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Convoitise - Anges Déchu T1

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poussent à presser le pas, même s'il ne fait pas froid. Et qui expliquent pourquoi la nuit on a tendance à<br />

préférer les rues éclairées.<br />

— Oh... mon Dieu, non... pitié...<br />

La supplique fut interrompue par le choc du démonte-pneu qui s'abattit sur l'homme, faisant taire sa voix<br />

aussi brusquement qu'on éteint une lumière.<br />

À présent, ils avaient tous les deux le visage en sang. Lorsqu'il entreprit d'achever sa victime, la rage<br />

anima son bras plus que toute autre pensée consciente et la colère décupla ses forces. Encore un effort et<br />

tout serait terminé.<br />

Faisant basculer son poids pour donner le maximum de puissance à son geste, il...<br />

A l'autre bout de la venelle, les phares d'une voiture balayèrent les alentours, les deux faisceaux<br />

heurtant les briques du bâtiment sur la gauche avant de descendre le long de la façade rugueuse.<br />

Trop tard pour porter un nouveau coup. Dans une seconde à peine, il allait se retrouver en pleine<br />

lumière, comme sous les feux des projecteurs.<br />

Tournant les talons, il se précipita de l'autre côté de l'artère, courant aussi vite que ses jambes<br />

pouvaient le porter. Lorsqu'il tourna au coin, il savait qu'on apercevrait son coupe-vent en Gore-tex et<br />

l'arrière de sa casquette noire, mais des centaines de gens portaient le même type de veste à Caldwell.<br />

Soudain, des freins crissèrent et un cri s'éleva dans la nuit.<br />

Il poursuivit sa course et, trois rues plus loin, lorsqu'il n'entendit plus aucun bruit, pas même le<br />

vrombissement d'une voiture lancée à sa poursuite, il ralentit l'allure, puis se faufila dans le renfoncement<br />

d'une porte qui n'avait aucune lumière. Retirant son blouson, il y glissa le démonte-pneu et noua ses<br />

manches à plusieurs endroits pour caler l'objet pendant qu'il reprenait son souffle.<br />

Sa voiture n'était pas loin : il lui avait paru plus sûr de la garer ailleurs que sur le parking du Masque<br />

de fer. Et, à l'évidence, il avait fait le bon choix.<br />

Même après avoir repris une respiration lente et régulière, il resta tapi dans sa cachette. Les sirènes des<br />

flics retentirent cinq minutes plus tard et deux voitures de police déboulèrent dans la rue. Quelques<br />

instants plus tard, une troisième, celle-ci banalisée avec un gyrophare passa en trombe devant lui.<br />

Lorsque plus aucun véhicule ne fut en vue, il retira sa casquette de base-ball, la plia et la fourra dans la<br />

poche de son jean. Puis il ôta sa ceinture, remonta son polaire et attacha le démonte-pneu enveloppé dans<br />

le coupe-vent à sa cage thoracique. Après s'être rhabillé, il quitta l'embrasure à pas de loup et se dirigea<br />

vers sa voiture, qui ne se trouvait qu'à quelques centaines de mètres de là.<br />

Marchant d'un pas tout à fait normal, il promenait le regard plutôt que de tourner la tête. Aux yeux des<br />

badauds, il n'était qu'un type comme les autres, déambulant dans la nuit pour rejoindre ses amis ou peutêtre<br />

l'appartement de sa copine : un passant quelconque sur lequel aucun des deux hommes, de la<br />

clocharde et des quelques couples qu'il croisa ne leva les yeux.<br />

Sa voiture était à l'endroit exact où il l'avait laissée et il dut s'y glisser avec précaution à cause de<br />

l'objet qui bombait son polaire. Démarrant le moteur, il s'engagea en direction de Trade Street et<br />

lorsqu'une ambulance s'approcha à vive allure, il s'écarta sur le côté pour lui laisser la voie libre.<br />

Inutile de se presser, les gars, commenta-t-il intérieurement. Vu la force qu'il avait employée pour<br />

frapper ce gus, il était impossible qu'ils parviennent à le ranimer.<br />

Coupant vers le fleuve, il resta sagement dans le flot des véhicules, quand il n'était pas seul sur la route<br />

: à une heure aussi tardive, la circulation était clairsemée. Et elle le devenait de plus en plus à mesure<br />

qu'il s'éloignait du centre-ville.<br />

Environ vingt-cinq kilomètres plus loin, il s'arrêta sur le bas-côté.<br />

Aucun lampadaire. Aucune voiture. Juste une étendue de goudron bordée d'arbres et de buissons qui<br />

grignotaient presque l'asphalte.<br />

Il sortit de sa voiture, verrouilla la portière et partit à travers bois en direction du fleuve. Lorsqu'il

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