Le petit monde de Raymond Bigot - Université de Caen Basse ...

Va pour Honfleur, merci Georges Bréhier. Pour les oiseaux, Raymond construira des volières et
il ira passer des journées entières, voire des nuits, dans les forêts voisines. Et de sa maison,
une étrange construction blanche à flanc de coteau, sans confort aucun (en 1950, on faisait
encore pipi dans des pots de chambre en faïence blanche et on n’avait l’eau, froide bien sûr,
qu’à la cuisine), il fera une sorte d’ermitage, avec un atelier construit comme un bunker dans
un prolongement du jardin. Vivre à flanc de coteau, cela impliquait aussi d’être bon marcheur
et bon grimpeur. « Tiens, j’ai oublié d’acheter des allumettes » et hop, une expédition d’une
heure. Cela éliminait la visite impromptue de curieux. Raymond n’a jamais eu d’automobile.
Il fallut deux ans pour mettre l’enfant en route. L’accoucheur fut le susnommé Bréhier, futur
maire d’Honfleur (petits, nous l’avons connu, âgé mais bon pied bon œil ; nous craignions ses
redoutables sinapismes humides à l’ancienne qu’il tenait pour souverain contre mille choses),
le bébé fut Rosette, enfant unique. D’ailleurs on voit mal Jeanne à son âge continuer à
fabriquer des bébés, d’autant qu’on était en guerre.
Cela eut un effet insolite mais réjouissant : Marie monta dans une auto.
Autour du bébé, des adultes en adoration. Ce couple insolite força son chemin dans le monde
honfleurais à la force du talent de Raymond et de la capacité de Jeanne à tenir en état une
maison compliquée.
Ci-dessous, on voit Rosette par terre entre sa mère et sa tante. On est en 1915.
Raymond, diverti, porte un bien joli costume. Comme tous ceux nés entre 1869 et
1874, il avait été invité à rejoindre la réserve de l'armée territoriale (les régiments de
réserve se rattachaient aux régiments d'active, dont ils reprenaient la numérotation en
ajoutant un 2). Il resta dans la réserve durant tout le conflit. La menace d’un départ au
front demeura jusqu’en 1918.
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