec nous sur son histoire alors qu’elle<br />

s’est installée cet automne dans un tout<br />

nouveau bâtiment.<br />

Olivier Rollot : L’École de Design Nantes<br />

Atlantique a acquis aujourd’hui ses lettres<br />

de noblesse. Racontez-nous un peu son<br />

histoire. Et la vôtre puisqu’elles vont de pair<br />

depuis presque 25 ans.<br />

Christian Guellerin : Il y a trente ans c’était sur une<br />

initiative privée qu’a été créé un atelier d’arts appliqués.<br />

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes St<br />

Nazaire en a ensuite repris la gestion tout en gardant sa<br />

structure associative. De mon côté, j’avais créé pour<br />

cette même CCI une école de commerce en 3 ans, l’Ipac,<br />

qui est aujourd’hui un bachelor d’Audencia. Quand la<br />

CCI a repris la gestion de l’école elle m’a demandé de<br />

prendre la direction de l’école pour voir si son projet<br />

était viable.<br />

A l’époque je ne connaissais rien à l’art ni au design<br />

mais j’ai tout de suite été séduit. C’était en fait l’école<br />

de management dont j’aurais rêvé, mêlant matériaux,<br />

graphisme, marketing, philosophie, etc. En quelque<br />

sorte une école de management de projet mais dans<br />

une culture propre aux arts appliqués qui se méfiait des<br />

entreprises. Mais comme je n’y connaissais rien je me<br />

suis sciemment assis sur ces préjugés pour affirmer<br />

que le principal objectif était l’insertion professionnelle<br />

des élèves. C’était inattaquable et cela changeait tout.<br />

Aujourd’hui nous avons plus de 100 partenariats avec<br />

des entreprises chaque année sur des problématiques<br />

d’innovation. Nous nous sommes d’ailleurs lancés dès<br />

2002 dans le digital en créant la première formation<br />

française au design digital. C’était dans un autre bâtiment<br />

et avec une autre équipe tant la discipline était<br />

encore inconnue.<br />

En 30 ans nous sommes ainsi passés de 70 à 1 800<br />

étudiants. Nous avons été la première école de design<br />

privée à obtenir le grade de Master du ministère de<br />

l’Enseignement supérieur et de la recherche tout en<br />

devenant un établissement d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général (EESPIG).<br />

O. R : L’École de Design Nantes-Atlantique<br />

a-t-elle aussi une dimension internationale ?<br />

C. G : Notre internationalisation c’est la deuxième grande<br />

rupture de l’école après la professionnalisation. Avec<br />

350 écoles de design dans le monde nous avons fondé<br />

l’association Cumulus que j’ai présidé de 2007 à 2013.<br />

J’y ai apporté un discours décomplexant les relations<br />

à l’entreprise et à la valeur ajoutée. Personne ne parlait<br />

de produits qu’il fallait vendre avant moi !<br />

Pour nos étudiants nous trouvons salutaire qu’ils passent<br />

les deux dernières années de leur cursus à l’international.<br />

Je voulais qu’ils vivent une vraie expérience<br />

d’expatriation et nous l’avons d’abord rendu possible<br />

à Shanghai. Depuis nous avons conclu des accords<br />

semblables avec des écoles en Inde - à Bangalore,<br />

Dehli, puis enfin Pune – puis à Sao Paulo depuis 8 ans<br />

25<br />

Les projets de<br />

fin d’études<br />

En fin de cursus les étudiants<br />

du diplôme de design de<br />

L’École de design Nantes<br />

Atlantique s’attellent à leur<br />

projet de fin d’études tout<br />

en réalisant leur cursus<br />

en apprentissage. Emma<br />

travaille par exemple sur<br />

les questions d’accès des<br />

étudiants souffrant de<br />

surdité tout en travaillant<br />

au Conseil Régional à<br />

l’aménagement végétal des<br />

espaces de travail. Elle est<br />

suivie dans la réalisation<br />

de son projet par un tuteur,<br />

lui-même diplômé de l’école,<br />

qui la voit une demi-journée<br />

tous les quinze jours.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

L’École de Design Nantes Atlantique s’est implantée à la rentrée<br />

2022 dans des locaux d’une qualité exceptionnelle.<br />

et enfin Montréal. Au Canada cela s’est d’ailleurs révélé<br />

plus compliqué en raison du grand académisme des<br />

universités. Nous sommes donc allés rencontrer un<br />

centre d’incubation – le Centech - pour interagir avec<br />

des start-up locales qui prennent nos étudiants en<br />

stage et leur permettent d’occuper immédiatement<br />

des positions stratégiques.<br />

Ce n’est pas obligatoire mais tous nos étudiants peuvent<br />

ainsi partir passer deux ans à l’international. Placer<br />

pendant deux ans 40 étudiants à Shanghai nous a<br />

également donné une notoriété mondiale. Il faut aller<br />

dans ces villes monde et des pays naguère émergents<br />

pour comprendre que le centre de gravité géopolitique et<br />

économique de la planète va considérablement évoluer.<br />

O. R : Qu’apportent vos étudiants aux<br />

entreprises avec lesquelles l’école est<br />

partenaire ?<br />

C. G : Les entreprises ont tendance à reproduire les<br />

mêmes modèles. Nous sommes là pour les mener vers<br />

des chemins de traverse. Au-delà de ce qui est beau<br />

nous travaillons sur la façon dont nous allons vivre<br />

demain. Le design est une discipline de représentation<br />

de la façon dont on va vivre demain. Nous avons<br />

évangélisé beaucoup d’entreprises en leur montrant<br />

l’effet moteur qu’a le design sur l’économie.<br />

O. R : Comment organisez-vous vos<br />

différents cursus ?<br />

C. G : Le diplôme de design est divisé en deux parties :<br />

d’abord un cycle bachelor en 3 ans, qui commence par<br />

une année commune suivie de deux années de spécialisations<br />

en UI/UX Design, graphisme, etc., puis un<br />

cycle master de deux ans. Pendant ces deux dernières<br />

années on peut partir à l’international ou se spécialiser<br />

dans cinq grands domaines : Care design, City, Digital,<br />

Food design ou Media design, qui sont cinq grandes<br />

thématiques sociétales déterminantes pour réfléchir<br />

et bâtir le monde de demain. Trois années pour apprendre<br />

un métier puis deux années de management<br />

de projet pour prendre plus de recul au sein d’équipes<br />

pluridisciplinaires.<br />

Nous sommes également la seule école privée habilitée<br />

à délivrer des DNMADE en trois ans divisés en deux<br />

années scolaires suivies d’une année en apprentissage.<br />

Enfin nous dispenserons à la rentrée <strong>2023</strong> avec Audencia<br />

un tout nouveau Bachelor commun en Management de<br />

Projet Design et Communication.<br />

O. R : Dans quelle logique avez-vous<br />

construit ces cursus ?<br />

C. G : Je voulais casser la logique des arts appliqués.<br />

Le design est une discipline stratégique et de management.<br />

Le designer réunit autour d’une table des<br />

ingénieurs, des sociologues, etc. pour les faire travailler<br />

ensemble. Il faut réfléchir aux grandes problématiques<br />

sociétales autour d’un écosystème recherche. C’est<br />

dans cet esprit que nous avons construit nos labs. Le<br />

Design Lab étudie par exemple les rapports hommes<br />

/ machines. Qu’est-ce qu’être humain quand les robots<br />

sont intelligents ? Dans le Food Design Lab, nous réflé-<br />

26<br />

Le Care Design Lab<br />

Santé, solidarité et design<br />

public, le Care Design<br />

Lab de L’École de design<br />

Nantes Atlantique se<br />

consacre principalement à<br />

ces trois dimensions. « Avec<br />

des hôpitaux de Tours et<br />

Angers nous travaillons par<br />

exemple à la création de<br />

chambres innovantes pour<br />

une meilleure occupation<br />

des seniors », explique la<br />

directrice du lab, Clémence<br />

Montagne, qui optimise<br />

également la coordination<br />

entre la médecine de ville<br />

et la médecine hospitalière.<br />

Une chaire de recherche sur<br />

les Nouveaux seniors vient<br />

également d’être signée<br />

avec le Crédit Agricole<br />

Atlantique Vendée.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

L’Ecole de Design Nantes Atlantique<br />

Des espaces de travail multiples accueillent les étudiants pour travailler en mode projet<br />

chissons à ce que sera manger demain. Dans le City<br />

Design Lab aux modalités d’aménagements urbains. Le<br />

Care Design Lab a contribué à la construction d’une<br />

chambre connectée pour les malades d’Alzheimer avec<br />

le CHU de Nantes.<br />

faudrait encore qu’ils puissent s’élever plus haut dans<br />

la hiérarchie. On voit trop encore le côté créatif comme<br />

en marge de la hiérarchie dans les entreprises françaises.<br />

Or un designer peut très bien occuper d’autres<br />

fonctions. Par exemple être directeur marketing.<br />

Des ateliers<br />

C’est sans doute l’aspect le<br />

plus étonnant des locaux<br />

de l’école. Elle possède<br />

d’immenses ateliers dans<br />

lesquels les étudiants<br />

peuvent prototyper leurs<br />

projets. « Tous nos étudiants<br />

découvrent les différentes<br />

formes de design et<br />

viennent dans nos ateliers »,<br />

explique Claire Camisoli,<br />

monitrice au sein de l’atelier<br />

maquette de l’école.<br />

Nous sommes également partenaires des Arts et Métiers<br />

pour un master de recherche, de Polytech Nantes sur<br />

les objets connectés, de l’Ecole vétérinaire, d’Audencia,<br />

de Sciences-Po… Nous sommes par ailleurs associés<br />

à Nantes Université avec qui nous collaborons sur<br />

plusieurs thématiques de recherche.<br />

O. R : Combien coûte le cursus de<br />

design ? Peut-on suivre son cursus en<br />

apprentissage ?<br />

C. G : Chaque année coûte aux étudiants 7900€. Et<br />

l’apprentissage fonctionne très bien avec de 300 à 400<br />

apprentis dès la 3 ème année.<br />

O. R : A l’issue de leur diplôme les designers<br />

s’intègrent-ils dans les entreprises<br />

en France à un niveau que vous jugez<br />

satisfaisant ?<br />

C. G : Aux Etats-Unis nos étudiants, souvent passés<br />

par notre partenaire de Shanghai, touchent des salaires<br />

équivalents à ceux des ingénieurs. Mais en France le<br />

design reste encore très inféodé à la culture et aux<br />

arts. Nous plaçons très facilement nos étudiants –<br />

80% trouvent un emploi dans les six mois après leur<br />

diplôme – chez Orange, Thales, Renault, L’Oréal. Mais il<br />

Nos diplômés sont aussi dans une dynamique entrepreneuriale<br />

et plus seulement de freelance. Nous avons<br />

des diplômés qui sont devenus très rapidement des<br />

entrepreneurs grâce au digital qui rend les investissements<br />

beaucoup moins lourds. Nos étudiants créent<br />

donc de plus en plus d’entreprises.<br />

O. R : Statutairement L’École de design<br />

Nantes Atlantique est partenaires de Nantes<br />

Université. Pourquoi ce choix ?<br />

C. G : En 2014 nous avons fait le choix de l’université<br />

en signant une alliance stratégique. Nous avions besoin<br />

de la puissance de feu de la recherche de Nantes<br />

Université à laquelle nous sommes depuis associés par<br />

décret. Cela nous a permis de faire progresser notre<br />

recherche avec déjà la signature de contrats Cifre.<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Grégoire Genest<br />

DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ALBERT SCHOOL<br />

« L’ambition d’Albert School est d’être dans<br />

le top 5 des écoles d'ingénieurs et de management »<br />

C’est une sorte d’école extra-terrestre<br />

dans le monde de l’enseignement<br />

supérieur français. Grégoire Genest a<br />

créé à la rentrée 2022 Albert School,<br />

une business school qui se présente<br />

comme « 100 % data driven ». Une<br />

école de management pour les forts en<br />

maths ?<br />

Olivier Rollot : Parlez-nous de votre école.<br />

Pourquoi l’avoir appelée Albert ?<br />

Grégoire Genest : Avoir appelé notre école Albert<br />

School c’est bien marquer notre volonté d’être des<br />

trublions de l’éducation à l’image d’Albert Einstein. De<br />

plus c’est un prénom qui marque car il n’est pas commun.<br />

Nous avons également choisi de nous installer en<br />

plein cœur de Paris pour être proches des entreprises.<br />

Nous avons choisi un lieu emblématique – l’ancien<br />

showroom d’une manufacture de faïence – qui est plus<br />

professionnel qu’académique. Un lieu qui donne aussi<br />

son âme à notre école.<br />

O. R : Qu’est-ce qui vous a poussé à créer<br />

une école alors que, depuis votre sortie<br />

de l’Ecole polytechnique, vous vous étiez<br />

plutôt lancé dans une vie professionnelle<br />

consacrée aux les techs ?<br />

G. G : J’ai toujours été passionné par les mathématiques.<br />

C’est aussi pour cela que j’ai choisi d’être ingénieur<br />

en mathématiques appliquées de l’Ecole polytechnique.<br />

Ensuite j’ai travaillé dans le private equity où j’ai<br />

rencontré des diplômés d’écoles de management qui ne<br />

comprenaient pas mieux le business que des ingénieurs.<br />

Ils avaient certes des compétences en management et<br />

en finance mais uniquement académiques. Un exemple :<br />

ils ne voyaient pas les différences entre le bilan d’Arcelor<br />

Mittal et celui de Carrefour. Je me suis dit qu’il fallait<br />

créer une formation plus professionnalisante pour des<br />

profils très bons en maths qui veulent créer de la valeur.<br />

J’en ai parlé à beaucoup d’entreprises pour comprendre<br />

leurs besoins. Ce qu’elles demandent c’est une école<br />

qui fasse disparaitre la dichotomie entre les écoles de<br />

management et les écoles d’ingénieurs. A un moment<br />

où toutes les entreprises deviennent des entreprises<br />

de technologies, une école dans laquelle on comprend<br />

à la fois les technologies et les enjeux de marchés.<br />

Dans une entreprise comme Carrefour la technologie<br />

est présente à tous les niveaux, dans tous les rayons.<br />

Chez Amazon, la première entreprise « data driven » il<br />

n’y a pas de département data. Elle est partout !<br />

O. R : Ce que vous voulez c’est casser les<br />

codes de l’enseignement classique, en silos ?<br />

G. G : Il faut pouvoir conjuguer excellence et professionnalisation<br />

dans la même formation, deux termes<br />

qui restent parfois encore antinomiques en France.<br />

Et enfin casser la côté pyramidal de l’enseignement<br />

supérieur d’excellence, qui repose sur des chercheurs<br />

omnipotents et des professeurs statutaires là où,<br />

partout ailleurs, un système hyper plat s’est imposé.<br />

C’est avec ce projet que je suis allé voir des investisseurs<br />

– pas des fonds spécialisés dans l’enseignement<br />

supérieur - pour leur proposer de former les leaders<br />

de l’économie de demain maîtrisant les technologies.<br />

Et alors même que je n’avais pas d’expérience dans<br />

l’éducation, ils m’ont suivi. Aujourd’hui je me considère<br />

comme un grand frère proche de mes étudiants.<br />

28<br />

Pour quel diplôme?<br />

Albert School va remettre à<br />

ses étudiants des titres validés<br />

par le RNCP (Répertoire<br />

national des certifications<br />

professionnelles). Cette année<br />

elles ouvert sa première<br />

année. l’année prochaine<br />

directement l’entrée en master<br />

pour des étudiants qui sortent<br />

d’une école d’ingénieurs<br />

ou de management - en un<br />

an - mais aussi des titulaires<br />

d’une licence qui suivront<br />

deux ans de cours.<br />

Albert School vient<br />

également de nous<br />

lancer dans la formation<br />

continue. Toujours sur<br />

un contenu hybride et<br />

doubles compétences<br />

pour des professionnels<br />

qui veulent se former aux<br />

data et au marketing.<br />

Chaque année de bachelor<br />

d’Albert School est délivrée<br />

au prix de 12 000€.<br />

Albert School


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

O. R : Comment définissez-vous le profil de<br />

vos étudiants dans ce contexte ?<br />

G. G : Un étudiant en bachelor d’Albert est un jeune<br />

adulte. Pas un étudiant. Il a une mission, il sait où il veut<br />

aller. Certes nous avons des examens mais ce que nous<br />

voulons avant tout c’est responsabiliser nos étudiants.<br />

J’ai adoré les années que j’ai passées à Louis-Le-Grand<br />

en classe préparatoire puis à l’Ecole polytechnique mais<br />

cela ne correspond pas à tout le monde. Il manquait<br />

une filière destinée à des élèves aux profils moins académiques,<br />

dont beaucoup préfèrent aujourd’hui partir<br />

suivre leur cursus à l’étranger. La société a changé mais<br />

pas les classes préparatoires scientifiques.<br />

O. R : Combien avez-vous recruté d’étudiants<br />

cette année ?<br />

G. G : Cette année nous avons 33 étudiants pour 7 000<br />

candidatures et 70 admissibles. Leurs profils sont<br />

hybrides. 10 qui se sont réorientés après une première<br />

année, souvent parce qu’ils aiment les mathématiques<br />

mais pas la physique, deux qui ont commencé par la<br />

médecine, d’autres qui ont hésité à entrer dans des<br />

école de management. Ceux que nous avons recrutés<br />

après leur avaient presque tous opté pour les spécialités<br />

mathématiques et physique-chimie ou Sciences<br />

économiques et sociales (SES) en terminale mais ne<br />

voulaient pas choisir une voie ou une autre dans le<br />

supérieur. Dans l’avenir nous pourrons recevoir jusqu’à<br />

120 étudiant par promotion.<br />

O. R : Quelle formation dispensez-vous ?<br />

Quel diplôme allez-vous remettre à vos<br />

étudiants ? Qui sont vos professeurs ?<br />

G. G : Nos étudiants suivent un programme varié<br />

mais qui repose d’abord sur les mathématiques (neuf<br />

heures par semaine) et les data (huit heures). Cette<br />

année ils ont commencé par suivre deux semaines<br />

d’intégration avec le BCG pour comprendre les enjeux<br />

des entreprises. Nous nous positionnons tout de suite<br />

très haut et les retours du BCG sont excellents. Ils ont<br />

beaucoup apprécié de rencontrer des étudiants qui ne<br />

sont pas dans le moule.<br />

Contrairement à une école comme #42 qui forme des<br />

développeurs un peu en marge nous nous situons au<br />

cœur du système pour former les cadres de l’économie<br />

de demain. L’important ce sont les débouchés que nous<br />

assurons à nos étudiants.<br />

O. R : Qui sont vos professeurs ?<br />

G. G : Nos professeurs sont des agrégés de mathématiques,<br />

des diplômés de l’Ecole polytechnique ou<br />

de Berkeley. Le fondateur de Daily Motion enseigne<br />

le Python chez nous et à Sciences Po. Ce sont des<br />

professionnels en poste.<br />

O. R : Quelles ambitions avez-vous pour<br />

Albert dans les dix ans à venir ?<br />

G. G : Notre ambition est d’être dans le top 5 des école<br />

d’ingénieurs et de management. De délivrer une éducation<br />

d’excellence dans un monde qui n’a quasiment pas<br />

changé depuis 1907. C’est tragique de ne pas apporter<br />

aujourd’hui la meilleure éducation possible.<br />

Notre projet est à long terme. Il ne s’appuie pas sur<br />

des fonds d’investissement mais sur des investisseurs<br />

comme Bernard Arnault ou Xavier Niel. Notre projet<br />

arrive au bon moment alors que les classes préparatoires<br />

sont en perte de vitesse.<br />

O. R : Albert c’est une business school ou une<br />

école d’ingénieurs ?<br />

G. G : Nous sommes plus une business school en termes<br />

de débouchés et une école d’ingénieurs en termes<br />

de formation. Si aujourd’hui excellence et rentabilité<br />

ne vont pas de pair c’est que les coûts de recherche<br />

emportent tout dans les écoles de management. Nous<br />

pouvons faire mieux.<br />

Albert School s’est installée à Paris dans les locaux d’un ancien showroom d’une faïencerie<br />

Nous proposons ensuite à nos étudiants d’aller très<br />

vite dans le monde de l’entreprise avec 18 « Business<br />

Deep Dive » ; de trois semaines chacune, pendant<br />

lesquels des entreprises sont au cœur de l’école. LVMH<br />

est ainsi pendant trois semaines au cœur de tous nos<br />

cours pour montrer comment le marketing et la finance<br />

se complètent. En première année nos étudiants vont<br />

ainsi à la rencontre de huit entreprises.<br />

En troisième année ils suivront un stage obligatoire de six<br />

mois – un autre est optionnel en deuxième année – alors<br />

que les quatrième et cinquième années s’effectueront<br />

majoritairement en apprentissage.<br />

Albert School<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS TEST<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Que vaut ChatGPT ?<br />

Lancé dans le grand public en décembre 2022 ChatGPT est un agent<br />

conversationnel intelligent qui peut répondre à presque n’importe<br />

quelle question et générer un texte sur mesure. Nous l’avons testé avec différentes<br />

questions pour juger la valeur des textes qu’il génère..<br />

Certaines réponses sont intéressantes,<br />

toujours bien écrites, mais toutes<br />

lapidaires. D’autres sont franchement<br />

fausses. On ne comprend pas trop<br />

pourquoi certaines sont en français<br />

et d’autres pas. Mais impossible de<br />

prouver le plagiat.<br />

De plus si on fait plusieurs fois la<br />

même demande les résultats simples<br />

sont stables. Mais à une question plus<br />

compliquée (« Quand est-ce que les<br />

engrais ont changé la face du monde ? »)<br />

elles varient.<br />

Enfin les informations ne sont que très<br />

partiellement à jour après 2021 et il<br />

manque les sources.<br />

L’IA ne cache d’ailleurs pas ses limites en<br />

établissant qu’elle peut « occasionally<br />

generate incorrect information ».<br />

Question : Classes préparatoires<br />

La réponse de ChatGPT : Les classes préparatoires<br />

sont des formations destinées à préparer les étudiants<br />

aux grandes écoles d’ingénieurs, de commerce ou<br />

de sciences. Elles sont généralement de deux ans et<br />

se composent d’un enseignement intensif en mathématiques,<br />

physique, chimie, biologie et français. Le<br />

but de ces classes est de fournir aux étudiants les<br />

compétences nécessaires pour réussir aux concours<br />

d’entrée des grandes écoles. Les classes préparatoires<br />

sont souvent considérées comme une voie difficile<br />

mais très gratifiante pour les étudiants qui souhaitent<br />

se spécialiser dans une discipline particulière.<br />

Très incomplet…<br />

Question : Universités françaises<br />

La réponse de ChatGPT : Les universités françaises<br />

sont des établissements d’enseignement supérieur qui<br />

proposent des programmes de formation universitaire<br />

dans différents domaines. Il existe de nombreuses<br />

universités en France, réparties sur tout le territoire.<br />

Certaines universités sont spécialisées dans un domaine<br />

particulier, comme les sciences, les arts, ou les<br />

lettres, tandis que d’autres proposent une gamme plus<br />

large de programmes de formation. Les universités<br />

françaises sont ouvertes aux étudiants de tous les<br />

pays et offrent un enseignement de qualité reconnu<br />

au niveau international.<br />

Pas faux mais un peu court !<br />

Question : Décris le système français des<br />

grandes écoles<br />

La réponse de ChatGPT : Le système français des<br />

grandes écoles est un système de formation universitaire<br />

de haut niveau en France. Il comprend un certain<br />

nombre d’écoles d’ingénieurs, de commerce et de<br />

management, ainsi que d’autres écoles spécialisées<br />

dans des domaines tels que la politique, l’administration<br />

publique et la santé.<br />

Les grandes écoles sont généralement reconnues pour<br />

leur niveau d’excellence académique et leur capacité à<br />

former des professionnels hautement qualifiés. Elles<br />

sont très prisées par les étudiants et les employeurs,<br />

car elles offrent souvent des débouchés professionnels<br />

très prometteurs.<br />

Le système des grandes écoles est très compétitif<br />

et l’admission est souvent basée sur les résultats du<br />

baccalauréat ainsi que sur des tests et des entretiens<br />

de sélection. Les grandes écoles sont généralement<br />

financées par l’État, mais certaines peuvent également<br />

être privées.<br />

Pas faux mais les classes préparatoires sont<br />

totalement oubliées.<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS TEST<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Question : Quand est-ce que les engrais ont<br />

changé la face du monde ?<br />

La réponse de ChatGPT : Les engrais ont commencé<br />

à être utilisés de manière significative dans<br />

l’agriculture au 19ème siècle, avec l’invention de la<br />

fabrication de l’engrais azoté à partir de matières<br />

premières synthétiques. Avant cela, les agriculteurs<br />

utilisaient principalement des méthodes de rotation<br />

des cultures et de fumure pour maintenir la fertility<br />

des sols. L’utilisation de ces engrais a permis aux<br />

agriculteurs de cultiver des récoltes plus abondantes<br />

sur des terres qui autrement seraient devenues moins<br />

productives à cause de l’épuisement des nutriments.<br />

Cela a eu un impact important sur l’agriculture et a<br />

contribué à l’expansion de l’agriculture industrielle et<br />

à la croissance de l’agriculture de grande échelle. Les<br />

engrais ont également joué un rôle important dans la<br />

révolution verte des années 1950 et 1960, qui a permis<br />

de maintenir une croissance soutenue de la production<br />

alimentaire dans de nombreux pays.<br />

Résultat assez moyen. Toute la phase d’utilisation<br />

d’engrais naturels (guano, etc.) est oubliée. Curieusement<br />

le terme « fertility » est employé plutôt que<br />

fertilité.<br />

Générée plusieurs fois la réponse évolue. Voici un<br />

autre texte que produit ChatGPT sur le même sujet.<br />

Avec une vision assez différente…<br />

La réponse de ChatGPT : Les engrais ont commencé<br />

à être utilisés de manière plus répandue dans<br />

l’agriculture au cours du 19ème siècle, et leur utilisation<br />

s’est intensifiée au cours du 20ème siècle. Ils ont<br />

permis une augmentation significative de la production<br />

agricole, ce qui a contribué à nourrir une population<br />

mondiale en croissance rapide. Cependant, l’utilisation<br />

excessive d’engrais peut avoir des impacts négatifs<br />

sur l’environnement, tels que la pollution de l’eau et la<br />

perte de biodiversité. Il est donc important de trouver<br />

un équilibre dans l’utilisation des engrais pour maximiser<br />

leur bénéfice tout en minimisant leurs effets négatifs.<br />

Résultat moins documenté avec un point de vue<br />

beaucoup plus politique.<br />

Question : École Polytechnique<br />

La réponse de ChatGPT (en anglais sans<br />

qu’on comprenne très bien pourquoi) : École<br />

Polytechnique is a prestigious public research university<br />

located in Palaiseau, France. It was founded in 1794<br />

and is known for its strong programs in engineering<br />

and science. It is a member of the ParisTech and the<br />

Compagnie des Ponts et Chaussées. Some notable<br />

alumni of École Polytechnique include Louis Pasteur,<br />

the inventor of pasteurization, and Marie Curie, the<br />

Nobel Prize-winning scientist.<br />

Résultat catastrophique. Ni Louis Pasteur ni Marie<br />

Curie ne sont diplômés de l’École polytechnique.<br />

L’École polytechnique n’est plus membre de Paris-<br />

Tech depuis 2019.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS TEST FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Question : Écris une dissertation sur les<br />

Etats-Unis et la Russie au XXème siècle.<br />

Avec une introduction<br />

La réponse de ChatGPT : Au cours du XX ème siècle,<br />

les Etats-Unis et la Russie ont joué un rôle important<br />

sur la scène internationale. Alors que les Etats-Unis ont<br />

émergé comme une puissance mondiale dominante, la<br />

Russie a connu de profonds changements politiques<br />

et économiques, passant de l’Union soviétique à une<br />

économie de marché et une démocratie pluraliste.<br />

Cette dissertation explorera les similitudes et les<br />

différences dans le parcours des Etats-Unis et de la<br />

Russie au XX ème siècle, et examinera les leçons que l’on<br />

peut tirer de leur histoire pour l’avenir.<br />

I. Les Etats-Unis au XX ème siècle A. L’émergence des<br />

Etats-Unis en tant que puissance mondiale<br />

• La Première Guerre mondiale et la déclaration de<br />

guerre des Etats-Unis en 1917<br />

• La Seconde Guerre mondiale et le rôle des Etats-<br />

Unis en tant que leader de l’Alliance occidentale<br />

• La Guerre froide et le rôle des Etats-Unis en tant<br />

que leader de l’Alliance atlantique<br />

B. Les défis internes auxquels ont dû faire face les<br />

Etats-Unis au XX ème siècle<br />

• Les mouvements pour les droits civiques des<br />

Afro-Américains et des femmes<br />

• Les tensions entre la droite et la gauche politiques<br />

et le mouvement anti-guerre du Vietnam<br />

• Les défis économiques et sociaux, tels que la crise<br />

économique de 2008<br />

II. La Russie au XX ème siècle A. L’histoire de la Russie<br />

au XX ème siècle<br />

• La révolution de 1917 et la création de l’Union<br />

soviétique<br />

• La guerre froide et la rivalité avec les Etats-Unis<br />

• La chute de l’Union soviétique en 1991 et la transition<br />

vers une économie de marché<br />

B. Les défis internes auxquels ont dû faire face la<br />

Russie au XX ème siècle<br />

L’AVIS DE L’EXPERT<br />

« ChatGPT fait leur devoir… »<br />

Par Stéphane Justeau, doyen associé à la pédagogie de l’Essca<br />

A peine arrivé, l’outil déjà très bien<br />

exploité par les élèves du collège<br />

à l’enseignement supérieur.<br />

Les réseaux sociaux sont déjà inondés<br />

de ses avantages, de ses limites et des<br />

questions philosophique qu’il pose :<br />

est-il toujours utile d’apprendre ? A quoi<br />

sert-il de savoir dans ces conditions ?<br />

Plutôt que de le fuir, l’ignorer et considérer<br />

que les élèves feront de même, les<br />

institutions d’enseignement doivent<br />

rapidement s’emparer de l’outil au risque<br />

de se faire dépasser, déborder. D’autant<br />

plus que l’outil peut aussi présenter de<br />

gros avantages pour les enseignants et<br />

peut être mis au service de l’apprentissage<br />

si nous l’utilisons judicieusement.<br />

Pour les enseignants, ChatGPT<br />

peut entre autres servir à:<br />

1. Générer une copie de grande qualité<br />

incluant différents critères (longueur,<br />

caractéristiques, sources, etc.)<br />

2. Générer des questions de QCM calibrées<br />

3. Générer des tâches d’évaluations<br />

formatives ciblées<br />

4. Générer des sujets pour les travaux<br />

de groupes qui contiennent des<br />

interdépendances complexes nécessitant<br />

l’implication de chaque membre<br />

5. Générer des questions d’auto-évaluation<br />

permettant aux élèves d’évaluer<br />

l’évolution de leurs compétences.<br />

Les exemples sont encore nombreux.<br />

III. Comparaison des Etats-Unis et de la Russie au<br />

XX ème siècle<br />

• Les similitudes et les différences dans leur parcours<br />

au XX ème siècle<br />

• Les leçons à tirer de l’histoire de ces deux pays<br />

pour l’avenir.<br />

ChatGPT livre seulement un plan assez médiocre.<br />

Purges… « stalinistes » !<br />

Pour l’apprentissage et l’évaluation des<br />

apprentissages, l’outil peut aussi être<br />

intégré aisément mais le devoir à la<br />

maison doit être pensé différemment :<br />

1. Évaluer les traces d’apprentissages, le<br />

cheminement plutôt que le résultat final<br />

2. Demander des traces orales<br />

3. Demander aux élèves d’effectuer<br />

des recherches pour déterminer si<br />

le contenu de l’IA est exact et écrire<br />

une justification avec des liens<br />

4. Utiliser des schémas, des<br />

dessins, des cartes mentales ou<br />

des frises chronologiques<br />

5. Demander de synthétiser des<br />

dossiers documentaires<br />

6. Résoudre des exercices avec<br />

la démonstration<br />

7. Rédiger des synthèses (y compris<br />

à partir de textes sortis de l’IA)<br />

Non, et il est plus intelligent maintenant<br />

de se l’approprier que de passer à côté.<br />

grandes université parlent déjà du retour,<br />

pour toutes les évaluations, du devoir<br />

sur table avec papier et crayon…<br />

C’est une piste.<br />

• Les purges stalinistes et la répression des opposants<br />

politiques<br />

• Les difficultés économiques et sociales pendant<br />

la période soviétique<br />

• Les défis de la transition vers une économie de<br />

marché et de la construction d’une démocratie<br />

pluraliste<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS CALENDRIER<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

<strong>2023</strong> : le calendrier<br />

officiel des concours<br />

des Grandes écoles<br />

Voici les dates officielles des concours des Grandes écoles pour <strong>2023</strong><br />

telles qu’elles ont été publiées Bulletin officiel n° 48 du 22 décembre 2022.<br />

I. Concours sur les programmes des classes<br />

préparatoires scientifiques mathématiques<br />

et physique (MP), mathématiques, physique<br />

et informatique (MPI), physique et chimie<br />

(PC), physique et sciences de l’ingénieur<br />

(PSI), technologie et sciences de l’ingénieur<br />

(TSI), technologie, physique et chimie (TPC),<br />

physique et technologie (PT), ATS ingénierie<br />

industrielle<br />

et génie civil<br />

École polytechnique (MP, MPI et PC), École supérieure<br />

de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris<br />

(PC) et écoles normales supérieures (Paris-Saclay, Lyon,<br />

Rennes et Ulm) : les 17, 18, 19, 20 et 21 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• les candidats de la filière PSI (École polytechnique, École<br />

normale supérieure de Paris-Saclay, École normale supérieure<br />

de Rennes, École normale supérieure) composeront<br />

les 17, 18, 19, 20 et 21 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• pour la filière PT (École polytechnique, École normale<br />

supérieure de Paris-Saclay, École normale supérieure de<br />

Rennes), les candidats composeront sur la banque PT, gérée<br />

par Arts et métiers ParisTech (cf. infra).<br />

Groupe Mines-Ponts (MP, MPI, PC, PSI) : les 2, 3, 4 et<br />

5 mai <strong>2023</strong> ;<br />

• pour la filière PT, les candidats composeront sur la banque<br />

PT, gérée par Arts et métiers ParisTech (cf. infra).<br />

Groupe Centrale-Supélec :<br />

• concours à épreuves communes (MP, MPI, PC, PSI, TSI) :<br />

les 9, 10, 11 et 12 mai <strong>2023</strong> ;<br />

• pour la filière PT, les candidats composeront sur la banque<br />

PT, gérée par Arts et métiers ParisTech (cf. infra).<br />

Banque TSI commune à l’École polytechnique et aux<br />

groupes Mines-Ponts et Centrale-Supélec : les 9, 10, 11<br />

et 12 mai <strong>2023</strong> ;<br />

Banque concours commun INP :<br />

• MP, PC, PSI, TPC et TSI : les 24, 25, 26 et 27 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• MPI : les 24, 25 et 26 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• pour la filière PT, les candidats composeront sur la banque<br />

PT, gérée par Arts et métiers ParisTech (cf. infra).<br />

École nationale de la statistique et l’administration économique<br />

(ENSAE ParisTech) : concours mathématiques<br />

(MP) : voir supra les dates du groupe Mines-Ponts.<br />

École nationale de la statistique et de l’analyse de<br />

l’information (ENSAI) : concours d’attaché statisticien de<br />

l’Insee, spécialité mathématiques ; concours d’ingénieur de<br />

l’ENSAI, spécialité mathématiques (filière MP) : voir supra<br />

les dates du concours commun INP.<br />

Banque d’épreuves des concours des écoles d’actuariat<br />

et statistique (BECEAS) : université Paris-Dauphine,<br />

DUAS Strasbourg, EURIA Brest, ISFA Lyon, ISUP Paris<br />

: option A – mathématiques (épreuve de mathématiques<br />

sur le programme des classes préparatoires scientifiques) :<br />

les 15 et 16 mai <strong>2023</strong>.<br />

École nationale supérieure des arts et industries textiles<br />

de Roubaix (ENSAIT) :<br />

• filières MP, PC et PSI : pour la formation initiale, voir supra<br />

les dates de la banque e3a-Polytech ; pour la formation<br />

par apprentissage, les candidats suivent la procédure<br />

du concours spécifique à l’ENSAIT (cf. infra, V. Concours<br />

sur programmes particuliers) ;<br />

• filière PT : pour la formation initiale, voir la banque PT, gérée<br />

par Arts et Mmétiers ParisTech (cf. infra). Pour la formation<br />

par apprentissage, les candidats suivent la procédure<br />

du concours spécifique à l’ENSAIT (cf. infra, V. Concours<br />

sur programmes particuliers) ;<br />

• filière TSI : pour la formation initiale, voir la banque du<br />

concours commun INP (cf. supra). Pour la formation par apprentissage,<br />

les candidats suivent la procédure du concours<br />

spécifique à l’ENSAIT (cf. infra, V. Concours sur programmes<br />

particuliers) ;<br />

• filières ATS et MPI : pour la formation initiale et la formation<br />

par apprentissage, les candidats suivent la procédure<br />

du concours spécifique à l’ENSAIT (cf. infra, V. Concours<br />

sur programmes particuliers).<br />

École nationale du génie de l’eau et l’environnement de<br />

Strasbourg (ENGEES) : filières MP, MPI, PC et PSI : les 24,<br />

25, 26 et 27 avril <strong>2023</strong>.<br />

Banque e3a-Polytech (MP, MPI, PC, PSI) : les 25, 26, 27<br />

et 28 avril <strong>2023</strong>.<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS CALENDRIER<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Concours Mines-Télécom : EIVP, ENM, ENSG géomatique,<br />

ENSG géologie, ENSIIE, ENSSAT Lannion,<br />

ENSTA Bretagne, ENTPE, EURECOM, IMT-BS, IMT<br />

Mines Albi, IMT Mines Alès, IMT Nord Europe, Mines<br />

Saint-Étienne – Cycle ISMIN, Télécom Nancy, Télécom<br />

Physique Strasbourg, Télécom Saint-Étienne et Télécom<br />

SudParis :<br />

• filières MP, MPI, PC et PSI : pour les épreuves écrites, voir<br />

supra les dates du groupe Mines-Ponts ;<br />

• les candidats de la filière PT composeront sur les épreuves<br />

écrites de la banque PT, gérée par Arts et Métiers Paris-<br />

Tech (cf. infra) ;<br />

• les épreuves orales pour les filières MP, MPI, PC, PSI et<br />

PT se dérouleront du 20 juin au 7 juillet <strong>2023</strong> ;<br />

• les candidats de la filière TSI composeront sur les épreuves<br />

écrites et orales de la banque Centrale-Supélec : cf. supra.<br />

Nota bene :<br />

• les candidats de la filière ATS composeront sur les épreuves<br />

écrites et orales du concours organisé par l’ENSEA (cf.<br />

infra) ;<br />

• les candidats de la filière BCPST composeront sur les<br />

épreuves écrites et orales du concours G2E (cf. infra).<br />

Banque d’épreuves de la filière PT : les 2, 3, 4, 5, 9, 10, 11<br />

et 12 mai <strong>2023</strong>.<br />

Concours sur les programmes des classes préparatoires<br />

ATS ingénierie industrielle, organisé par l’École nationale<br />

supérieure de l’électronique et de ses applications de<br />

Cergy (ENSEA) : Arts et métiers, École centrale Lille, Centrale<br />

Méditerranée, École centrale Nantes, ECAM LaSalle,<br />

ECAM Rennes, Icam site de Strasbourg-Europe, ECAM-EP-<br />

MI, EIGSI La Rochelle, EIL Côte d’Opale, ENS Rennes,<br />

ENSEA, ENSIM, ENSISA, ENSSAT Lannion, ENSTA<br />

Bretagne, ENSTA Paris, ESB, ESEO, ESGT, ESIEA Paris/<br />

Ivry-sur-Seine – Laval, ESIGELEC, ESIREM, ESIX Normandie,<br />

ESTIA, ESTP, IMT Mines Albi, IMT Mines Alès,<br />

IMT Nord Europe, INP-ENIT, ISAE ENSMA, ISAT, Mines<br />

Paris, Groupe Polytech, SIGMA Clermont, ISAE-Supméca,<br />

Télécom Nancy, Télécom Paris, Télécom Sud Paris :<br />

• épreuves écrites : du 9 au 11 mai <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves orales : du 19 au 22 juin <strong>2023</strong>.<br />

Ingeni’Up (FESIC Prépa) : ECAM LaSalle, ECAM<br />

Rennes, ECAM Strasbourg-Europe, ECAM – EPMI<br />

Cergy-Pontoise, Icam site de Lille, Icam site de Grand<br />

Paris Sud, Icam site de Nantes, Icam site de Toulouse<br />

UniLaSalle Beauvais – UniLaSalle Rennes – UniLaSalle<br />

Amiens, UniLaSalle Rouen :<br />

• les candidats des filières MP, PC et PSI composeront sur les<br />

épreuves du concours e3a-Polytech : cf. supra ;<br />

• les candidats de la filière PT composeront sur les épreuves<br />

de la banque PT : cf. supra.<br />

Concours Puissance alpha – CPGE : 3 IL ingénieurs,<br />

EFREI Paris, Elisa aerospace, ESAIP Angers/Aix-en-<br />

Provence, ESEO Angers/Paris Vélizy, ESIEA Paris/Laval,<br />

ESIEE Paris, HEI Lille, ISEN Lille, ISEN Yncréa<br />

Méditerranée Toulon/Nîmes, ISEN Yncréa Ouest Brest/<br />

Nantes, ISEP Paris :<br />

• les candidats des filières MP, PC et PSI composeront sur les<br />

épreuves de la banque e3a-Polytech : cf. supra ;<br />

• les candidats de la filière PT composeront sur les épreuves<br />

de la banque PT : cf. supra.<br />

École nationale d’aviation civile (Enac) :<br />

• ingénieurs électroniciens des systèmes de sécurité aérienne<br />

(bac + 2 années CPGE, DUT GEII, DUT RT) : les 4 et 5<br />

avril <strong>2023</strong> (écrit), ainsi que du 5 au 9 juin <strong>2023</strong> (oral) ;<br />

• élèves pilotes de ligne (bac + 1 année de CPGE) : le 3 avril<br />

<strong>2023</strong> (écrit), ainsi que du 22 au 26 mai <strong>2023</strong> et du 12 au<br />

16 juin <strong>2023</strong> (oral).<br />

Avenir prépas : ECE Paris/Lyon, EIGSI La Rochelle/Casablanca,<br />

ESIGELEC Rouen, ESILV Paris La Défense,<br />

Builders Caen/Lyon, ESTACA Saint-Quentin-en-Yvelines/<br />

Laval/Bordeaux :<br />

• les candidats des filières MP, PC et PSI composeront sur<br />

les épreuves de la banque e3a-Polytech : cf. supra. Les<br />

oraux auront lieu ensuite dans chacune des écoles à partir<br />

de mi-juin <strong>2023</strong> ;<br />

• les candidats de la filière PT composeront sur les épreuves<br />

de la banque PT : cf. supra. Les oraux auront lieu ensuite<br />

dans chacune des écoles à partir de mi-juin <strong>2023</strong> ;<br />

• procédure commune Avenir plus pour les candidats de la<br />

filière TSI : étude commune du dossier + entretien de motivation<br />

dans chacune des écoles sélectionnées.<br />

Concours EPITA-IPSA-ESME post CPGE :<br />

• les candidats des filières MP, MPI, PC, PSI, PT et TSI composeront<br />

le samedi 8 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• les épreuves orales pour les filières MP, MPI, PC, PSI, PT<br />

et TSI se dérouleront du 6 au 18 juin <strong>2023</strong>, ainsi que le 29<br />

juin <strong>2023</strong> pour les candidats ultramarins.<br />

II. Concours sur les programmes des<br />

classes de type biologie, chimie, physique<br />

et sciences de la terre (BCPST) et TB<br />

Écoles normales supérieures (Ulm, Lyon, Paris-Saclay) et<br />

École nationale des Ponts et chaussées ParisTech : les 2,<br />

3, 4 et 5 mai <strong>2023</strong> ;<br />

École polytechnique (BCPST) : les 25, 26, 27 et<br />

28 avril <strong>2023</strong> ;<br />

Banque groupe Agro-veto :<br />

• filière BCPST : les 25, 26, 27 et 28 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• filière TB : les 3, 4 et 5 mai <strong>2023</strong>.<br />

Géologie, eau et environnement (G2E) : les 9, 10 et<br />

11 mai <strong>2023</strong>.<br />

III. Concours sur les programmes<br />

des classes préparatoires économiques<br />

et commerciales<br />

Banque commune d’épreuves écrites pour le haut enseignement<br />

commercial (BCE) : les 26, 27, 28 avril et 2, 3,<br />

4 et 5 mai <strong>2023</strong>.<br />

Ecricome Prépa : les 17, 18 et 19 avril <strong>2023</strong>.<br />

Banque d’épreuves des concours des écoles d’actuariat<br />

et statistique (BECEAS) : Université Paris-Dauphine,<br />

DUAS Strasbourg, EURIA Brest, ISFA Lyon, ISUP Paris<br />

: option B – probabilités (épreuve de probabilités sur le<br />

programme des classes préparatoires économiques et commerciales,<br />

voie ECG) : les 15 et 16 mai <strong>2023</strong>.<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS CALENDRIER<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

École nationale de la statistique et l’administration économique<br />

(ENSAE ParisTech) : concours économie et mathématiques<br />

: voir les dates de la BCE.<br />

École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information<br />

(ENSAI) : concours d’attaché statisticien de l’Insee,<br />

spécialité économie-gestion ; concours d’ingénieur de<br />

l’ENSAI, spécialité économie-gestion : voir infra (titre V)<br />

les dates du concours économie et gestion (Paris-Saclay D2).<br />

IV. Concours sur les programmes des classes<br />

littéraires<br />

École normale supérieure (lettres) :<br />

• groupe lettres (A/L) : les 12, 13, 14, 17, 18, 19 et 20 avril<br />

<strong>2023</strong> ;<br />

• groupe sciences sociales (B/L) – banque École normale<br />

supérieure (ENS) : les 17, 18, 19, 20, 21 et 25 avril <strong>2023</strong>.<br />

École normale supérieure de Lyon (concours section<br />

littéraire) :<br />

• série sciences économiques et sociales – banque ENS : les<br />

17, 18, 19, 20, 21 et 25 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• série lettres et arts, série langues vivantes, série sciences<br />

humaines : les 11, 12, 13, 14, 17 et 18 avril <strong>2023</strong>.<br />

École normale supérieure de Paris-Saclay :<br />

• concours sciences sociales – banque ENS : les 18, 19, 20,<br />

21 et 24 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• concours Langue étrangère : anglais : les 12, 13, 14, 17 et<br />

18 avril <strong>2023</strong>.<br />

Nota : Les épreuves du concours Langue étrangère : anglais<br />

de l’École normale supérieure de Paris-Saclay sont communes<br />

aux épreuves du concours de l’École normale supérieure<br />

de Lyon (LSH), série langues vivantes, option anglais,<br />

excepté la géographie.<br />

École nationale de la statistique et l’administration économique<br />

(ENSAE ParisTech) : concours économie et<br />

sciences sociales : voir les dates du concours sciences sociales<br />

– banque École normale supérieure (ENS).<br />

École nationale de la statistique et de l’analyse de l’information<br />

(ENSAI) : concours d’attaché statisticien de l’IN-<br />

SEE, spécialité économie-sciences sociales ; concours d’ingénieur<br />

de l’ENSAI, spécialité économie-sciences sociales :<br />

voir les dates du concours sciences sociales – banque École<br />

normale supérieure (ENS).<br />

École nationale des Chartes : concours d’entrée en 1ère<br />

année : du 24 au 28 avril <strong>2023</strong> (sections A et B) ; les étudiants<br />

de la section B composeront également sur la banque<br />

d’épreuves littéraires (BEL) organisée par les ENS, les 12,<br />

17 et 19 avril <strong>2023</strong>.<br />

V. Concours sur programmes particuliers<br />

École normale supérieure de Paris-Saclay :<br />

• concours post DUT/BTS : plus d’écrit depuis la session<br />

2019 ;<br />

• concours design (Paris-Saclay C) : les 11, 12, et 13 avril<br />

<strong>2023</strong> ;<br />

• concours économie et gestion (Paris-Saclay D2) : du 17<br />

au 20 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• second concours mathématiques : le 24 mars <strong>2023</strong> ;<br />

• second concours chimie : le 24 mars <strong>2023</strong>.<br />

École normale supérieure de Rennes :<br />

• concours droit-économie : 17, 18, 19 et 20 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• concours d’admission au département cciences du sport et<br />

éducation physique (2SEP) : 20, 21 et 22 mars <strong>2023</strong>.<br />

École normale supérieure de Lyon : épreuves écrites du<br />

second concours sciences : les 30, 31 mai et 1er juin <strong>2023</strong>.<br />

École nationale supérieure des arts et industries textiles<br />

de Roubaix (ENSAIT) :<br />

• concours formation initiale (post DUT/BTS/licence 2/3/<br />

toutes CPGE scientifiques, dont ATS, MPI, et hors MP, PC,<br />

PSI, PT, TSI) – sélection sur dossier, puis épreuves orales<br />

(anglais et entretien) : du 2 mai au 5 mai <strong>2023</strong> ;<br />

• concours formation apprentissage (post DUT/BTS/licence<br />

2/3/toutes CPGE scientifiques, dont ATS, MP, MPI, PC, PSI,<br />

PT, TSI) – sélection sur dossier, puis épreuves orales (anglais<br />

et entretien) : du 15 mars au 5 mai <strong>2023</strong>.<br />

Voie B du concours commun d’accès aux écoles supérieures<br />

d’agronomie et aux écoles nationales vétérinaires :<br />

épreuves écrites le 27 avril <strong>2023</strong> après-midi.<br />

Voie C du concours commun d’accès aux écoles supérieures<br />

d’agronomie et aux écoles nationales vétérinaires :<br />

• épreuves d’admissibilité : les 3 et 4 mai <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves d’admission : du 13 au 17 juin <strong>2023</strong>.<br />

Voie apprentissage du concours commun d’accès aux<br />

écoles supérieures d’agronomie :<br />

• épreuves d’admissibilité : le 16 février <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves d’admission (en distanciel) : du 27 mars au 7<br />

avril <strong>2023</strong>.<br />

Concours Avenir bac (Builders ; ECE ; EIGSI ; EPF ;<br />

ESIGELEC ; ESILV ; ESTACA) :<br />

• concours d’admission en 1 re année pour les élèves issus de<br />

la filière générale : le samedi 29 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• concours d’admission en 1re année pour les élèves issus de<br />

la filière STI2D : le samedi 22 avril <strong>2023</strong>.<br />

Concours Pass ingénieur : épreuves orales : les 3 et 4 juin<br />

et 10 et 11 juin <strong>2023</strong>.<br />

École spéciale militaire de Saint-Cyr :<br />

• option lettres et sciences humaines : voir titre IV, « École<br />

normale supérieure de Lyon (lettres et sciences humaines) »,<br />

« Série lettres et arts, série langues vivantes, série sciences<br />

humaines » ;<br />

• option sciences économiques et sociales : voir titre III,<br />

« Banque commune d’épreuves écrites pour le haut enseignement<br />

commercial (BCE) ».<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS CALENDRIER<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Concours Geipi – Polytech (concours bac général) : 35<br />

écoles (EEIGM Nancy, ENI de Brest, ENI de Metz, ENI de<br />

Saint-Étienne, ENSGSI Nancy, ENSIBS Lorient-Vannes,<br />

ENSIM Le Mans, ESGT Le Mans, ESIR Rennes, ESIREM<br />

Dijon, ESIROI La Réunion, Grenoble INP – ESISAR Valence,<br />

IMT Nord Europe, INP ENI de Tarbes, Institut Agro<br />

Dijon, ISAT Nevers, ISEL Le Havre, ISTY Mantes-Vélizy,<br />

SupGalilée Villetaneuse, Télécom Saint-Etienne) et Polytech<br />

(Angers, Annecy-Chambéry, Clermont, Grenoble, Lille,<br />

Lyon, Marseille, Montpellier, Nancy, Nantes, Nice-Sophia,<br />

Orléans, Paris-Saclay, Sorbonne, Tours) : épreuves écrites :<br />

le 3 mai <strong>2023</strong>.<br />

Concours Geipi – Polytech (concours bac technologique,<br />

séries STI2D et STL) : 12 écoles (ENI de Metz, ENSIBS<br />

Lorient-Vannes, ESGT Le Mans, ESIROI La Réunion, INP<br />

ENI de Tarbes, Polytech Angers, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille,<br />

Nantes, Orléans) : les étudiants ayant présenté les meilleurs<br />

dossiers seront convoqués à un entretien de motivation,<br />

qui se déroulera fin avril-début mai <strong>2023</strong>.<br />

Institut national des sciences appliquées de Strasbourg<br />

(concours d’entrée en 1re année du cycle de formation<br />

d’architecte) :<br />

• épreuves écrites : le mardi 28 mars <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves orales : du lundi 12 au mercredi 14 juin <strong>2023</strong>.<br />

Banque DUT/BTS organisée par l’École nationale supérieure<br />

de l’électronique et de ses applications de Cergy<br />

(ENSEA) : Arts et métiers, ECAM Rennes, Icam site de<br />

Strasbourg-Europe, ENS Cachan, ENSEA, ECAM-EPMI,<br />

ESIEA Paris / Ivry-sur-Seine – Laval, ESIREM, ESTP, ISAT :<br />

• examen des dossiers d’admissibilité : du 14 mars au 1 er<br />

avril <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves orales : pas d’épreuves orales communes.<br />

Concours Passerelle : BSB (Burgundy School of Business),<br />

EM Normandie, Groupe ESC Clermont, Excelia BS, SCBS<br />

(South Champagne Business School), IMT BS :<br />

• session 1 : date limite de dépôt des dossiers le 17 janvier<br />

<strong>2023</strong> ;<br />

• session 2 : date limite de dépôt des dossiers le 25 avril <strong>2023</strong>.<br />

Concours Ecricome tremplin : EM Strasbourg Business<br />

School : Kedge Business School ; Montpellier Business<br />

School ; Neoma Business School ; Rennes School of<br />

Business :<br />

• fin des inscriptions : le 10 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• examen des dossiers : du 11 au 21 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves orales : du 15 au 31 mai <strong>2023</strong>.<br />

Concours Puissance alpha post bac – 1 science = Concours<br />

post bac donnant accès à 13 écoles d’ingénieurs : 3IL ingénieurs,<br />

CPE Lyon, EBI, EFREI, ESA, ESAIP, ESEO,<br />

ESIEA, ESITC Paris, ESTIA, ISEN Méditerranée, ISEN<br />

Ouest, ISEP :<br />

• pas d’épreuves écrites ;<br />

• épreuves orales : du 15 avril au 10 mai <strong>2023</strong> (selon les<br />

écoles).<br />

Concours Puissance alpha post bac – 2 sciences : Concours<br />

post bac donnant accès à 18 écoles d’ingénieurs sur plus de<br />

35 campus : 3IL ingénieurs, CPE Lyon, EBI, EFREI, Elisa<br />

Aerospace, ESA, ESAIP, ESCOM Chimie, ESEO, ESIEA,<br />

ESIEE Paris, ESITC Paris, ESTIA, ISEN Méditerranée,<br />

ISEN Ouest, ISEP, Junia HEI, Junia ISEN :<br />

• épreuves écrites : le 22 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• pas d’épreuves orales.<br />

Concours Puissance alpha post bac – Technos : Concours<br />

post bac donnant accès à 17 écoles d’ingénieurs : 3IL ingénieurs,<br />

EBI, EFREI, Elisa Aerospace, ESA, ESAIP, ESCOM,<br />

ESEO, ESIEA, ESIEE Paris, ESITC Paris, ESTIA, ISEN<br />

Méditerranée, ISEN Ouest, ISEP, Junia HEI, Junia ISEN :<br />

• pas d’épreuves écrites ;<br />

• double étude des dossiers, par le concours et par chacune<br />

des écoles.<br />

Concours Advance post bac :<br />

• épreuves écrites : du 8 au 30 avril <strong>2023</strong> ;<br />

• épreuves orales : du 8 au 30 avril <strong>2023</strong>.<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Les classements :<br />

25 ans entre désamour<br />

et engouement<br />

La conférence-hommage à Patrick Fauconnier, fondateur du magazine Challenges,<br />

qui s’est tenue le 7 décembre dernier dans les locaux de l’ESCP à Paris-Montparnasse,<br />

a été l’occasion d’aborder l’une des thématiques phare de l’hebdomadaire : les classements !<br />

« Une table ronde, animée par Olivier<br />

Rollot pour HEADway<br />

Advisory et Sarah Piovezan<br />

pour l’AEF, réunissait à cette<br />

occasion l’ancienne ministre de l’Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de<br />

l’Innovation, Frédérique Vidal, Thierry<br />

Coulhon, le président du Hcéres (Haut<br />

Conseil de l’évaluation de la recherche<br />

et de l’enseignement supérieur), Estelle<br />

Iacona, présidente de l’Université Paris-Saclay,<br />

Jean Winand, égyptologue<br />

et ancien vice-recteur de l’université de<br />

Liège et Julien Jacqmin, enseignant-chercheur<br />

à NEOMA. Ensemble ils se sont attachés<br />

à débattre de l’impact des classements<br />

sur l’enseignement supérieur et la<br />

recherche, en France mais pas seulement.<br />

25 ans d’influence<br />

Depuis 25 ans, le paysage de l’enseignement<br />

supérieur français et international<br />

n’a cessé d’être influencé et parfois même<br />

modelé, par les classements. Dispositifs<br />

qualifiés par l’économiste Annie Vinokur<br />

(2008) comme étant « largement empruntés<br />

à la pratique industrielle », ils se<br />

positionnent comme les « évaluateurs des<br />

évaluateurs » (Vinokur, 2008). Construits<br />

et orchestrés par des organisations externes<br />

aux établissements et possédant<br />

des caractéristiques variées, leurs activités<br />

soulèvent parfois la question de l’existence<br />

d’éventuels conflits d’intérêts. Par<br />

exemple, certains organismes de classements<br />

mêlent consultance et activité de<br />

production. Précisons que la grande majorité<br />

des classements peuvent s’approcher<br />

comme étant des « classements médiatiques<br />

», c’est-à-dire des « classements<br />

dont la production, sur les plans méthodologique<br />

et éditorial, relève principalement<br />

d’un média, et qui empruntent, avec<br />

des variantes, la forme canonique du tableau<br />

hiérarchisant les agents évalués<br />

selon un ou plusieurs critères communs<br />

quantifiés » (Bouchard, 2012).<br />

Parmi la diversité de classements, on<br />

peut par exemple citer ceux du Financial<br />

Times, du Times Higher Education,<br />

de QS ou encore celui de Shanghai<br />

(vous pouvez retrouver l’évolution<br />

des business schools européennes du Financial<br />

Times ici).<br />

37<br />

Quels sont les objectifs<br />

poursuivis par les<br />

classements ?<br />

Dès le début du débat à l’ESCP, Frédérique<br />

Vidal le précisait : « Il faut toujours<br />

se demander : qui fait les classements<br />

et pourquoi ? » Le classement de<br />

Shanghai, créé en 2003 par le professeur<br />

Nian Cai Liu de l’université de Jiao Tong,<br />

avait ainsi pour but initial de positionner<br />

les universités chinoises dans le<br />

paysage ESR international, et ainsi de<br />

nourrir la politique d’ESR de la Chine<br />

(Eloire, 2010). Ce classement apparait<br />

dès lors comme un outil de politique publique<br />

et un levier de communication<br />

pour rayonner à l’international. Nuançons<br />

néanmoins cette analyse avec les<br />

conclusions de Jean Charroin (2015) qui<br />

précisait : « Si le classement de Shanghai<br />

a été conçu initialement pour apprécier<br />

la performance et la dynamique des<br />

universités chinoises au niveau mondial,<br />

il semble que sa médiatisation résulte<br />

davantage d’une récupération par des<br />

organes de presse occidentaux que d’une<br />

stratégie de communication délibérée de<br />

la part de ses concepteurs ».<br />

Julie Bouchard (2012) propose une approche<br />

complémentaire, centrée sur les<br />

médias : les classements ont été en France<br />

l’occasion pour le journalisme d’éducation<br />

de « s’émanciper des discours que<br />

les acteurs de l’enseignement supérieur<br />

tiennent sur eux-mêmes », en proposant<br />

une lecture du secteur et de ses acteurs<br />

plus objective avec pour ambition « d’influencer<br />

les orientations de l’éducation ».<br />

La norme mondiale<br />

est anglo-saxonne<br />

Les classements représentent donc des<br />

outils, des moyens et non des fins pour<br />

les acteurs de l’enseignement supérieur.<br />

Ainsi, Thierry Coulhon insiste « On ne<br />

pilote pas une université avec des classements.<br />

Il y a d’autres façons d’apprécier<br />

la performance de l’institution ».<br />

D’autant plus que ces classements internationaux<br />

ne valorisent pas les spécificités<br />

des modèles nationaux d’enseignement<br />

supérieur. Au contraire, bien souvent,<br />

ils « érigent […] en norme mondiale<br />

le modèle d’enseignement supérieur<br />

et de recherche tel qu’il est organisé<br />

dans les pays anglo-saxons » (Eloire,<br />

2010). Jean Winand précise que ces derniers<br />

« valorisent principalement les<br />

établissements qui mettent au cœur de<br />

leur stratégie, la recherche ».<br />

Dans ce cadre, exister et performer dans<br />

ces classements est complexe pour les<br />

acteurs de l’ESR français. En effet, ils<br />

possèdent des spécificités intrinsèques<br />

qui les démarquent des modèles anglo-saxons,<br />

et qui sont parfois incompatibles<br />

avec les critères rigides et peu<br />

contextualisés des méthodologies des<br />

classeurs. Par exemple, la dualité de la recherche<br />

française (à l’université et dans<br />

les centres de recherche) et la « multi-appartenance<br />

simultanée » des chercheurs<br />

(Eloire, 2010) ne facilitent pas le décompte<br />

de la production scientifique et<br />

ont entraîné des évolutions organisation-


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

nelles. De même, pour Frédérique Vidal,<br />

le classement de Shanghai est « peu<br />

adapté aux systèmes ESR européens<br />

qui possèdent traditionnellement des<br />

tailles et des périmètres d’établissements<br />

plus restreints que ceux du modèle<br />

anglo-saxon ».<br />

Des outils, pas<br />

une fin en soi<br />

Les caractéristiques normatives et performatives<br />

des classements ne sont pas sans<br />

conséquences pour les établissements,<br />

qui peuvent tomber dans un phénomène<br />

de « déviation académique » (Morphew<br />

et Huisman 2002, cités dans Vinokur,<br />

2006), c’est-à-dire un penchant pour ces<br />

derniers à imiter les institutions les plus<br />

prestigieuses. Les classements peuvent<br />

ainsi « entretenir un climat de concurrence<br />

internationale exacerbée entre<br />

les universités, qui tend à se concentrer<br />

sur l’excellence de la recherche académique<br />

» (Barbe, 2015) et ainsi accentuer<br />

une lecture de l’ESR comme un marché<br />

international concurrentiel homogène<br />

(Eloire, 2010).<br />

Le mimétisme engendré par les dispositifs<br />

de classement, régis par les mêmes<br />

règles d’efficience, et la volonté des établissements<br />

d’optimiser leurs performances<br />

sur les différents critères mobilisés<br />

peut conduire à éluder la question<br />

du rôle de l’ESR dans une société donnée.<br />

Or, une institution ne pourra jamais<br />

se résumer à son classement. Cela reviendrait<br />

à faire abstraction de la qualité de<br />

sa formation, de l’accompagnement étudiant<br />

proposé ou encore de ses débouchés<br />

professionnels.<br />

Quels sont les impacts<br />

des classements ?<br />

Comme le souligne la chercheuse Julie<br />

Bouchard (2013a), les classements ont<br />

« contribué à la transformation des représentations,<br />

des identités, des relations<br />

et des institutions ». Estelle Iacona, présidente<br />

de Paris-Saclay, nous explique<br />

ainsi qu’ils ont deux conséquences majeures<br />

: « en interne, sur les institutions,<br />

et en externe, auprès du grand public et<br />

des autres acteurs de l’ESR ». En occupant<br />

une place de choix sur la scène médiatique,<br />

les classements impactent la<br />

façon de communiquer des établissement<br />

et la perception du grand public,<br />

du monde académique, des étudiants et<br />

des recruteurs.<br />

Outil de communication largement plébiscité<br />

par les institutions, les classements<br />

peuvent jouer un rôle d’orientation des<br />

étudiants nationaux et internationaux et<br />

Le débat hommage à Patrick Fauconnier réunissait Frédérique Vidal (ex-ministre de l’ESRI), Thierry Coulhon<br />

(HCERES), Estelle Iacona (Paris-Saclay), Julien Jacqmin (Neoma), et Jean Winand (ancien vice-recteur<br />

de l’université de Liège) et était animé par Sarah Piovezan (AEF) et Olivier Rollot (HEADway Advisory)<br />

d’aide à la décision quand il s’agit pour le<br />

grand public, de faire un choix de formation<br />

(Musselin, 2008 ; Bouchard, 2012).<br />

C’est pour Julien Jacqmin « un outil qui<br />

simplifie la lecture », c’est une aide à l’information<br />

des familles. En effet, la qualité<br />

des établissements d’ESR pouvant être<br />

très variable, cela permet aux parents et<br />

étudiants de bénéficier d’un référentiel.<br />

Même si le rôle premier des classements<br />

est de « fournir des informations comparatives<br />

à des publics ciblés » (Hazlkorn,<br />

2007), force est de constater que<br />

son périmètre d’influence s’est grandement<br />

élargi. Ces dispositifs impactent<br />

désormais les politiques publiques, le<br />

monde de l’entreprise ou encore les établissements<br />

eux-mêmes, répondant alors<br />

à « une exigence de transparence et d’information<br />

que les établissements et les<br />

pouvoirs publics n’ont pas su satisfaire<br />

eux-mêmes» (Usher et Savino, 2006 cités<br />

dans Hazelkorn, 2007). Frédérique Vidal<br />

explique par exemple que les classements<br />

« permettent de se comparer et de mieux<br />

mettre l’ESR français en valeur, car les<br />

acteurs sont bons en savoir-faire, mais<br />

pas en faire-savoir ». Jean Winand, ancien<br />

vice-recteur de l’université de Liège,<br />

ajoute qu’ils représentent un « signal »<br />

de qualité pour les étudiants et partenaires<br />

internationaux potentiels, conditionnant<br />

ainsi bien souvent l’aboutissement<br />

ou non de la collaboration. Harfi et<br />

Mathieu (2006) résument la dynamique<br />

à l’œuvre : « dans une économie fondée<br />

sur la connaissance et sur l’ouverture à<br />

la concurrence internationale, les systèmes<br />

nationaux d’enseignement supérieur<br />

et de recherche sont de plus en<br />

plus soumis à des comparaisons et à des<br />

évaluations ».<br />

En interne, les classements peuvent participer<br />

à l’acceptation d’une identité<br />

collective ou à accélérer sa structuration,<br />

à l’instar de Paris-Saclay. Dans ce<br />

cadre, « sans s’imposer de manière autoritaire,<br />

le classement est un instrument<br />

normatif et prescriptif qui affecte et<br />

oriente la conduite de différents acteurs<br />

de l’enseignement supérieur et de la recherche<br />

» (Bouchard, 2013a). Christine<br />

Musselin, sociologue, considérait même<br />

dès 2008, que les classements représentaient<br />

« des leviers utilisés par les directions<br />

d’établissement pour justifier et<br />

mener en interne des réformes qu’elles<br />

n’auraient pu conduire autrement ». Les<br />

classements participent alors à la diffusion<br />

d’une culture managériale au sein des<br />

institutions. Dès lors, « le classement ne<br />

représente pas simplement la réalité sociale<br />

; il produit la réalité sociale dont il<br />

fait partie et oriente la conduite des acteurs<br />

» (Bouchard, 2013b)<br />

38


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

FÉVRIER <strong>2023</strong> N° 68<br />

Quel avenir pour les<br />

classements ?<br />

La remise en question des critères mobilisés<br />

par les classements n’est pas un phénomène<br />

nouveau et a alimenté une longue<br />

liste de recherches scientifiques (Vinokur,<br />

2006). Leur sont notamment reprochés :<br />

une combinaison de critères qualitatifs et<br />

quantitatifs méthodologiquement peu rigoureuse,<br />

un manque de transparence de<br />

la pondération des critères, une focalisation<br />

sur la recherche, des critères étroitement<br />

corrélés à la taille des établissements,<br />

des modes de collecte de données<br />

peu fiables, un manque de comparabilité<br />

entre les différents types d’institutions,<br />

etc. (Vinokur, 2006 ; Harfi et Mathieu,<br />

2006 ; Hazelkorne, 2007 ; Barbe,<br />

2015). En outre, l’actuel boycott des universités<br />

de droit aux Etats-Unis vis-à-vis<br />

du classement de l’US News - en raison<br />

de critères considérés comme obsolètes et<br />

insuffisamment adaptés à leurs singularités<br />

- soulève la question de la pertinence<br />

des modèles actuels au regard des évolutions<br />

des acteurs et du secteur de l’ESR.<br />

En réponse à ces transformations, on note<br />

plusieurs initiatives de la part des classements<br />

pour faire évoluer leurs critères, notamment<br />

en matière de RSE (plus d’informations<br />

ici). Frédérique Vidal souligne<br />

également l’existence de classements alternatifs,<br />

qui valorisent les spécificités<br />

institutionnelles, à l’instar de U-Multirank.<br />

A ces propositions, le chercheur<br />

Adam Barbe (2015) ajoute qu’il est nécessaire<br />

d’envisager des « méthodes de<br />

classement plus diversifiées […] dans le<br />

but de rompre avec le mythe d’un classement<br />

unique et d’une évaluation globale<br />

». Les prochaines évolutions dans<br />

les classement pourraient ainsi se pencher<br />

sur les questions suivantes (Harfi<br />

et Mathieu, 2006) : quelle est la place de<br />

l’Etat et l’importance de son rôle de régulation<br />

? Comment construire un classement<br />

avec un cadre institutionnel international<br />

et une méthodologie partagée ?<br />

Comment prendre en compte et valoriser<br />

les spécificités d’un système ESR local<br />

et de ses établissements dans une approche<br />

globale ?<br />

Juliette Berardi<br />

Sources<br />

• Eloire, F. (2010). Le classement de<br />

Shanghai. Histoire, analyse et critique.<br />

L’Homme & la Société, 178, 17-38<br />

• Barbe, A. (2015). L’université dans la<br />

mondialisation : les classements internationaux<br />

et leurs effets pervers. Regards<br />

croisés sur l’économie, 16, 254-259<br />

• Bouchard, J. (2012). La fabrique d’un<br />

classement médiatique de l’enseignement<br />

supérieur et de la recherche: Le<br />

cas du Monde de l’éducation (1976-<br />

1988). Quaderni, 77, 25-40<br />

• Bouchard, J. (2013a). Le classement :<br />

instrument de valorisation des universités<br />

parisiennes. Hermès, La Revue,<br />

66, 199-205.<br />

• Bouchard, Julie. (2013b). Les classements<br />

d’établissements d’enseignement<br />

supérieur et de recherche : des miroirs<br />

déformants aux instruments de régulation<br />

», Questions de communication,<br />

vol. 23, no. 1, pp. 175-196.<br />

• Charroin, J. (2015). Le classement de<br />

Shanghai, levier de la diplomatie d’influence<br />

chinoise ?. Revue internationale<br />

et stratégique, 97, 48-60<br />

• Harfi, M. et Mathieu, C. (2006). Classement<br />

de Shanghai et image internationale<br />

des universités : quels enjeux<br />

pour la France ?. Horizons stratégiques,<br />

2, 100-115<br />

• Hazelkorn, E. (2007). L’impact du classement<br />

des établissements sur la prise<br />

de décision dans l’enseignement supérieur.<br />

Politiques et gestion de l’enseignement<br />

supérieur, 19, 95-122.<br />

• Musselin, C. (2008). Vers un marché<br />

international de l’enseignement supérieur<br />

?. Critique internationale, 39,<br />

13-24<br />

• Morphew, C.C. et Huisman, J. (2002).<br />

L’utilisation de la théorie institutionnelle<br />

pour la réorientation de la recherche<br />

sur la déviation académique, in UNES-<br />

CO-CEPES, 127-146<br />

• Usher, A. et M. Savino (2006), A World<br />

of Difference : A Global Survey of<br />

University League Tables, Educational<br />

Policy Institute, Canadian Education<br />

Report Series<br />

• Vinokur, A. (2006). La qualité de la<br />

mesure de la qualité dans l’enseignement<br />

supérieur : essai d’analyse économique,<br />

Éducation et sociétés, vol. 18,<br />

no. 2, pp. 109-124<br />

• Vinokur, A. (2008). Les nouveaux<br />

enjeux de la mesure de la qualité en<br />

éducation<br />

39

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