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Tel Aviv University The Lester & Sally Entin Faculty of Humanities ...

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intellectuellement de bouleverser l'Église et la religion, émergeait une Église à la fois<br />

ultramontaine et réfractaire. Le Concordat consacrait très nettement son triomphe.<br />

Avec une Église reprise en main par les prêtres et les évêques qui avaient<br />

combattu la Révolution et fait de Dieu et le Roi une seule et même cause, la<br />

réconciliation était grosse de lourds contentieux à venir avec l'État et la société. C'est<br />

pourquoi cet arrangement institutionnel (qui allait se maintenir pendant plus d'un siècle -<br />

cent quatre ans exactement, jusqu'à la Séparation de 1905), aussi satisfaisant qu'il fût<br />

pour les deux parties signataires, Bonaparte et le pape, qui y trouvaient leur compte,<br />

n'était en rien, comme on aurait pu le croire, la préfiguration d'un futur apaisement<br />

idéologique et culturel entre la Religion et la Révolution. La contradiction historique et<br />

paroxystique entre ces deux systèmes allait très longtemps et très largement inspirer non<br />

seulement l'historiographie tout au long du 19ème siècle, mais devenir le noyau dur de<br />

conceptions du monde manichéennes, cristallisant ce que Claude Langlois a appelé une<br />

"rupture instauratrice" 21 , en vue de poser le caractère nécessaire, intrinsèque, originel et<br />

définitif de l'antagonisme ; quitte à nier la réalité d'une alliance initiale entre la<br />

Révolution et l'Église jusqu'en 1791, puis l'existence d'un schisme antérieur qui divisa<br />

non l'autel et la République, mais l'Église elle-même, partagée entre le haut-clergé<br />

réfractaire et le bas-clergé assermenté. Que l'on fût favorable ou non à la révolution, que<br />

l'on fût croyant ou athée, une représentation dominante allait s'imposer : il s'était joué là,<br />

entre la foi et la révolution, entre l'Église et la République, une "scène primitive", un<br />

conflit irréductible qui allait nourrir durablement les passions idéologiques de part et<br />

d'autre et conditionner les identités et les sensibilités politiques majeures,<br />

l'anticléricalisme de gauche comme l'intransigeantisme de droite.<br />

Joseph de Maistre, Louis de Bonald et l'abbé Barruel ouvrirent en France le feu<br />

de la Contre-Révolution idéologique catholique, monarchiste et réactionnaire,<br />

caractérisée par une hostilité radicale à l'égard du projet révolutionnaire définie comme<br />

l'effet d'un complot fomenté par les juifs, les protestants, les francs-maçons et les<br />

philosophes, et par l'aspiration à la restauration de la Royauté et l'affirmation de la<br />

21 Claude Langlois, "La rupture entre l'Eglise catholique et la R?volution" in Fran?ois Furet et Mona<br />

Ozouf, <strong>The</strong> French Revolution and the Creation <strong>of</strong> Modern Political Culture, vol. 3 : "<strong>The</strong> transformation<br />

<strong>of</strong> political culture 1789-1848", Pergamon Press, Oxford, 1989, p. 375.<br />

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