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PANORAMA DE PRESSE - 28.06.23

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POLITIQUE · ÉCONOMIE · LA VIGNE · LE VIN · HORS CHAMPAGNE<br />

LA CHAMPAGNE<br />

<strong>DE</strong> SOPHIE<br />

CLAEYS<br />

Sophie Claeys<br />

26·06·23<br />

HAUSSE DU PRIX DU CHAMPAGNE<br />

« LES PRIX SERONT <strong>DE</strong> PLUS<br />

EN PLUS DÉTERMINÉS PAR LA<br />

DÉSIRABILITÉ <strong>DE</strong>S BOUTEILLES »<br />

(MARTIN CUBERTAFOND) (2)<br />

Si l’on considère que même une marque moyennement valorisée et très présente dans la grande distribution<br />

française comme Nicolas Feuillatte était sous allocation en 2022, alors cela veut dire que c’est toute la<br />

Champagne qui est en train de basculer vers ce nouveau modèle de fixation de prix. Si la demande continue à<br />

être forte, alors à l’avenir les prix seront de plus en plus déterminés par la désirabilité des bouteilles et de moins<br />

en moins par les coûts de production.<br />

Est-ce un bien pour la Champagne ? Cette orientation ne comporte-t-elle pas des risques ?<br />

Cette orientation n’est bien entendu pas sans risque. En augmentant ses prix, la Champagne se coupe<br />

de nombreux consommateurs. C’est le cas sur le marché français, où l’on voit que la part des foyers qui<br />

consomment du champagne diminue d’année en année depuis dix ans. Il s’est passé la même chose avec les<br />

grands crus bordelais que nous évoquions tout à l’heure, et aussi avec de nombreux autres produits qui sont<br />

devenus des symboles de l’art de vivre à la française.<br />

Mais selon moi, la stratégie de valeur (que l’on appelle aussi la premiumisation) présente plus d’opportunités<br />

que de risques. Tous les autres vins effervescents du monde rêveraient d’être face à cette problématique !<br />

En effet, dans le marché mondial des vins effervescents, qui est en croissance, le champagne est en train<br />

de s’affirmer comme la référence la plus qualitative, tout en haut de la pyramide. Cela implique de laisser<br />

le marché d’entrée et de milieu de gamme à d’autres acteurs (prosecco, cava, crémants, vins du nouveau<br />

monde,…).<br />

Vous pensez donc que cette course à la valeur ajoutée est amenée à se prolonger ?<br />

Selon moi, en réalité, la Champagne n’a pas vraiment le choix : elle est déjà embarquée dans cette direction. Si<br />

l’on prend du recul, cela saute aux yeux :les chiffres montrent que la croissance de la Champagne depuis 2010<br />

repose sur une augmentation des prix moyens et non des volumes.<br />

Par ailleurs, le leader, le groupe LVMH, qui contrôle près de la moitié du marché en valeur, tire les prix vers<br />

le haut grâce à son savoir-faire marketing de numéro 1 mondial du luxe. Et, en amont, la Champagne est<br />

également contrainte par le coût des raisins qui continue à augmenter, et qui ne laisse pas d’autre solution que<br />

de premiumiser. En effet, aujourd’hui, pour un vigneron, il est plus rentable de vendre ses raisins à 8-9€ le kilo<br />

(selon les crus) que de vendre des bouteilles à 14 ou 15 € HT.<br />

Tous ces éléments s’inscrivent dans ce qui me semble être une logique inaltérable de valorisation, et c’est une<br />

superbe opportunité pour la Champagne !<br />

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