Le petit monde de Raymond Bigot - Université de Caen Basse ...

Ce qu’on note à l’été 1914, c’est le souci de Marie Bigot, qui n’a plus que trois ans à vivre, qui
a perdu son mari deux ans plus tôt et qui a son fils Léon malade à la maison, d’assurer le
service après-vente. Elle écrit à Marguerite en terre anglaise, elle écrit au docteur Bréhier,
l’accoucheur. Et elle écrit à Raymond-petit-papa.
Elle dit sa joie. Elle sait qu’elle n’aura pas d’autre petit-enfant : Thérèse est au cimetière, Paul
ne s’intéresse qu’à des femmes qui ont la tête ailleurs, Léon se meurt doucement, Marguerite
est au couvent. Marie passe le relais avec des mots touchants.
Revenons sur l’uniforme de Raymond : pas mal, mais son frère aîné Paul l’architecte avait été
lui aussi invité à participer à la défense nationale. Et là, c’est le ‘total look’. Paul avait pour
mission de réfléchir sur comment tenir l’ennemi à distance par des ouvrages finement pensés.
Je ne dirai pas qu’il a gagné la guerre, mais on a de lui de belles photos en aviateur devant
une espèce de bimoteur de chez Ikéa. Il porte des manteaux insensés et des bonnets à la
Trotski, il a une barbe largement plus fournie que son petit frère. Que la guerre est élégante !
Je ne résiste donc pas à l’envie de vous mettre une image de Paul au Bourget (ne pas
confondre avec Paul Bourget), à gauche ; j’y joins celle de Paul Camus à droite, en compagnie
de sa sœur Madeleine. Et je mets Raymond au milieu, avec des petits bateaux qui ont donc
des jambes. Rosette est là parce qu’elle est là. Unique héritière de ces valeureux soldats.
36
36