Le petit monde de Raymond Bigot - Université de Caen Basse ...

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Dans les années 1905-1910, sa notoriété était établie. Les rares textes de cette époque en rendent compte. E. Les Camus de L’Aigle Camus est un nom courant en Normandie. A L’Aigle, où la mémoire familiale les nichait, il existait il y a deux siècles plusieurs familles Camus homonyme. Mais celle de ‘nos’ Camus est assez typée : ils sont tanneurs aussi loin qu’on les trouve, ils travaillent et vivent tout contre la Rille et son canal dérivé, ils se marient à Saint Martin, l’église féodale…. Cet autochrome de 1890 environ donne une idée de ce qu’était la zone des tanneurs. Grâce au Patrimoine de France et son inventaire général, on repère dès 1835 une tannerie Camus, propriété de Nicolas Camus, au 12 rue des tanneurs. L’activité de tannage en ce lieu aurait été abandonnée vers 1888 23 . Voyons voir. 23 http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-14-4728-36803-M60413-84360.html 24 24
Miracle : cela colle avec les petits diagrammes gribouillés de Rosette. Le Camus en question était un certain Nicolas Portien Camus (23 avril 1774–31 juillet 1852) qui épousa le 8 Prairial An IX une Thérèse Françoise Euphrasie Agis 24 . A partir de là ; un examen des actes d’état civil en ligne (Orne pour Laigle, Eure pour Louviers, Bernay et Beaumont) permet d’établir filiations et arborescences. Le graphique donné dans l’annexe 6 est le résultat de cette composition. Notre Nicolas Portien était le fils d’une Marie Anne Montigny et d’un Jean Camus, né à Laigle d’un couple apparemment important si on décrypte les titres de la famille de sa mère. Dans notre famille de roturiers et de manants, on voit apparaître une alliance ponctuelle avec la noblesse de l’endroit, mais qui devait être si ténue qu’on en perdit le souvenir 25 . Les Camus étaient des gens de la ville depuis longtemps. La référence à la tannerie est explicite dès 1750. Celui qui établit l’affaire de manière moderne est Nicolas Portien. Sa famille était déjà installée rue des tanneurs mais il y fit construire son atelier et sa maison. La tannerie était au n°12, la maison d’habitation au n°14. On pourrait en savoir plus sur cette implantation en étudiant le cadastre napoléonien et le dossier foncier de la tannerie : quand a-t-elle été fondée ? Avec quels capitaux ? Nicolas Portien et Thérèse eurent d’abord une fille, Thérèse comme sa mère, puis Etienne, puis Paul, puis un ou deux enfants de plus. Ce Paul, surnommé Camus-La Flèche 26 , prit la succession de son père dans la tannerie dans les années après avoir travaillé avec lui en doubles commandes 27 . C’est lui le tanneur de nos mémoires : il vécut très longtemps et vit la fin de son entreprise, alors que son fils était aux commandes. 24 Je fais cette note spéciale sur les prénoms normands de l’époque. Alors que les Diehl se limitent à des Hans et des Caroline, les Normands alignent une brochette de noms incroyables. ‘Comment voulez-vous nommer votre petite ? Euphrasie, monsieur le greffier. ’Thérèse Euphrasie mourut jeune, en 1834, à Laigle. Quant à Portien, c’était un moine auvergnat dont les reliques sont partagées entre Saint-Pourçain sur Sioule et Laigle (Saint Martin). 25 Les parents de Jean Portien, Jean et Marie-Anne Montigny, se marièrent le 20 juin 1768 à Laigle, dans la Paroisse Saint Martin, celle du centre ville. On était alors sous Louis XV. La mère de Jean (et donc épouse de Jean-François Camus son père) était une Marie-Charlotte Chambellan du Clos Girard, dont le frère était vicomte de Beaumont-le- Roger (dans l’Eure à l’est de Bernay) et conseiller du roi au baillage ; son neveu était un maréchal des loges de la maison du roi, un autre neveu était un garde du duc d’Ascot, etc : il y en a une pleine page dans le registre paroissial. Dommage que Rosette n’ait pas su ces choses plus tôt, elle en aurait été flattée (d’accord, elle était en aval de six générations sur cette vicomtesse, mais tout de même…). 26 Pourquoi ‘La Flèche’ ? Cela vient très probablement de son grand-oncle Léonard Chambellan de La Flèche (né et mort à Beaumont le Roger, sur la Rille, en aval de Laigle. 1757-1837), docteur en médecine. Le dictionnaire de la noblesse cite des ‘Vicomtes de Beaumont et de La Flèche’. Ce Léonard aurait pu être le parrain de notre Paul. 27 Quatre ou cinq enfants ? Il n’est pas facile de jongler avec les registres à l’époque du calendrier républicain. Nous sommes sûrs de Thérèse Euphrasie (née le 12 mars 1802) et de Paul (né le 17 frimaire An XIV, c’est-à-dire le 8 25 25
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