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Convoitise - Anges Déchu T1

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Chapitre 5<br />

Nigel, tu es un crétin. Jim fronça les sourcils dans l'obscurité qui l'entourait. La voix à l'accent anglais<br />

venait de la droite, et Jim fut saisi de l'envie impérieuse d'ouvrir les yeux et de lever la tête pour voir ce<br />

qui se passait.<br />

Mais l'habitude prit le pas sur le réflexe. De son passé dans l'armée, il avait retenu que si on reprenait<br />

conscience dans un lieu inconnu, mieux valait faire le mort en attendant d'en savoir plus.<br />

Le plus discrètement possible, il avança la main en cherchant autour de lui à tâtons. Il était allongé sur<br />

un sol doux et moelleux, un tapis épais peut-être, ou... du gazon ?<br />

Il prit une profonde inspiration et l'odeur confirma son idée. Merde, de l'herbe fraîche ?<br />

Tel un flash, son accident lui revint en mémoire, mais... Qu'est-ce que c'était que ce bordel ? D'après<br />

son dernier souvenir, il avait reçu une décharge d'une centaine de volts. Alors, s'il était encore capable<br />

d'aligner deux pensées, c'était qu'il était toujours vivant et donc à l'hôpital. Sauf qu'à sa connaissance, il<br />

n'y avait pas de gazon sur les lits d'hôpitaux.<br />

D'autant qu'aux États-Unis, il est assez rare qu'un médecin ait la voix d'un lord anglais ou traite ses<br />

collègues de noms d'oiseaux.<br />

Jim ouvrit les yeux. Au-dessus de lui, le ciel était pommelé de nuages de coton, et malgré un soleil<br />

voilé, on se serait cru un dimanche d'été: une belle journée, sans perturbations, comme une invitation à se<br />

prélasser et se détendre.<br />

Alors il jeta un coup d'œil vers la droite... et jugea qu'il était bel et bien mort.<br />

Dans l'ombre d'un château aux immenses murs de pierre, quatre types munis de maillets de croquet<br />

formaient un cercle autour d'un tas d'arceaux et de boules colorées. Tous étaient vêtus de blanc. Le<br />

premier fumait la pipe et le deuxième portait des lunettes rondes, teintées de rose. Le troisième avait la<br />

main posée sur un lévrier irlandais. Quant au quatrième, il se tenait les bras croisés et affichait un<br />

profond ennui. Jim se redressa.<br />

—Mais putain, où est-ce que je suis ?<br />

Le blond qui ajustait son angle de tir le foudroya du regard et parla du bout des lèvres, la pipe coincée<br />

dans la bouche. Ce qui lui donna une intonation d'autant plus pédante.<br />

— Un instant, je vous prie.<br />

—Non, poursuivez, marmonna le brun aux bras croisés, avec le même ton sec qui avait réveillé Jim. De<br />

toute façon, il triche.<br />

—Je savais que vous reviendriez à vous, pépia John Lennon à l'adresse de Jim. Je le savais ! Bienvenue<br />

!<br />

—Ah, vous êtes réveillé, intervint le suivant. Quel plaisir de vous rencontrer !<br />

Bon sang, ils étaient tous plus beaux les uns que les autres, avec cette nonchalance que l'on trouvait non<br />

pas chez les personnes aisées mais chez les héritiers de fortunes familiales colossales.<br />

— Bon, c'est fini, ces bavardages ? (Le fumeur de pipe, qui à l'évidence se nommait Nigel, foudroya ses<br />

compagnons du regard.) J'aimerais un peu de silence.<br />

—Alors arrête de nous donner des ordres, répliqua le brun.<br />

—Va te faire voir, Colin.<br />

Sur quoi il fit passer sa pipe de l'autre côté de la bouche et donna un coup de maillet qui envoya la<br />

boule rouge traverser deux arceaux avant de taper dans la bleue.<br />

Le blond esquissa un sourire digne du prince qu'il était sans nul doute.

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