Télécharger le dossier de presse (PDF) - Marseille-Provence 2013

Dans la solitude des champs de coton
Antar. Interprète (du dedans)
dans l’installation cinématographique « Dans la solitude des champs de coton » adapté du texte de B.M Koltès
Seul.
Partir du fond d’un puits, obscur, humide et profond, dont les lisses parois n’ont eu de cesse d’avorter maintes
tentatives d’extirpation, si désespérément acharnées eurent-elles été.
Seul.
Tenter de comprendre, par une lente et pénible introspection, les causes pour lesquelles je me suis vu reclus dans
cet ermitage cavernicole.
Seul.
Décider d’affronter ses démons, pour éviter de sombrer dans une léthargie apathique, dans une indolence
implicitement suggérée par ceux qui m’y auraient laissé tomber, pour assister à la dépravation jubilatoire de ma
conscience.
Seul...
À l’aide d’une pioche, qui, par mansuétude, m’aurait été lancée de l’éclairée surface, et dont l’usage supposé
aurait éveillé en moi des souvenirs vivifiants, peut-être salvateurs, annonciateurs d’un avenir dénudé du voile
de superfluité duquel je l’avais attifé, d’un avenir laissant alors transparaître sur un visage attéré un rictus
d’espérance, décider de creuser.
Creuser dans la paroi, dans la cuirasse, jusqu’à baigner dans la lie de sa destinée, jusqu’à exhaler sa furibonde
géhenne, et parvenir à dessiner dans le limon le galbe d’un exigu tunnel, dont la lumineuse issue mènerait à la
délivrance expiatoire.
Se laisser alors propulser au dehors de cette dantesque excavation par un geyser émotionnel, vers la liberté que
représente ce champ de coton auquel je fais maintenant face, et que je contemple béatement.
Ensemble. Nous avons tous creusé. Ceux du dedans, comme ceux du dehors. Non pas à l’aide d’une pioche,
mais d’un livre. Non pas pour nous évader, mais pour nous trouver.
Ensemble. D’une mise en scène sans nul faste, d’une enivrante sobriété, et de la mystérieuse union de deux
groupes d’individus à la quête commune, est éclos ce projet unique et novateur, hors norme, à la conception et à
l’évolution duquel nous avons tous équitablement participé, que nous avons tous maternellement veillé.
Ensemble. Vous et nous, bientôt en témoignerons. Au travers de quatre écrans géants, avec la liberté de porter le
regard où bon nous aura semblé, avec celle même, insolite, d’avoir pu le croiser, inopinément ou pas, avec celui
de notre voisin, en ce lieu, en l’espace d’une projection, aucune frontière n’aura été érigée.
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