Mul - unesdoc - Unesco
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étales, falaises, aires côtières, basses terres,<br />
grottes, cirques et moraines, entre autres. Ils ont<br />
invariablement contribué au plaisir esthétique et<br />
à la satisfaction des peuples du continent.<br />
Nombre de caractéristiques du relief, lorsque<br />
leurs processus biophysiques sont encore relati-<br />
vement intacts, ont été officiellement classés<br />
comme parcs nationaux, réserves de faune sau-<br />
vage et/ou réserves naturelles et autres formes<br />
d’aires protégées. Trente de ces aires protégées<br />
aux valeurs véritablement exceptionnelles ont<br />
été classées sur la Liste du patrimoine mondial.<br />
Le processus de classement officiel de ces aires<br />
protégées ou leur inscription au patrimoine mon-<br />
dial ou l’établissement de leurs plans de gestion<br />
et la réalisation d’activités se sont faits sans la<br />
participation de la population locale dans la plu-<br />
part des cas. Parfois même, on l’a à peine<br />
consultée. L’exclusion des populations locales<br />
de la planification, de la gestion, de l’évaluation<br />
et de l’utilisation des ressources a rendu incom-<br />
plète la notion africaine d’intégrité pour les biens<br />
naturels et culturels. Les idées, les croyances,<br />
les tabous, les mythes, les valeurs, les normes<br />
culturelles, les traditions et la participation de ces<br />
populations doivent être mis en valeur dans la<br />
notion d’intégrité.<br />
Intégrité<br />
La notion d’intégrité peut être utilisée pour décri-<br />
re un caractère honnête et droit doté de prin-<br />
cipes moraux forts. C’est aussi l’état de ce qui<br />
est complet. Comme l’a déclaré Dawson<br />
Munjeri, cela décrit « une totalité, une virtuosité<br />
non entravées par des intrusions humaines et<br />
non humaines ». Les biens naturels et les sites<br />
culturels inscrits ou non au titre de la<br />
Convention du patrimoine mondial doivent obli-<br />
gatoirement posséder des limites indiscutables<br />
et facilement identifiables, un personnel qualifié<br />
pour les gérer, ainsi que des plans de gestion<br />
pour assurer leur intégrité qui ne doit en aucun<br />
cas être menacée par des aménagements tou-<br />
ristiques intensifs et autres. Les autorités de ges-<br />
tion des biens culturels, et dans une moindre<br />
mesure des biens naturels, ont découvert que la<br />
notion d’intégrité, selon l’Africain traditionnel,<br />
n’est pas celle qui était initialement perçue par la<br />
Convention du patrimoine mondial. L’Africain tra-<br />
ditionnel éprouve des difficultés à comprendre<br />
pourquoi on sépare le créateur de la nature de<br />
ses créatures dont lui-même fait partie. Ensuite,<br />
il trouve encore plus difficile de se trouver écarté<br />
de l’équation de l’intégrité pour la gestion des<br />
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Authenticité et intégrité dans un contexte africain<br />
biens naturels et des paysages culturels.<br />
L’Africain, même s’il est agriculteur et berger,<br />
pratique également la chasse et la pêche. II ne<br />
fait absolument qu’un avec la nature. La défini-<br />
tion de limites arbitraires posées sans sa pat-tici-<br />
pation ou sa consultation est une insulte à I’inté-<br />
grité de son existence. C’est avant tout sur le<br />
dynamisme et la flexibilité de la culture en évolu-<br />
tion, sur les coutumes, les croyances et les<br />
savoir-faire de la communauté qui ont résisté à<br />
l’épreuve de milliers d’années qu’il faudrait fon-<br />
der la stratégie de gestion des ressources pay-<br />
sagères africaines.<br />
Les peuples africains croient traditionnellement<br />
que le ciel et la terre, dont l’homme est partie<br />
intégrante, sont la propriété de Dieu qui en est le<br />
créateur et qui a sur eux un droit. C’est ainsi que<br />
les Africains traditionnels, notoirement religieux,<br />
prennent un soin extrême à assurer une réparti-<br />
tion et un usage équitables ainsi qu’une gestion<br />
durable des biens naturels terrestres de leur<br />
créateur. Voyons maintenant ce qu’il en est de<br />
ces biens.<br />
LE RAPPORT ENTRE L’AFRICAIN ET LA<br />
NATURE<br />
Qu’est-ce qui rend les peuples africains indis-<br />
pensables et intégralement liés aux systèmes<br />
naturels et culturels ? Plusieurs facteurs ont<br />
contribué à faire de l’Africain traditionnel une<br />
partie de l’équation d’intégrité pour les biens<br />
naturels et les paysages culturels.<br />
Les peuples africains<br />
On trouve en Afrique contemporaine toutes les<br />
principales races et ethnies du monde : négroï-<br />
de, pygmoïde, bushmano’ide, mongoloïde et<br />
caucasoïde. Les peuples autochtones actuels<br />
vivent depuis des milliers d’années dans des<br />
ensembles de 800 à 1200 personnes par tribu<br />
(Murdock, 1959). Chacun est membre d’une<br />
tribu qu’il ne peut quitter bien qu’il y ait occa-<br />
sionnellement des adoptions. La tribu est subdi-<br />
visée en clans totémiques symbolisés par un<br />
animal, une plante, une pierre ou un minéral. Les<br />
membres de chaque clan prennent soin de leur<br />
totem qui n’est ni tué ni mangé. Le totem est un<br />
symbole visible d’unité, de parenté, d’apparte-<br />
nance, de camaraderie et d’affinité commune. Le<br />
système des clans assure une plus étroite soli-<br />
darité humaine spécialement dans l’adversité<br />
pour combattre un agresseur et résoudre les<br />
conflits.