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Mul - unesdoc - Unesco

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nelles, et qui inclut l’habitat, l’ensemble du<br />

domaine agro-pastoral, de pêche, de chasse et<br />

de cueillette, les lieux d’où proviennent les res-<br />

sources naturelles nécessaires à la vie de la<br />

communauté et les lieux de production tech-<br />

nique, l’ensemble des territoires qui revêtent<br />

pour elles des valeurs et des fonctions reli-<br />

gieuses et symboliques, enfin les lieux d’échan-<br />

ge, les routes et les terres des confins, et d’une<br />

manière encore plus générale et plus engloban-<br />

te toute l’aire géographique où s’effectuent les<br />

interactions entre la dynamique des systèmes<br />

naturels et celle des sociétés qui y vivent et les<br />

utilisent et que les sciences de l’homme et de la<br />

nature désignent aujourd’hui comme « anthropo-<br />

systèmes ».<br />

Dans le premier cas, celui des bâtiments,<br />

devront être préservées non seulement I’authen-<br />

ticité du type de matériau, des techniques et de<br />

la morphologie, mais aussi toutes les valeurs<br />

sociales, culturelles et symboliques de l’édifice.<br />

On sait en effet, par exemple, que la maison et<br />

son environnement immédiat, le grenier, l’étable<br />

et la cour, sont, parmi les legs de la société tra-<br />

ditionnelle, au nombre de ceux qui offrent la plus<br />

grande variété et le plus grand nombre de signi-<br />

fications. Siège d’un groupe familial et foyer<br />

autour duquel s’organise la vie domestique, la<br />

maison et ses annexes sont aussi le lieu d’acti-<br />

vités économiques et sociales multiples.<br />

Profondément inscrite dans le terroir, elle en<br />

révèle, par les matériaux dont elle est construite<br />

et par les produits qu’elle rassemble, les particu-<br />

larités et le fonds ; elle signe, par la répartition<br />

des espaces et l’organisation des accès, le<br />

mode original d’organisation du groupe humain<br />

qui I’habite et les relations qu’il entretient avec<br />

les minéraux, les végétaux et les animaux envi-<br />

ronnants ; elle annonce enfin, par sa face visible,<br />

la qualité et le rang de ceux qui y vivent, elle<br />

affiche la fonction qu’ils occupent dans la socié-<br />

té et la place qu’ils ambitionnent d’y tenir.<br />

Dans le second cas, qu’il s’agisse du patrimoine<br />

archéologique, de celui de sociétés vivantes, de<br />

patrimoine spirituel, de lieux de protection tech-<br />

nique ou de routes d’échange, la problématique<br />

de l’authenticité à prendre en compte nous<br />

paraît en fait, dans le vocabulaire de la<br />

Convention de 1972, plus proche de la notion<br />

d’intégrité exigée pour les sites naturels au titre<br />

du paragraphe 44(b) des Orientations, que de<br />

celle, beaucoup trop restrictive, même dans son<br />

acception « post-Nara », retenue pour le patri-<br />

- 68 -<br />

Authenticité et intéarité dans un contexte africain<br />

moine culturel à leur article 24(b). Ceci n’a<br />

d’ailleurs rien de surprenant si l’on considère<br />

d’une part l’aspect global, complexe et multi-<br />

fonctionnel des établissements humains et de<br />

leurs modes d’occupation du sol et de l’espace,<br />

et de l’autre, la totale interpénétration de la natu-<br />

re et de la culture dans les sociétés africaines où<br />

il n’y a pas, à de très rares exceptions près, d’es-<br />

pace naturel qui ne soit ou n’ait été investi par<br />

l’homme et qui ne soit devenu le lieu de pra-<br />

tiques sociales et culturelles.<br />

Un site culturel africain « authentique », pour la<br />

Convention de 1972, devra donc être de très<br />

vaste dimension et inclure toutes les compo-<br />

santes naturelles, culturelles, économiques,<br />

sociales et symboliques qui le constituent et lui<br />

donnent son sens et sa réalité, avec ses pay-<br />

sages, témoins des conditions de vie du présent<br />

mais aussi du passé. Le site d’Uluru Kata Juta<br />

en Australie, et mieux encore celui des rizières<br />

en terrasses des Philippines qui s’étend sur plu-<br />

sieurs centaines de kilomètres carrés, en don-<br />

nent de bons exemples. Dans ce dernier cas, ce<br />

n’est pas l’authenticité au sens étroit de chaque<br />

habitation ou de chaque terrasse qui est recher-<br />

chée, mais bien plutôt l’intégrité fonctionnelle de<br />

tout un ensemble complexe, économique, social<br />

et culturel. De surcroît, la prise en compte de<br />

sites de grande dimension aux aspects multiples<br />

n’est pas seulement indispensable pour rendre<br />

compte de la richesse et de la complexité des<br />

cultures africaines, mais est aussi la seule<br />

manière d’éviter que tel ou tel village ne devien-<br />

ne un espace de réserve visitable par les tou-<br />

ristes et de s’opposer à toute tentative de fossili-<br />

sation ou de « muséification » d’antiques modes<br />

de vie, en permettant que se poursuive le lien à<br />

la fois dynamique et durable qu’entretiennent les<br />

groupes humains avec leur environnement.<br />

Plus que jamais, nous constatons alors qu’il est<br />

impossible d’enfermer une notion comme celle<br />

d’authenticité dans une définition limitative qui<br />

pourrait être applicable à toutes les cultures et à<br />

toutes les époques. C’est que dans ses multiples<br />

acceptions, la notion d’authenticité et les repré-<br />

sentations que l’on s’en fait sont intimement liées<br />

à des questions philosophiques aussi fondamen-<br />

tales que les relations entre la forme et la sub-<br />

stance, l’identité et le changement, et sans doute<br />

aussi les conceptions philosophiques de l’être et<br />

du temps, auxquelles les réponses apportées<br />

par les différentes sociétés humaines ne sont<br />

jamais identiques. Même dans le cadre d’un ins-

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