Le petit monde de Raymond Bigot - Université de Caen Basse ...

A ce jour, je n’ai engagé aucune recherche de haut vol sur cette ascendance maternelle. Je me
contente de livrer mes constructions à partir de ce que j’ai en main, pour l’essentiel des
photos anciennes conservées par notre mère, certains de ses écrits assez lacunaires (deux
petits cahiers fragmentaires) et le résultat de quelques recherches en bibliothèque. Avec
l’appui éminent de Françoise Tranduc (fille de Colette et ma seule cousine germaine ; et elle
habite Caen !) et de son mari Alain, j’ai commencé à questionner les états civils 1 . Et j’ai mis à
contribution des souvenirs personnels de bric et de broc.
A ce point, j’ai une image assez précise de l’affaire en question pour rédiger cette note, qui
comporte un texte principal et des annexes. Certaines des annexes peuvent paraître
incongrues : c’est le privilège d’un auteur d’introduire des annexes incongrues.
Cette note pourra être enrichie petit à petit, comme l’oiseau fait son nid. Mais je tiens à
préciser : l’œuvre et l’art de Raymond Bigot ne seront pas abordés, il y a des spécialistes pour
cela.
A. L’acte fondateur : la mère
Notre mère Rosette, conçue en septembre 1913, est le fruit unique de l’union d’un Bigot et
d’une Camus. Ces deux-là ne vivaient pas loin l’un de l’autre, dans les confins du pays d’Auge
pour Raymond, dans le pays d’Ouche pour Jeanne. Le coin en bas à droite du Calvados et à
l’extrême-gauche de l’Eure, le coin en haut à droite de l’Orne : 30 km à tout casser. Des
Normands. Si on descend l’Orbiquet de Raymond, on arrive à Trouville, si on descend la Rille
(ou Risle aujourd’hui) de Jeanne, on arrive à Berville sur la Seine. Et justement quand ils se
marièrent, ils s’installèrent à Honfleur, à mi-chemin entre Trouville et Berville.
Nous avons fréquenté Raymond et Jeanne, mais pas leurs parents : on connaît rarement ses
arrières grands-parents. Et bien sûr on ne s’est intéressé à leur existence qu’après que notre
mère eut disparu.
Jeanne avait 38 ans quand naquit sa fille Rosette (son nom d’usage). Ce n’est pas très jeune
pour une mère, surtout à l’époque. Raymond en avait 42. Ils avaient réfléchi deux ans avant
de la mettre en route. Rosette sera une enfant unique sur-entourée, surprotégée.
Donc Rosette est née à Honfleur (en fait Equemauville, qui est la commune limitrophe des
hauts d’Honfleur : la maison Bigot, la Hulotte, dans la Côte de Grâce, était à flanc de falaise,
littéralement à cheval sur les deux communes). Honfleur en bas, le port, les corsaires, les
découvreurs, les marins, les filles de joie et les pécheurs, Equemauville en haut, les champs,
les vaches, les paysans, les maquignons. La carte de Cassini montre cela avec clarté.
1 En cela, cette note diffère nettement de mes textes sur les Diehl qui, eux, sont fondés sur des recherches poussées et
des entretiens avec des pasteurs, des généalogistes amateurs, des cousins supposés, des heures dans les cimetières, etc.
J’ai complété ce texte par des textes en annexe qui n’ont d’autre lien entre eux que d’être joints à cette note.
4
4