04.03.2013 Views

En couverture

En couverture

En couverture

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

24 Courrier international | n° 1103-1104 | du 22 décembre 2011 au 4 janvier 2012<br />

Europe<br />

Union européenne<br />

L’euro a 10 ans ? Pas de quoi jubiler !<br />

Profil bas : le 1 er janvier 2002,<br />

la monnaie unique entrait<br />

en circulation, mais avec la crise<br />

actuelle personne ne songe<br />

à célébrer cet événement…<br />

Süddeutsche Zeitung (extraits)<br />

Munich<br />

L e 1er janvier 2002 est probablement<br />

l’une des rares dates dont<br />

se souviennent tous les adultes<br />

européens. Ce jour-là, pour la première<br />

fois, le verre de vin chaud en bas des pistes<br />

de Garmisch Partenkirchen coûtait 1 euro<br />

– et non 2 marks. <strong>En</strong> ville, tous les distributeurs<br />

étaient pris d’assaut, les gens couraient<br />

avec leurs petits sachets d’euros<br />

fraîchement imprimés. Ils découvraient<br />

avec étonnement les diverses faces nationales<br />

des euros : ici Mozart, là le roi des<br />

Belges et là, qui était cet Espagnol déjà ?<br />

Ce jour-là, 307 millions d’Européens<br />

avaient en main une nouvelle monnaie.<br />

C’était il y a dix ans. Alors, joyeux<br />

anniversaire, l’euro, réjouissons-nous et<br />

faisons sauter les bouchons de champagne<br />

! Sauf que le climat dans lequel se<br />

déroulent les préparatifs de ce grand anniversaire<br />

se révèle étrangement frileux. La<br />

Banque centrale européenne (BCE), autorité<br />

monétaire suprême de l’Europe, n’a<br />

prévu qu’une journée portes ouvertes “au<br />

deuxième trimestre 2012” et un concours<br />

pour les écoles baptisé “Course de l’euro”,<br />

entre le 1 er janvier et le 31 mars. La banque<br />

fabrique également une pièce spéciale et<br />

propose sur son site Internet des films<br />

vidéo sur le thème fabrication de la monnaie<br />

et qualités infalsifiables des billets. A<br />

côté de ça, la “Semaine verte” de Berlin [sur<br />

l’agriculture] paraît extravagante. La Bundesbank<br />

va encore plus loin dans le minimalisme<br />

: elle s’est contentée de mettre en<br />

place sur son site Internet un “bloc info”,<br />

disponible depuis le début du mois de<br />

Lituanie<br />

Exil à temps partiel pour les blouses blanches<br />

Vilnius banlieue d’Oslo ? Face<br />

à la crise, le personnel médical<br />

va travailler en Norvège,<br />

où les salaires sont bien plus<br />

élevés. Ce n’est pas un exil, mais<br />

des allers-retours permanents.<br />

Lietuvos Rytas (extraits) Vilnius<br />

<br />

e plus en plus de Lituaniens<br />

D travaillent à l’étranger en<br />

s’éloignant de chez eux pour<br />

une courte période seulement. Quatre<br />

semaines en Norvège, deux en Lituanie.<br />

Voilà le rythme que proposent au personnel<br />

médical des sociétés de soins à domicile<br />

norvégiennes.<br />

L’émigration des médecins et des infirmières<br />

donne des maux de tête à tout le<br />

monde. Il semblerait qu’ils quittent tous<br />

la Lituanie les uns après les autres. Cette<br />

année, près de 3 % des médecins de notre<br />

pays sont partis tenter leur chance à<br />

l’étranger. L’ouverture du marché allemand<br />

du travail y a sa part de responsabilité.<br />

Selon les données de l’Agence lituanienne<br />

pour l’emploi, le salaire moyen<br />

d’une infirmière généraliste était de<br />

1 074 litas [311 euros] net par mois. Cette<br />

Dessin de Mayk paru dans Sydsvenskan, Malmö.<br />

faible rémunération est l’une des principales<br />

raisons qui poussent les infirmières<br />

à chercher du travail à l’étranger.<br />

Les employeurs scandinaves profitent<br />

de cette situation. Ces pays offrent un<br />

niveau de services médicaux élevé et doivent,<br />

dans le même temps, parer à un<br />

manque de médecins. Les Finlandais vont<br />

les recruter en Estonie et les Norvégiens<br />

en Lituanie. <strong>En</strong> aucun cas on ne leur propose<br />

d’émigrer, simplement de venir<br />

travailler le temps de missions limitées.<br />

Les infirmières ayant signé un contrat<br />

avec une entreprise norvégienne travaillent<br />

quatre semaines en Norvège et reviennent<br />

en Lituanie pendant deux semaines. Le<br />

montant de leur rémunération dépend de<br />

leur ancienneté en Norvège. Le salaire peut<br />

ainsi varier de 7 000 (2 000 euros) à 14 000<br />

litas (4 000 euros) par mois.<br />

Jurgita Papiliauskiene travaille en<br />

Norvège depuis 2009. Actuellement, elle<br />

est infirmière à domicile à Bergen. Il y a un<br />

an, elle s’occupait des patients d’un hôpital<br />

non loin de Kristiansund. <strong>En</strong> Lituanie,<br />

son parcours professionnel a connu des<br />

hauts et des bas. “Je n’ai aucun reproche à<br />

adresser à mon ancien employeur, l’hôpital de<br />

Kaisiadorys : le médecin en chef était la collègue<br />

idéale avec qui travailler en équipe. Je<br />

Courrier international<br />

Exode balte<br />

Bergen<br />

NORVÈGE<br />

Orkanger<br />

Kristiansund<br />

Oslo<br />

DA.<br />

500 km<br />

SUÈDE<br />

Mer<br />

Baltique<br />

POLOGNE<br />

POLOGNE<br />

FINLANDE<br />

ESTONIE<br />

LETTONIE<br />

RU.<br />

RU.<br />

Kaisiadorys<br />

RU.<br />

RU. Vilnius<br />

LITUANIE<br />

faisais des heures supplémentaires, je ne m’arrêtais<br />

jamais, mais mon salaire, même avec<br />

une telle somme de travail, ne dépassait jamais<br />

les 2 000 litas (580 euros)”, raconte-t-elle.<br />

Pour ne pas perdre sa licence d’infirmière,<br />

elle a pris un quart de temps à l’hôpital<br />

et trouvé en plus un poste d’assistante<br />

de direction plus rémunérateur dans une<br />

société exploitant des stations-service.<br />

Mais la crise financière qui a démarré<br />

en 2008 a touché son poste de plein fouet :<br />

décembre. Intitulée “Dix ans d’euro : les<br />

faits”, la page est claire, nette et précise<br />

– tout sauf festive. “Nous avons d’autres<br />

soucis”, explique le service de presse de<br />

l’institution. Se pourrait-il donc que l’euro<br />

soit encore plus mal en point qu’on ne<br />

l’imagine ?<br />

Quoi qu’il en soit, “aucune manifestation<br />

ou célébration n’est prévue pour le<br />

moment”, indique-t-on du côté de la Commission<br />

européenne. A Berlin, la chancellerie<br />

n’a pas “réfléchi” à la question et le<br />

ministère de l’Economie ne répond carrément<br />

pas. Mais le ministère des Finances<br />

– au nom duquel Wolfgang Schäuble (chrétien-démocrate,<br />

CDU) a participé à une<br />

table ronde le 14 décembre sur le thème :<br />

“Une monnaie pour l’Europe. Bilan au<br />

dixième anniversaire de l’introduction de<br />

l’euro” – semble plein d’allant.<br />

Les vidéos de la BCE sur l’euro ne mentionnent<br />

pratiquement pas la crise de la<br />

monnaie. Mais l’institution contient tout<br />

de même une sorte d’avertissement : elle<br />

rappelle l’ultime délai de change des monnaies.<br />

Ainsi apprend-on qu’à partir du<br />

1 er mars 2012 la Bank of Greece n’acceptera<br />

plus de changer les vieilles drachmes en<br />

euros. L’ancienne monnaie de la Grèce ne<br />

vaudra alors plus rien.<br />

Wolfgang Luef<br />

son salaire s’est réduit en peau de chagrin.<br />

C’est en cherchant un nouvel emploi<br />

qu’elle a découvert cette entreprise recrutant<br />

des infirmières pour la Norvège. “C’est<br />

la baisse extrême de mon salaire qui m’a forcée<br />

à cette décision”, explique l’infirmière.<br />

Sandra, 39 ans, accumule, elle, les<br />

heures en Norvège depuis juin. “J’ai travaillé<br />

vingt ans en Lituanie, mais j’ai dû faire<br />

face à la restructuration des hôpitaux. Les<br />

emplois ont disparu et les salaires ont baissé.<br />

Je devais trouver une solution, dit-elle. <strong>En</strong><br />

Norvège, les immigrés, même avec une formation<br />

supérieure, occupent les postes les<br />

moins qualifiés. Mais mon employeur m’a<br />

expliqué le système de santé norvégien et m’a<br />

même donné quelques cours de langue.” <strong>En</strong><br />

Lituanie, Sandra touchait mensuellement<br />

tout juste 1 000 litas net (290 euros). Son<br />

salaire horaire n’est encore que de 33 litas<br />

(10 euros), mais il dépasse de loin celui<br />

qu’elle touchait en Lituanie.<br />

Pour Vyturys Svedas, urologue dans la<br />

ville d’Urkanger, “plus les médecins lituaniens<br />

seront nombreux et pressés de partir travailler<br />

ailleurs, plus des changements interviendront<br />

vite en Lituanie. Il ne faut pas grand-chose :<br />

les médecins doivent pouvoir vivre en gagnant<br />

un salaire décent, et non pas grâce à des commissions<br />

versées au noir.”

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!