MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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538 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong> 30 Avril 38<br />
Enfants : anormaux.<br />
DÉPISTAGE'<br />
II. Troubles du caractère 2 .<br />
EN ce qui concerne les enfants arriérés, nous<br />
disposons donc, pour les reconnaître, d'un<br />
certain nombre de moyens; nous aurions plutôt<br />
l'embarras du choix. Reste un autre groupe :<br />
celui des enfants anormaux par troubles de<br />
conduite. Ici le terme anormal n'a plus guère<br />
qu'un sens, à savoir que les troubles de conduite<br />
présentés par ces enfants ont une fréquence<br />
et une allure inaccoutumées. C'est à<br />
peu près tout ce que nous en savons. Nous<br />
disons en ce cas troubles du caractère, mais<br />
cela n'ajoute pas grand-chose sinon peut-être<br />
une confusion.<br />
1. Un premier problème est le suivant :<br />
les troubles de conduite ont-ils leur origine<br />
dans un état organique de l'enfant? Relèventils<br />
de troubles du caractère proprement dits ?<br />
Est-ce réellement la nature de l'enfant qui est<br />
foncièrement altérée?... J'use de plusieurs<br />
formules afin d'essayer de bien me faire comprendre,<br />
mais leur vague même indique en<br />
somme une idée insufiisamment claire. — Ou<br />
bien les troubles observés : colères, fugues,<br />
paresse... sont-ils seulement des réactions à<br />
un milieu particulier ? Est-ce imitation, entraînement,<br />
parce que l'enfant vit dans une<br />
famille où les violences et la paresse sont<br />
tableaux de tous les jours? Est-ce habitudes<br />
de défense de sa part parce qu'il ne cesse<br />
point d'être molesté ? — Je sais bien que<br />
certains auteurs n'attribuent pas à cette<br />
distinction une très grosse importance. D'abord<br />
parce qu'ils ne savent pas trop comment la<br />
faire. E t puis parce qu'ils concluent que, la<br />
cause serait-elle imputable au milieu où vit<br />
l'enfant, celui-ci finit de toutes façons par<br />
devenir sous cette influence une sorte de<br />
malade et de névrosé...<br />
Personnellement-, je ne suis pas entièrement<br />
de leur avis, et seuls me paraîtraient devoir<br />
être considérés comme enfants anormaux<br />
ceux chez qui il existe des troubles organiques<br />
fonciers. Tout au moins les autres ne devraientils<br />
être considérés comme auormaux que du<br />
jour où des troubles émotifs ou autres se sont<br />
développés et non pas sur la seule constatation<br />
de fautes de conduite. Lorsque nous<br />
saurons faire ces discriminations, on s'apercevra<br />
probablement cju'il y a à l'origine des<br />
1. Voir les n 03 des S et 22 janvier, 5 et 19 février, 12 mars.<br />
2. Les articles qui ont précédé celui-ci m'ont valu un certain<br />
nombre de lettres. Je ne sais si je pourrai y consacrer<br />
dans le Manuel un article général ; sinon je répondrai personnellement<br />
à chacun. De toutes façons, je tiens à remercier dès<br />
aujourd'hui, mes correspondants de leur? observations et de,<br />
leurs critiques comme des documents qu'ils m'ont transmis. ,<br />
troubles de conduite beaucoup moins d'anormaux<br />
que nous n'avons tendance à en admettre<br />
aujourd'hui, de même que la débilité mentale<br />
a cessé d'être un facteur important de<br />
délinquence dès qu'on a su mesurer un niveau<br />
intellectuel. Mais passons, puisque tout cela<br />
c'est présomption, hypothèse, ignorance d'aujourd'hui.<br />
2. Un second problème que posent ces<br />
enfants est celui de les reconnaître et<br />
de déterminer quand il convient d'en débarrasser<br />
les classes ordinaires. La tendance est<br />
fréquente de considérer comme anormal tout<br />
enfant cjui gêne la discipline. Lorsque nous<br />
avons fait, il y a quelques années, avec M. Bizette,<br />
inspecteur de l'enseignement primaire<br />
de la Seine, une enquête sur ces anormaux<br />
du caractère, ce fait ressortait avec une évidence<br />
curieuse. Dans les petites classes surtout,<br />
où les habitudes scolaires ne sont pas<br />
encore prises, le nombre des enfants signalés<br />
atteignait des proportions certainement excessives.<br />
Il y a donc là un danger.<br />
Il y en a un autre. C'est que le trouble 'constaté<br />
chez l'enfant ne soit qu'une réaction personnelle<br />
à l'égard du maître avec lequel il se<br />
trouve. Il suffit parfois d'un hasard pour que<br />
deux natures se heurtent au point de ne plus<br />
pouvoir jamais s'accorder. Je connais des<br />
exemples, que j'aime mieux ne pas citer, oùla<br />
paresse d'une enfant n'a d'autre cause que la<br />
façon dont sa maîtresse le traitait.<br />
On me répondra qu'il reste toujours la ressource<br />
de présenter l'enfant à une consultation<br />
"médicale. Et je ne voudrais certes pas<br />
enlever aux personnes qui donneront cette<br />
indication les illusions qui leur restent. Mais,<br />
parlant objectivement et non en praticien, et<br />
sans nier bien entendu que, dans certains cas<br />
déterminés, un avis médical puisse trancher la<br />
difficulté, mon expérience ne m'autorise pas<br />
à l'en croire toujours capable.<br />
Le résultat est que, pour ces troubles de<br />
caractère, on est obligé d'en constater la persistance,<br />
et donc d'attendre, de ne conclure<br />
que sur plusieurs avis et non sur un seul...<br />
et qu'ainsi, malheureusement, on perd souvent<br />
un temps précieux. Nous conseillerons<br />
de toutes façons de constituer sur chacun un<br />
dossier complet et précis: observation médicale,<br />
enquête sociale par une assistante scolaire,<br />
relation minutieuse des faits qui à l'école atlirent<br />
l'attention sur l'enfant, et, si possible,<br />
opinion sur lui de maîtres différents.<br />
D r<br />
TN. SIMON. Président de la Société A. Binçl.<br />
K. SEGUIN. Line eî Pierrot. Premier livre. Un vol. in-16, ill., cart. 7.75