GRAMMAIRE COMPARÉE LANGUES SLAVES

[§ 722] LES POSTVERBAUX 35
et dès le vieux slave il en fournit des variantes, largement dans
les langues ultérieures (§ 716). Il convient de le laisser à part,
mais en en signalant les formes en concurrence avec les postverbaux.
Les autres formations nominales déverbatives sont
nettement sufïixales, y compris celle en -ja (§ 1022), bien qu'elle
puisse se confondre en partie avec le type postverbal en -a, et en
tchèque avec le type en -ï.
§ 722. Plan de l'étude. — La considération du vocalisme radical,
nécessaire pour certaines catégories de verbes, l'est plus encore pour
les postverbaux, parce qu'il y a eu des évolutions du vocalisme.
Un type ancien, d'origine indo-européenne, se caractérise par
le vocalisme radical -o- : gr. Tpéx« « je cours », Tpc^oç « course » ;
et l'on assiste dans les langues slaves à la décadence de ce type
d'alternance et au développement de postverbaux, selon l'âge de
leur création, sur les divers vocalismes des racines verbales.
Car la production de postverbaux a été continue, et elle se
poursuit toujours. Les postverbaux tiennent une place considérable
dans la dérivation en slave, et il convient d'en faire une description
assez complète, pour donner une idée exacte de leur importance ;
et aussi parce que c'est une autre façon de mener l'étude des verbes,
c'en est vraiment un complément. Une excellente monographie
a été donnée pour le tchèque par Yves Millet : Les postverbaux
en tchèque ; il faut l'étendre au vieux slave et aux autres langues
slaves.
Mais on est obligé de se limiter. On le fera ici, en principe, aux
formes de cinq langues modernes, le russe, le polonais, le tchèque,
le serbo-croate, et le slovène instructif à divers points de vue,
pour l'accentuation, et pour le procédé de fabrication récente
d'un vocabulaire abstrait riche en postverbaux, avec des emprunts
au slavon, au russe, etc., et non sans calques de l'allemand. On
prendra les mots des grands dictionnaires couramment utilisés,
en russe celui de Dal', lexicographe et ethnographe, qui abonde
en termes populaires et dialectaux ; et si l'on peut soupçonner
pas mal des postverbaux qu'il signale d'exister plutôt virtuellement
que réellement, il faut penser qu'une langue est riche aussi de ses
virtualités.
Il est beaucoup moins important que pour les présents en -e-
(§ 425) de disposer les thèmes verbaux selon la consonne finale
du radical, mais ce n'est pas inutile, et cette finale n'est pas sans
avoir une certaine influence sur la création des postverbaux.