MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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542 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> L' INSTRUCTION <strong>PRIMAIRE</strong> 30 Avril 38<br />
contre-partie de cette difficulté, il faut considérer<br />
l'extrême rapidité d'un sondage acoustique<br />
: quelques secondes seulement pour des<br />
fonds de 6000 mètres... La dérive du navire<br />
est nulle pendant un si bref instant, et la<br />
mesure exactement localisée. En outre, il est<br />
possible d'effectuer tant de déterminations de<br />
profondeur « à l'écho » pendant la durée d'un<br />
seul sondage au fil qu'on a pu dire que dix<br />
années de travail « au son » ont autant appris<br />
que six siècles de sondage au boulet...<br />
Tout n'est pas parfait, cependant, dans la<br />
méthode du sondage acoustique. Il n'est pas<br />
facile d'émettre un son dans une direction<br />
déterminée : le cône d'émission sonore est<br />
toujours assez largement ouvert. Il en résulte<br />
que si, pour les sols sous-marins plans, l'écho<br />
est net et unique, sitôt que son relief devient<br />
tourmenté, des échos multiples arrivent au<br />
microphone, entre lesquels il n'est pas toujours<br />
aisé de choisir.<br />
En outre, la mesure de la durée t permet<br />
seulement d'évaluer une moyenne de distance<br />
qui correspond à une transmission sonore<br />
uniforme dans un milieu de température fixe<br />
et de salure invariable. Ces deux conditions<br />
ne sont jamais remplies et des corrections<br />
approximatives doivent toujours être adjointes<br />
à la valeur expérimentalement fournie par<br />
les appareils.<br />
L'usage des ultra-sons (voir notre « revue<br />
scientifique » du 19 mars) à la place des sons<br />
audibles, dans la mesure des profondeurs sousmarines<br />
par la méthode à l'écho, est entrée<br />
dans la pratique depuis quelques années. Plus<br />
aisés à diriger, plus faciles à émettre à l'intérieur<br />
d'un cône étroit, les ultra-sons se prêtent<br />
mieux aux déterminations sur fonds<br />
accidentés contre lesquels la possibilité d'échos<br />
multiples est diminuée. Mais on ne sait pas<br />
encore émettre d'ultra-sons puissants. Les<br />
portées des sources ultra-sonores n'atteignent<br />
pas celles des sources sonores.<br />
Les profondeurs moyennes seules, pour<br />
l'instant, peuvent être explorées de cette<br />
manière perfectionnée.<br />
TBOIS facteurs jouent un rôle primordial<br />
dans la détermination des profondeurs<br />
sous-marines : 1° la nécessité de connaître les<br />
abords des côtes, afin de faciliter l'accès des<br />
ports aux navires et de déterminer les tracés<br />
des « routes maritimes » ; 2° la pose des câbles<br />
sous-marins; 3° les recherches océanographiques<br />
pures.<br />
En 1903, un Congrès Océanographique décida<br />
d'établir une carte « bathymétrique » générale<br />
des océans terrestres, tenant compte de toutes<br />
les déterminations faites jusqu'à cette date,<br />
tout au moins de celles dignes de confiance.<br />
Les isobathes (lignes d'égales profondeurs)<br />
prévues étaient 200 m., 500 m., 1000 m.,<br />
2000 m. etc... Une seconde édition parut en<br />
1930 avec les mêmes caractéristiques. Elle<br />
résumait les résultats des seuls sondages au<br />
fil effectués, en particulier, pendant les 75 der<br />
nières années.<br />
La conférence de Monaco, en 1929, décidu<br />
l'émission d'une troisième édition de cetli'<br />
carte sous-marine, sur laquelle figureraient, en<br />
plus des lignes isobathes précédentes, celles à<br />
50 m. et celles à 100 m. de profondeur. Travail<br />
considérable, pour la réalisation duquel, on<br />
n'est pas sans avoir examiné moins de 90 000<br />
résultats de sondages, quant au seul océan<br />
Atlantique (70 000 résultats pour sa partie<br />
nord seulement); d'ailleurs, seule la partie de<br />
la carte représentant ce dernier océan esf<br />
actuellement terminée. Près de 11 000 indications<br />
de profondeur, toutes vérifiées, y figurent<br />
et cependant il n'est pas possible encoiv<br />
de se faire une image très exacte du relief<br />
réel du sol sous-marin correspondant.<br />
Les abords mêmes du rivage — ce qu'on<br />
nomme le plateau continental — sont peu<br />
connus. Ils correspondent aux profondeurs<br />
d'au plus 200 m., soit aux trois premières<br />
isobathes de la carte. Le plateau continental<br />
ne s'étend pas, en mer, à distance fixe; sou<br />
bord n'est pas parallèle aux côtes, dont il<br />
s'approche au plus de 100 m., au moins do<br />
1000 m. Son relief suit, à peu de chose près,<br />
le relief des terres émergées : les vallées des<br />
fleuves s'y prolongent; sa pente est faible.<br />
11 se termine, côté océan, par une déclivité<br />
très abrupte à laquelle on a donné le nom de<br />
talus continental, lequel plonge au .moins à<br />
500 m. et parfois à plus de 2000 m. Le relief<br />
du talus continental est très compliqué, hérissé<br />
de pointes, entaillé de- profondes coupures.<br />
Il n'a aucun rapport avec celui du plateau<br />
auquel il fait suite, non plus qu'avec celui<br />
des côtes. Tout au plus observe-t-on que ses<br />
fosses les plus profondes sont toujours proches<br />
des côtes abruptes.<br />
Quant au relief des grands fonds océaniques,<br />
loin des terres émergées, et qu'on connail<br />
mal, il semble être extrêmement accidenté et<br />
ne présente que relativement peu d'espaces<br />
plats. Analogue à une « étendue continentale u,<br />
il militerait en faveur des théories géologiques<br />
d'après lesquelles les océans auraient pus<br />
naissance par effondrement subit, ou progressif,<br />
d'anciens socles sub-marins.<br />
R . RAMBATJD,<br />
Prolesseui* à là Faculté dos Sciences<br />
do Glermont-Ferrand.<br />
Pofir l e s conférences pé€lsM|Of|§€ftie$»<br />
Voir le numéro du 16 avril, page 502.