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Tel Aviv University The Lester & Sally Entin Faculty of Humanities ...

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intervention royale, comme il y en eût souvent au plus fort de la tension avec Rome ;<br />

c'était une ingérence brutale dans les affaires de l'Eglise, décrétée sans interroger l'avis du<br />

pape ni, le cas échéant, convoquer un concile de l'épiscopat gallican. Ce refus de négocier<br />

découlait de l'application à la lettre du principe de la souveraineté qui excluait la<br />

consultation d'une puissance étrangère autant que la reconnaissance d'un corps<br />

intermédiaire (le clergé) entre les citoyens et l'Etat. La Constitution civile fut la goutte<br />

d'eau qui fit déborder le vase : le 10 mars 1791, le pape Pie VI dénonça par deux brefs<br />

non seulement la nouvelle législation comme un fait accompli qui supprimait<br />

unilatéralement son autorité spirituelle sur l'Eglise de France, mais également les<br />

principes de 1789 dans leur ensemble, et notamment l'idéologie des Droits de l'Homme et<br />

la "liberté philosophique" 7 des Lumières qui avaient inspiré la révolution, mettant fin, par<br />

cette "condamnation rétrospective" 8 à la réserve qu'il avait adopté jusque-là par égard<br />

pour Louis XVI. En ordonnant au clergé de refuser de prêter serment, en conséquence,<br />

d'être réfractaire, le Saint-Siège passait à l'<strong>of</strong>fensive, assumant les risques du schisme. 9<br />

La rupture était consommée : toute perspective de réconciliation provisoire, sinon<br />

d'alliance tacite était écartée. Bien au-delà du stade des seules relations diplomatiques<br />

rompues avec l'annexion par la France du Comtat-Venaissin, c'était la religion et la<br />

révolution qui ne pouvaient plus s'accorder 10 : il n'y aurait pas d'Eglise "démocratisée" et<br />

"révolutionnée" avec la bénédiction de Rome, ni de Révolution jouissant encore de<br />

l'approbation tacite du chef suprême de la religion catholique. Avec la chute de la royauté<br />

à laquelle l'Eglise était consubstantiellement associée, le fossé atteignit le point de non-<br />

retour : les membres de l'Eglise insermentée partaient en exil ou entraient dans la<br />

7 Pie VI, Causa necis illatae Ludovico XVI Galliarum Regi christianissimo, 17-VI-1793, cit? par Paul<br />

Ladri?re, "La R?volution fran?aise dans la doctrine politique des papes de la fin du XVIIIe ? la moiti? du<br />

XXe si?cle", Archives des Sciences sociales des Religions, vol. 66, n°1, juillet-septembre 1988, p. 92-93.<br />

8 Il est ? noter que le pape a ni? vouloir oeuvrer pour "le r?tablissement du r?gime ancien de la France : le<br />

supposer serait renouveler cette calomnie qu'on n'a affect? de r?pandre que pour rendre la religion<br />

odieuse", cit? par G?rard Cholvy, La religion en France de la fin du XVIIIe ? nos jours, Paris, Editions<br />

Hachette, coll. "Sup?rieur", 1991, p.10.<br />

9 Sur le tournant majeur dans les relations entre l'Eglise et la R?volution constitu? par l'exigence impos?e au<br />

clerg? de pr?ter serment ? la Constitution civile, voir Timothy Tackett, La R?volution, l'Eglise, la France.<br />

Le serment de 1791, Paris, Le Cerf, 1985.<br />

10 Parmi les historiens fran?ais de la R?volution, Albert Mathiez est de cet avis tandis qu'Alphonse Aulard<br />

(cf. Le christianisme et la R?volution fran?aise, Paris, Rieder, 1925) voit dans la politique antireligieuse<br />

des Constituants une affaire de conjoncture.<br />

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