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toujours continuer à attiser le champs des<br />
possibles. La connaissance des territoires,<br />
un lent processus de compréhension des<br />
enjeux qui nous lient, nous, citoyens européens<br />
et acteurs transfrontaliers, a certainement<br />
opéré dans mon parcours, et donc<br />
dans ma pratique. C’est aussi l’écho de la<br />
construction de soi-même, au gré de rencontres<br />
parfois décisives, que ce contexte<br />
si singulier à la croisée de nos frontières<br />
aura permis de consolider, et parfois de se<br />
satisfaire de quelques progrès. Car dans le<br />
métier d’architecte, on ne peut se satisfaire<br />
que d’avancées, rarement de projections<br />
linéaires.<br />
Pouvez-vous revenir sur votre formation ?<br />
Je suis architecte diplômé par le gouvernement<br />
français, à l’École d’architecture<br />
de Nancy. Je retiens tout particulièrement<br />
de mon parcours de formation l’enseignement<br />
que je suis allé chercher sur la côte<br />
occidentale de l’Europe. Le programme<br />
Équipement sportif, Metz (FR)<br />
Erasmus offrait une opportunité d’ouverture<br />
inédite. C’était encore les prémices,<br />
en tout cas en termes de statistiques, car<br />
peu d’étudiants s’exportaient encore.<br />
L’étudiant pouvait substituer dans son<br />
cursus en cours une année universitaire<br />
entière. Une aubaine d’immersion à bien<br />
des égards : culturelle, linguistique et bien<br />
entendu pédagogique ! La leçon portugaise<br />
a été marquante, et elle accompagne encore<br />
mon travail aujourd’hui, parce qu’elle<br />
posait dans son essence la responsabilité<br />
impérieuse de l’architecte : celle des proportions,<br />
des volumes, de poser des pleins,<br />
des vides, de les articuler, en les disposant<br />
de sorte d’éloigner le sentiment d’ennui<br />
et de tristesse. C’est la solution pour laquelle<br />
je milite, que je m’emploie à faire<br />
vivre, solution qui ne se soustrait nullement<br />
à mes engagements en lien avec la<br />
transition écologique. Je les traduis dans<br />
l’action. Je les articule sans compromis<br />
avec les fondamentaux de l’architecture.<br />
Et nul besoin d’un aéropage de gourous<br />
pour conscientiser ma pratique, lesquels<br />
souvent prêchent davantage plutôt que de<br />
faire.<br />
L’insertion des architectes diplômés<br />
dans la vie professionnelle vous<br />
semblent-elle satisfaire les attentes du<br />
marché de l’emploi ?<br />
On entend souvent que ce n’est pas le cas.<br />
C’est un procès inapproprié porté à l’objet<br />
même de la formation d’architecte.<br />
Sans doute repose-t-il sur un malentendu.<br />
L’employeur a légitimement une attente<br />
professionnalisante de la formation. C’est<br />
a priori l’objet même d’un diplôme pour<br />
assurer sa mue vers l’expérience. Dans le<br />
cas précis de la formation d’architecte, il<br />
convient de rappeler que la plupart des<br />
enseignements ont vocation à préparer à<br />
la pratique de l’architecture plutôt qu’au<br />
métier d’architecte… Dit comme ça, je<br />
perçois la confusion… et pourtant nous<br />
ne sommes pas dans la nuance. Comment<br />
pourrait-on, à l’issue de la formation, faire<br />
valoir l’expertise des contours d’un métier<br />
aussi distendus, dans ses détours, ses<br />
enjeux, tout cela dans le cadre d’un enseignement<br />
aussi bordé dans le temps ?<br />
Ce que l’on peut regretter se niche davantage<br />
dans le manque d’efficacité des<br />
enseignements.<br />
Stéphane Gutfrind<br />
©Stéphane Gutfrind, architecte<br />
Équipement sportif, Mont-Saint-Martin (FR)<br />
©Stéphane Gutfrind, architecte