Sepsis sur prothèse pariétale - Fédération française de chirurgie ...
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edi 5 octobre 2011<br />
SOMMAIRE<br />
Modérateurs :<br />
J.-P. FAVRE (Poitiers)<br />
J.-L. CAILLOT (Lyon)<br />
Toutes les <strong>prothèse</strong>s ont-elles le même risque infectieux<br />
J.-P. FAURE (Poitiers)<br />
Peut-on mettre une <strong>prothèse</strong> non résorbable en cas <strong>de</strong> hernie ou éventration<br />
étranglée ?<br />
J.-L. CAILLOT (Lyon)<br />
Quels gestes peut-on associer à une cure d'éventration prothétique sans<br />
augmenter le risque infectieux ? (Texte remis à part)<br />
J.-P. PALOT (Reims)<br />
Conduite à tenir face à un sepsis <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong><br />
J.-L. BOUILLOT (Paris)<br />
Traitement conservateur en cas <strong>de</strong> sepsis <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong><br />
C. SABBAGH, M. VERHAEGHE,<br />
M. REGIMBEAU (Amiens)<br />
Peut-on utiliser <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s en milieu infecté : quand, lesquelles ?<br />
N. BRIEZ, C. MARIETTE (Lille)<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
TOUTES LES PROTHESES ONT-ELLES LE MEME RISQUE INFECTIEUX ?<br />
JP Faure<br />
Service Chirurgie Viscérale Digestive<br />
Hôpital Jean Bernard<br />
2 rue <strong>de</strong> la Milétrie<br />
86025 Poitiers Ce<strong>de</strong>x<br />
j.p.faure@chu-poitiers.fr<br />
Introduction :<br />
L’infection est un risque pour toute intervention chirurgicale, ainsi, on retrouve <strong>de</strong>s bactéries pathogènes dans<br />
plus <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s plaies opératoires lors <strong>de</strong> la fermeture. Ceci existe quelle que soit la technique chirurgicale et<br />
quel que soit l’environnement (le flux laminaire ne supprime pas complètement ce risque). Ces bactéries sont<br />
peu nombreuses mais peuvent proliférer. Elles trouvent dans la plaie opératoire un milieu favorable<br />
(hématome, ischémie, modification du potentiel d’oxydoréduction...) et l’intervention induit <strong>de</strong>s anomalies <strong>de</strong>s<br />
défenses immunitaires. La <strong>chirurgie</strong> <strong>pariétale</strong> ne saurait donc pas échapper à ce risque majeur redouté lors <strong>de</strong><br />
l’insertion d’une <strong>prothèse</strong>. Ce risque est variable selon les séries, le site d’implantation et le type <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong><br />
mise en place (1). Le nombre <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s disponibles <strong>sur</strong> le marché est important, avec même pour certains<br />
matériaux « tolérants » une possibilité <strong>de</strong> pose en milieu septique. De fait <strong>de</strong>vant cette offre pléthorique et le<br />
risque infectieux toujours présent quelle <strong>prothèse</strong> choisir et donc « toutes les <strong>prothèse</strong>s ont-elles le même<br />
risque infectieux ? »<br />
Epidémiologie :<br />
Annuellement en France sont réalisés chaque année environ 300 000(dont environ 200 000 cures <strong>de</strong> hernie <strong>de</strong><br />
l’aine) traitement <strong>de</strong> défects pariétaux par mise en place <strong>de</strong> matériel prothétique. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’infection du<br />
matériel prothétique doit être analysée en fonction du site opératoire. Pour les cures <strong>de</strong> hernies <strong>de</strong> l’aine la<br />
méta analyse <strong>de</strong> Sanchez-Manuel et al, estime le taux d’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> à 1,4% en cas<br />
d’antibioprophylaxie et <strong>de</strong> 2,9% en l’absence d’antibioprophylaxie (2). Pour la <strong>chirurgie</strong> <strong>de</strong>s éventrations, les<br />
infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> sont décrites aussi bien après <strong>chirurgie</strong> ouverte que lors d’un abord coelioscopique. Ce<br />
taux est <strong>de</strong> 6 à 10% pour la voie ouverte et <strong>de</strong> 0 à 3.6% pour la voie laparoscopique(3).<br />
Ces infections du matériel prothétique sont <strong>de</strong>s pathologies graves pour les patients et couteuses pour le<br />
système <strong>de</strong> santé. En effet 4.5% <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s enlevées le sont pour infection (4) et dans ces cas les patients<br />
doivent subir en moyenne 2.1 procédures opératoires pour une <strong>prothèse</strong> enlevée (moyenne 1 à 5 procédures)<br />
(5).<br />
La voie d’abord en <strong>chirurgie</strong> <strong>pariétale</strong> est aussi prise en compte dans l’analyse du taux d’infection. Une étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> l’European Hernia Society en 2001 montrait que lors du traitement <strong>de</strong> ces infections <strong>de</strong> matériel<br />
prothétique, il était plus souvent nécessaire d’enlever le matériel lorsque celui-ci était mis en place lors d’un<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
abord coelioscopique : 0 à 7% <strong>de</strong>s cas alors qu’il était nécessaire d’enlever le matériel uniquement dans 0 à 4%<br />
lors <strong>de</strong>s abords par voie ouverte (6).<br />
DIAGNOSTIC : Le diagnostic d’une infection prothétique peut prendre différentes formes <strong>de</strong>puis un simple<br />
érythème cicatriciel jusqu’au sepsis grave et peuvent être classées en infections précoces et infections<br />
« tardives » en raison <strong>de</strong> leur étiologie probable. Les infections précoces sont dues le plus souvent, à une<br />
infection cutanée superficielle ou une fistule digestive alors que les infections chroniques <strong>sur</strong>viennent sans<br />
fistule digestive associée (3).<br />
Les infections prothétiques précoces doivent être distinguées <strong>de</strong>s réelles infections cutanées superficielles qui<br />
elles peuvent parfois être traitées par une antibiothérapie lorsque l’unique manifestation clinique est un aspect<br />
<strong>de</strong> cellulite (3). Ainsi le diagnostic Clinique d’une infection prothétique précoce est difficile, un sérome peut<br />
être confondu avec une collection en avant <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>. Les clefs du diagnostic d’infection semblent <strong>de</strong>voir<br />
associer <strong>de</strong>s signes généraux communs à toutes les techniques chirurgicales : douleur, abcès péri cicatriciels ou<br />
péri prothétiques, fièvre, hyperleucocytose, augmentation <strong>de</strong>s protéines <strong>de</strong> l’inflammation et <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong><br />
sédimentation à <strong>de</strong>s signes locaux associés à la technique chirurgicale. La présence d’un écoulement purulent<br />
par un orifice <strong>de</strong> drainage après <strong>chirurgie</strong> ouverte ou par un ou plusieurs orifices <strong>de</strong> trocart après cœlioscopie<br />
doit faire suspecter une infection. Les examens radiologiques peuvent être d’une assistance importante,<br />
cependant la présence <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> péri prothétique peut être normale, c’est la présence <strong>de</strong> gaz au sein <strong>de</strong> cette<br />
collection qui fera suspecter une infection. Bien évi<strong>de</strong>ment une image <strong>de</strong> fistule avec une structure digestive<br />
affirmera le diagnostic (Fig. 1).<br />
Figure 1 : TDM : liqui<strong>de</strong> péri prothétique avec fistule<br />
Cependant certains patients présentent <strong>de</strong>s infections prothétiques tardives avec suppuration persistante, cela<br />
semble <strong>sur</strong>venir lorsqu’il existe formation d’un abcès sans signes <strong>de</strong> sepsis (7).<br />
Aussi le diagnostic certain d’une infection prothétique ne peut il parfois se faire qu’après culture du liqui<strong>de</strong><br />
abcédé péri prothétique ou après culture <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> elle-même.<br />
Microbiologie :<br />
81% <strong>de</strong>s infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> sont liées à Staph. Aureus dont 52% sont méthicilline-résistants (5). Dix sept %<br />
<strong>de</strong> germes gram négatifs sont impliqués. Les bacilles Gram négatif d’origine digestive sont plus souvent<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
etrouvés lorsqu’associé au geste <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> <strong>pariétale</strong> on retrouve un geste <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> digestive et lorsqu’il<br />
existe une fistule entérocutanée tardive.<br />
Causes <strong>de</strong> l’infection <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s<br />
L’infection du matériel prothétique est associée à plusieurs causes associant le patient, le type <strong>de</strong> défect<br />
pariétal, la technique et la <strong>prothèse</strong> elle-même.<br />
o Le facteur patient :<br />
L’obésité, un traitement corticoï<strong>de</strong> au long court, le tabac… augmentent le risque infectieux. Le traitement<br />
d’une récidive herniaire et une durée opératoire prolongée accroissent ce risque. Le site <strong>de</strong> mise en place du<br />
matériel dans le traitement <strong>de</strong>s éventrations n’influence pas le taux d’infection, cependant la couverture<br />
aponévrotique diminue ce risque (3).<br />
Le facteur <strong>prothèse</strong>:<br />
Afin <strong>de</strong> connaitre le « risque infectieux » d’un matériel, il est important <strong>de</strong> savoir ce qu’est une <strong>prothèse</strong>. La<br />
<strong>prothèse</strong> idéale serait composée d’un matériel inerte, qui induirait une réponse inflammatoire minime, qui<br />
favoriserait la colonisation vasculaire et fibroblastique en évitant l’encapsulation du matériel et son érosion.<br />
Elle <strong>de</strong>vrait <strong>de</strong> plus s’intégrer dans les tissus voisins et limiter l’infection (8).<br />
Qu’est ce qu’une <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>? (1)<br />
Les <strong>prothèse</strong>s <strong>pariétale</strong>s initialement fabriquées sous forme d’un filet («mesh» <strong>de</strong>s anglo-saxons) ont<br />
actuellement la structure d’un treillis textile fait <strong>de</strong> fibres mono-ou multibrins tissées, tricotées ou collées. Les<br />
textiles prothétiques sont caractérisés par la taille <strong>de</strong>s pores qu’ils présentent. Elles sont fabriquées à partir <strong>de</strong><br />
fibres non résorbables <strong>de</strong> polypropylène, <strong>de</strong> polyesters saturés à bas poids moléculaire (Dacron), ou <strong>de</strong> PTFE<br />
expansé. Certaines autres <strong>prothèse</strong>s sont fabriquées à partir <strong>de</strong> fibres à résorption lente type Vicryl®.<br />
Il existe plusieurs classifications <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>. Estour propose trois types basée <strong>sur</strong> la taille <strong>de</strong>s pores<br />
(9). Amid les a classés en quatre groupes basés <strong>sur</strong> la taille <strong>de</strong>s pores et le type <strong>de</strong> fibre constituant la <strong>prothèse</strong>,<br />
nous verrons que cela est important dans la prise en compte du risque infectieux (10). Autre élément souvent<br />
mis en avant par l’industrie pour différencier les <strong>prothèse</strong>s et qui peut avoir un intérêt lors d’infection, le poids<br />
<strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>. Celui-ci varie <strong>de</strong> 30 à 200g/m², et dépend donc <strong>de</strong> l’épaisseur (donc du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> tricotage) et <strong>de</strong><br />
la quantité <strong>de</strong> matériel utilisé pour former la <strong>prothèse</strong>.<br />
• le type I correspond aux <strong>prothèse</strong>s macroporeuses : elles contiennent <strong>de</strong>s pores <strong>de</strong> diamètre supérieur à 75<br />
microns autorisant ainsi le passage <strong>de</strong>s macrophages, <strong>de</strong>s fibroblastes, <strong>de</strong>s néovaisseaux et <strong>de</strong>s fibres<br />
collagènes sans constitution d’une gaine fibre d’encapsulation et d’exclusion. Dans ce groupe se trouvent les<br />
différentes <strong>prothèse</strong>s monofilamentaires à base <strong>de</strong> polypropylène (Marlex®,Prolène®, Surgipro®,Biomesh®);<br />
• le type II correspond à <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s microporeuses avec <strong>de</strong>s pores < 10µ. Cette porosité semble insuffisante<br />
car elle ne permet pas la pénétration et l’adhésion cellulaire précédant la colonisation du matériau. Ces<br />
<strong>prothèse</strong>s sont essentiellement fabriquées à base <strong>de</strong> ePTFE (Gore-tex®);<br />
• le type III correspond à <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s macroporeuses faites <strong>de</strong> multifilaments, type Mersilène® ;<br />
• le type IV correspond à <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s imperméables faites <strong>de</strong> silastic ou autre.<br />
Actuellement sont développées <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s dites « biomatériaux »<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
Ces <strong>prothèse</strong>s ont fait la preuve <strong>de</strong> leur utilité en <strong>chirurgie</strong> <strong>pariétale</strong>, cependant le concept <strong>de</strong> renfort pariétal<br />
mis en avant par l’utilisation <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> matériel est actuellement bousculé par la notion Anglo-Saxonne <strong>de</strong><br />
« remo<strong>de</strong>lling » pariétal. Les <strong>prothèse</strong>s classiques dont le principe est d’intégrer la paroi se voit balayé par une<br />
incorporation biologique <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> permettant <strong>de</strong> créer un nouveau tissu pariétal comparable en fonction<br />
et en histologie au tissus <strong>de</strong> l’hôte. Pour cela <strong>de</strong> nouvelles <strong>prothèse</strong>s « biologiques » ont été développées. Elles<br />
sont constituées par une matrice acellulaire. Ces <strong>prothèse</strong>s peuvent avoir <strong>de</strong>ux origines :<br />
• Animale :<br />
• Humaine :<br />
o Sous muqueuse d’intestin grêle porcin (Surgisis Cook, Bloomington, Indiana),<br />
o Derme porcin (Permacol, Covidien ; Collamend, Bard/Davol ; Stratice, LifeCell ; XenMatrix,<br />
Brennan Medical)<br />
o Derme <strong>de</strong> fœtus bovin (Surgimend, TEL Bioscience)<br />
o Péricar<strong>de</strong> Bovin (Tutopatch, Tutogen Medical ; Véritas, Synovis)<br />
o Derme humain (Allo<strong>de</strong>rm, Lifecell ; AlloMax, Bard/Davol ; FlexHD, MTV ; Tutomesh, Tutogen<br />
Medical)<br />
Concernant ces <strong>prothèse</strong>s dites « biologiques », elles présentent <strong>de</strong>s propriétés spécifiques (11) en particulier<br />
dans le domaine <strong>de</strong> l’infection. Elles ne serviraient pas <strong>de</strong> « foyer » d’infection, ne « favoriseraient » pas<br />
l’infection et permettraient d’éviter le retrait du matériel si l’antibiothérapie contrôle l’infection.<br />
Ainsi ce type <strong>de</strong> matériel prothétique permettrait <strong>de</strong> traiter un défect pariétal y compris en milieu septique<br />
(12).<br />
Comment s’infecte une <strong>prothèse</strong>?<br />
Nous avons vu en introduction qu’il existait <strong>de</strong>s germes dans 90% <strong>de</strong>s plaies lors <strong>de</strong> la fermeture (13) ainsi<br />
l’infection du matériel prothétique est une contamination opératoire dans la majorité <strong>de</strong>s cas (1).<br />
Dès 1967 (14) il a été montré que les sutures <strong>pariétale</strong>s en milieu septique étaient <strong>de</strong> meilleur qualité avec <strong>de</strong>s<br />
sutures type monofilament que multifilaments, l’explication <strong>de</strong> cela vient dix ans plus tard avec la mise en<br />
évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la propagation cinq à huit fois plus importante <strong>de</strong>s bactéries dans les sutures type multifilament<br />
(15).<br />
Enfin dans les années 80, il est montré que les bactéries infectant les <strong>prothèse</strong>s sont protégées <strong>de</strong> la<br />
phagocytose macrophagique dans les fils <strong>de</strong> suture multifilamentaires : les micropores ne permettant pas le<br />
passage cellulaire (16).<br />
Cette porosité liée aux filaments constitutifs <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> peut aussi être liée au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> tricotage <strong>de</strong> la<br />
<strong>prothèse</strong>. Bien que formée <strong>de</strong> fibres monofilamentaires une <strong>prothèse</strong> tricotée à mailles serrées, sera résistante<br />
mécaniquement mais la colonisation cellulaire y sera plus difficile : cela diminue l’intégration <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> et<br />
augmente en théorie le risque infectieux.<br />
Ainsi il existerait un risque infectieux plus important avec les <strong>prothèse</strong>s formées <strong>de</strong> fibres multifilamentaires et<br />
dont la mise en forme serait un maillage serré. Les <strong>prothèse</strong>s <strong>de</strong> type I selon Amid, avec une mise en forme à<br />
maillage large, supérieure à 1mm selon Estour (9) permettrait une colonisation harmonieuse par <strong>de</strong>s micro-<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
capillaires et les bourgeons fibroblastiques, sans constitution d’une gaine fibreuse d’exclusion et<br />
d’encapsulation.<br />
Revue <strong>de</strong> la littérature :<br />
L’analyse <strong>de</strong> la littérature permet <strong>de</strong> mettre en avant plusieurs points.<br />
• Dans le traitement <strong>de</strong>s éventrations, l’utilisation <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> taille (300cm² vs.200cm²) est<br />
un facteur <strong>de</strong> risque infectieux (5),<br />
• Les <strong>prothèse</strong>s dites “light” seraient à risque infectieux moindre que les <strong>prothèse</strong>s “heavy” (17).<br />
• Le traitement <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s infecté comprend l’ablation du matériel : dans 2 larges séries<br />
rétrospectives l’ablation du matériel prothétique a été réalisée 3 fois plus souvent lorsque la <strong>prothèse</strong><br />
était en ePTFE plutôt qu’en polypropylène (18,19).<br />
• Une étu<strong>de</strong> Française prenant en compte <strong>de</strong>s éventrations avec <strong>de</strong>s cicatrices potentiellement<br />
infectées et utilisant <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s <strong>de</strong> type III placées en position retro-musculaire ne montre pas <strong>de</strong><br />
risque infectieux <strong>sur</strong>ajouté (20).<br />
• La durée opératoire serait un facteur <strong>de</strong> risque infectieux dans le travail <strong>de</strong> Stremitzer (17), en effet<br />
l’analyse statistique retrouve une durée augmentée <strong>de</strong> 42 min dans le groupe <strong>prothèse</strong>s infectées.<br />
Cependant cela n’est pas retrouvé dans le travail <strong>de</strong> Cobb (5).<br />
• La présence d’un sérome en avant du matériel prothétique serait un facteur un facteur <strong>de</strong> risque<br />
infectieux (21)<br />
• Cependant le drainage du sérome est associé à un risqué accrue d’infection (3).<br />
• Les <strong>prothèse</strong>s biologiques : ce type <strong>de</strong> matériel pourrait présenter l’avantage <strong>de</strong> ne pas nécessiter<br />
Conclusion:<br />
d’ablation en cas d’infection, cependant leur cout est important et leur efficacité à long terme dans<br />
ces cas complexes d’infection est encore inconnu(22).<br />
Cependant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Shah (23) portant <strong>sur</strong> 58 patients traités par “bio<strong>prothèse</strong>” pour éventration<br />
infectée entre 2002 et 2007, montre qu’à un an les résultats sont très hétérogènes : infections <strong>de</strong><br />
bio<strong>prothèse</strong>s nécessitant leur ablation, récidive à 1 an <strong>de</strong> 27.9%...<br />
Dans un travail publié en 2007 dans Hernia, l’équipe <strong>de</strong> Gerard Champault (24) titrait que dans le cadre <strong>de</strong> la<br />
réparation <strong>de</strong>s hernies <strong>de</strong> l’aine le choix <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> est plus important que le choix <strong>de</strong> la technique (24). Il<br />
est donc indispensable que chaque <strong>chirurgie</strong>n « choisisse » en connaissance <strong>de</strong> cause le matériel prothétique<br />
qu’il utilisera pour ces patients. Dans le cadre plus spécifique du risque infectieux lors <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong><br />
matériel prothétique, un élément majeur reste une sélection rigoureuse <strong>de</strong>s indications et une technique<br />
chirurgicale parfaite.<br />
1. Bouillot J. L. Ann chir 2004<br />
Références<br />
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FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
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hernia. World J Surg 2006; 30: 2270–2278.<br />
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Hernia 1997; 1: 15–21<br />
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rectal prolapse : evolution of a new technique Brit J Surg 90 supp 1 june 2003.<br />
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mesh for repair of fascial <strong>de</strong>fects in the presence of open bowel. Dis Colon Rectum. 2003 Aug; 46(8):1118-<br />
23.<br />
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14. Alexan<strong>de</strong>r JW, Kaplan JZ, Altemeier WA (1967) Role of suture materials in the <strong>de</strong>velopment of wound<br />
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143: 71–3<br />
16. Osterburg B (1983) Enclo<strong>sur</strong>e of bacteria within capillary multifilament sutures as protection against<br />
leukocytes. Acta Chir Scand 149: 663–8.<br />
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Risk factor evaluation and strategies of meshgraft preservation. A retrospective analysis of 476 operations.<br />
World J Surg 2010; 34: 1702–1709<br />
18. Hawn MT, Gray SH, Sny<strong>de</strong>r CW, Graham LA, Finan KR, Vick CC Predictors of mesh explantation after<br />
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Literature review and clinical experience. J Am Coll Surg 1998; 186:352–367.<br />
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potentially infected tissues: A series of 47 cases. Hernia 1997; 1:157–161.<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
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out-come. Am J Surg 2009 198: 639–644.<br />
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biologics are equal! Hernia. 2011 Apr;15(2):165-71. Epub 2010 Dec 28.<br />
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technique. Hernia 2007 ; 11 :125-128.<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
PEUT-ON TRAITER UNE HERNIE OU UNE EVENTRATION ETRANGLEE PAR UNE<br />
JL CAILLOT, EJ VOIGLIO<br />
Département <strong>de</strong> Chirurgie Générale<br />
Digestive, Oncologique,Endocrinienne et d’Urgence<br />
Centre Hospitalier Lyon-Sud<br />
69495 Pierre-Bénite, FRANCE<br />
jean-louis.caillot@chu-lyon.fr<br />
PROTHESE NON RESORBABLE ?<br />
Le traitement en urgence d’une hernie ou d’une éventration étranglée a évolué ces <strong>de</strong>rnières années avec<br />
l’avènement <strong>de</strong> la coelio<strong>chirurgie</strong>. La <strong>chirurgie</strong> ouverte laissait- et laisse toujours - le choix à l’opérateur<br />
d’utiliser ou non un renfort prothétique. La <strong>chirurgie</strong> cœlioscopique l’oblige à la pose d’une <strong>prothèse</strong>, quelles<br />
que soient les circonstances, et seule la conversion lui permet à nouveau <strong>de</strong> choisir.<br />
La question peut-on mettre en place une <strong>prothèse</strong> ne se pose donc que dans le cadre d’une <strong>chirurgie</strong> ouverte<br />
ou d’une <strong>chirurgie</strong> cœlio-convertie.<br />
Devant une hernie ou une éventration étranglée, le <strong>chirurgie</strong>n doit donc prendre en compte plusieurs éléments<br />
pour déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la réparation qu’il va entreprendre et <strong>de</strong> la voie d’abord la plus adaptée. La pose d’une<br />
<strong>prothèse</strong> non résorbable (PNR) dépendra donc <strong>de</strong> critères non exhaustifs dont le principal est le risque<br />
d’infection <strong>de</strong> la PNR. Outre la gravité <strong>de</strong> l’étranglement et <strong>de</strong>s constations opératoires déterminantes,<br />
l’expertise du <strong>chirurgie</strong>n et l’état général du patient <strong>de</strong>vront être intégrés dans cette réflexion. Compte tenu<br />
<strong>de</strong>s conclusions <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> consensus <strong>de</strong> 2009 <strong>de</strong> l’EHS qui laisse la place à une non utilisation <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong> en cas <strong>de</strong> hernie <strong>de</strong> l’aine étranglée (Figure 1) [1], nous proposerons une hiérarchisation <strong>de</strong>s<br />
situations pour ai<strong>de</strong>r à la prise <strong>de</strong> décision considérant à la fois le risque infectieux et les possibilités <strong>de</strong><br />
réparation <strong>pariétale</strong>.<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
Figure 1 : Recommandations <strong>sur</strong> la prise en charge <strong>de</strong>s hernies inguinales [1]<br />
I. L’étranglement :<br />
Définition : La hernie ou éventration étranglée correspond à une irréductibilité du contenu hernié associé à une<br />
souffrance du contenu, ce qui la différencie <strong>de</strong> la simple incarcération où le contenu ne souffre pas [2,3].<br />
Physiopathologie : La constriction <strong>de</strong>s viscères herniés au niveau du collet engendre tout d’abord un œdème,<br />
puis une stase veineuse avant d’aboutir à <strong>de</strong>s lésions ischémiques d’abord réversibles puis irréversibles. Une<br />
translocation microbienne est concomitante aux phénomènes ischémiques [4].<br />
Clinique : Classiquement il s’agit d’une tuméfaction douloureuse irréductible, non impulsive à la toux. La<br />
douleur est constante. L’évolution se fait, lorsqu’un segment intestinal est hernié, vers une occlusion<br />
intestinale laquelle peut évoluer vers une perforation et une péritonite.<br />
Imagerie : Le scanner injecté permet d’apprécier le niveau d’occlusion (syndrome jonctionnel) et le niveau <strong>de</strong><br />
souffrance intestinale (état pariétal, vascularisation <strong>de</strong> l’anse et épanchement associé).<br />
II. Les constatations peropératoires<br />
Elles ai<strong>de</strong>nt le <strong>chirurgie</strong>n à apprécier d’une part le niveau du risque septique et d’autre part les possibilités <strong>de</strong><br />
réparation <strong>pariétale</strong> immédiate.<br />
IIA. Evaluation du risque septique.<br />
On propose <strong>de</strong> coter <strong>de</strong> 0 à 3, selon une gravité croissante, l’état viscéral, l’état péritonéal et la suture digestive<br />
éventuellement réalisée.<br />
1. L’état viscéral (V): Le contenu du sac herniaire peut être épiploique, intestinal ou colique. La vitalité<br />
du segment intestinal peut être parfaite (V0), correcte après réchauffement (V1), douteuse (V2) ou<br />
manifestement dépassée en cas <strong>de</strong> nécrose ou <strong>de</strong> perforation(V3).L’ouverture du sac est donc indispensable.<br />
2. L’état péritonéal (P) : Le péritoine peut apparaitre sain (P0), inflammatoire (P1). Dans les hernies d e<br />
l’aine, il pourra s’agir d’une péritonite le plus souvent localisée au sac herniaire (P2). Dans les grosses hernies<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
ombilicales et les éventrations étranglées complexes communicant avec la gran<strong>de</strong> cavité péritonéale, il pourra<br />
s’agir d’une péritonite généralisée après perforation digestive (P3).<br />
3. Suture digestive (S) : Dans les cas les plus favorables, le segment intestinal étranglé récupère et peut<br />
être conservé (S0) ; une épiplocèle peut être réséquée (S0). Parfois une résection anastomose du grêle isolée<br />
s’impose (S1), mais elle peut intéresser plusieurs segments du grêle imposant plusieurs sutures(S2), voire dans<br />
certaines éventrations mixtes complexes obliger à une colostomie du fait d’un colon non préparé(S2) voire à<br />
une résection anastomose colique (S3), aggravant les conditions septiques générales.<br />
L’addition <strong>de</strong> ces critères (V+S+P) permet au <strong>chirurgie</strong>n d’apprécier globalement et rapi<strong>de</strong>ment l’état septique.<br />
Cette note varie <strong>de</strong> 0 à 9, en trois paliers <strong>de</strong> gravité croissante : [0-3] ; [3-6] ; [6-9].<br />
IIB. Evaluation <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong> réparation <strong>pariétale</strong> immédiate :<br />
Nous proposons 3 cotations <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> substance notées A, B, C.<br />
La réparation <strong>de</strong> la paroi peut être possible sans <strong>prothèse</strong> (et a fortiori avec <strong>prothèse</strong>) (A), vouée à l’échec sans<br />
un renfort prothétique (B), voire totalement impossible du fait d’une nécrose <strong>de</strong>s parties molles(C).<br />
Dans les hernies <strong>de</strong> l’aine, la paroi est pratiquement toujours réparable sans <strong>prothèse</strong> (A), à quelques<br />
exceptions près :<br />
- récidive étranglée <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> contraignant à l’ablation <strong>de</strong> l’ancienne <strong>prothèse</strong> et débouchant <strong>sur</strong> une<br />
perte <strong>de</strong> substance difficilement réparable sans nouvelle <strong>prothèse</strong> (B),<br />
- délabrement musculaire inguinal ou crural (B)<br />
Dans les éventrations, lorsque le plan musculo-aponévrotique est suffisamment mobilisable pour recouvrir la<br />
masse viscérale, une raphie <strong>pariétale</strong> avec ou sans plastie est possible, la pose d’une <strong>prothèse</strong> étant possible<br />
mais non obligatoire (A). A l’opposé, quand la perte <strong>de</strong> substance ne peut être compensée par <strong>de</strong>s manœuvres<br />
<strong>de</strong> mobilisation bien conduites et poussées - dissection sous cutanée jusqu’aux crêtes iliaques, contre-incisions<br />
<strong>de</strong> refend <strong>sur</strong> la face antérieure <strong>de</strong> la gaine <strong>de</strong>s muscles larges, procédé <strong>de</strong> Velti -, la réparation per primum du<br />
<strong>de</strong>fect pariétal est impossible sans pose <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> (B). Les gran<strong>de</strong>s éventrations médiane avec perte <strong>de</strong> droit<br />
<strong>de</strong> cité <strong>de</strong> la masse viscérale herniée peuvent conduire - outre à <strong>de</strong>s résections intestinales majeures <strong>de</strong><br />
nécessité- mais également à une impossibilité physique <strong>de</strong> rapprocher les berges musculo-aponévrotiques <strong>de</strong>s<br />
grands droits (B). Un délabrement musculo-cutané d’origine septique (gangrène, fasciite nécrosante) peut<br />
conduire à <strong>de</strong> larges mises à plat <strong>pariétale</strong>s musculo-cutanées avec impossibilité totale <strong>de</strong> recouvrement <strong>de</strong> la<br />
masse viscérale (C).<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
III. Propositions <strong>de</strong> CAT<br />
Le tableau 1 ci-joint résume les indications théoriques <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> PNR que nous proposons en cas <strong>de</strong> hernie ou<br />
d’éventration étranglée.<br />
Tableau 1 : Indication proposées <strong>de</strong>s PNR dans les hernies et les éventrations étranglées<br />
Hernie <strong>de</strong> l’aine étranglée Hernie ombilicale et éventration étranglées<br />
STADES<br />
A [0-3] PNR possible PNR possible<br />
B [0-3] PNR conseillée PNR conseillée<br />
A [3-6] PNR déconseillée PNR déconseillée / PNR différée si récidive<br />
B [3-6] Abord direct : PNR interdite / PNR fortement déconseillée : Assistance <strong>pariétale</strong> temporaire<br />
Voie mixte : PNR possible ou recouvrement cutané simple / PNR à distance<br />
A [6-9] PNR interdite PNR interdite : Réparation simple / PNR si récidive<br />
B [6-9] & C[x]PNR interdite : réparation <strong>de</strong> fortune ou VAC / PNR interdite : VAC /<br />
PNR différée PNR différée<br />
Le résumé du tableau en l’adaptant aux voies d’abord utilisées pourrait être le suivant :<br />
1. Hernies inguinales et crurales étranglées<br />
a. Cœlioscopie : cette technique impose la pose d’une <strong>prothèse</strong> [5,6]. La voie trans-péritonéale est<br />
recommandée pour faire le bilan lésionnel intrapéritonéal [7]. Le sta<strong>de</strong> septique doit rester inférieur à 3 <strong>de</strong><br />
préférence, sinon il est préférable <strong>de</strong> convertir. L’état pariétal importe peu.<br />
b. Kélotomie : les choix sont simples [3,8,9] en fonction <strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s A et B et <strong>de</strong> l’évaluation du risque<br />
septique, selon les modalités du tableau 1.<br />
c. Voie mixte : TAPP puis TEP [10,11] / cœlioconversion puis kélotomie / laparotomie puis kélotomie :<br />
Nous proposons l’attitu<strong>de</strong> suivante : quand une résection anastomose est nécessaire du fait d’une occlusion<br />
franche avec souffrance digestive irrécupérable, dans une ambiance <strong>de</strong> péritonite localisée bien contrôlée<br />
(score [3-6]), celle-ci est réalisée par voie abdominale à ciel ouvert, cœlioguidée, ou cœlioconvertie, pour<br />
traiter une hernie étranglée occlusive ; elle sera suivie du traitement <strong>de</strong> la hernie par kélotomie ou par TEP,<br />
sans ouverture péritonéale inguinale : ceci autorisera la pose <strong>de</strong> PNR prépéritonéale, quel que soit l’état<br />
pariétal (A ou B).<br />
2. Hernies ombilicales et éventrations étranglées<br />
1. Cœlioscopie : Le traitement d’une hernie ombilicale étranglée ou d’une petite éventration abdominale<br />
étranglée reste possible en cœlioscopie si l’évaluation du risque septique reste inférieur à 3. On terminera<br />
obligatoirement l’intervention par la pose d’une PNR.<br />
2. Cœlioconversion ou laparotomie d’emblée :<br />
La pose d’une PNR reste possible dans les sta<strong>de</strong>s A [0-3], mais n’est pas conseillée dans les sta<strong>de</strong>s A [3-6] même<br />
si la <strong>prothèse</strong> peut être recouverte par un plan musculo-aponévrotique. Par contre, la pose <strong>de</strong> PNR est<br />
conseillée dans les sta<strong>de</strong>s B [0-3].<br />
Dans les sta<strong>de</strong>s A [6-9], la PNR est déconseillée puisque la paroi est réparable par plastie et que l’état septique<br />
est sévère. Il sera toujours possible <strong>de</strong> mettre en place une <strong>prothèse</strong> en cas <strong>de</strong> récidive.<br />
Dans le sta<strong>de</strong> B [3-6], la pose <strong>de</strong> PNR est fortement déconseillée ; une assistance <strong>pariétale</strong> temporaire type<br />
Ventrofils®, voire plaque <strong>de</strong> Vicryl®, ou un simple recouvrement cutanée peuvent sauver la situation.<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
Enfin dans les sta<strong>de</strong>s extrêmes B [6-9] ou C, la PNR est interdite et un pansement aspiratif <strong>de</strong> type VAC® est<br />
recommandé. Après guérison du problème septique, le problème pariétal sera réévalué.<br />
Conclusion<br />
En matière d’étranglement <strong>sur</strong> hernie ou éventration, la bonne question n’est sans doute pas peut-on poser<br />
une PNR, mais quand est-il raisonnable <strong>de</strong> ne pas la poser… Notre expérience <strong>de</strong> la <strong>chirurgie</strong> d’urgence nous a<br />
conduit à cette réflexion et à ces propositions <strong>de</strong> bon sens dans la prise en charge <strong>de</strong> cette pathologie, sans<br />
cé<strong>de</strong>r aux phénomènes <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> ni dénigrer les avantages procurés par la cœlio<strong>chirurgie</strong>. Les <strong>prothèse</strong>s non<br />
résorbables ont leur place dans l’arsenal thérapeutique, mais savoir raisonnablement <strong>de</strong> pas les utiliser reste<br />
une option que tout <strong>chirurgie</strong>n d’urgence doit avoir à l’esprit.<br />
Références<br />
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strangulated inguino-crural hernias: a report of nine cases. Hernia 12:185-188.<br />
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10. Hoffman A. (2010) The combined laparoscopic approach for the treatment of incarcerated inguinal<br />
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11. Ferzli G. (2004) Laparoscopic extraperitoneal approach to acutely incarcerated inguinal hernia. Surg<br />
Endosc 18: 228-231<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
SEPSIS SUR PROTHESE PARIETALE. CONDUITE A TENIR<br />
Jean Luc Bouillot, T Pogoshian, N Veyrie, N Corigliano, G Canard.<br />
Chirurgie Générale<br />
Digestive et Métabolique<br />
Hôpital Ambroise Paré,<br />
Boulogne 92100<br />
Email : jl.bouillot@apr.aphp.fr<br />
L’usage d’une <strong>prothèse</strong> <strong>de</strong> renforcement pariétal est <strong>de</strong>venu le traitement <strong>de</strong> référence pour le traitement <strong>de</strong>s<br />
hernies et éventrations abdominales. Les étu<strong>de</strong>s scientifiques ont montré que le risque <strong>de</strong> récidive était<br />
significativement moins élevé après réparation prothétique (taux variant entre 2 et 10% selon les séries et les<br />
techniques utilisées) vs 25 à 50% après simple raphie (1,-3). Cette technique en contrepartie <strong>de</strong> son efficacité<br />
peut engendre <strong>de</strong>s complications spécifiques à l’usage <strong>de</strong> matériau synthétique : Douleurs <strong>pariétale</strong>s,<br />
désinsertion prothétique, migration, fistulisation dans un organe creux, infection (4).<br />
Données du problème :<br />
Les <strong>prothèse</strong>s non résorbables utilisées en <strong>chirurgie</strong> <strong>pariétale</strong> se comportent initialement comme <strong>de</strong>s corps<br />
étrangers, entraînant une réaction inflammatoire à corps étranger. elles s’incorporent ensuite à la paroi<br />
abdominale sous l’action <strong>de</strong>s fibroblastes produisant <strong>de</strong>s fibres collagène. Cette incorporation est variable<br />
selon les matériaux utilisés : les <strong>prothèse</strong>s en treillis macroporeuses (polypropylène ou polyester) s’incorporent<br />
facilement à la différence <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s en ePTFE microporeuses qui ont tendance à s’encapsuler sans<br />
véritable intégration tissulaire. Le risque infectieux est fonction du type <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>, notamment <strong>de</strong> ses<br />
capacités d’intégration tissulaire et <strong>de</strong> la possibilité pour les macrophages d’aller au plus près d’éventuelles<br />
bactéries (cf chapitre précé<strong>de</strong>nt).<br />
L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s sepsis <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> est très variable d’une série à l’autre, variant <strong>de</strong> 0,2 à 8% (5-8). La<br />
contamination <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> semble <strong>sur</strong>venir au moment <strong>de</strong> l’intervention comme en atteste l’origine cutanée<br />
<strong>de</strong>s germes les plus souvent retrouvés lors <strong>de</strong>s prélèvements bactériologiques : Staphylococcus Aureus et S<br />
Epi<strong>de</strong>rmidis (7). Le délai d’apparition <strong>de</strong> ces infections est très variable, parfois précoce dans les jours suivant<br />
l’intervention, parfois à distance voire très à distance, plusieurs années plus tard, sans qu’on ne comprenne<br />
bien les raisons <strong>de</strong> telles différences (5). Dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Leber, analysant les complications à distance chez 200<br />
patients opérés d’éventration, il a été observé 5,9% d’infection prothétique, infection dont le délai <strong>de</strong><br />
manifestation médian est <strong>de</strong> 6 mois (4).<br />
Les facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> <strong>sur</strong>infection d’une <strong>prothèse</strong> sont multiples : Intervention pour éventration récidivée,<br />
plaie per-opératoire du grêle, réalisation d’un autre geste chirurgical en même temps que la cure<br />
d’éventration, utilisation d’une <strong>prothèse</strong> <strong>de</strong> PTFE (9,10). Dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Stremitzer et coll, seuls <strong>de</strong>ux facteurs<br />
ont été retrouvés prédictifs <strong>de</strong> la <strong>sur</strong>venue d’une infection : un IMC élevé et une durée opératoire allongée<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
(11). Concernant la technique opératoire, on note une tendance à une moindre infection après abord<br />
laparoscopique (0% d’infection) vs abord conventionnel (7%), mais ceci n’est pas statistiquement significatif<br />
(11).<br />
Le risque infectieux paraît cependant faible en cas <strong>de</strong> cure laparoscopique <strong>de</strong>s hernies inguinales. On ne<br />
retrouve que 0,6% d’infection après 500 cures laparoscopiques selon TAPP dans l’expérience <strong>de</strong> Hofbauer (12)<br />
Clinique :<br />
Lorsque l’infection apparaît précocement dans les jours qui suivent l’intervention, elle se manifeste sous forme<br />
d’un abcès (rougeur, chaleur, douleur, tumeur) qui va s’ouvrir spontanément à la peau s’il n’est pas débridé<br />
chirurgicalement. Il est difficile à ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> savoir s’il s’agit d’un simple abcès <strong>de</strong> paroi, superficiel qui va<br />
pouvoir guérir par <strong>de</strong>s soins locaux appropriés ou s’il existe déjà une <strong>sur</strong>infection <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>. Certes la<br />
visualisation <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> au sein <strong>de</strong> cet abcès (notamment si elle a été placée en position pré-<br />
aponévrotique) ne laisse pas beaucoup <strong>de</strong> place au doute, mais bien souvent ce n’est que l’évolution à moyen<br />
terme qui permettra <strong>de</strong> trancher entre sepsis superficiel et/ou sepsis <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong>.<br />
Parfois l‘infection est plus tardive, quelques semaines après l’intervention. Elle se manifeste sous forme d’une<br />
cicatrisation torpi<strong>de</strong> avec infiltration <strong>de</strong>s berges <strong>de</strong> la cicatrice et secondairement un abcès va <strong>sur</strong>venir.<br />
A l’inverse, en cas <strong>de</strong> sepsis <strong>de</strong> révélation tardive, il n’y a guère <strong>de</strong> doute diagnostique, lorsqu’apparaît un abcès<br />
ou une fistule dans la zone d’implantation <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>. Dans ces cas, l’infection est à bas bruit, sans signes<br />
inflammatoires ni généraux et c’est bien souvent un pertuis qui s’ouvre <strong>sur</strong> la cicatrice laissant s’écouler un peu<br />
<strong>de</strong> pus, avant un passage à la chronicité, sans espoir <strong>de</strong> fermeture. Cette fistule semble parfois se tarir<br />
spontanément ou après <strong>de</strong>s soins locaux, mais elle va réapparaître quelque temps plus tard au même endroit<br />
ou un peu à distance. Certains patients gar<strong>de</strong>nt ainsi une suppuration chronique, sans signe inflammatoire ou<br />
infectieux local ou général pendant <strong>de</strong>s années. Le diagnostic peut être confirmé par <strong>de</strong>s moyens d’imagerie :<br />
fistulographie et/ou TDM qui peut montrer un abcès, la présence d’une bulle gazeuse au contact <strong>de</strong> la<br />
<strong>prothèse</strong>. Cet orifice parfois laisse s’extérioriser <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> qui s’éliminent spontanément. A ce<br />
sta<strong>de</strong>, il n’y a aucune chance <strong>de</strong> guérison spontanée définitive, sans geste chirurgical.<br />
En cas <strong>de</strong> sepsis après cure laparoscopique, c’est parfois l’aspect du drainage laissé en place au contact <strong>de</strong> la<br />
<strong>prothèse</strong> qui laisse augurer d’une infection. Ailleurs, notamment en l’absence <strong>de</strong> drainage ou lorsque<br />
l’infection est plus tardive, c’est l’apparition <strong>de</strong> douleur ou d’un syndrome infectieux, voire d’une bactériémie<br />
qui font suspecter cette infection qui sera confirmée par <strong>de</strong>s moyens d’imagerie puis par une ponction à visée<br />
bactériologique pour confirmation, isolement du germe et antibiogramme.<br />
Traitement<br />
1 : La prise en charge classique <strong>de</strong>s infections prothétiques après <strong>chirurgie</strong> d’une éventration est<br />
l’ablation totale <strong>de</strong> tout matériau étranger (5,13). Ceci permet une guérison <strong>de</strong> l’infection, mais souvent au prix<br />
d’une récidive <strong>de</strong> l’éventration. En effet, si la <strong>prothèse</strong> a été posée superficiellement en pré-aponévrotique, son<br />
ablation peut se faire facilement sans trop <strong>de</strong> risque. A l’inverse, si la <strong>prothèse</strong> est en situation intrapéritonéale<br />
ou rétromusculaire, son ablation nécessité l’ouverture <strong>de</strong> la cavité abdominale avec <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> lésion du<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
tube digestif sous jacent durant l’intervention. De plus, selon que la <strong>prothèse</strong> a été placée comme renfort après<br />
fermeture complète du défect pariétal ou au contraire comme pièce <strong>de</strong> comblement d’une perte <strong>de</strong> substance<br />
sans fermeture du défect pariétal, les possibilités <strong>de</strong> refermeture <strong>de</strong> la paroi après ablation <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong><br />
infectée seront différentes. Si une fermeture <strong>pariétale</strong> est possible sans trop <strong>de</strong> tension, il nous semble utile <strong>de</strong><br />
laisser en site intrapéritonéal une <strong>prothèse</strong> résorbable qui évitera la <strong>sur</strong>venue d’une éviscération précoce post-<br />
opératoire. Si à l’inverse, la fermeture sans tension est impossible, il faut alors se résoudre à laisser le ventre<br />
ouvert avec ou sans système <strong>de</strong> drainage aspiratif, ou tenter <strong>de</strong> refermer la paroi au prix d’incisions latérales <strong>de</strong><br />
glissement (technique <strong>de</strong> Ramirez) (14). Szczerba et Dumanian ont rapporté leur expérience <strong>de</strong> 11 patients<br />
traités <strong>de</strong> la sorte (<strong>prothèse</strong> infectée, <strong>prothèse</strong> exposée, <strong>prothèse</strong> avec fistule digestive…), avec un intervalle <strong>de</strong><br />
1 à 24 mois entre la pose <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> et son ablation. Seul 1 patient a récidivé son éventration et a du être<br />
réopéré secondairement (13). Des techniques plus compliquées <strong>de</strong> fermeture du défect pariétal avec<br />
transposition musculaire ont été décrites, notamment avec le tenseur du fascia lata (15). Il nous est arrivé une<br />
fois d’avoir eu recours à une greffe libre (technique micro-chirurgicale) pour combler une perte <strong>de</strong> substance<br />
gigantesque secondaire à une énième réparation qui s’est compliquée <strong>de</strong> sepsis sévère. Une autre solution <strong>de</strong><br />
comblement <strong>de</strong> ce défect est <strong>de</strong> remettre en place une nouvelle <strong>prothèse</strong>. Il ne saurait cependant être<br />
question dans cette situation <strong>de</strong> replacer une <strong>prothèse</strong> classique, et quelques équipes ont rapporté leurs<br />
expériences <strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s biologiques dans le même temps que l’ablation <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s<br />
infectées. Cf chapitre traitant <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s en milieu infecté.<br />
L’ablation d’une <strong>prothèse</strong> inguinale infectée pose <strong>de</strong> difficiles problèmes techniques, du fait <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong><br />
la <strong>prothèse</strong> avec les vaisseaux fémoraux et les éléments du cordon. En présence d’un abcès, il est sans doute<br />
pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> drainer cet abcès dans un premier temps et d’envisager l’ablation <strong>de</strong>s tissus prothétiques infectés<br />
dans un temps ultérieur avec une inflammation réduite (5)<br />
2 : En cas d’infection <strong>de</strong> paroi apparaissant rapi<strong>de</strong>ment au décours d’une réparation <strong>pariétale</strong><br />
prothétique, il importe <strong>de</strong> débri<strong>de</strong>r la plaie pour évacuation <strong>de</strong> l’abcès. Bien souvent, il s’agit d’une infection du<br />
tissu sous cutané et sous réserve que la <strong>prothèse</strong> soit placée profondément, il n’y aura pas d’infection<br />
prothétique ; 1,65% parmi les 423 <strong>prothèse</strong>s placées dans l’expérience <strong>de</strong> Jezupors (5). Des soins locaux<br />
adaptés suffiront pour obtenir une cicatrisation définitive en quelques jours, semaines. Parfois cependant,<br />
d’emblée, la <strong>prothèse</strong> est exposée au sein <strong>de</strong> cet abcès. Se pose alors la question <strong>de</strong> la conduite à tenir.<br />
Quelques publications font état <strong>de</strong> traitement local par drainage <strong>de</strong> l’abcès, mise en place d’un système<br />
d’irrigation lavage et antibiothérapie permettant ainsi <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r en place le filet prothétique. Ahmad et al ont<br />
rapporté ainsi 13 cas <strong>de</strong> patients avec infection <strong>sur</strong> réparation <strong>de</strong> hernie ventrale. Traités <strong>de</strong> la sorte, avec <strong>de</strong>s<br />
soins locaux répétés (débri<strong>de</strong>ments), tous les patients ont cicatrisé et à 3 mois, il n’existait aucune récidive.<br />
D’autres auteurs ont rapporté <strong>de</strong>s expériences similaires, mais insistent <strong>sur</strong> la durée que requièrent ces<br />
hsopitalisations (16-17 )<br />
L’utilisation d’un système <strong>de</strong> drainage aspiration est préconisée par certains (système VAC). En effet, cette<br />
pression négative permet l’aspiration <strong>de</strong>s exsudats en excès, favorise la néovascularisation et l’apparition d’un<br />
tissu <strong>de</strong> granulation tout en rapprochant les berges <strong>de</strong> la plaie. Tamhankar et coll ont rapporté leur expérience<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
<strong>de</strong> 4 patients traités <strong>de</strong> la sorte avec succès, sans nécessité <strong>de</strong> retirer la <strong>prothèse</strong> <strong>de</strong> prolène (18). Dans<br />
l’expérience <strong>de</strong> Stremitzer, la <strong>prothèse</strong> a pu être laissée en place chez 17 <strong>de</strong>s 31 patients ayant un sepsis <strong>sur</strong><br />
<strong>prothèse</strong> traités <strong>de</strong> la sorte (11). La probabilité <strong>de</strong> succès d’une telle approche dépend pour partie du type <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong> insérée. Dans l’étu<strong>de</strong> rapportée par Cobb et al <strong>de</strong> 95 réparations d’éventration avec <strong>prothèse</strong> <strong>de</strong><br />
PTFE, toutes les <strong>prothèse</strong>s infectées ont du être retirées (7). Dans la série rapportée par l’équipe <strong>de</strong> Stremitzer,<br />
100% <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s <strong>de</strong> Vypro ont pu être sauvées contre 0% <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s <strong>de</strong> prolène pur et 23% <strong>de</strong>s<br />
<strong>prothèse</strong>s en PTFE. Même si les écrits publiés divergent à ce sujet, il semble qu’une infection <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> en<br />
ePTFE n’ait aucune probabilité <strong>de</strong> cicatriser du fait du caractère hydrophobe <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> Il faut alors la<br />
retirer en totalité même si quelques cas ont été rapportés <strong>de</strong> succès avec un traitement conservateur (10).<br />
Peut être que l’adjonction d’une partie <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> résorbable améliore la migration <strong>de</strong> leucocytes au sein <strong>de</strong><br />
la <strong>prothèse</strong> macroporeuse, favorisant <strong>de</strong> fait le traitement <strong>de</strong> l’infection. Quelle doit être la durée du<br />
traitement conservateur et quand doit-on considérer qu’il s’agit d’un échec ? Il s’agit d’une question encore<br />
non tranchée, sachant les difficultés et le coût <strong>de</strong> la mise en place d’un traitement conservateur (9).<br />
3 : Ailleurs enfin, l’infection va se manifester très tardivement, jusqu’à plusieurs mois ou années après<br />
la mise en place. Dans cette situation, la majorité <strong>de</strong>s auteurs s’accor<strong>de</strong> pour penser qu’il n’y a pas nécessité<br />
<strong>de</strong> retirer l’ensemble <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>, mais seulement la zone infectée. Il faut dans un premier temps,<br />
notamment s’il existe <strong>de</strong>s signes inflammatoires traiter par antibiothérapie.<br />
Du point <strong>de</strong> vue technique, l’ablation d’une <strong>prothèse</strong> infectée est relativement simple après cure d’une<br />
éventration médiane. Le premier temps consiste à injecter du bleu dans les orifices fistuleux puis à retirer<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s tissus infectés repérés par le colorant. Habituellement une <strong>prothèse</strong> infectée n’est pas<br />
incorporée dans la paroi et son ablation est simple. Les zones <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> incorporées ne doivent pas être<br />
retirées, mais laissées en place, car susceptibles <strong>de</strong> se défendre correctement contre l’infection. Cette attitu<strong>de</strong><br />
minimaliste est susceptible <strong>de</strong> laisser en place <strong>de</strong>s fragments <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> infectée et conduire à <strong>de</strong>s<br />
interventions itératives. Il est à noter que dans cette situation <strong>de</strong> sepsis chronique à distance <strong>de</strong> l’intervention<br />
initiale, la suppuration a souvent entraîné une grosse réaction fibroblastique et l’ablation <strong>de</strong> tout ou partie <strong>de</strong><br />
la <strong>prothèse</strong> n’entraîne pas inéluctablement <strong>de</strong> récidive herniaire.<br />
4 : Bien évi<strong>de</strong>mment, le meilleur traitement <strong>de</strong> ces sepsis <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> est préventif :<br />
Antibioprophylaxie ou non fonction <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts chirurgicaux (19), règles d’asepsie minutieuse comme<br />
pour un geste orthopédique, éviter la pose <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> non résorbable en cas <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> contaminée, éviter<br />
toute plaie d’un segment du tube digestif au cours <strong>de</strong> la viscérolyse souvent requise lors d’une cure<br />
d’éventration, choix adéquat du site d’implantation <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> (éviter les sites superficiels), choix<br />
argumenté du type <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> (favoriser les <strong>prothèse</strong>s incorporables), technique opératoire rigoureuse pour<br />
éviter les hématomes, source d’abcès ultérieurs.<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
Conclusion :<br />
L’usage d’une <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong> pour traitement <strong>de</strong>s hernies et éventrations autorise un taux <strong>de</strong> réparation<br />
soli<strong>de</strong> à distance élevé. La contrepartie <strong>de</strong> ce succès est le risque <strong>de</strong> <strong>sur</strong>venue d’une infection <strong>pariétale</strong><br />
superficielle ou profon<strong>de</strong>. Lorsque l’infection est précoce, il convient <strong>de</strong> la traiter par voie générale et par <strong>de</strong>s<br />
soins locaux adaptés. A distance, l’infection se manifeste habituellement par une suppuration chronique<br />
torpi<strong>de</strong>. La décision lour<strong>de</strong> <strong>de</strong> conséquences d’ablation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> infectée<br />
(recommandation classique) ne doit être prise que lorsqu’il n’y a plus d’espoir <strong>de</strong> guérison <strong>de</strong> la suppuration<br />
par <strong>de</strong>s moyens conservateurs. La conduite à tenir doit être fonction du type <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>, <strong>de</strong> sa position dans<br />
la paroi et du délai <strong>de</strong> <strong>sur</strong>venue <strong>de</strong> la suppuration. Des exérèses partielles <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> sont souvent suffisants<br />
pour obtenir une cicatrisation définitive (mais prévenir le patient du risque d’insuccès).<br />
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FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
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FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
SEPSIS SUR PROTHESE PARIETALE : CHIRURGIE CONSERVATRICE: QUAND ?<br />
MODALITES DE PRISE EN CHARGE ?<br />
C. Sabbagh, P. Verhaeghe, J.M. Regimbeau<br />
Service <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> digestive et métabolique<br />
CHU Nord<br />
80054 Amiens ce<strong>de</strong>x.<br />
Introduction<br />
Ces <strong>de</strong>rnières années, la mise en place d’un matériel prothétique lors <strong>de</strong>s cures <strong>de</strong> hernie ou d’éventration à<br />
froid est <strong>de</strong>venue la règle. Cette technique s’est imposée en faisant chuter le taux <strong>de</strong> récidives herniaires (1).<br />
Ce matériel étranger provoque une réaction inflammatoire remplacée progressivement par <strong>de</strong> la fibrose (2). La<br />
réaction inflammatoire initiale peut provoquer la fixation <strong>de</strong> bactéries et être ainsi le nid d’infections <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong>s.<br />
L’infection profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> est ainsi la complication majeure <strong>de</strong> ce matériel prothétique. Une infection<br />
profon<strong>de</strong> est définie comme une infection affectant les tissus ou les espaces situés au niveau ou en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />
l’aponévrose. Selon une méta analyse <strong>de</strong> Sanchez-Manuel et al, le taux d’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> est<br />
actuellement estimé à 1,4% en cas d’antibioprophylaxie et <strong>de</strong> 2,9% en l’absence d’antibioprophylaxie (3).<br />
Lors d’une infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>, la plupart <strong>de</strong>s auteurs proposent une ablation complète <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> (4, 5).<br />
Cette attitu<strong>de</strong> thérapeutique n’est soutenue que par un faible niveau <strong>de</strong> preuve scientifique. Une alternative à<br />
l’ablation totale <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> est l’ablation partielle <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>.<br />
Comment faire le diagnostic d’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong> ?<br />
Les infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s <strong>pariétale</strong>s peuvent <strong>sur</strong>venir dans la pério<strong>de</strong> post opératoire précoce ou plus à<br />
distance. Dans la série <strong>de</strong> Jezupovs et al ; le délai moyen <strong>de</strong> <strong>sur</strong>venue d’une infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> était <strong>de</strong> 11,3<br />
mois (extrêmes : 2,5-18 mois) (6). Dans la série amiénoise, le délai moyen <strong>de</strong> <strong>sur</strong>venue d’une infection <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong> était <strong>de</strong> 19 mois (extrêmes : 2-72). Une infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> est définie par une infection du site<br />
opératoire au contact <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> avec une culture bactériologique positive (7).<br />
Les signes cliniques classiquement associés à une infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> sont la fièvre, la douleur, un aspect<br />
inflammatoire en regard <strong>de</strong> la zone opératoire, un écoulement purulent par la cicatrice et un syndrome<br />
inflammatoire biologique. Les diagnostics différentiels sont l’infection superficielle du site opératoire. Il s’agit<br />
d’une infection sous cutané à distance <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> et le sérome qui est une collection stérile en regard <strong>de</strong> la<br />
zone opératoire.<br />
Quels sont les facteurs <strong>de</strong> risque d’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> après cure <strong>de</strong> hernie ou d’éventration ?<br />
Un certain nombre <strong>de</strong> facteurs ont été i<strong>de</strong>ntifié comme étant significativement associé à une infection <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong>.<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
Il s’agit :<br />
- <strong>de</strong> facteurs liés au patient : le diabète, l’obésité, le tabagisme, la broncho-pneumopathie chronique<br />
obstructive (BPCO), les traitements immunosuppresseurs (8).<br />
- <strong>de</strong> facteurs liés aux conditions d’intervention : hernie étranglée<br />
- <strong>de</strong> facteurs liés à la <strong>prothèse</strong> utilisée : les <strong>prothèse</strong>s en polyester, les <strong>prothèse</strong>s en<br />
polytetrafluoroethylene et les <strong>prothèse</strong>s microporeuses seraient plus associées à une infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> (9-<br />
11).<br />
L’ablation partielle <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong> permet elle <strong>de</strong> traiter les infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s ? Résultats <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> amiénoise .<br />
Patients et métho<strong>de</strong>s<br />
De janvier 2000 à avril 2010, à partir d’une base <strong>de</strong> données prospective, nous avons sélectionné<br />
rétrospectivement les patients opérés pour infection profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>. L’ensemble <strong>de</strong>s patients ayant <strong>de</strong>s<br />
signes locaux ou généraux d’infection profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> après une cure <strong>de</strong> hernie ou d’éventration et<br />
nécessitant une réintervention sous anesthésie générale était inclus dans cette étu<strong>de</strong>. Les signes locaux<br />
d’infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> étaient un placard inflammatoire en regard <strong>de</strong> la cicatrice avec un écoulement dans<br />
lequel il était retrouvé <strong>de</strong>s germes à l’examen bactériologique. Nous avons étudié les données<br />
épidémiologiques, la durée opératoire <strong>de</strong> l’intervention initiale, la présence d’une plaie digestive lors <strong>de</strong> la<br />
première intervention, l’intervalle moyen entre l’intervention initiale et l’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>, la localisation<br />
<strong>de</strong> la hernie ou <strong>de</strong> l’éventration, la taille moyenne <strong>de</strong> la hernie ou <strong>de</strong> l’éventration, le type <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> utilisé,<br />
la position <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>, le type d’intervention réalisée, le nombre moyen d’interventions nécessaires pour<br />
obtenir une guérison, la durée cumulée d’hospitalisation, le taux <strong>de</strong> récidive herniaire.<br />
Lorsqu’une excision partielle <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> était réalisée, elle était réalisée sous anesthésie générale. Lorsque le<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> diagnostic était un abcès, l’incision <strong>de</strong> l’abcès était réalisée puis si un trajet fistuleux se constituait, il<br />
était réalisé une exérèse <strong>de</strong> ce trajet. Lorsque le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> diagnostic était une fistule cutanée, l’excision <strong>de</strong><br />
cette fistule était réalisée d’emblée. Le trajet fistuleux était repéré par du bleu <strong>de</strong> méthylène puis le trajet était<br />
excisé jusqu’à la <strong>prothèse</strong>. La portion <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> en regard <strong>de</strong> l’orifice fistuleux et non incorporée était elle<br />
aussi excisée. En cas d’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>, une antibiothérapie par voie intraveineuse était systématique<br />
(12).<br />
Résultats<br />
De janvier 2000 à avril 2010, 25 patients ont été pris en charge pour une infection profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> au<br />
CHU d’Amiens. Parmi ces patients, 9 avaient été pris en charge initialement dans notre établissement alors que<br />
16 avaient eu leur cure <strong>de</strong> hernie ou d’éventration dans d’autres hôpitaux. Il y avait 36% <strong>de</strong> femmes (n=9) et<br />
64% d’hommes (n=16). L’âge moyen était <strong>de</strong> 59 ans (extrêmes : 37-78). La durée opératoire moyenne lors <strong>de</strong> la<br />
première intervention était <strong>de</strong> 185 minutes (extrêmes : 35-220). Les interventions étaient <strong>de</strong>s hernies<br />
inguinales dans 16% <strong>de</strong>s cas (n=4), <strong>de</strong>s éventrations dans 60% <strong>de</strong>s cas (n=15), <strong>de</strong>s éventrations multi récidivées<br />
dans 24% <strong>de</strong>s cas (n=6), il n’y avait pas <strong>de</strong> hernies ombilicales. La taille moyenne <strong>de</strong>s éventrations était <strong>de</strong> 75<br />
mm (extrêmes: 8-150). Le type <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> mis en place était précisé dans 18 cas. Il s’agissait d’une <strong>prothèse</strong><br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
en polyester dans 88,8% <strong>de</strong>s cas, et d’une <strong>prothèse</strong> en polypropylène dans 11,2% <strong>de</strong>s cas. La position <strong>de</strong> la<br />
<strong>prothèse</strong> était précisée dans 18 cas. Dans 61,1% <strong>de</strong>s cas elle était en position rétro musculaire, dans 16,6% <strong>de</strong>s<br />
cas elle était en position intra péritonéale, il s’agissait d’une intervention <strong>de</strong> Lichtenstein dans 16,6% <strong>de</strong>s cas et<br />
d’un plug dans 5.5% <strong>de</strong>s cas. Il était indiqué, dans le compte rendu opératoire, une perforation digestive lors <strong>de</strong><br />
la première intervention dans 4% <strong>de</strong>s cas.<br />
L’intervalle moyen entre la première intervention et le diagnostic d’infection <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> était <strong>de</strong> 10 mois<br />
(extrêmes : 2- 72). Il était réalisé une exérèse partielle <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> dans 92% <strong>de</strong>s cas (n=23), une exérèse<br />
totale <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> dans 4% <strong>de</strong>s cas (n=1) et une absence d’exérèse <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> dans 4% <strong>de</strong>s cas (n=1). Pour<br />
les patients qui ont eu une exérèse partielle <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>, le nombre moyen <strong>de</strong> réinterventions avant guérison<br />
était <strong>de</strong> 1,5 (extrêmes : 1-5). Le taux <strong>de</strong> récidive herniaire était <strong>de</strong> 20% avec une durée <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> 40 mois<br />
(extrêmes : 1-120) (12).<br />
Discussion<br />
L’infection chronique <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong> pose <strong>de</strong> véritables problèmes <strong>de</strong> prise en charge (13). Son<br />
inci<strong>de</strong>nce est influencée par un certain nombre <strong>de</strong> facteurs liés aux patients que sont le diabète, l’obésité, le<br />
tabagisme, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), les traitements immunosuppresseurs. Ces<br />
patients sont aussi ceux qui sont le plus à risque <strong>de</strong> développer une récidive herniaire si une <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong><br />
n’est pas mise en place (8). Les facteurs <strong>de</strong> risque liés à l’intervention sont moins clairement i<strong>de</strong>ntifiés. Leber et<br />
al ont i<strong>de</strong>ntifiés l’utilisation <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s en polyester comme étant significativement plus associée à une<br />
infection <strong>pariétale</strong> (11). Petersen et al ont i<strong>de</strong>ntifiés la durée opératoire comme un facteur <strong>de</strong> risque<br />
indépendant d’infection (14). L’influence <strong>de</strong> l’antibioprophylaxie peropératoire <strong>sur</strong> le taux d’infection <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong>s semble moins claire comme en témoigne les résultats <strong>de</strong> la Cochrane Database. Les auteurs <strong>de</strong> cette<br />
méta-analyse concluent que l’on ne peut pas recomman<strong>de</strong>r l’antibioprophylaxie à titre systématique pour<br />
réduire le taux d’infection dans les cures <strong>de</strong> hernie (3).<br />
Le traitement curatif <strong>de</strong>s infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s pose <strong>de</strong> nombreux problèmes. La plupart <strong>de</strong>s auteurs<br />
recomman<strong>de</strong>nt une exérèse totale <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> associée à une antibiothérapie initialement par voie<br />
intraveineuse (15). Cette <strong>chirurgie</strong> d’exérèse <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> peut entrainer <strong>de</strong>s défects pariétaux<br />
majeurs aboutissant à <strong>de</strong>s récidives herniaires. De ce fait il s’est développé <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> conservation<br />
prothétique afin <strong>de</strong> limiter le défect pariétal. Trunzo et al et Aguilar et al ont ainsi proposés un drainage <strong>de</strong><br />
l’abcès par voie percutanée associé à une antibiothérapie intraveineuse <strong>de</strong> 15 jours puis l’instillation par le<br />
drain percutané <strong>de</strong> Gentamycine 80mg trois fois par jour pendant 4 semaines (8,16). Stremitzer et al ont<br />
proposés l’utilisation du système Vaccum-assisted clo<strong>sur</strong>e (VAC, KCl Inc. ; San Antonio, TX) lorsqu’il y avait une<br />
cavité <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux centimètres (17).<br />
Pour certains auteurs, la possibilité <strong>de</strong> réaliser un traitement conservateur était liée au type <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> utilisé.<br />
Petersen et al montraient dans leur étu<strong>de</strong> que les infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>sur</strong> <strong>de</strong>s <strong>prothèse</strong>s en polyester ou en<br />
polypropylène pouvaient être traitées <strong>de</strong> façon conservatrice alors que les infections <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong>s en PTFE<br />
nécessitaient une exérèse totale <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> (14). Dans notre série, nous avons montré qu’une attitu<strong>de</strong><br />
conservatrice était réalisable avec une guérison obtenue après 1,5 interventions. Nous n’avons pas mis en<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> différences entre les différents types <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s utilisés ou entre les différentes positions <strong>de</strong> la<br />
<strong>prothèse</strong> pour le succès d’un traitement conservateur. L’exérèse du trajet fistuleux comme elle est réalisée<br />
dans notre série nécessite <strong>de</strong> faibles durés d’hospitalisations, les soins <strong>de</strong> pansements pouvant par la suite être<br />
menés à domicile ou en consultation.<br />
Conclusion<br />
Les infections profon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> sont <strong>de</strong>s situations rares dont la prise en charge est difficile. Il apparaît<br />
que le traitement classique associant une antibiothérapie à une exérèse complète <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong> est délabrant<br />
et ampute le capital pariétal <strong>de</strong>s patients. Dans notre étu<strong>de</strong> nous montrons qu’une attitu<strong>de</strong> plus conservatrice<br />
est réalisable dans la plupart <strong>de</strong>s cas permettant ainsi d’une part d’épargner le capital pariétal <strong>de</strong>s patients et<br />
d’autre part d’éviter une intervention chirurgicale lour<strong>de</strong>.<br />
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FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
SEPSIS SUR PROTHESE PARIETALE<br />
PEUT-ON UTILISER DES PROTHESES EN MILIEU INFECTE : QUAND,<br />
LESQUELLES ?<br />
N. BRIEZ<br />
Service <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> digestive et générale,<br />
Pr TRIBOULET, CHRU Lille<br />
Généralités<br />
Les éventrations sont définies par <strong>de</strong>s hernies acquises, incisionnelles, <strong>sur</strong>venant donc après une intervention<br />
chirurgicale. Elles sont une complication fréquente après <strong>chirurgie</strong> abdominale, <strong>sur</strong>venant dans 10 à 20% <strong>de</strong>s<br />
cas après laparotomie (1), mais pouvant également <strong>sur</strong>venir après laparoscopie (2). La gravité potentielle <strong>de</strong><br />
leurs complications, en particulier l’étranglement, justifie une prise en charge chirurgicale en situation élective.<br />
Les <strong>de</strong>ux techniques <strong>de</strong> réparation <strong>pariétale</strong> validées sont la suture aponévrotique simple (pariétorraphie) ou la<br />
suture aponévrotique associée à l’interposition <strong>de</strong> matériel prothétique.<br />
Plusieurs essais randomisés ont en effet permis <strong>de</strong> démontrer que l’interposition d’une <strong>prothèse</strong> synthétique<br />
non résorbable permettait <strong>de</strong> diminuer significativement le taux <strong>de</strong> récidive d’éventration, d’environ 50% par<br />
rapport à la suture aponévrotique simple. Dans l’essai pivotal publié en 2000 dans le New England Journal of<br />
Medicine, le taux <strong>de</strong> récidive d’éventration à 3 ans était significativement diminué en cas <strong>de</strong> pose <strong>de</strong> matériel<br />
prothétique synthétique comparativement à la suture simple (24% vs 43%, p=0,02) (3), et le risque cumulé à 10<br />
ans était également moindre dans ce groupe (32% vs 63%, p
<strong>prothèse</strong>, même si elle expose en elle-même en un risque infectieux lié à la présence <strong>de</strong> matériel<br />
étranger non résorbable ;<br />
• en cas <strong>de</strong> <strong>chirurgie</strong> contaminée (gra<strong>de</strong> 3, c’est à dire présence d’une stomie digestive, d’une ouverture<br />
digestive per-opératoire ou d’antécé<strong>de</strong>nts d’infection <strong>pariétale</strong>), les <strong>prothèse</strong>s synthétiques non<br />
résorbables ne peuvent être recommandées <strong>de</strong> façon systématique en raison d’un risque infectieux<br />
élevée, mais elles ne sont cependant pas contre-indiquées ;<br />
• l’interposition <strong>de</strong> matériel prothétique synthétique non résorbable est contre-indiquée chez les<br />
patients porteurs d’une infection <strong>pariétale</strong> active avec ou sans <strong>prothèse</strong> déjà en place (gra<strong>de</strong> 4), du fait<br />
d’un risque majeur d’infection chronique en postopératoire.<br />
Cure d’éventration en situation infectée<br />
En cas d’infection <strong>pariétale</strong> active <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 4, l’enjeu, en soi paradoxal, est <strong>de</strong> traiter simultanément l’infection<br />
active et l’éventration sous-jacente. L’éradication première <strong>de</strong> l’infection par réalisation <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> paroi<br />
itératifs avec explantation du matériel infecté si présent doit souvent être envisagée (6,8), mais elle expose à<br />
un risque majeur <strong>de</strong> récidive d’éventration. Après éradication <strong>de</strong> l’infection, souvent longue, le traitement <strong>de</strong><br />
l’éventration est réalisé <strong>de</strong> façon très différée (6 à 18 mois) avec idéalement pose <strong>de</strong> matériel prothétique non<br />
résorbable, exposant cependant à une récidive <strong>de</strong> l’infection <strong>pariétale</strong> (7).<br />
Le traitement premier <strong>de</strong> l’éventration, en situation infectée, fait fréquemment appel à l’interposition <strong>de</strong><br />
<strong>prothèse</strong>s synthétiques résorbables, composées d’aci<strong>de</strong> polyglycolique (type Vicryl ® ou Dexon ® ), les <strong>prothèse</strong>s<br />
non résorbables étant contre-indiquées. Cette technique peut permettre <strong>de</strong> restaurer la continuité <strong>pariétale</strong>,<br />
traitant donc temporairement l’éventration, mais la résorption rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces <strong>prothèse</strong>s, à partir <strong>de</strong> la 6 ème<br />
semaine, avant la formation d’un tissu cicatriciel <strong>de</strong> qualité, est à l’origine d’une récidive très fréquente. Par<br />
ailleurs, l’éradication <strong>de</strong> l’infection liée au corps étranger, peut être obtenue grâce à la résorption <strong>de</strong> la<br />
<strong>prothèse</strong>, mais les bénéfices <strong>de</strong> ces <strong>prothèse</strong>s résorbables dans le traitement <strong>de</strong> l’infection active sont discutés<br />
(9). Dans tous les cas, en cas d’éventration infectée, en particulier <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong>, les procédures décrites ci-<br />
<strong>de</strong>ssus sont à l’origine <strong>de</strong> soins répétés, longs et coûteux, d’un recours fréquent à <strong>de</strong>s interventions<br />
chirurgicales multiples <strong>de</strong> parage, débri<strong>de</strong>ment, d’explantation du matériel prothétique non résorbable, <strong>de</strong><br />
soins visant à favoriser la cicatrisation dirigée et enfin d’une nouvelle <strong>chirurgie</strong> très à distance pour traiter<br />
l’éventration résiduelle. L’ensemble <strong>de</strong> cette séquence <strong>de</strong> soins, correspondant aux pratiques habituelles et<br />
standard <strong>de</strong>s centres chirurgicaux souvent sollicités en recours, est à l’origine d’une morbidité propre<br />
(infection, éventration, douleur), <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> traitements longues, <strong>de</strong> coûts élevés et d’une altération <strong>de</strong> la<br />
qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients (10).<br />
Les <strong>prothèse</strong>s biologiques ont été développées pour répondre à ce double objectif, dans ces situations<br />
cliniques rares mais difficiles, dans le but <strong>de</strong> traiter simultanément l’infection active et l’éventration. Ces<br />
<strong>prothèse</strong>s biologiques sont issues <strong>de</strong> tissus humains, bovins ou porcins, riches en collagène, décellularisés,<br />
offrant ainsi une matrice <strong>de</strong> collagène, d’élastine et <strong>de</strong> laminine permettant une invasion fibroblastique rapi<strong>de</strong><br />
et durable ainsi qu’une néovascularisation. Les <strong>prothèse</strong>s biologiques ont également pour objectif d’induire<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
une réaction inflammatoire minime voire nulle, et moins <strong>de</strong> réaction à corps étranger que les <strong>prothèse</strong>s<br />
synthétiques. Leur capacité à favoriser rapi<strong>de</strong>ment une revascularisation et une recolonisation cellulaire bien<br />
organisée (processus <strong>de</strong> cicatrisation) permettrait d’obtenir une très bonne résistance du couple implant / tissu<br />
hôte et engendrerait <strong>de</strong> ce fait, une diminution <strong>de</strong>s récidives d’éventrations tout en limitant le risque infectieux<br />
(11). Le VHWG propose leur utilisation pour le traitement <strong>de</strong>s éventrations en milieu infecté voire à haut risque<br />
infectieux. Cependant, cette préconisation repose <strong>sur</strong> (i) un nombre <strong>de</strong> patients à travers le mon<strong>de</strong><br />
relativement faible, la plus gran<strong>de</strong> étu<strong>de</strong> publiée, non randomisée, regroupant 80 patients (12), (ii) un petit<br />
nombre d’étu<strong>de</strong>s portant <strong>sur</strong> <strong>de</strong> petits effectifs, le plus souvent observationnelles non comparatives, sans<br />
aucun essai randomisé publié (13), avec quasi-systématiquement pour ces étu<strong>de</strong>s une promotion ou un soutien<br />
industriel, (iii) du peu <strong>de</strong> recul disponible, ces bio<strong>prothèse</strong>s ayant été mises <strong>sur</strong> le marché dès 1999 aux USA et<br />
1998 en France. Par ailleurs aucune analyse médico-économique soli<strong>de</strong> n’a été réalisée. Enfin la variété <strong>de</strong><br />
l’offre, selon l’industriel ou le caractère réticulé ou non <strong>de</strong> la <strong>prothèse</strong>, rend difficile une analyse fiable <strong>de</strong>s<br />
résultats <strong>de</strong>s bio<strong>prothèse</strong>s posées à ce jour. Au total la préconisation du VHWG est d’un niveau <strong>de</strong> preuve très<br />
faible, ce d’autant que la publication a été sponsorisée par un industriel (7). Cependant l’importance du<br />
bénéfice escompté a fait que le recours à la pose <strong>de</strong> ces bio<strong>prothèse</strong>s est <strong>de</strong>venu <strong>de</strong> plus en plus fréquent en<br />
France, encore limité par le coût important <strong>de</strong> ces matériaux (1200 à plus <strong>de</strong> 9200 euros selon la taille <strong>de</strong> la<br />
bio<strong>prothèse</strong> et le fournisseur) et l’absence <strong>de</strong> preuve clinique en termes d’efficacité.<br />
La réalisation d’essais randomisés portant <strong>sur</strong> la mise en place <strong>de</strong> bio<strong>prothèse</strong>s chez les patients <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> 4,<br />
c’est à dire les plus à mêmes <strong>de</strong> tirer un bénéfice <strong>de</strong> ces matériaux, comparativement aux soins usuels est donc<br />
indispensable.<br />
Bio<strong>prothèse</strong>s<br />
Les bio<strong>prothèse</strong>s sont constituées <strong>de</strong> fibres <strong>de</strong> collagène issues <strong>de</strong> péricar<strong>de</strong> bovin, <strong>de</strong> sous-muqueuse<br />
intestinale porcine, ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>rme décellularisé d’origine humaine, porcine ou bovine. Une fois implantée, ces<br />
matrices collagéniques subissent un remo<strong>de</strong>lage similaire aux tissus endogènes. Ainsi, leur structure<br />
microporeuse favorise la colonisation par les cellules fibroblastiques, à l’origine d’une néoformation <strong>de</strong><br />
collagène endogène (fibroplastie) et d’une néo-angiogenèse, pendant que le collagène exogène subit une<br />
dégradation par les collagénases.<br />
Bien que la structure basale, collagénique, soit i<strong>de</strong>ntique, les bio<strong>prothèse</strong>s disponibles <strong>sur</strong> le marché se<br />
distinguent par leurs propriétés <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> la résistance <strong>pariétale</strong>, d’incorporation et <strong>de</strong> résistance à<br />
l’infection. Ces propriétés sont liées à leur caractéristiques <strong>de</strong> fabrication, tels que la fenestration et la<br />
réticulation (« cross-linking »)(14).<br />
La réticulation est obtenue par un processus chimique (HMDI (hexamethylene diisocyanate), ADC (éthyl<br />
carbodiimi<strong>de</strong>)) permettant <strong>de</strong>s liaisons ioniques fortes entres entre les fibres <strong>de</strong> collagène, rendant la <strong>prothèse</strong><br />
plus résistante à la dégradation enzymatique par les collagénases, avec pour conséquence un soutien<br />
mécanique <strong>de</strong> tension <strong>pariétale</strong> plus durable. Cependant, la réticulation est à l’origine d’une moindre invasion<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
fibroblastique, diminuant la fabrication <strong>de</strong> collagène endogène et la néo-angiogenèse. De ce fait, la résistance à<br />
l’infection serait moindre (14).<br />
La fenestration, quant à elle, favorise la néo-angiogenèse et la colonisation cellulaire pour une meilleure<br />
incorporation et probablement une meilleure résistance à l’infection.<br />
En pratique, le choix <strong>de</strong> la bio<strong>prothèse</strong> « idéale » est guidé par ses différentes propriétés, parfois antagonistes,<br />
dont l’objectif est <strong>de</strong> traiter l’éventration en maintenant une résistance <strong>pariétale</strong> satisfaisante, et <strong>de</strong> résister à<br />
l’infection.<br />
Une étu<strong>de</strong> comparative non randomisée récente, ayant comparé 3 types <strong>de</strong> bio<strong>prothèse</strong>s dans la prise en<br />
charge <strong>de</strong>s éventrations, a notamment montré <strong>de</strong>s taux plus élevés d’infection et d’explantation avec les<br />
<strong>prothèse</strong>s réticulées qu’avec l’Allo<strong>de</strong>rm (<strong>prothèse</strong> issue <strong>de</strong> <strong>de</strong>rme humain, non commercialisée en France),<br />
mais <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> récidives inférieurs. Les <strong>prothèse</strong>s non réticulées étaient associées à un moindre taux<br />
d’explantation mais un taux significativement plus élevé <strong>de</strong> récidives que les <strong>prothèse</strong>s réticulées, et <strong>de</strong>s taux<br />
d’infections plus élevés qu’avec l’Allo<strong>de</strong>rm (14).<br />
Ces résultats, issus d’une étu<strong>de</strong> rétrospective non randomisée, avec comparaison avec une <strong>prothèse</strong> non<br />
disponible en France, doivent être confirmés.<br />
En France, plusieurs bio<strong>prothèse</strong>s sont disponibles :<br />
• Surgisis BioDesign® (Société Cook) : <strong>prothèse</strong> non réticulée et issue <strong>de</strong> sous-muqueuse intestinale<br />
porcine ;<br />
• Permacol® (Société Covidien) : <strong>prothèse</strong> réticulée et issue <strong>de</strong> <strong>de</strong>rme porcin ;<br />
• Strattice® (Société LifeCell) : <strong>prothèse</strong> non réticulée et issue <strong>de</strong> <strong>de</strong>rme porcin ;<br />
• Collamend FM® (Bard) : <strong>prothèse</strong> réticulée fenêtrée et issue <strong>de</strong> <strong>de</strong>rme porcin ;<br />
• Tutomesh® (Société Tutogen): <strong>prothèse</strong> non réticulée fenêtrée (Tutomesh®) et issue <strong>de</strong> péricar<strong>de</strong><br />
bovin.<br />
L’implantation <strong>de</strong> bio<strong>prothèse</strong>s est <strong>de</strong>venue une pratique fréquente en France, bien que limitée par le coût du<br />
dispositif, la méconnaissance <strong>de</strong>s spécificités chirurgicales <strong>de</strong> leur implantation et l’actuelle faiblesse <strong>de</strong>s<br />
preuves cliniques.<br />
Leur implantation nécessite <strong>de</strong>s précautions particulières <strong>sur</strong> le plan chirurgical, afin d’optimiser les résultats à<br />
long terme (7). Il est nécessaire <strong>de</strong> poser ces bio<strong>prothèse</strong>s sous une relative tension afin que celles-ci soient<br />
appliquées contre la paroi abdominale <strong>sur</strong> toute leur <strong>sur</strong>face, permettant ainsi la colonisation fibroblastique. Le<br />
rapprochement <strong>de</strong>s berges aponévrotiques doit être obtenu autant que faire se peut, en pratiquant le cas<br />
échéant <strong>de</strong>s aponévrotomies <strong>de</strong> décharge larges. Concernant le placement <strong>de</strong> la bio<strong>prothèse</strong>, les sites<br />
rétromusculaires et intra-abdominaux sont recommandés. Sur le plan théorique, ils permettraient lors <strong>de</strong> la<br />
mise en tension <strong>de</strong> l’abdomen, un contact <strong>de</strong> la bio<strong>prothèse</strong> vers le défect, sans l’en éloigner, permettant ainsi<br />
une meilleure intégration. La fixation <strong>de</strong> la bio<strong>prothèse</strong> aux berges <strong>de</strong> l’aponévrose sans fermeture en avant <strong>de</strong><br />
la <strong>prothèse</strong> (« bridging repair ») est quant à elle associée à <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> récidives allant jusqu’à 80% (15).<br />
FCC 14 - <strong>Sepsis</strong> <strong>sur</strong> <strong>prothèse</strong> <strong>pariétale</strong>
Peu <strong>de</strong> données relatives à la tolérance et à l’efficacité à long terme <strong>de</strong>s bio<strong>prothèse</strong>s sont disponibles. Des<br />
rejets ont été décrits (14,16), ainsi que <strong>de</strong>s infections <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong>s notamment liées au phénomène<br />
d’encapsulation (11,17), correspondant à la formation d’une coque fibreuse du fait d’une réaction<br />
inflammatoire importante, elle-même source d’infection.<br />
Les étu<strong>de</strong>s pré-cliniques chez l’animal montrent <strong>de</strong>s résultats histologiques en faveur d’une bonne tolérance et<br />
d’une réaction inflammatoire modérée. Burger et al. (18) ont montré chez le rat que Tutomesh® induisait une<br />
faible réaction immunologique. Connor J et al. (19) ont montré que le remo<strong>de</strong>lage tissulaire après<br />
l’implantation d’une <strong>prothèse</strong> Strattice® chez le primate était obtenu en 6 mois avec une faible réaction<br />
immunologique.<br />
Les étu<strong>de</strong>s cliniques sont le plus souvent rétrospectives et non comparatives et portent <strong>sur</strong> un faible nombre<br />
<strong>de</strong> patients (20-23). Les cas cliniques publiés sont nombreux et les résultats apparaissent prometteurs. Une<br />
étu<strong>de</strong> prospective publiée en 2004, chez 7 patients traités par Permacol® en milieu infecté, retrouvait 6<br />
guérisons sans complication ni infection (suivi moyen 11,1 mois) (24). Une autre étu<strong>de</strong>, rétrospective, portant<br />
<strong>sur</strong> 28 patients, publiée en 2006, retrouvait un taux <strong>de</strong> récidive à 16 mois <strong>de</strong> 10,7 %, avec 14,3 % <strong>de</strong> collections<br />
liquidiennes non infectées et aucune explantation <strong>de</strong> <strong>prothèse</strong> nécessaire (25).<br />
L’étu<strong>de</strong> clinique la plus importante (12), a étudié l’implantation <strong>de</strong> la bio<strong>prothèse</strong> Strattice® chez 80 patients<br />
porteurs d’une éventration en milieu infecté (n=20) ou contaminé (n=60). Cette étu<strong>de</strong> observationnelle<br />
multicentrique, prospective, non comparative, financée par l’industrie, dont les résultats intermédiaires ont été<br />
publiés sous forme <strong>de</strong> poster lors du congrès <strong>de</strong> l’American College of Surgeons en 2010, faisait état d’un taux<br />
<strong>de</strong> récidive <strong>de</strong> 18,8 % à 1 an. Ce taux <strong>de</strong> récidive était corrélé à la taille du défect initial et à l’absence <strong>de</strong><br />
fermeture aponévrotique. Le rapprochement <strong>de</strong>s berges aponévrotiques était possible dans 80% <strong>de</strong>s cas, et<br />
était associé à un taux <strong>de</strong> récidive <strong>de</strong> 14,1%, contre 37,5% en l’absence <strong>de</strong> fermeture aponévrotique (p
Un essai randomisé multicentrique (TUTOMESH, NCT 01073072) est actuellement en cours, comparant la<br />
pariétoraphie simple à l’implantation <strong>de</strong> la bio<strong>prothèse</strong> Tutomesh® dans la prise en charge <strong>de</strong>s éventrations<br />
potentiellement contaminées, correspondant au gra<strong>de</strong> 3 <strong>de</strong> la classification du VHWG. Le nombre <strong>de</strong> patients<br />
prévus est <strong>de</strong> 136. Les limites <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> sont représentées par le caractère industriel <strong>de</strong> l’essai d’une part,<br />
et l’absence <strong>de</strong> groupe contrôle <strong>de</strong> qualité, la comparaison étant faite par rapport à la pariétorraphie simple et<br />
non par rapport aux <strong>prothèse</strong>s synthétiques résorbables, utilisées avant l’ère <strong>de</strong>s bio<strong>prothèse</strong>s dans cette<br />
indication particulière (gra<strong>de</strong> 3) (27).<br />
Conclusion<br />
La place <strong>de</strong>s bio<strong>prothèse</strong>s reste à définir dans la prise en charge <strong>de</strong>s éventrations en milieu infecté, en<br />
l’absence d’étu<strong>de</strong> clinique <strong>de</strong> bon niveau <strong>de</strong> preuve disponible à ce jour. Pour autant, il s’agit du matériau le<br />
plus innovant à l’heure actuelle en <strong>chirurgie</strong> <strong>pariétale</strong>, pour le moment limité par le coût du dispositif. Le type<br />
<strong>de</strong> bio<strong>prothèse</strong> le plus adapté reste à définir.<br />
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