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Du mardi 18 au samedi 22 novembre, opération exclusive et ... - IPM

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sonGraal...<br />

“Sacré Graal”, signé des Monthy Python. Ces derniers parodient<br />

à merveille les séquences classiques des œuvres médiévales,<br />

comme l’attaque de l’antre d’un dragon... qui s’avère<br />

être un lapin ou la confrontation avec les chevaliers du “Ni”,<br />

qui terrorisent la population paysanne en répétant incessamment<br />

la même menace, la syllabe “Ni !” “Ni !” “Ni !”.<br />

L’universalisme du mythe<br />

Point n’est besoin cependant de connaître l’histoire dans<br />

les détails pour accéder <strong>au</strong> cycle arthurien. Les personnages<br />

<strong>et</strong> leurs aventures sont transcendés par les thèmes qui<br />

traversent leurs histoires personnelles. La guerre, le pouvoir,<br />

les rivalités amoureuses, enfin <strong>et</strong> surtout la sublime <strong>et</strong><br />

éternelle quête de l’Absolu, la recherche du Graal. Le mythe<br />

universaliste se nourrit d’ailleurs de constructions narratives<br />

que l’on a déjà rencontrées dans des mythologies<br />

<strong>au</strong>tres, en particulier la mythologie grecque. Le récit de la<br />

conception d’Arthur, pour exemple, est identique à celle du<br />

héros Hercule. La légende raconte en eff<strong>et</strong> qu’Uther Pendragon<br />

était éperdument amoureux de la femme du roi de<br />

Logres, Ygerne. Ami de Merlin, il lui demanda de ruser<br />

pour approcher la belle. Merlin, grâce à sa magie, donna à<br />

Uther l’apparence de l’époux d’Ygerne pour une nuit. De<br />

c<strong>et</strong>te liaison adultère naquit Arthur – Zeus profita du<br />

même tour pour atteindre Alcmène, future mère du demidieu<br />

antique. Le schéma narratif du cycle arthurien se<br />

nourrit de superstructures mythiques, œuvrant ainsi à son<br />

caractère atemporel <strong>et</strong> universel (on relève d’ailleurs que le<br />

récit arthurien a parfois dépassé les frontières de l’Europe,<br />

se muant en manga japonais).<br />

Plus tard, le cycle arthurien, <strong>au</strong> vu<br />

de sa diffusion fort répandue, est<br />

repris <strong>au</strong> profit de l’Eglise qui le<br />

christianise. Arthur, le roi qui a<br />

prétendument lutté contre les<br />

Saxons <strong>au</strong> V e siècle afin de libérer<br />

la (Grande) Br<strong>et</strong>agne du joug de<br />

ces barbares païens, devient un<br />

roi très chrétien, assimilé dès le<br />

XII e siècle <strong>au</strong> portrait de Charlemagne.<br />

Les représentations des<br />

chevaliers de la Table ronde ne<br />

sont d’ailleurs pas sans rappeler<br />

l’imagerie de la Cène, à la même<br />

époque. Dans la foulée, <strong>au</strong> début<br />

du XIII e siècle, le Graal devient la<br />

coupe qui recueilllit le sang du<br />

Christ, puis qui fut portée depuis<br />

la Palestine jusqu’<strong>au</strong>x terres de<br />

l’Europe. n<br />

w Tous les manuscrits <strong>et</strong> divers obj<strong>et</strong>s qui illustrent<br />

la double page sont à voir à l’expo “Arthur, une<br />

légende en devenir”, <strong>au</strong>x Champs Libres, à Rennes<br />

(France) jusqu’<strong>au</strong> 4 janvier 2009. Infos sur Web<br />

www.leschampslibres.fr<br />

G R A N D A N G L E<br />

LE MAGICIEN<br />

Merlin l’enchanteur<br />

Figure légendaire, Merlin nous apparaît comme<br />

un mage bienveillant. On dit parfois qu’il est<br />

l’artisan de Stonehenge. Conseiller d’Uther<br />

Pendragon, qu’il aida à devenir souverain du<br />

roy<strong>au</strong>me de Logres, il est à l’origine de la conception<br />

magique d’Arthur. Merlin, dont on dit<br />

qu’il a le pouvoir de prédire l’avenir, ne peut<br />

cependant s’y dérober. Amoureux fou de<br />

Viviane, on le sait, il lui livre ses secr<strong>et</strong>s, alors<br />

qu’il sait déjà qu’elle les utilisera contre lui. La<br />

Dame du Lac fascine Merlin <strong>et</strong> “l’entombe”,<br />

dans une pierre, pour l’éternité, Brocéliande,<br />

en H<strong>au</strong>te Br<strong>et</strong>agne est son tombe<strong>au</strong>.<br />

La figure du magicien a inspiré de nombreux<br />

romanciers dont René Barjavel, dans “L’enchanteur”.<br />

L’écrivain y dépeint un Merlin<br />

passionné, <strong>et</strong> promis à sa perte dans les bras de<br />

sa belle, Viviane. Récemment, son personnage<br />

a inspiré une série diffusée sur la BBC, on<br />

regr<strong>et</strong>te cependant d’y voir un Moyen-Age<br />

traduit à travers l’habituelle image belliqueuse,<br />

peu glorieuse. n<br />

w Merlin <strong>et</strong> Nimüe (alias Viviane), Sir Edward Burne Jones,<br />

<strong>18</strong>61.<br />

V & A IMAGES<br />

LE TRÉSOR<br />

Mystérieux Graal<br />

Qu’est-ce donc que le Graal ? Il y eut la version, récente <strong>et</strong> fort répandue, de Dan Brown dans<br />

le “Da Vinci Code”. Le Graal, sur la fresque peinte par Léonard, <strong>au</strong> couvent de Sainte-Mariedes-Grâces<br />

de Milan, y apparaissait sous une forme à laquelle on ne s’attend pas : le profil de<br />

Marie-Madeleine, personnage féminin du Nouve<strong>au</strong> Testament. La femme, comme mystère<br />

universel, voici pour la théorie du romancier Brown.<br />

Le mystère du Graal est de fait posé dès son origine. Le “Graal” est décrit pour la première<br />

fois <strong>au</strong> cours d’un récit d’Arthur <strong>et</strong> les siens, <strong>et</strong> dont l’<strong>au</strong>teur n’est <strong>au</strong>tre que Chrétien de<br />

Troyes. Perceval, chevalier fidèle du roi Arthur, part à l’aventure. Au cours de son périple, il fait<br />

halte <strong>au</strong> mystérieux châte<strong>au</strong> du Roi pêcheur. Il assiste ainsi, durant le repas offert par son hôte,<br />

à une curieuse cérémonie : il voit défiler un jeune homme portant une lance qui saigne,<br />

d’<strong>au</strong>tres portant des chandeliers. L’<strong>au</strong>teur indique ensuite “Une jeune femme porte un Graal <strong>et</strong><br />

une <strong>au</strong>tre un tailloir”. Le texte n’en dit pas plus, Chrétien de Troyes ne termine pas son récit,<br />

l’histoire interrompue n’a pu qu’épaissir le mystère du Graal bien sûr. Assimilé très précocement<br />

à un récipient, le Graal est dans les premières représentations, plus proche d’une écuelle<br />

que d’une coupe ou d’un calice, tandis qu’il s’apparente (très différemment!) à une pierre<br />

incandescente, dans les légendes germaniques. Ce n’est qu’<strong>au</strong> XIII e siècle que le Graal devient<br />

le calice ayant servi à recueillir le sang du<br />

Christ sur la croix, <strong>et</strong> emporté par les<br />

decendants de Joseph d’Arimathie de la<br />

Palestine jusqu’<strong>au</strong>x terres d’Europe. n<br />

w Le ch<strong>au</strong>dron de Gundestrup , daté du I er siècle<br />

avant J.-C. est sans doute l’un des prototypes du<br />

Graal, on y voit apparaître un cortège de divinités<br />

celtiques couronnées de bois de cerf.<br />

LE CHÂTEAU<br />

Camelot<br />

BIBRACTE/ANTOINE MELLIER<br />

Remis <strong>au</strong> goût du jour grâce à la série<br />

“Kaamelott”, qui transpose le récit de la<br />

Table ronde dans notre monde contemporain,<br />

la place forte où trôna Arthur<br />

reprend du galon à travers c<strong>et</strong>te minisérie<br />

qui traite du cycle arthurien sur<br />

ton d’anachronismes <strong>et</strong> décalages<br />

contemporains.<br />

Centre de rayonnement de la quête du<br />

Graal – c’est de Camelot que se lancent<br />

les chevaliers en<br />

quête du mystérieux<br />

artefact –, Camelot<br />

le lieu où vit la Cour<br />

du roi Arthur. Be<strong>au</strong>coup<br />

d’archéologues,<br />

aidés de l’étymologie<br />

ont voulu donner une<br />

véracité géographique<br />

<strong>au</strong> siège du<br />

roy<strong>au</strong>me arthurien<br />

–on parle désormais<br />

de la ville de Cadbury<br />

dans le sud ouest de<br />

l’Angl<strong>et</strong>erre –, mais,<br />

comme le dit si<br />

justement Denis Hüe, spécialiste de<br />

littérature médiévale à l’université de<br />

RennesII H<strong>au</strong>te Br<strong>et</strong>agne, “une éventuelle<br />

localisation effective, intéressante sur<br />

le plan archéologique, est inutile sur le plan<br />

du récit, le propre du monde arthurien<br />

étant bien sa disparition sans trace ni<br />

descendants, il ne reste que l’ébouissement<br />

de la mémoire”. n<br />

w Tounoi à Camelot, dans “Lancelot du Lac”,<br />

manuscrit, vers 1480.<br />

L A L I B R E 2 MARDI <strong>18</strong> NOVEMBRE 2008 29<br />

© S.A. <strong>IPM</strong> 2008. Toute représentation ou reproduction, même partielle, de la présente publication, sous quelque forme que ce soit, est interdite sans <strong>au</strong>torisation préalable <strong>et</strong> écrite de l'éditeur ou de ses ayants droit.<br />

©BNF

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