Le petit monde de Raymond Bigot - Université de Caen Basse ...

Entrée en matière
Cette note est née de nombreux colloques que nous eûmes Bertrand mon frère aîné (de trois
ans) et moi une fois que nous réalisâmes de conserve que nous ne remettrions plus les pieds à
la Hulotte, maison de notre grand-père Raymond Bigot à Honfleur, simplement parce que la
succession de notre mère s’était conclue de telle manière qu’un frère seul l’avait reçu en
donation et que pas de chance il n’était pas du genre partageur. En ce temps, je me focalisais
sur la remontée des Diehl, le père, et négligeais quelque peu ces Bigot, la mère, pensant que
de ce côté-là, tout était connu et simple : n’avions-nous pas des documents conservés par
notre mère Rosette sur le sujet ? Que nenni. Bertrand insista : il y avait des vides, des
manques, des trous noirs. Alors on s’y attela, doucement, sans hâte. La photo ci-dessus est de
Cristo Barnard qui fit partie de notre première mission paléo-historique à Honfleur ; elle me
plait bien. Sur le prédécesseur de ce banc, Raymond venait souvent s’asseoir pour contempler
Honfleur du plateau.
Il y eut deux ou trois autres missions. La dernière nous mena au cimetière d’Equemauville
pour fleurir la tombe Bigot à la Toussaint 2007. Marguerite, la femme de Bertrand, était avec
nous. On roula jusqu’à Trouville par les petites routes que nous prenions autrefois à pied. On y
mangea dans un restaurant près de la halle aux poissons où Bertrand semblait avoir sa
serviette et ses habitudes. Des crevettes et un turbot à la nage, arrosés d’un petit blanc de
derrière les fagots. Puis on mit le cap sur la Goulafrière, en dessous d’Orbec où on avait repéré
une origine Bigot. Après avoir fait chou blanc dans le cimetière, on trouva un homme sur un
tracteur dans une ferme appelée La Bigotière. Il s’appelait Bigot. Troublant. On échangea nos
cartes de visite virtuelles, on rentra sur Paris. L’affaire prenait corps. Puis Bertrand fut attrapé
par un cancer vitesse (un rein bouffé puis deux puis le reste) et mourut en janvier 2008. Cette
note lui est dédiée. Cristo disait : ‘forcément vous étiez très liés parce que vous aviez
beaucoup joué ensemble petits.’ C’est bien vrai. J’ai perdu à la fois un frère et un camarade de
jeu.
Le document utilisé pour la couverture est un extrait de la carte de Guillaume Delisle, 1716.
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