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Convoitise - Anges Déchu T1

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— Tu t'es bien amusé cette nuit? demanda Adrian lorsqu'il le rejoignit.<br />

Jim frappa de plus belle.<br />

— Oh, allez, je ne te demande pas tous les détails... mais tu pourrais en balancer un peu. (Adrian jeta un<br />

coup d'oeil à son colocataire.) Quand tu veux, tu me soutiens, toi !<br />

Eddie se contenta de leur passer devant et donna un coup d'épaule à Jim en guise de bonjour. Sans y être<br />

invité, il s'empara de l'aggloméré, libérant Jim, qui redoubla d'ardeur. Ils formaient une super équipe,<br />

même si Adrian ralentissait le rythme. Il était loin d'être assidu, et préférait passer son temps à glander et<br />

à ingurgiter tout un tas de trucs. C'était à se demander par quel miracle il n'avait pas été viré au cours des<br />

quatre semaines qu'il avait passé sur le chantier.<br />

Appuyé contre un jambage, Adrian leva les yeux au ciel.<br />

—Tu ne me diras pas si tu as eu ou non un cadeau d'anniversaire ?<br />

—Non.<br />

Jim planta un clou et lui aplatit la tête. Deux coups suffirent pour l'enfoncer au ras de la planche, puis il<br />

balança un dernier coup en imaginant le visage d'Adrian au milieu d'une cible.<br />

—T'es qu'un enfoiré.<br />

C'était vrai. C'était bien ce qu'il avait été la nuit précédente. Mais ce n'étaient pas les oignons de ce fils<br />

de pute à la grande gueule piercée d'un porte-bonheur en métal qui venait jouer les voisins affables.<br />

Les choses reprirent leur cours habituel, les gars contournant Jim et Eddie pour reprendre là où ils en<br />

étaient restés la veille et protéger la maison des pluies printanières qui venaient de commencer. Elle<br />

allait mesurer plus de mille cinq cents mètres carrés, alors abattre le boulot en une semaine était une<br />

gageure. Pourtant, Jim et Eddie se bougeaient le cul et les couvreurs étaient déjà à mi-chemin des<br />

chevrons. À la fin du week-end, Dieu merci, ils ne se soucieraient plus de la bruine froide ni du vent<br />

glacial. La veille, il avait plu comme vache qui pisse et le sol était encore parsemé de flaques qui<br />

maculaient les jeans de boue à chaque pas.<br />

L'heure du déjeuner arriva rapidement, comme souvent lorsqu'il travaillait avec Eddie, et tandis que les<br />

autres gars s'appuyaient contre le rebord de la maison pour faire face au soleil, Jim regagna son pick-up<br />

afin de manger seul dans la cabine.<br />

Grâce au froid, le sandwich avait un goût moins rance et le Coca était rafraîchissant.<br />

Assis dans son pick-up, il jeta un regard au siège vide à côté de lui... et se rappela ses cheveux bruns<br />

s'étalant sur la sellerie, la courbe de son cou dans la lumière du tableau de bord et la douceur de son<br />

corps sous le sien.<br />

Il se sentait minable d'avoir ainsi profité d'elle. Mais, chose étrange, après leurs ébats, elle avait paru<br />

radieuse. Impossible. Il avait dû mal interpréter son sourire. Après tout, le sexe entre inconnus n'est qu'un<br />

palliatif à la solitude. Comment une fille pareille aurait-elle pu s'en contenter ? Merde, il ne connaissait<br />

même pas son prénom. Lorsqu'ils avaient repris leur souffle, elle l'avait embrassé pendant un long<br />

moment, puis elle avait rajusté sa robe avant de s'en aller.<br />

Lâchant un juron, Jim ouvrit la portière à la volée et emporta son déjeuner pour s'asseoir à côté du parechocs<br />

arrière. Il faisait plus chaud au soleil mais, surtout, l'air charriait l'odeur des planches en pin et non<br />

l'effluve d'un parfum féminin. Le visage tourné vers le ciel, cherchant à se vider la tête, il perdit tout<br />

intérêt pour son sandwich et le posa sur le film plastique qui lui avait servi d'emballage pour se focaliser<br />

sur sa boisson.<br />

Quelques instants plus tard, un chien apparut, pointant son museau derrière un tas de troncs d'arbres<br />

empilés. Il avait la taille d'un fox-terrier et son pelage ressemblait à de la laine d'acier tachetée. L'une de<br />

ses oreilles pendait lamentablement et son museau était barré d'une sorte de cicatrice.<br />

Jim posa sa bouteille de Coca et ils se toisèrent.<br />

Effrayé, l'animal restait tapi, profitant du couvert que lui offraient les énormes souches grises. Mais la<br />

faim le tiraillait, c'était évident. Attiré par l'odeur du sandwich, il humait la brise de sa petite truffe noire.

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