Vol. 15 - Deutsches Primatenzentrum

Lemur News Vol. 15, 2010 Page 55
albifrons, Propithecus candidus, Indri indri. Parmi ces espèces
citées, celles non rencontrées dans les deux corridors sont:
Indri indri et Phaner furcifer (pour les deux corridors Betaolana
et Tsaratanana-Betaolana) et Allocebus trichotis pour le
corridor Tsaratanana Betaolana).
Parmi les espèces de lémuriens, le Simpona (Propithecus candidus)
est une des 25 espèces de primates les plus menacées
dans le monde (Mittermeier et al., 2005), d’où l’intérêt de se
focaliser sur sa conservation. Certains auteurs (Petter et al.,
1979; Tattersall, 1982) pensent que l’habitat du Simpona
pourrait éventuellement s’étendre vers le Sud jusqu’aux
forêts de la péninsule de Masoala. Il est par contre prouvé
que le versant Ouest de Anjanaharibe-Sud, actuellement
sans statut de protection, héberge une population importante
de Simpona. La population de Simpona de la région
Andapa et donc mondiale est estimée à une valeur comprise
entre 100-1000 individus (Mittermeier et al., 1994). Des
inventaires effectués par le WWF vers la fin 2006 ont relevé
que le Simpona se rencontre aussi vers le Nord du Corridor
de Betaolana en allant vers le Nord Ouest du côté du massif
de Tsaratanana.
Social et économique:
Les deux corridors forestiers, Betaolana et Tsaratanana
Betaolana, couvrent approximativement une superficie respective
de 16 500 ha et de 130 900 ha et sont très riches en
forêt.En se référant aux délimitations sur la carte 1,les deux
corridors renferment encore jusqu’à 90 % de forêts. Situées
sur des sols ferralitiques, les forêts des deux corridors sont
localisées entre les altitudes 850 et 1600 m pour Betaolana
et 800 à 2280 m d’altitude pour Tsaratanana-Betaolana. Les
deux corridors jouissent encore du climat humide de la
région de SAVA.
Les deux corridors appartiennent aux districts d’Andapa
(pour le Corridor de Betaolana) et de Bealanana (pour le
corridor de Tsaratanana-Betaolana). Les populations des
communes locales vivant à la périphérie de ces corridors
sont estimées, en 2009, à 72 521 pour le corridor Betaolana
et à 41 333 pour le corridor Tsaratanana-Betaolana (à partir
des données d’INSTAT 1993).
Dans la région de SAVA, les forêts dans les deux corridors
Betaolana et Tsaratanana Betaolana font partie des domaines
forestiers de l’Etat. Ils n’ont de ce fait pas de statuts
particuliers (Garreau et Manantsara, 2003). Toutefois, le
WWF, connaissant l’importance de la flore et la faune dans
cette zone, a mis en œuvre de 2005 à 2008 deux projets
spécifiques pour la conservation des lémuriens et de leurs
habitats dans la région de SAVA. Dans le cadre des projets
mis en œuvre par le WWF qui se sont succédés dans la région
de SAVA, celui-ci a travaillé avec les populations locales
pour mettre ces deux corridors sous statuts de Nouvelles
Aires Protégées. Pour le Corridor Betaolana, huit communautés
de bases ayant reçu des contrats de transferts de gestion
des lots de forêts ont déjà déposé leur manifestation
d’intérêt dans ce sens en 2008.Les différentes étapes et procédures
à respecter suivent actuellement normalement leur
cours.
Cet article, eu égard à tous les acquis dans le cadre des
projets du WWF, est une capitalisation des expériences de
WWF Madagascar pour les projets de conservation des
lémuriens et de leurs habitats dans le Nord de Madagascar.
L’un des deux projets est connu sous son appellation courte,
projet Simpona. Son but est en effet de mettre en exergue
cette espèce phare bien qu’elle ne soit pas la seule à être
protégée dans le cadre des projets du WWF.
Approche de conservation
Les sites des deux projets
La région de SAVA se trouve dans l’ex Province d’Antsiranana
au Nord de Madagascar. Les deux projets du WWF
dans cette localité ont été conduits dans deux corridors
forestiers entre les Aires Protégées Tsaratanana (Réserve
Naturelle Intégrale), Marojejy (Parc National) et Anjanaharibe
Sud (Réserve Spéciale).La carte suivante montre la situation
générale de ces localités.
Les objectifs de conservation
A partir de la connaissance des richesses de cette localité,
des pressions et menaces sur les espèces cibles,la finalité des
deux projets était de freiner l’utilisation irrationnelle de la
forêt tout en construisant un environnement où les populations
locales pourront vivre en harmonie avec la nature.
Découlant de cette finalité,les objectifs des deux projets ont
été de: 1) Mieux connaître le niveau de menace sur les
lémuriens et sur leurs habitats; 2) Elaborer des scénario de
zonages et de gestion; 3) Conscientiser et éduquer les
communautés locales concernant les menaces et la protection
des lémuriens; 4) Initier de nouveaux transferts de
gestion des forêts auprès des communautés locales de base
(sur la partie Ouest du Corridor de Betaolana); 5) Protéger
et/ou restaurer les habitats des lémuriens; 6) Renforcer la
protection des lémuriens par l’extension et la création de
nouvelles aires protégées; 7) Vulgariser et promouvoir les
produits de substitution des principaux produits forestiers;
8) Procéder au suivi d’évaluation des méthodes et procédures
de gestion internes des associations des forêts; 9)
Restaurer les terrains défrichés de la périphérie du corridor.
En bref,les deux projets essaient de renforcer les conditions
requises pour la conservation à long terme de la biodiversité
via la conservation des fonctions écologiques des deux corridors
(Betaolana et Tsaratanana-Betaolana) de manière participative.
Diagnostic participatif: Mieux connaitre pour mieux
protéger
Cartographie
A partir des connaissances issues de la littérature, une cartographie
simplifiée basée sur des cartes topographiques
(échelles 1/100 000) et des interprétations des images satellites
2000 a été élaborée. L’objectif est de partir des limites
des forêts à partir de ces images pour délimiter des zones où
les inventaires forestiers vont être réalisés.De même,de par
cette technique,des zonages forestiers et des cartes d’occupation
des sols sont élaborés.Le zonage forestier se base sur
les états de dégradations des forêts. Les unités semblables
ont été groupées dans une même catégorie définie pour un
objectif spécifique (conservation, enrichissement / restauration,
droit d’usage).
Inventaire des lémuriens par des primatologues
Pour mieux intégrer les populations locales dans l’importance
de la conservation des lémuriens,elles ont été invitées
à participer aux inventaires des lémuriens.Leur connaissance
de base, combinée aux connaissances scientifiques de deux
primatologues recrutés ont été pour renforcer les acquis
dans le cadre de la littérature.Cette approche a aussi permis
d’élaborer des documents de base pour le suivi des lémuriens
et de choisir des espèces pour la restauration
forestière.