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Le petit monde de Raymond Bigot - Université de Caen Basse ...

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5. Après il y eut Léon (1878-1921), mort à 43 ans, je ne sais <strong>de</strong> quoi. Je n’ai<br />

qu’une mauvaise photo ‘jeune’ <strong>de</strong> lui, et les quelques clichés <strong>de</strong> ses quarante ans le<br />

montrent maigre, toujours chau<strong>de</strong>ment vêtu. Il <strong>de</strong>vait couver quelque chose <strong>de</strong>puis<br />

longtemps. Il travailla dans le magasin <strong>de</strong> ses parents, toujours fragile puis <strong>de</strong> plus en<br />

plus anémique. Je le trouve à Paris avec son frère <strong>Raymond</strong> en 1910. Marguerite se dit<br />

‘désemparée par sa mort et mourut quelques mois après’ (dixit Rosette).<br />

6. En 1880, Marie eut Thérèse qui mourut 18 ans plus tard <strong>de</strong> la tuberculose : elle<br />

aurait vaincu la maladie si elle avait vécu aujourd’hui 17 . Mystique très tôt, scolarisée<br />

chez les Augustines, elle n’eut pas une vie heureuse.<br />

7. En 1885, Marie accoucha enfin d’un septième enfant, Joseph, mort né. Elle avait<br />

alors quarante ans.<br />

Jamais nous ne saurons ce qui se passait dans le foyer <strong>Bigot</strong>, à Orbec, dans les années 1890.<br />

Mais il est assez remarquable que <strong>de</strong>s parents <strong>de</strong> cette époque, issus <strong>de</strong> milieux certes aisés<br />

et évolués, mais productifs, acceptent que leurs <strong>de</strong>ux fils aînés partent à Paris pour embrasser<br />

une carrière artistique. Certes les dons <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux adolescents <strong>de</strong>vaient être visibles (le Père<br />

Hardouin <strong>de</strong>vait le confirmer dans le cas <strong>de</strong> <strong>Raymond</strong>), mais tout <strong>de</strong> même, les frères <strong>de</strong> la<br />

doctrine chrétienne <strong>de</strong>vaient émettre <strong>de</strong>s préventions relatives à la débauche obligée <strong>de</strong>s<br />

rapins et aux ravages <strong>de</strong> tous les excitants qui en avaient perverti plus d’un, Madame Marie.<br />

Mais ils ne poussèrent pas plus leurs filles à la reproduction que leurs fils au commerce. Certes<br />

la tuberculose <strong>de</strong> Thérèse avait été dépistée tôt et interdisait tout espoir, mais Marguerite était<br />

une vigoureuse jeune femme. Ses parents la laissèrent entrer en religion et même,<br />

l’encouragèrent 18 , enfin sa mère surtout. Dans cette famille, la religion était clairement une<br />

affaire <strong>de</strong> femmes : je n’ai pas <strong>de</strong> souvenir <strong>de</strong> <strong>Raymond</strong> à la messe, et la vie atypique <strong>de</strong> Paul<br />

n’entrait sûrement pas dans les canons <strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> la doctrine chrétienne (ah, cette<br />

‘gouvernante’, Madame Vergniaud, qui facilita les <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> sa vie...).<br />

Plus tard, seul <strong>de</strong> la fratrie <strong>Raymond</strong> se maria, et à 39 ans encore, seul <strong>Raymond</strong> eut <strong>de</strong>s<br />

enfants, ... enfin une seule enfant, avec Jeanne <strong>Bigot</strong> : c’est Rosette, objet du paragraphe F.<br />

Une seule <strong>de</strong>scendante pour quatre grands parents, c’est peu.<br />

Mais avant d’arriver à Rosette, mettons une image <strong>de</strong>s cinq enfants <strong>Bigot</strong> survivants. De<br />

gauche à droite, Paul (l’uniforme <strong>de</strong>s frères sans doute), <strong>Raymond</strong> (itou mais en culotte<br />

courte), Marguerite (qui passera chez les sœurs), Léon (déjà âgé et bien au chaud 19 ) et enfin<br />

Thérèse, étonnement mature.<br />

17 J’ai d’elle un testament olographe préparé en 1894 alors qu’elle n’avait que quatorze ans. Prévoyante, Thérèse, et<br />

fataliste. Son mental <strong>de</strong>vait être à la déprime. Si elle avait vécu, elle serait rentrée chez les Augustines comme sa sœur,<br />

écrit-elle.<br />

18 J’ai <strong>de</strong>s lettres échangées entre Marie et sa fille qui montrent combien elles partageaient un détachement mystique<br />

<strong>de</strong>s choses terrestres. J’ai également un cahier manuscrit <strong>de</strong> Marguerite où elle conte ses voyages ‘en religion’ entre<br />

1905 et 1908, juste après que la décision d’expulser les ordres, dont le sien, ait été prise (à noter qu’en gros, il ne<br />

s’agissait pas d’une interdiction faite aux religieux <strong>de</strong> prier, mais d’enseigner : nuance). Rien sur la famille.<br />

19 <strong>Le</strong>s photos originales sont éparpillées, notre mère nous ayant donné à chacun (nous étions six frères) quelques<br />

épreuves <strong>de</strong> son stock dans un souci d’égalitarisme tout à son honneur. J’ai donc certains originaux... mais pas <strong>de</strong> Léon<br />

avant ses 35 ans. Et les photocopies que j’ai <strong>de</strong> lui enfant sont franchement illisibles (alors que d’autres photocopies ont<br />

belle allure : voyez plus loin le couple Camus-la-Flèche). Donc certes il détone dans la brochette mais les lecteurs<br />

disposant <strong>de</strong> clichés appropriés pourront aisément les substituer à mon Léon emmitouflé.<br />

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