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RUE DES ARCHIVES<br />

INTERFOTO/ALAMY<br />

villages de la région de Ţara Bârsei<br />

[Burzenland, sud de la Transylvanie]. Les<br />

chroniques racontent que le voïvode<br />

confisqua les richesses de 600 marchands<br />

du Burzenland avant de les empaler.<br />

Les chroniques décrivent aussi le<br />

cynisme du voïvode : il aurait obligé un<br />

prétendant au trône à creuser sa propre<br />

tombe avant de le tuer, et aurait empalé<br />

le commandant ottoman Hamza sur un<br />

pieu plus haut que ceux des autres Turcs.<br />

L’un des récits slaves qui fut, paraîtil,<br />

le livre de chevet d’Ivan le Terrible,<br />

raconte un épisode où, certains Turcs<br />

ayant refusé de se découvrir devant lui,<br />

Vlad Tepes ordonna qu’on leur clouât le<br />

turban sur la tête. Il est aussi écrit<br />

qu’une fois, sur la route, l’Empaleur<br />

ayant rencontré un homme avec une<br />

chemise sale, il se rendit chez lui et fit<br />

empaler sa femme sur-le-champ pour la<br />

punir de sa paresse.<br />

Ce qui demeure certain, au-delà des<br />

histoires invraisemblables nées de l’imagination<br />

surchauffée des contemporains,<br />

est que Vlad Tepes était un homme d’une<br />

rare cruauté, même pour l’époque : l’original<br />

de son célèbre portrait, qui figure<br />

dans les manuels scolaires, se trouve<br />

d’ailleurs aujourd’hui encore au château<br />

d’Ambras, près d’Innsbruck, dans un<br />

musée des horreurs, parmi d’autres<br />

monstruosités immortalisées en peinture.<br />

Andreea Dogar<br />

Empalement<br />

Le prince Vlad Tepes n’a jamais été<br />

un vampire. Mais sa soif de sang<br />

et la façon dont il pensait venger<br />

les injustices sont restées célèbres.<br />

Sa punition préférée était l’empalement :<br />

avant d’être planté à la verticale,<br />

le pieu (“pal”) était enfoncé au-dessous<br />

du sternum du supplicié<br />

ou parfois dans son anus.<br />

Il mourait lentement, un peu comme<br />

dans une crucifixion.<br />

Sur le web<br />

www.courrier<br />

international.com<br />

DR<br />

Sur notre site Internet,<br />

retrouvez l’ensemble<br />

du dossier sur le prince<br />

Vlad Tepes dit Dracula.<br />

AFP<br />

PHILIPPE LOPPARELLI/ TENDANCE FLOUE<br />

Dans le sud du pays, certains<br />

plantent toujours un pieu<br />

dans le cœur des cadavres.<br />

A l’écran Depuis Nosferatu en 1922,<br />

jusqu’au prochain Dario Argento,<br />

Dracula 3D, le personnage a inspiré<br />

223 films. Parmi les plus connus,<br />

les Dracula de 1931 (avec Béla<br />

Lugosi), 1958 (avec Christopher<br />

Evenimentul Zilei (extraits) Bucarest<br />

<br />

marastii de Sus est un village<br />

A aride d’Olténie [une région du<br />

sud du pays], bâti, comme n’importe<br />

quel village des plaines, autour<br />

d’une longue route centrale bordée de<br />

maisons soignées et de tavernes<br />

bruyantes. La quiétude du village est<br />

cependant troublée par une tradition<br />

ancestrale : celle de “tuer” les morts qui<br />

se sont transformés en moroi (revenants)<br />

et reviennent hanter leurs proches. Tous<br />

les morts d’Amarastii sont piqués “préventivement”<br />

dans le cœur ou le ventre<br />

Courrier international | n° 1103-1104 | du 22 décembre 2011 au 4 janvier 2012 23<br />

Lee) et 1992 (Bram Stoker’s Dracula,<br />

avec Gary Oldman). De nos jours,<br />

Twilight (2010-2011). Les fans<br />

de Vlad Tepes le retrouvent aussi<br />

dans le jeu vidéo Assassin’s Creed,<br />

version 2011.<br />

Revenants<br />

Le village qui tue ses morts<br />

avec des pieux chauffés à blanc, pour<br />

qu’“ils ne sortent pas de leurs tombes”.<br />

“Moi, je n’ai jamais été hantée par les morts<br />

parce que je leur ai piqué le cœur à tous, et<br />

c’est très bien comme ça”, lance Dumitra,<br />

71 ans. Elle ne l’a pas fait elle-même, mais<br />

a fait appel à des “intermédiaires”, des<br />

habitués qui savent opérer avec sangfroid.<br />

La voix du village raconte que c’est<br />

pendant les six premières semaines après<br />

l’enterrement que l’on voit si le mort est<br />

ou non un moroi. Pendant cette période,<br />

si son cœur n’a pas été piqué, il revient<br />

pendant la nuit et prend le lait des vaches,<br />

la vigueur des hommes, apporte la grêle<br />

ou la sécheresse. Si le mort ne donne pas<br />

signe de vie pendant quarante jours, alors<br />

la famille peut dormir tranquille.<br />

Ioana Popescu, du musée du Paysan<br />

roumain, à Bucarest, dit que de telles<br />

pratiques persistent dans les campagnes :<br />

“Dans les sociétés traditionnelles, il arrive<br />

souvent qu’après le décès d’un membre de la<br />

famille ou de la collectivité, quelque chose de<br />

mauvais se produise. On fait ainsi le rapport<br />

avec le mort, pensant qu’il entraîne avec lui<br />

les vivants dans l’autre monde ou qu’il revient<br />

se venger de ses ennemis.” La chercheuse<br />

estime que “nous ne pouvons pas juger<br />

d’après notre mentalité contemporaine une<br />

pratique traditionnelle, créée à un moment<br />

donné par des croyances collectives”.<br />

La tradition dit que sont destinés à se<br />

transformer en moroi ceux qui ont les yeux<br />

bleus, les enfants non baptisés, les morts<br />

qui ont fait du mal durant leur vie, ceux<br />

qui meurent pendus, noyés, ou les morts<br />

non veillés sur lesquels passent des chats,<br />

des chiens, des souris, ou des poulets...<br />

Cristina Lica<br />

Le château de Bran, en Transylvanie, connu comme demeure de Dracula, même s’il n’y a pas vécu.

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