POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE FRANCE BLEU France Bleu 25·06·23 DAVID ARCHER, DU SYNDICAT GÉNÉRAL <strong>DE</strong>S VIGNERONS, EST INVITÉ POUR PARLER <strong>DE</strong>S CARACTÈRES <strong>DE</strong>S CHAMPAGNES CLIQUER POUR ÉCOUTER L’EXTRAIT 2
POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE LA CHAMPAGNE <strong>DE</strong> SOPHIE CLAEYS Sophie Claeys 26·06·23 HAUSSE DU PRIX DU CHAMPAGNE « LES PRIX SERONT <strong>DE</strong> PLUS EN PLUS DÉTERMINÉS PAR LA DÉSIRABILITÉ <strong>DE</strong>S BOUTEILLES » (MARTIN CUBERTAFOND) (1) Le Champagne deviendrait-il trop cher ? Identifié comme un vrai produit de luxe ou simplement victime de l’inflation ? Est-ce un phénomène conjoncturel ou une vraie tendance de fond ? Martin Cubertafond, consultant en stratégie, maître de conférences à Sciences-Po Paris, spécialisé en distribution, vins & spiritueux, apporte quelques réponses permettant de mieux comprendre le contexte actuel et les enjeux champenois. Le prix de vente moyen d’une bouteille de champagne a augmenté de 10% sur douze mois, cette hausse est-elle uniquement liée à l’augmentation des coûts de production ? Il est clair que les coûts de production ont augmenté en 2022 pour les producteurs de Champagne. Le coût du raisin, qui représente plus de la moitié des coûts d’une bouteille, a augmenté. Il y a également eu une inflation importante, notamment pour les bouteilles et les autres matières sèches. Les maisons, coopératives et vignerons ont cherché à répercuter ces augmentations dans leurs prix de vente pour préserver leurs marges. L’augmentation des coûts est donc une des raisons de l’augmentation du prix de vente du Champagne, mais ce n’est pas la seule : la forte hausse de la demande a également tiré les prix vers le haut. C’est-à-dire ? Sur le marché du vin en général, pas seulement en Champagne, il existe deux principaux modèles de fixation de prix : pour les vins dont l’offre est supérieure à la demande, les producteurs ont tendance à fixer leurs prix en fonction de leur coût de production, auquel ils ajoutent une marge. Mais pour les vins dont l’offre est inférieure à la demande, les producteurs vont augmenter leurs prix jusqu’à ce que la demande diminue jusqu’au niveau de l’offre. Dans ce cas, le prix de vente est donc déconnecté des coûts de production. C’est ce que l’on observe, par exemple, avec les plus prestigieux des grands crus classés bordelais. Leur prix de sortie a en moyenne augmenté de 20% lors de la campagne de vente en primeur du millésime 2022 en cours. Cela n’est aucunement provoqué par une augmentation des coûts de production, mais par une anticipation d’une forte demande des marchés, du fait de la qualité du millésime. De la même façon, le prix de vente des cuvées de prestige champenoises est dicté par le rapport de l’offre et de la demande et non par l’évolution des coûts de production. Si Dom Pérignon, Cristal ou Krug ont allègrement dépassé un prix de vente de 200€ par bouteille ces cinq dernières années, cela n’est pas dû à une croissance de leurs coûts de production, mais en premier lieu à une désirabilité toujours plus forte, qui provoque une augmentation de la demande. Avec un chiffre d’affaires de 6,3 milliards d’euros pour 325 millions de bouteilles en 2022 contre 5,5 milliards d’euros pour 320 bouteilles en 2021, la notion de valeur si chère à certains champenois dépasset-elle la notion de volume tout aussi chère à d’autres ? Si l’on regarde les chiffres 2022, les expéditions ont augmenté de +1,5% en volume, mais de +10,9% en valeur. Cette année 2022 restera donc dans les annales avant tout comme l’année de la valeur. Depuis le Covid, le Champagne vit une période un peu folle et passionnante. Après la pandémie, la demande a fortement augmenté. L’offre étant contrainte par les niveaux de stocks et la durée de vieillissement, de nombreux acteurs n’ont pas pu satisfaire la demande et ont dû mettre en place des systèmes d’allocation. Cela a changé, de fait, le modèle de fixation de prix. Pour de plus en plus d’acteurs, il n’est plus défini aujourd’hui par les coûts de production, mais par le déséquilibre entre l’offre et la demande. ▼ SUITE ▼ 3