Le sémantisme des marqueurs aspecto-temporels du bambara : une ...
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3) (dans un texte narratif :) positionnelles (la position de l’énoncé dans le texte),<br />
4) syntaxiques (types de constructions syntaxiques).<br />
3.2.1. <strong>Le</strong>s conditions stylistiques<br />
Il faut, avant tout, faire la distinction entre le dialogue et le texte narratif.<br />
3.2.1.1. Dans le dialogue l’opérateur sìm est beaucoup plus fréquent, mais cette<br />
fréquence est relative. <strong>Le</strong> dialogue ne permet pas au locuteur de fixer <strong>des</strong> repères<br />
<strong>temporels</strong> constants, il est obligé souvent de les établir de nouveau dans chaque<br />
réplique : le dialogue est <strong>une</strong> improvisation pro<strong>du</strong>ite par plusieurs participants, dans<br />
laquelle il n’y a pas d’enchaînements de phrases assez longues : les participants de<br />
dialogue changent librement de sujet de conversation ou reprennent un sujet déjà<br />
discuté, l’allocutaire interrompt souvent le locuteur, etc. <strong>Le</strong> dialogue est d’habitude<br />
communicativement orienté au présent, et là où on a besoin de rompre cet attachement,<br />
l’expression formelle de la rupture s’avère plus indispensable que dans un texte narratif.<br />
3.2.1.2. On peut indiquer quelques tendances concernant le texte narratif :<br />
En général, dans tous les contextes la fréquence de sìm est considérablement plus<br />
élevée dans les textes écrits qu’oraux. La cause principale de cela, me semble-t-il, est<br />
dans la meilleure organisation <strong>du</strong> langage écrit. Dans <strong>une</strong> narration orale on peut ne<br />
trouver aucun emploi de sìm : <strong>Le</strong> narrateur peut se contenter, pour se détacher <strong>du</strong> plan<br />
<strong>du</strong> présent, d’<strong>une</strong> phrase comme : m‘m júq` Ze·k`jô_ có\ x— ‘il y avait [un Peul]’, c¤m_<br />
có k…--- ‘un (certain) jour...’, m x— » c… Zr·qtjta`_\ k… ‘je vais le raconter de [<strong>une</strong><br />
hyène]’. <strong>Le</strong> contexte même de communication permet à l’allocutaire de comprendre<br />
qu’il s’agit d’<strong>une</strong> narration. <strong>Le</strong>s chances de trouver sìm dans <strong>une</strong> narration orale<br />
augmentent si (a) on y intro<strong>du</strong>it <strong>des</strong> dialogues ; (b) on intro<strong>du</strong>it dans le texte <strong>des</strong><br />
fragments rétrospectifs, <strong>des</strong> interpolations de discours d’auteur, c.-à-d. si la structure <strong>du</strong><br />
texte se complique (ce qui est en fonction <strong>du</strong> niveau de la maîtrise de l’art de la<br />
narration orale par le locuteur).<br />
On peut établir la corrélation suivante entre la fréquence de sìm et le caractère de<br />
textes :<br />
a) sìm est le plus courant dans les textes où l’influence <strong>du</strong> français est la plus<br />
évidente : certains articles <strong>des</strong> journaux, tra<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong> français ;<br />
b) sìm est moins usité, mais toujours assez courant, dans les textes de tous les genres<br />
édités par les gens é<strong>du</strong>qués en français ;<br />
c) sìm est le moins fréquent dans les enregistrements <strong>du</strong> récit oral.<br />
Dans certains textes de mon échantillon (ex. [KK]) l’emploi de sìm est ré<strong>du</strong>it au<br />
minimum : sìm apparaît obligatoirement dans les contextes irréels, beaucoup plus<br />
rarement dans la valeur de résultat annulé, et <strong>des</strong> autres valeurs (surtout le prétérit, y<br />
compris le prétérit annulé) n’apparaissent que dans les dialogues. Au contraire, dans<br />
certains articles de journaux sìm apparaît dans tous les contextes et positions possibles.<br />
Mais la majorité <strong>des</strong> textes occupe la position intermédiaire.<br />
3.2.2. <strong>Le</strong>s conditions sémantiques (les valeurs de l’opérateur sìm).<br />
<strong>Le</strong>s données exposées ci-<strong>des</strong>sous proviennent surtout de textes écrits, en majeure<br />
partie <strong>du</strong> type (b). L’enquête a montré que le potentiel <strong>des</strong> valeurs de l’opérateur sìm<br />
dans certaines conditions peut se réaliser beaucoup plus largement qu’on ne le fait<br />
d’habitude. Mon but était non seulement de représenter tout ce potentiel, mais aussi<br />
d’essayer de décrire sa réalisation effective.