PANORAMA DE PRESSE - 28.06.23
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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />
VITISPHÈRE<br />
Alexandre Abellan<br />
28·06·23<br />
APRÈS LA DÉCONSOMMATION,<br />
LA <strong>DE</strong>STRUCTION ET LA<br />
DÉPRODUCTION <strong>DE</strong> VINS FRANÇAIS<br />
? (3)<br />
Même succès pour les crémants de Bourgogne, qui sont produits à 51 % en Beaujolais note Cédric Subrin,<br />
le président de la section du Beaujolais. Voyant le crémant comme le régulateur de prix et de volumes du le<br />
Beaujolais, le courtier note que « le beaujolais a le sourire » face aux perspectives de belle récolte 2023. « On<br />
espère reconstituer les stocks après 4 millésimes déficitaires » pointe Cédric Subrin, notant des prix demeurant<br />
élevés, « à des niveaux semblant actés » depuis 2020. « Cela ne veut pas dire que tout est parfait. Avec les<br />
hausses de prix, nous perdons 40 à 50 % sur certaines enseignes de la grande distribution » prévient Cédric<br />
Subrin.<br />
Ce défi de gagner en valeur sans être sorti par les acheteurs taraude également dans le val de Loire. Avec le «<br />
recul depuis deux ans du rosé Anjou, chahuté pour ses prix élevés par d’autres régions de France. C’est une<br />
appellation en grande difficulté » constate Christine Touron-Lavigne, la présidente du syndicat de la Vallée de<br />
la Loire. L’autre appellation ligérienne rosée, « le Cabernet d’Anjou rentre en difficulté. Après les croissances,<br />
il y a un gros frein à cause du manque de bouteilles [en verre]. Les ventes qui ne sont pas faites ne sont pas<br />
rattrapées » ajoute la courtière. Pour les vins rouges, les appellations Bourgueil, Chino ou Saumur affichent «<br />
une situation très saine au niveau du stock, après de belles hausses des prix. Les marchés se sont faits par la<br />
peur de manquer pour les négociants. Mais en définitive il semblerait que le marché se tasse. »<br />
Problèmes de riches<br />
En Côte d’Or, il semble que la filière vin soit sur un autre monde. Même si le millésime 2022 a été généreux, les<br />
cours restent fermes : entre forte demande du négoce (désormais 1 600 acheteurs) et stocks bas à la propriété<br />
(qui n’hésite pas à jouer la rétention). Ce qui fait que « le négoce se trouve face à une concurrence déloyale : il<br />
achète cher du vrac et se retrouve à des prix supérieurs que les tarifs des vins de domaine » note Jérôme Prince,<br />
qui préside le syndicat bourguignon des courtiers. Si les domaines « ne savent plus où donner de la tête » pour<br />
répondre aux demandes, le négoce « ralentit fortement » ajoute le courtier.<br />
Idem pour Chablis, le courtier Laurent Camu relevant des « domaines assaillis de demandes, mais ce n’est pas<br />
le même retour du négoce, où il y a un ralentissement ». Pour Jérôme Prince, « il y a quand même un risque : le<br />
Bourgogne bashing », alimentée par des hausses continues des prix. Appelant à faire attention à un phénomène<br />
émergent, le courtier constate qu’« avec l’inflation, on verse un peu trop dans le luxe : ce qui est gênant, il ne<br />
faut pas se couper de la base [des consommateurs]. »<br />
Arrachage, diversification, tendance…<br />
Au terme de ce tour de France des défis rencontrés par la filière, où trouver des solutions ? L’exemple du<br />
Beaujolais est inspirant pour Jérôme Prince : « cette région renaît de ses cendres et peut donner espoir à ceux qui<br />
déprimeraient et penseraient qu’il n’y a rien à faire sinon que d’attendre des aides et subventions de distillation<br />
et d’arrachage. » Pour atteindre cette « rémission sérieuse », le Beaujolais s’est infligé un remède de cheval<br />
relève Cédric Subrin : perte de la moitié des surfaces en appellations Beaujolais et Beaujolais villages (de 10<br />
à 6 000 ha), diversification en Crémant (de Bourgogne) et profil répondant aux consommateurs (buvabilité et<br />
terroir).<br />
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