EntretienRecrutement du personnel :L’expérience en cabinetLe Dr Gian Luca Pedroli (photo) est installéà Mendrisio. Pour lui, le succès d’un cabinetdépend non seulement de la qualité dessoins, mais également d’une gestionappro priée, une compétence trop absentede la formation. Il partage avec Ophtases expériences en matière de gestion dupersonnel.Une bonne équipe peut vous per mettre d’avoirplus de temps libreEst-ce difficile de trouver une assistantedans le canton de Tessin ?Oui et non. Il faut d’abord définir ce que l’onentend par « assistante » pour un <strong>ophta</strong>lmologue.En règle générale, nous n’effectuonspas de prélèvements sanguins ou deradiographies au cabinet, donc nous n’avonspas vraiment besoin d’une assistante médicaleà proprement parler, mais plutôt d’unesecrétaire. Mon assistante a une formationcommerciale. Les tâches qu’elle doit effectuerlui ont été expliquées dès le début.Nous lui avons appris tout ce qu’elledevait savoir sur les différents appareilstels que l’autoréfractomètre, l’imagerie,etc. Au bout de quelques mois, elle était capabled’effectuer les examens de manièreautonome. Une personne ouverte d’esprit,prête à apprendre de nouvelles choses etdévouée à son travail, c’est une pépite. Ilfaut donc également la rémunérer correctement,non seulement sur le plan salarialmais également en congés et vacances.Travailler directement avec les patients estdifficile et la secrétaire est en premièreligne, y compris pour les réclamations,qu’elles soient justifiées ou non. Pour répondreà votre question, je dirais que non,il n’est pas difficile de trouver une assistante; mais il est très difficile de trouverune bonne assistante. Lorsque l’on a lachance d’avoir une telle perle, on doit latraiter comme telle et l’amener à briller.Comment cela se passe-t-il pourles professions spécialisées telles queles orthoptistes ?Depuis quelques années, une orthoptistevient un jour par semaine dans mon cabinet.Elle est également « mon » infirmièrede bloc, étant donné qu’elle a une doubleformation. De telles collaboratrices sontencore plus difficiles à trouver. Ce seraitvraiment une bonne chose que les écolesd’orthoptie offrent une for mation élargieà la pratique en cabinet <strong>ophta</strong>lmologique.Une telle personne est alors un vrai atout,car elle peut être utile à plusieurs niveaux.À l’échelle confédérale et cantonale,on devrait donner la possibilitéd’étudier 1 à 2 années supplémentairesaprès la for mation d’orthop tiste, pour devenirun « superatout », comme ma collaboratrice.Les patients apprécient énormément derencontrer l’infirmière de bloc avant l’intervention,par exemple lorsqu’elle réalisela biométrie. Une fois qu’ils sont en salled’opération, ils sont plus détendus car ilsconnaissent déjà au moins une des personnesprésentes. Ils revoient souventcette même personne lors de la visite decontrôle suivante. Bien évidemment, mespatients me connaissent, mais si le médecinn’est pas le seul visage familier ensalle d’opération, ils sont beaucoup plus àl’aise, leur expérience est positive et ilsnous recommandent davantage autourd’eux.Aujourd’hui, si vous deviez rechercher uneassistante, comment procéderiez-vous –annonce, agence, Internet, confrères ?En 2005 je cherchais une nouvelle collaboratrice.Je n’avais mis qu’une seule annoncedans le Corriere del Ticino et j’aiobtenu près de 500 réponses. Le profil recherchéet les exigences du poste étaientclairement spécifiés et pourtant j’ai reçutoutes sortes de candidatures – de la vendeusede chaussures qui cherchait de nouveauxdéfis à la barmaid qui était rentréeen Suisse après avoir travaillé deux ansdans un bar en Australie. Aujourd’hui, jereçois entre 2 et 3 candidatures spontanéespar semaine, la plupart venant d’Italie.La crise se fait ressentir et beaucoup sontprêts à s’expatrier pour un travail, d’autantplus que les salaires en Suisse dans notresecteur sont trois à quatre fois plus élevésqu’en Italie.Quels sont pour vous les facteurs décisifs ?Vous fiez-vous à votre instinct pour lesdécisions d’embauche ?Le CV est le premier facteur. Vient ensuiteune liste comportant différents points, telsque : l’aspect soigné, la présentation, le relationnel,la ponctualité, etc. J’expliqued’entrée ce que je recherche, ce que je veuxet surtout ce que je ne tolère pas. Ainsi,tout est clair dès le début. Je ne suis pasmarié à mon personnel et inversement,donc si cela ne va pas, on peut toujourschanger. Je suis d’abord assez objectif etpratique mais dans un second temps, l’instinctentre aussi en compte. Je ne pourraispar exemple pas embaucher une personnepour laquelle je ressens une attirance particulière.Je suis au cabinet pour travailler ;les distractions et les conflits potentielsn’ont rien à y faire.Des expériences négatives aussi ?Oh oui ! Je n’ai normalement qu’un(e) seul(e)employé(e). Il y a quelques années, le nombrede patients et de consultations a brutalementchuté, d’environ 40 % ! Après coup, j’aiappris que ma secrétaire d’alors avait prisl’initiative d’informer tous les appelants que362 <strong>ophta</strong> • 5|<strong>2012</strong>
Domedics <strong>2012</strong> final.ai 20.09.<strong>2012</strong> 14:30:32le cabinet n’acceptait plus de nouveaux patients… quant aux patients à contacter pourun rendezvous, elle mettait les lettres avecmes remarques au fond d’un tiroir.Quels conseils pouvez-vous donner à noslecteurs ?Travailler à l’accueil est souvent une tâcheingrate, c’est pourquoi il est importantd’encourager et d’être à l’écoute de la personneet de la rémunérer correctement.Quand un(e) employé(e) est une perle, untrésor, il faut le / la traiter en conséquencemais attention à ne pas se faire prendre en« otage », il faut que les choses soientclaires : on est bien traité si l’on est loyalmais nous ne sommes pas des collègues,c’est une relation employeuremployé. Aupire, l’employeur peut toujours embaucherune autre personne. Cela marche bien entendudans les deux sens : un employé atout à fait le droit de démissionner et dechanger de travail.Quel est votre secret pour garder voscollaboratrices ?Le respect mutuel : nous sommes tous desêtres humains, pas des chiffres ou de lasimple main d’œuvre. Les problèmes personnelsn’ont cependant rien à faire ausein du cabinet et ne doivent pas franchirla porte. Les tâches et les rôles doivent êtreclairement définis mais ils peuvent égalementtout à fait évoluer. Les responsabilitéset les attentes doivent être réalistes.Mais le plus important à mes yeux, c’est decommuniquer et d’être à l’écoute !Monsieur Pedroli, merci beaucoup !CorrespondanceDr Gian Luca PedroliVia Lavizzari 186850 Mendrisio Borgodoc.pedroli@gmail.comTél. 091 630 0747